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CONTRITION (ASPECT DOGMATIQUE)


Die Lehre von den heiligen Sàkramenten, Fribourg, 1893, p. 539 sq.

C’est à eux que les scolastiques ont emprunté les éléments de leur doctrine et le terme de contrition. Ce mot commença, ver » le milieu du XIe siècle, à prendre un sens spécifique en regard du mot allrilion, voir Attrition, t. I, col. 2236, et désigna le repentir inspiré par la charité, sans perdre pour autant sa signification générique. Cf. Alain de Lille, Régulée de sacra Iheologia, reg. 85. P. L., t. ccx, col. 665, avec les remarques de Mingarelli, ibid., col. 618 ; Morin, De disciplina in adminislr. sacr. pœn., 1. VIII, c. il, n. 14, Paris, 1651, p. 505, Klee a redressé sur ce point les erreurs de Morin. Manuel de l’histoire des dogmes chrétiens, trad. Mabire, Paris, 1848. t. ii, p. 319, note 1.

L’explication du terme est fournie par saint Thomas, qui applique par analogie l’idée de brisure, de broiement matériel à l’action ou â l'état de l'àme brisant avec l’attache au péché jusque dans le menu. Quia ad dimissionem peccali requiritur quod honio totaliler afleclum peccali dimillat, perquem quamdam continuitalem et solidilatem in sensu svo habebal, ideo actus ille, quo peccatum demittitur contritia dicitur fer similitudinem. In IV Sent., 1. IV, dist. XVII, q. ii, a. 1, sol. 1. Le mot conlrition est ici interprété dans son acception spécifique.

IL Nature de la contrition. — Il est à remarquer que la définition formulée par le concile de Trente est moins une définition stricte par le genre et l’espèce, qu’un exposé succinct des caractères essentiels de la contrition.

Les Pères de l'Église avaient indifféremment relevé, soit la peine intérieure, soit la détestalion ou séparalion effective de l’attache au péché. Saint Augustin avait envisagé la contrition comme une douleur qui remet les péchés. In Ds. cxlvi, P. L., t. xxxvii, col. 1902. Saint Grégoire le Grand met en relief le retrait du péché : Contritio est humilitas spiritus annihilant peccatum. Moral., 1. VIII, c. xvi, P. L., t. lxxv, col. 407. S ; <int Isidore de Séville unit les deux éléments : Contritio est compunclio et humilitas mentis. Sent., 1. II, c. xii, P. L., t. i.xxxiii, col. 613. Cette humilité de l’esprit doit être envisagée, d’après l’ensemble de la doctrine, comme la réaction de la volonté contre l’orgueil, principe du péché, et dès lors contre le pèche lui-même.

Les anciens scolastiques avaient reconnu, dans l’analyse de l’acte de contrition, quatre éléments distincts : la volonté d’anéantir le péché commis, la haine du pécl ; ' ition et la douleurquî en résultait dans

l’Ame et ils s'étaient demandé quel était, de tons ces éléments, le constitutif propre de la conlrition. Alexandre de Hali na ( pai t. IV. q. xvii, m. i, Col. 1622, t. iv, p. 525, estimait que l’acte par lequel le pécheur déteste sa coulpe est l’acte de contrition par excellence : la douleur n’est qu’une conséquence naturelle. Saint Bonaventure, In IV Sent., . IV. dist. XVI, p. i, a. I. q.i, Quaracchi, 1889, t. iv, p. 383, définit la contrition une douleur de l’esprit, non point le sentiment pénible qui résulte de la conscience même du mal, ment répulsif de la volonté à l'égard d< la faute commise : Contritio est dolor per '/"">' tumitur pro à tatis, non tint Thom i mettant ; i une analyse plus pénétrante les divers éléments « lu utri.ii non pas nouvelle, mais plus précise, en rami n int A l unité lei di ers point vue. La contrition étant nn acte de vertu requiert tout rd la rectitude de la volonté, e’est-è-dire son dé* ment du mal, puisqu’il s’agit du péi h< or ; c’est la lation proprement dite, l’acte qui réprouve le ce mouvement de la volonté supption du i nmie

