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CONFIRMATION D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS


qu’une allusion voilée au sacrement de confirmation. Pour combattre la mauvaise habitude de ceux qui différaient la réception du baptême, il disait : « Que pourrait-il bien vous arriver si, déjà munis du baptême, vous y ajoutez le plus beau et le plus ferme des soutiens, à « avoir le chrême et l’Espril-Saint ? » irr)(xeia)8e ; tw XP’/<T " y.x-i xoi t<ï> nveûpatt ; Oral., xl, 15, P. G., t. xxxvi, col. 377.

A Antioche, même laconisme dans saint Jean Chrysostome. Toutefois, constatant que Philippe avait baptisé sans communiquer le Saint-Esprit, Chrysostome remarque qu’il n’en avait pas le pouvoir ; ce pouvoir n’appartenait qu’aux apôtres. C’est pour ce motif, dit-il, que ce sont les principaux parmi le clergé, oî y.opuspatoi, qui donnent le Saint-Esprit. In Ad., homil. xviii, 3, P. G., t. lx, col. 144. Dans un autre passage il rappelle l’imposition des mains pratiquée par saint Paul pour la communication du Saint-Esprit et il avertit ses auditeurs de bien vivre et de ne pas croire qu’ils pourront de nouveau recevoir le baptême et le Saint-Esprit. In Heb., homil. ix, 2, P. G., t. lxiii, col. 78.

A Alexandrie, saint Athanase relate simplement le fait de la communication du Saint-Esprit, opérée par les apôtres au moyen de l’imposition des mains. Ad Serap., i, 6, P. G., t. xxvi, col. 544. Mais son correspondant, l’évêque de Thmuis, a laissé dans son Sacramentaire, récemment découvert, une prière spéciale, e !  ; to xpifff-2, èv û> ypïovrai o pairr’.ffBsvTe ;, dans laquelle on demande à Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ de donner au chrême une vertu divine et céleste pour que ceux, qui ont déjà participé au bain de la palingénésie, reçoivent le don du Saint-Esprit, xoù outoi héto/oî yévcovtou tt|Ç Siopeâç toO àyioy Ilve’j|iaTo ;. Journal of theological Mudies, 1900, t. i, p. 205.

A ces divers témoignages patristiques durve siècle, on peut joindre les décisions conciliaires qui ne laissent pas le moindre doute sur l’existence d’un rite spécial consacré à la collation du Saint-Esprit. C’est ainsi qu’en Espagne, vers 300 ou 302, le concile d’Elvire décide : l°que celui qui, en cas de nécessité, a été baptisé par un simple laïque, doit recourir le plus tôt possible à l’évêque pour être rendu parfait par l’imposition des mains, can. 38 ; 2° que l’évêque doit parfaire par sa bénédiction ceux qui auront été baptisés par un diacre, can. 77. Hardouin, t. r, col. 254, 258. Ce recours à l’imposition des mains, à la bénédiction de l’évêque, ne saurait viser une simple cérémonie : il implique la réception d’un rite sacramentel, qui n’est autre que la confirmation. Au concile de Laodicée, les évêques d’Orient statuent que tout baptisé doit, après le bain baptismal, recevoir le chrême de l’Église pour pouvoir participer au royaume du Christ, c’est-à-dire à l’eucharistie, can. 48. Hardouin, t. i, col. 789.

i° Au Ve siècle. — On connaît la lettre d’Innocent I er à Decentius, évêque d’Eugubio. Au sujet de la confirma’lion des enfants, le pape allègue la coutume ecclésiastique, chez les Latins, qui réserve aux évêques le droit de les consigner ou de leur donner le Saint-Esprit. Les évêques consignent, dit-il, en oignant le front du baptisé avec le saint chrême, quand ils lui donnent l’Esprit paraclet. Epist., XXV, iii, 6, P. L., t. xx, col. 555 ; Hardouin, t. i, col. 977 ; Jaffé, n. 311.

Un luciférien disait à saint Jérôme : « Ignorez-vous l’usage des Eglises qui consiste à imposer les mains sur les baptisés et à invoquer ainsi le Saint-Esprit ? Demandez-vous où c’est écrit ? — Dans 1rs Actes des apôtres. Du reste, à défaut de l’autorité de l’Écriture, le consentement sur ce point de tout l’univers vaudrait une loi. » El Jérôme de répondre : « Je ne l’ignore pas ; je sais que c’est l’usage, ut ad eos qui longe a majoribus urbibus per presbyteros et diaconos baplizati sunt, episcopus ad invocationem S((ncli Spiritus manus impositurus eoxurrat. » Dial. cont. lucif., ix, P. L., t. xxiii, col. 161.

