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CLEMENT D’ALEXANDRIE

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V, c. xiv, ibid., col. 205. Dans plusieurs autres passages remarquables, Clément s’est appliqué à montrer l’origine divine de la vraie philosophie, et l’utilisation providentielle de la philosophie païenne.

3. Origine divine de la vraie philosophie.— Strom.,

VI, c. vii, P. G., t. IX, col. 280, passage important où, en remontant de cause en cause, de maître en maître, de tradition en tradition, Clément montre, au-dessus même des esprits qui peuvent avoir enseigné l’humanité, un premier maître, un premier principe, sans lequel rien n’a été fait, celui qui a été appelé sagesse par les prophètes, celui qui est le maître de toutes les créatures, le conseiller de Dieu, qui a la prescience de toutes choses. Il est d’ailleurs historiquement certain que la philosophie des Hébreux, Y| xaTa’Egpat’oui ; çtXoa-oçîa, est la plus ancienne de toutes, Strom., I, c. xv, P. G., t. viii, col. 705, 781 ; c. xxi, col. 820, argument que l’on trouve invoqué par plus d’un apologiste.

La philosophie de Moïse comprend quatre divisions ou genres : historique, législatif proprement dit (l’un et l’autre appartenant à la morale), puis la partie hiérurgique, contemplation et religion naturelle ( ?), enlin le genre théologique, Y l^o^xtia. des grands mystères.’II (lèv o3v xaTa McoO’TÉa çtXoffOOt’a TcTpay_ri TÉi*VETai,

St « TE TÔ IffTOplxÔv Xa TÔ XUpîw ; XcyÔlAEVOV VO|Jio6ETlXoV

&L7TE0 âv ei’ï] rîjç T)9tXïjç 7tpay|j.aTôtaç i’ôia. tÔ Tp ; Tov ôè, ei ; tô Icpoupyixôv, o ê<mv rfirj ir^ fuatxr, ? Gstopia ; - v.ai TÉtapTOv èîii Trâffi tô OsoXoyixôv eîîoç, ï) « ÈiroTtTSi’a » î^v ç^irtv à HÀârtov Tiiiv jj.E-, ’â>.wv ovtwç eevat (MlSTrjpc’ûJV.’AptuTOtéXyjç 8à tô eiSo ; to-jto Met « xà epuaty.à xaXsï. Strom., I, c. xxviii, P. G., t. viii, col. 921, 924. C’est à cette philosophie hébraïque et mosaïque, c’est à la révélation que les philosophes païens ont emprunté les meilleurs éléments de leurs doctrines. Platon a reçu les traditions scientifiques des Égyptiens, des Babyloniens, etc., mais il doit aux Hébreux ce qu’il y a de raisonnable dans ses lois, avec la connaissance de la divinité. Prot., c. vi, P. G., t. viii, col. "176. David ne lui était pas inconnu. Pœd., 1. II, c. i, ibid., col. 408. Cf. col. 505, 628.

4. Utilisation providentielle de la philosophie païenne ; elle est une préparation au christianisme.

— Cf. sommaires, Strom., I, VI, voir plus haut col. 147, 152, 153. Clément ne se dissimule point la faiblesse de la philosophie païenne ; elle ne contient que des vérités partielles, elle n’a pas une efficacité suffisante pour corriger les mœurs, les philosophes eux-mêmes par orgueil ou par lâcheté sont sourds à la vérité, Strom., VI, c. viii, P. G., t. ix, col. 289 ; elle est pourtant une préparation au christianisme. Elle prépaie la voie à l’enseignement royal, nous assagissant dans une certaine mesure : i ?poary.aTar<t£’jâ£st rf, v ô8ôv tvj patrO.ixayraTY] 8l8a<rxaXià à ;  ;.r, vi-, - na>çpov£Çou<ra. Strom., I, c. xvi, P. G., t. viii, col. 71)0. C’est là une préparation morale : formation des mœurs, affermissement de l’âme pour recevoir la vérité, tô r/Jo ; npOTUTToCia, y.a’: TcpoTTJço’JTa ei ; -apaôo/t, 7 tt, ; àXr, 6eia ;, ibid. ; purification et entraînement moral en vue de l’acceptation de la foi, piXocoipꝟ. 8s i’EXXvjvtxT] oîo « Ttpoxaôai’pEi xai irpoeOl£ei -r, -/ J/’j/^v eJ ; jtapaîoyr, -/ Tt-TTôo) ;. Strom., VII, c. ni, P. G., t. ix, col. 424. Donc puisque, d’une façon générale, tout ensemble de moyens nécessaires et utiles à la vie est

d’une disposition d’en haut, xaOoXtxû X6y « o -ivra

àvayxaîx xa XuæTeXrj rcS |3ï<p Œôôev qxeiv eic T||a5ç, on pourra dire sans se tromper que la philosophie païenne a été donnée comme un degré préparatoire à la philosophie chrétienne, qu’elle a ïté donnée surtout aux

a comme la disposition qui leur est propre, comme un degré préliminaire.i la philosophie chrétienne, ttjv H ; iXoaoçiâv xal [tâXXov’l'./)r, ç’.j ofov 8ta6rjXï)v oixetav