comme un mal dont l’homme pécheur se trouve présentement affecté, soit à cause de la laideur même du péché et de son opposition avec la bonté divine, soit à raison des suites pénales, et dès lors la détestalion du péché est toujours accompagnée, précédée de ce malaise, de cette tristesse volontaire qui constitue la douleur de l'àme. Sicitl enim in/latio proprix voluntatis ad nialum faciendum importât, quantum est de se, malum ex génère, ila illius voluntatis annihilalio et comminittio qusedam de se importât bonum ex génère, quia hoc est detestari propriam voluntatem, qua peccatum commissum est : et ideo contritio, quee hoc signifient, importât aliquam rectitudinem voluntatis, et propter hoc est actus virtutis illius cujus est peccatum præleritum detestari et destruere, scilicet pscnilenlix. In IV Sent., 1. IV, dist. XVII, q. ii, sol. 2. Ainsi l'élément primordial, générique, serait la douleur de l'âme. Sic contritio est dolor per essentiam… Ibid. Ponitur genus ipsius, scilicet dolor… Ibid., sol. 1. Saint Thomas observe avec raison que la différence des solutions provient surtout de la différence des points de vue. JMais la pensée est fixée nettement. Si ergo in aclu pœnitentis consideretur sola displicentia peccali prmteriti, hoc immédiate ad charitatem pertinet, sicut gaudere de bonis prseteritis. Sed intentio operandi deletionem peccali prmteriti requiril specialem virtutem subeharilate. Sum. theol., IIP 1, q. î.xxxv, a. 2, ad l" ra.

Il résulte de ces considérations que la haine du péché, qui de sa nature n’implique point le péché commis, ne peut être regardée comme un des conslitutifs de la contrition. Aussi la retrouve-t-on en Pieu à un degré infini. Quant au ferme propos, il découle nécessairement de la détestalion du péché et il n’est point requis absolument pour le pardon. Cf. Suarez, De psenit., disp. IV, sect. III, a. 2, Opéra, Paris, 1866, t. xxii, p. 81.

III. Nécessité de la contrition.

Erreurs luthériennes.

Avant Luther, personne n’avait encore

révoqué en doute la nécessité pour le pécheur de se repentir de ses fautes pour recouvrer la grâce et opérer son salut. La tendance des hérétiques du xi I Ie et du xive siècle était plutôt d’exagérer l’efficacité du repentir. Cf. Ilescriplum contra varios fidei errores, a. ti, dans Bibliolh. Patrum, édit. de Lon, t. xxv, p. 335 ; Contra Waldenses, c. ix, p. 273.

La théorie de Luther sur la justification par la foi excluait logiquement la nécessité île la contrition, car la justice du Christ nous est imputée par Dieu en raison de notre foi et la pénitence n’est qu’un effet de la . divine révélée en Jésus-Christ L’homme est impuissant à se préparer à la grâce. Toute pénitence vient de la grâce elle-même, qui en produisant l’amour dans la personne du pécheur produit i n même temps la haine du péché. Il ne peut être question de repentanre avant que l’homme soit dirigé' par la grâce. Alors seulement il voudrait accomplir la loi, alors Seulement il reconnaît que, même avec le secours de la grâce, il ne

le peut pas. Il est amené' ainsi.i désirer toujours plus de justice, à aimer Dieu seul, i se prendre en horreur lui-même et le péché qui habite en lui. Cf. A. lundi, /, . développement de la pensée religieuse de Luther

jusqu’en /">//, d’après des documents inédite, Paris, . 218. Telle i ii iimi’e par les plus i nseurs de

Luther, la doctrine du réformateur sur la péniten la contrition et la manière nouvelle dont il a conçu le ! pentir. Herrmann reconnaît, après Hitachi, que cette Interprétation, qui supprime radicalement la notion catholique de contrition, se rapproche trop des doctrines scolastiques et que la contrition luthérienne, qui suppo tification, n’est que la confiance en la

miséricorde divine. Herrmann, Die Busse des eva

'. > isten, dans Zeilschi >i i / ûr I lu i Kirt he, 1891, p. 28 sq.