vérités révélées d’une manière simplement implicite des vérités explicitement révélées à un degré minimum. Pratiquement on peut s’en tenir aux conclusions suivantes : a) l’ne vérité doit ou peut être considérée comme implicitement révélée, quand il est certain qu’elle a été postérieurement délinie par l'Église comme révélée, et que d’autre part sa révélation partiellement explicite n’est prouvée ni par des documents scripturaires ou traditionnels assez démonstratifs, ni par une pratique suffisamment établie comme constante et universelle. Toutefois l’on doit reconnaître que les appréciations sur la valeurprobante de ces documents traditionnels sont assez souvent divergentes. Une telle diversité, d’ailleurs inévitable en une matière aussi délicate relevant immédiatement de la critique bistorique, n’a, en réalité, aucune importance doctrinale. Tous les théologiens et les critiques admettent unanimement, au point de vue doctrinal, l’immutabilité substantielle de l’enseignement proposé par l’Eglise comme révélé. Tous aussi admettent la valeur dogmatique de l’argument de prescription appuyé sur cette immutabilité substantielle. L’unique question débattue est cette question documentaire : y a-t-il des preuves historiques suffisantes pour établir positivement, à une époque donnée, l’affirmation explicite de telle doctrine ? ou doit-on, en l’absence de telles preuves, s’abstenir de tout jugement historique positif sur ce point ? Dans cette deuxième hypothèse, l’absence d’un tel jugement n’autorisant pas, comme nous l’avons montré précédemment, à émettre une assertion doctrinale formelle, ne peut donc avoir aucune conséquence dogmatique, bien que l’on doive en tenir compte dans l’exposé des arguments. Théologiens et critiques restant ainsi sur leurs terrains respectifs, rien ne doit troubler l’accord entre le dogme et la critique historique.
b) Le strict minimum nécessairement requis pour qu’une vérité postérieurement définie par l'Église puisse être considérée comme implicitement révélée dans une autre, ne pouvant être défini a priori, en dehors de cette affirmation générale que son concept doit faire partie du concept intégral de la vérité primitivement révélée, on devra, dans l’appréciation concrète des développements dogmatiques historiquement constatés, ne point écarter facilement les hypothèses qui ne présentent aucune opposition dogmatique avec ce concept de la vérité primitivement révélée. Mais, d’autre part, l’on ne doit point oublier qu’il y a lieu d’admettre une révélation purement implicite, seulement au défaut de preuves suffisantes en faveur d’une révélation plus explicite, à cause de la présomption toujours existante, jusqu'à preuve contraire, en faveur de quelque révélation oralement faite par Jésus-Christ et transmise par la tradition toujours vivante dans L'Église.
VII. Conclusions relatives a l’histoire des dogmes.
i" conclusion. —
Du principe général précédemment établi sur la subordination nécessaire de toutes les sciences humaines à l’autorité de la révélation et aux définitions du magistère ecclésiastique, nous devons conclure que la science de l’histoire des dogmes, nécessairement connexe à la dogmatique bien qu’elle soit en elle-même une simple division de l’histoire ecclésiastique, est également tenue d’observer cette mâme subordination. ICI le doit donc ne jamais contredire, par aucune de ses assertions, opinions ou hypothèses critiques, un enseignement certainement révélé ou une conclusion certainement enseignée par l'Église comme intimement liée à cet enseignement révélé. Mais il reste toujours vrai que la science de l’histoire des dogmes, comme toute science humaine, selon les documents précités, notamment le concile du Vatican : Necsaneipsa velat Ecclesia ne hujusmodi disciplina in suo quæque ambilu propriis utantur principiis et propria melhodo, sess. III, c. iv, garde toujours son autonomie en tout ce qui n’a point de connexion nécessaire avec le dogme, particulièrement en ce qui concerne sa méthode propre et son genre particulier de preuve.
2e conclusion. — La nécessaire subordination à l’enseignement révélé exige particulièrement que l’histoire scientifique des dogmes ne soutienne aucune assertion, opinion ou hypothèse supposant une évolution substantielle des dogmes, de quelque manière que celle-ci soit défendue. Car c’est un dogme de foi catholique, selon les documents précités, qu’une telle évolution n’a jamais existé et ne pourra jamais exister, et qu’aucune hypothèse historique contredisant un dogme ne peut être vraie. Ainsi doivent être écartées comme radicalement fausses toutes les opinions ou hypothèses attribuant une origine purement humaine à la doctrine du Logos divin ou à la constitution de l'Église, à l’institution des sacrements ou à quelque autre dogme. L’erreur opposée est particulièrement réprouvée par Pie X dans l’encyclique Pascendi au paragraphe concernant le moderniste historien, et dans le décret Lamentabili aux propositions 23, 24, 29, 32.
3e conclusion. — Puisque, en dehors de cette nécessaire subordination, l’histoire scientifique des dogmes reste autonome en ce qui concerne sa méthode particulière, on ne peut exiger qu’elle fournisse des preuves historiques en faveur de l’enseignement révélé, quand des preuves critiques solides font défaut. Tout ce que l’on est en droit de demander, c’est que la science historique ne soutienne rien de contraire au dogme. Ainsi, dans les cas précités, on ne peut exiger que l’histoire des dogmes fournisse des preuves décisives et historiquement indiscutables en faveur de la pratique de plusieurs sacrements dans les deux premiers siècles, bien que le fait de leur institution divine et celui de leur usage pendant cette période soient dogmatiquement ou théologiquement certains.
4e conclusion. — On ne peut exiger que l’historien des dogmes poursuive toujours dans ses investigations un but apologétique ou dogmatique, mais on ne peut non plus le lui inlerdire au nom de la science. — 1. Le seul devoir imposé à l’historien des dogmes est de ne point contredire la vérité révélée ou l’enseignement proposé par l'Église comme certainement connexe à cette vérité. Travailler positivement à la défense de l’enseignement catholique n’est en soi l’objet d’aucun précepte, c’est tout au plus un conseil de perfection dont l’omission ne constitue de soi aucune faute, surtout s’il était à craindre que, dans des circonstances très particulières et à cause de préjugés difficiles à combattre, l’on ne puisse montrer des préoccupations évidemment apologétiques ou théologiques, sans s’exposer à perdre, au point de vue scientifique, toute considération ; hypothèse qui, dans certains milieux, peut n'être pas irréalisable.
2. Mais toute préoccupation apologétique ne peut être interdite au nom de la science. Tout ce que l’on a le droit d’exiger au point de vue scientifique, c’est que la méthode propre à la science historique soit rigoureusement observée. D’ailleurs, si la prétention contraire était vraie, il en résulterait nécessairement que l’on ne pourrait convenablement cultiver une science quelconque sans être un sceptique parfait, puisqu’une conviction quelconque pourrait fausser les recherches ou déductions scientifiques.
3. En l’ait, surtout dans les circonstances actuelles où la foi catholique est constamment attaquée sur ce terrain de l’histoire des dogmes par une science hostile ou incroyante, il ne nous paraît guère possible qu’un catholique, attaché à sa foi et soucieux de la défendre dans la mesure de ses forces, s’abstienne, dans ses travaux habituels sur l’histoire des dogmes, de toute