Mais saint Jérôme ajoute avec raison qu’avant cette solennelle imposition des mains il y a déjà, dans le baptême, une infusion du Saint-Esprit, et, à son tour, il demande au luciférien : Quod si quæris quare in Ecclesia baptizatus nisi per manus episcopi non accipiat Spiritum Sanclum, cet usage, dit-il, est très ancien, il remonte jusqu’aux apôtres. Ibid.

Saint Augustin voit dans l’imposition des mains la collation du Saint-Esprit et il l’appelle expressément un sacrement ; il distingue même le sacrement de la vertu du sacrement qui n’est reçue que par ceux qui sont bien disposés. Actuellement, dit-il, l’imposition des mains communique le Saint-Esprit aux néophytes, bien que les manifestations charismatiques des premiers temps n’aient plus lieu. Aussi, pour savoir si l’on possède le Saint-Esprit, n’y a-t-il qu’à s’interroger soi-même et à se demander si l’on aime ses frères. La charité, en effet, est le signe de la présence du Saint-Esprit ; sans quoi on a bien pu recevoir le sacrement, mais on n’a pas reçu la vertu du sacrement. In Epist. I Joa., tr. VI, 10, P. L., t. xxxv, col. 2025. Cf. De Trinit., XV, xxvi, 46, P. L., t.XLii, col. 1093 ; De bapt.cont. donat., Ul, xvi, 21, P. L., t. xliii, col. 149. Il tient le même langage au sujet de la chrismation. Dans l’onguent, dit-il à Pétilien, vous voulez voir le sacrement du chrême ; en effet, ce sacrement du chrême, dans le genre des signes visibles, est sacro-saint comme le baptême lui-même. Cont. litt. Petil., II, civ, 239, P. L., t. xliii, col. 342. Ailleurs : Unclio spiritalis ipse Spirilus Sanctus est, cujus sacramentuni est in unctione visibili… Unctionis sacramentum est virtus ipsa invisilibis ; unctio invisibilis, Spiritus Sanctus. In Epist. 1 Joa., tr. III, 5, 12, P. L., t. xxxv, col. 2002, 2004. Cf. In Ps. xuv, 19, P. L., t. xxxvi, col. 505 ; Serm., ccxxvi, P. L., t. xxxviii, col. 1100.

Saint Léon le Grand dit aux fidèles, dans l’un de ses sermons : Restez fermes dans la foi, in qua renati per aquam et Spiritum Sanctum accepistis chrisma salutis et signaculum vit se xlernm. Serm. de nativ., iv, 6, P. L., t. liv, col. 207.

Dans un recueil de 56 homélies, faussement attribuées à Eusèbe d’Emèse, mais qui sont plutôt d’un évêque du sud de la Gaule et du Ve siècle, celle De penlecoste est particulièrement intéressante au sujet du sacrement de confirmation. L’auteur répond à cette objection : A quoi bon l’imposition des mains et la confirmation après le baptême ? Voici le passage : Eocigit militaris ordo ut, cum imperator quemeumque in militum receperil numerum, non solum signet receptum sed eliam armis competentibus instruat pugnaturum, ila in baptizato benediclio illa munilio est. Car le Sain t -Esprit qui, au baptême, nous donne l’innocence, augmente en nous la grâce dans la confirmation. In bajitismo regeneramur ad vitam, post baptismran confirmamur ad pugnam ; in baptismo abluimur, post baptismum roboramur… Confirmalio armât et instruit ad agones mundi hujus et prxlia… Per Spiritum Sanctum dono sapientise spiritualis illuminamur, sedificamur. .., consummamur. Max. biblioth. vet. Pair., Lyon, 1677, t. vi, p. 649. Ce texte célèbre a été frauduleusement inséré par l’auteur des fausses décrétâtes dans la lettre qu’il prête au pape Melchiade, P. L., t. cxxx, col. 240-241. Et saint Thomas, ignorant le subterfuge du pseudo-Isidore, l’a utilisé comme étant de ce pape. Sunt. tlteol., III » , q. lxxii, a. 1. Ce texte n’est pas du pape précité, il appartient à un anonyme du Ve siècle et il constitue un témoignage aussi explicite que possible I en faveur de l’existence du sacrement de confirmation.

Joignons-y un autre témoignage contemporain, mais emprunté à un Père grec. Tbéodoret rappelle à la fois et l’imposition des mains qui confère le Saint-Esprit à ceux qui viennent d’être baptisés, In Heb., vi, /’. G. t. lxxxii, col. 716, et l’onction du chrême qui congru