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CONSTANTINOPLE (IVe CONCILE DE)

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Les patriarches sont au nombre de cinq. Ce sont : d’abord le très saint pape de l’ancienne Rome, puis le patriarche de Conslantinople, ensuite les patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. Comme on le voit, le patriarche de Constantinople est nommé le second. La chose a paru si étrange à Denzinger qu’il a mis entre crochets les mots : deinceps autem Constantinopoleos palriarcham, comme si le texte primitif du canon avait subi quelque changement. En réalité, rien ne justifie cette conjecture, et il faut avouer que le pape Adrien II. en approuvant ce canon, a accordé implicitement à Ignace, ce que saint Léon I er avait catégoriquement refusé à Anatole, après le concile de Chalcédoine, à savoir la préséance sur les patriarches d’Alexandrie et d’Antioche. C’était, du même coup, accepter dans une certaine mesure le canon 3e du IIe concile œcuménique, et le canon 23e de Chalcédoine, contre lesquels Rome n’avait cessé jusque-là de protester. Nicolas I" lui-même avait naguère, dans sa Réponse aux Bulgares, maintenu le rang des patriarches tel qu’il est donné par le concile de Nicée : Veraciter Mi habendi sunt patriarches, quisedes apostolicas persucccssiones pontificum obtinent… Romanam videlicet et andrinam et Antiochenam… Constantinopolitanus autem et Jerosolymilanus anlistites, licet dicantur patriarchæ, non tantse auctoritatis, quant se superiores, existunt. Nom Constant inopolitanam Ecclesiam ncc apostolorum quisquam inslituit, ner Nicsena synodus… ejus mentioncm aliquam fecit ; scd solum, quia Constantinopolis nova Roma dicta est, favore principum pol’tus quant ratione palriarclta ejus ponlifex appellatus st. Ad consulta Bulgarorum, c. xcii, P. L., t. cxix, col. 1011. 1012. Cependant Adrien II avait de bonnes raisons pour reconnaître au siège de Constantinople une supériorité que lui accordaient depuis longtemps tous les Orientaux. Depuis la conquête musulmane, les patriarcats d’Alexandrie et d’Antioche n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes, et il n’y avait aucun espoir de les voir reconquérir leur ancienne splendeur. Il ne servait de rien de continuer à protester contre un état de choses justifié par les faits. Ces protestations ne pouvaient que devenir de jour en jour plus dangereuses, et compromettre la concorde si péniblement rétablie. Il suffisait au pape que Constantinople reconnût sa primauté’. C’est ce qu’avait fait Ignace, el avec lui les autres patriarches orientaux, qui tous avaient signé, par la main de leurs déléf ormulaire apporté par les

légats romains. Cf. Hergenrother, op. ci !., t. ii, p. I K>117. D’ailleurs, cette reconnaissance de la préémim

/a ncc sur Alexandrie et Antioche nefut qu’implicite. Le canon en effet n’a pas pour but direct d’indiquer le patriarchi 9 I de définir que cette seconde appartient au patriarche de Constantinople. Il iplement supposer qu’il en es) ainsi en nommant Constantinopb près Rome. On comprend di lors dans une certaine mesure comment le pape IX, au m [m maintenir, contre la pré il, .ire. l’ordre des patriarches tel qu’il par le concile de Nie. Epis t. ad Michælem patriarcham, /’. /, ., t. cxliii, col. 763. En réal

lut qu’au IVconcile de Latran 1215, i l’époque du royaume latin, que le second i lenf

tantinople. Denzinger, Enchir

-. n. 352.