a^TOÏ ; Ss80<7 r)3 ! ’., U7ro($3t0p » V ryjTX-i Tï, ; /.a ?* XpITTOV

loçfa ;. Strom., VI, c. viii, ilnd., co. 288, 289 ! Toujours préoccupé de l’unité île l’œuvre providentielle, et de la transcendance de la loi éternelle, qui embra

dans l’unité de plan et de formule l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, Clément compare la raison (philosophie païenne) et la révélation dans les deux Testaments ; il les considère comme un seul ordre salvifique, en trois dispositions ou testaments différents : les trois peuples ont reçu, en diverses AcaOr/.at ;, la divine pédagogie, par la voix du même et unique Seigneur, auquel tous trois appartiennent, ttôv Tpiriiv Xàùv… Staçôpot ; TraiSE’jofxs’vkJv 8ta8r|Xatç, to0 evôç xupiou ô’vtmv, évô ; xupcou pr, (xaTt. Strom., VI, c. IV, ibid., col. 201.

Pour être pleinement comprise, cette importante idée de préparation, d’entraînement tout ensemble moral et intellectuel, exige l’intelligence du point de vue scientifique et philosophique de Clément : dans sa pensée, si la philosophie grecque prépare à la sagesse chrétienne, c’est d’une façon analogue que les science* encyclopédiques préparent elles-mêmes à la philosoji /iie, toc Ta èyx’jy.Xta (j.aÔ-^jj.aTa tnj[ië(iXXETa’. npô ; çiXocroçiav. Strom., I, c. v, P. G., t. VIII, col. 721, 724.

Dans ce chapitre, la philosophie est considérée comme un entraînement, Itz’.^Zbkkj’.z, en vue d’obtenir la sagesse. Elle est donc, par rapport à la sagesse, science totale des choses divines et humaines, une ascèse préparatoire, une manuduction plutôt qu’un ensemble de prémisses logiques. Voir Alexandrie (Ecole chrétienne d"), t. i, col. 809, 820, la nature de cette manuduction telle qu’elle a été comprise par la tradition catholique, telle que Clément lui-même l’exprime, quand il parle de la philosophie servante de la théologie, et, à la suite de Philon, expose allégoriquement l’histoire d’Abraham et d’Agar. Strom., I, c. v, P. G., t. viii, col. 723, 727.

Par là, on comprend qu’il n’y a pas entre la philosophie et la théologie cette dépendance logique, qui ferait de la théologie une science subalterne, contenue dans des prémisses d’ordre naturel et humain. Aussi bien, pour l’acquisition de la divine vérité, la philosophie n’est qu’une cause accessoire et coopérante, comme le fait voir Clément. Strom., I, c. xx, P. G., t. viii, col. 813-817. Dans la recherche de la vérité, la philosophie n’est pas cause de la compréhension, bien qu’elle soit cause partielle et coopérante, peut-être même ayant sa causalité propre, en même temps que coopérante, o-Jx ai-rca ouïra xaTaXvyl/E&K, ffùv Se to ?î aXXoi ; aÎTi’a, xal <j’jv£pYÔ ; - Tây_a8ÈxaiTÔ auvaiTiov aÏTiov. La science grecque se distingue de la notre, en dépit de la désignation commune, et par la grandeur de la connaissance et par la validité de la démonstration et par la vertu divine qui la produit, /(opi^Erac’te i’EXXtjvixïi àXr, Qeca tt]ç xaô’rijxôcç, si xa’t to-j auToO (j.etei’X^scv ôvojjLaToc, xal [AEyÉGei yvôjfTEwç, xa’t ômoZzilu x-jpiwtE’pa, xai Œt’ï 6-jva(j.st. Ibid., col. 8IG. A cause des malintentionnés, il nous inporte de distinguer : tout en appelant la philosophie cause partielle et coopéra Irice de l’acquisition de la vérité, véritable instrument de recherche, nous reconnaîtrons qu’elle est simplement une gymnastique préparatoire ; nous ne confondrons pas avec la véritable causalité un simple concours, <rjvainov çiXoToçc’av xai cvvEpyôv XlyovTE ; r/, ; àXï)80ûç xaTaXr, 4 « S(0(, ÇyJtïjo’iv oucrav àXr/JEia ;, npoitatSefav aÛT » |v ô|xoXoyT l TO[j.£v toû yvoxmxoû oOx k’i’tiov tiŒ ;  ;.evoi tô t’jvxîtiov. lhid. Nous appelons cause partielle et coopératrice celle qui agit avec une autre, inadéquate pourtant à produire l’effet, i 8k (xeO * rTÉpou r.rjiil, « TeXeç ôv y.ar’aOrô ÈvEpyEÏv. Ibid. La doctrine du Sauveur se suffit à elle-même ; purement accessoire, la philosophie grecque ne la rend pas plus forte ; elle affaiblit seulement 1rs argumentations sophistes… I i vsnt : r. <. : 1 i est le pain ncessure ; la vie, la philosophie préparatoire est un assaisonnement. Ibid.

Outre cet emploi de la philosophie grecque, purement propédeutique, Clément en connaît ci en pratique largement un autre, postérieur à L’acte de foi. Lagnose