à saint Vincent de Lérins, suppose évidemment, dans la pensée de Newman comme dans celle de l'écrivain du Ve siècle, le développement in eodem dogmatc.
b. Le second critère est la permanente et active continuité de principes bien définis et particuliers au christianisme, qui ont constamment guidé dans l'élaboration de ces développements, p. 324. Parmi ces principes, l’auteur en signale quatre qu’il désigne, selon sa terminologie particulière, sous les noms de principe du dogme, principe de la foi, principe de la théologie et principe de l’interprétation mystique de l'Écriture. Par principe du dogme, Newman entend la nature du dogme dans la religion établie par JésusChrist : c’est une vérité surnaturelle nécessairement exprimée en cette vie par cet organe imparfait qu’est le langage humain, mais une vérité que la révélation donne comme définie et immuable, p. 325. En fait, dans l'Église catholique, cette nature spéciale du dogme a toujours été pratiquement reconnue, tellement que ce fut toujours contre elle de la part de ces ennemis un prétexte à une accusation, d’ailleurs injuste, d’intolérance et de fanatisme, p. 31(5 sq. Le principe de la foi, corrélatif du précédent, consiste dans l’acceptation absolue de la parole divine, donnée avec un assentiment interne, contrairement aux données des sens et de la raison, à supposer du moins que de telles données existent, p. 325. La nécessité de ce principe dans la religion établie par Jésus-Christ résulte de l’existence même de la révélation et des obligations qu’elle impose. Quant à sa constante réalisation dans l'Église catholique, elle découle de la constante doctrine des Pères et des théologiens sur ces trois points : que la raison est impuissante à se guider elle-même, que l’on doit se soumettre pleinement à l’autorité de la révélation et que, pour recevoir la foi, il suffit de percevoir les motifs de crédibilité comme probables, p. 327 sq. Cette dernière assertion appartient au système particulier de Newman sur la nature de la foi, tel qu’il est exposé dans sa Grammar of asscnt. Le principe de la théologie consiste dans l’analyse scientifique de la vérité révélée, faite avec le but d’en déduire ce qui y est implicitement contenu, ou dans une systématisation complète et méthodique de toutes les déductions ainsi obtenues, p. 33(5. Ce principe doit se rencontrer dans la religion établie par Jésus-Christ, puisque l'Écriture qui nous enseigne le devoir de la foi, nous enseigne aussi distinctement cette recherche amoureuse de la vérité qui a toujours été la vie de l'École, p. 337. Quant à la constante application de ce principe dans l'Église catholique, elle est facilement démontrée par l’histoire de la théologie catholique depuis les premiers siècles jusqu'à l'époque contemporaine, p. 338. Le principe de l’interprétation mystique de l'Écriture consiste à déduire toute vérité de l'Écriture, mais en ne se confinant point dans une interprétation exclusivement ou même principalement littérale et en s’aidant de l’enseignement de la tradition. Newman prouve que ce principe doit se rencontrer dans la religion chrétienne, comme conséquence du rôle des Écritures et de celui du magistère ecclésiastique et, qu’en fait, son application dans l'Église catholique a été constante, p. 338 sq.
c. Le troisième critère est le pouvoir d’assimilation par lequel la religion catholique, tout en restant fermement établie dans les doctrines qu’elle a possédées dès le commencement, s’approprie ce qu’elle rencontre d’utile dans les opinions de ses défenseurs ou de ses docteurs et même dans les systèmes destinés à la combattre. Seule, la vraie religion possède une telle vitalité. En fait, cette vigoureuse vitalité s’est toujours affirmée dans la religion catholique, non seulement par des développements doctrinaux, mais encore par des développements dans la vie chrétienne, notamment dans les pratiques cultuelles et ascétiques, p. 355 sq.
DICT. HE THÉOL, CATHOL.
d. Le quatrième critère, qui est la conséquence logique, distingue les développements légitimes des corruptions doctrinales par l'étroite et nécessaire connexion de ces développements avec la doctrine possédée dès le commencement, p. 188 sq. Ce principe, particulièrement appliqué à tous les développements doctrinaux de l'Église catholique sur le pardon et l’expiation des fautes commises après le baptême, montre leur légitime origine et par conséquent leur vérité, p. 383 sq.
e. Le cinquième critère, la possession initiale de li-gitinies indices des développements futurs, est également en faveur de la religion catholique. Ce qui est démontré par l’exemple particulier des développements des siècles postérieurs, dans le culte des reliques, dans la pratique de la virginité, dans le culte des saints et des anges et dans la dévotion envers la très sainte Vierge. Développements dont les premiers siècles possèdent déjà des indices très fondés, p. 400 sq.
f. Le sixième critère, la tendance des développements postérieurs à conserver la doctrine antérieurement possédée, est encore bien réalisé dans les développements doctrinaux de la religion catholique. Ce que Newman démontre particulièrement par quelques exemples. Ainsi les développements relatifs au dogme de la trinité n’ont porté aucune atteinte au dogme antérieur de l’unité de Dieu, de même que les développements du culte catholique envers Marie, loin de diminuer les hommages rendus au créateur ou au Verbe incarné ou de troubler la pratique de la vie chrétienne, ont au contraire notablement profité à l’une et à l’autre cause, p. 419 sq.
g. Un septième critère différencie les développements légitimes des corruptions doctrinales. Tandis que la corruption est de courte durée si elle est violente, ou manque de force si elle se prolonge, le développement légitime suppose une constante vigueur. Celle constante vigueur s’affirme d’une manière continue dans l’histoire du catholicisme, p. 137 sq.
A. Conclusion. — a) De l'étude attentive des critères établis par Newman pour discerner les vrais développements dogmatiques, particulièrement du premier critère avec l’addition insérée en note à la page 322, ainsi que du second et du quatrième, et, en même temps, de tous les exemples de développements dogmatiques rapportés par l’auteur, on doit conclure qu’il admet toujours une identité substantielle entre le dogme primitif et son développement ultérieur, bien que la mesure précise de cette substantielle identité ne soit pas nettement indiquée. Kien donc n’autorise les fausses interprétations des auteurs modernistes ou modernisants qui voudraient appuyer sur le témoignage du grand écrivain leur fausse théorie de l'évolution substantielle des dogmes. Notons toutefois la réserve avec laquelle Newman s’exprime relativement à la connexion qui doit nécessairement régner entre la vérité primitivement révélée et ses légitimes développements dogmatiques : « Cependant, dit-il, comme les exemples qui viennent d'être cités nous le suggèrent, cette unité de type, toute caractéristique qu’elle est des développements légitimes, ne doit pas être poussée jusqu'à la négation de toute variation ou même de tout changement considérable dans la proportion et lés relations des divers aspects d’une même idée, » p. 173. En preuve de cette assertion, Newman cite beaucoup d’exemples empruntés au monde physique et à l’histoire profane ou ecclésiastique d’où il conclut : « D’une manière semblable, les idées peuvent rester quand leur expression est variée à l’indéfini ; et nous ne pouvons déterminer si un développement admis par l’Eglise est réellement tel ou non, sans quelque connaissance autre que l’expérience du simple fait de cette variation, » p. 176. — p) Aucune parole de Newman n’autorise à supposer que les apôtres n’ont possédé qu’une imparfaite con IV. - 52