peut maintenant se demander pourquoi le VIII* coni la dignité pati iar ulemenf d on 21 » , mai

vu que le canon 17- accorde aux

mélropolil

unir nu synode patriarcal et de punir II n 10. Mansi, t. xvi, col. 17-2, dé< qu’aucun

sous prétexte qu’il a un droit d’inspection ; et il ne doit pas non plus leur imposer des charges pécuniaires. 11 faut voir, dans ces dispositions et autres semblables, l’influence de ce qu’on a appelé la théorie de la pentarchie. D’après cette conception, chère aux Orientaux depuis plusieurs siècles, les cinq patriarches étaient les chefs de l’Église universelle. Saint Paul compare l’Église à un corps ; on disait des patriarches qu’ils étaient les cinq sens de ce corps mystique du Christ. Cf. Anastasii prsefalio in concil. V1U, Mansi, t. XVI, col. 7. On reconnaissait sans doute en principe la primauté du pape, mais en pratique, les Orientaux tendaient à ne voir en lui qu’un primas interpares. Peu à peu, ils en vinrent même à considérer cette pentarchie comme reposant sur le droit divin. La présence des cinq patriarches fut jugée nécessaire pour représenter l’Église et dirimer les controverses. On devine queldanger de pareilles idées faisaient courir à la véritable notion de la constitution de l’Église ; elles contenaient en germe le principe des Eglises autocéphales, tel que l’admet aujourd’hui l’Église grécorusse. Cette conception fut exprimée à plusieurs reprises par les orateurs du VIIIe concile. C’est ainsi qu’Élie de Jérusalem, tout en reconnaissant explicitement la primauté du pape, déclara que le Saint-Esprit avait établi dans le monde les sièges patriarcaux, pour faire disparaître les scandales de l’Église de Dieu. Mansi, t. xvi, col. 35, 318. Méthrophane de Smyrne parla aussi des cinq grands luminaires placés par le Seigneur au milieu de l’Eglise pour l’éclairer, Mansi, ibid., col. 82, 311. et l’empereur Basile affirma à plusieurs reprises que les décisions des cinq patriarches sont irréfragables et infaillibles. Mansi, ibid., col. 86, 87, 89. Plus explicites encore sont les paroles du patrice llaanès prononcées à la VIIIe session : Posuit Deus Ecclesiam suam in quinque patriarchiis et definivit Ecangcliis suis, ut nunquam aliquando penilus décidant, eo quod capila Ecclesia : sint ; etenim illud quod dicitur : « Et porlw. inferi non prsevalebnnt advenus cam, » hoc denuntiai : qwmdo duo ceciderunt, curruni ad tria ; cum tria ecciderint, curritnt ad duo ; cum vero quatuor forte ceciderint, unum quod permanet in omnium capite Chris to Deo noslro, revocal iterum reliquuni corpus Ecclesise. Mansi, t. xvi, col. 110-1 il. Quel est cet unique qui reste debout, alors que les quatre autres tombent, llaanès ne le dit pas, ou plutôt il insinue que ce peut être n’importe lequel des cinq. Mais l’histoire est là pour répondre que le seul dont la foi ne défaille pas est le successeur

de Pierre. Thomassin dit fort judicieusement à ce propos : « Je ne m’arrêterai pas à découvrir ce qu’il pouvait y avoir de malin et d’artificieux dans ce raisonnement de Baanès. Je remarquerai seulement qu quelque déguisement que les Grecs aient usé, el quelque

égalité qu’ils aient affecté d’établir entre les cinq patriarches, l’expérience de tant de siècles ne DOUS a que

trop fait connaître coml r de ces cinq

patriarches a retiré’souvent [i de l’abiii

diverses erreurs, sans qu’il ait eu besoin d’une semblable assistance des autre incienne et nouvelle discipline de l’Église, part. I, 1. I, c. xiii. n. 7.

Il est inutile de faire remarquer, qu’en approuvant le VIII’concile, Adrien II n’a nullement sanctionné I

pressions des Orientaux relatives à l’origine divine des cinq patriarcats, encore moins celles qui insit l’égalité dix patriarches.il a simplement accepté Pexii de la juridiction patriarcale telle qu’elle <>i exprimée dans les canons. Du reste, -i les tendances égalitaires de certains Orientaux se firent jour au sein du VIII* concile, la primauté du pape n’y fut pas moins 1 1 remi ni mi n lumière.

2, I. » primauté du jnpr. — Photius, dans son prétendu concile œcuméniqui de 867, avait

olas I et I anc ei l’ej c munication contra

l m qui resti i. lient en communion auc lui. Pour pio-