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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/191

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DOGME — DOMANINI


préoccupation apologétique ou dogmatique. Une telle abstention, dans des circonstances aussi critiques, serait le plus souvent une omission injustifiée d’un grave devoir de charité.

5e conclusion. — Avec quelque intention qu’elle soit poursuivie, l’histoire scientifique des dogmes fournit toujours à la science théologique un appoint très considérable, dès lors qu’elle garde, vis-à-vis de l’enseignement révélé et du magistère de l'Église, la subordination nécessaire. — 1. L’histoire des dogmes aide à mieux comprendre les définitions de l'Église, en les replaçant dans leur milieu, en faisant mieux connaître les erreurs contre lesquelles ces définitions furent dirigées et en aidant à une complète intelligence de la terminologie ecclésiastique. On le comprendra facilement par les nombreux exemples que nous avons cités au cours de cet article, sans que nous ayons besoin de les répéter ici. — 2. L’histoire des dogmes aide encore à mieux établir la preuve théologique de la tradition, par les témoignages qu’elle nous fait connaitre et dont elle nous donne l’exacte interprétation. Rappelons simplement l’exemple précédemment indiqué du caractère sacramentel. L’histoire des dogmes nous montre son solide fondement théologique dans la tradition, surtout depuis la controverse avec les donatistes ; ce qui écarte définitivement la supposition émise par quelques anciens théologiens et approuvée par Cajetan lui-même, que la doctrine du caractère sacramentel qui n’est point dans l’Ecriture, est enseignée uniquement par l’autorité de l'Église et seulement depuis une époque assez récente. P, Pourrat, La théologie sacramentaire, p. 222.

3. L’histoire des dogmes sert aussi à mieux différencier la doctrine catholique strictement obligatoire, des opinions théologiques librement controversées. L’accord constant des Pères et des théologiens sur les matières de foi, comparé avec la diversité de leurs opinions en matières considérées comme libres, fait nettement ressortir l'élément accessoire ou humain dans leurs expositions dogmatiques, en même temps que la substance du dogme toujours identique malgré quelques changements accidentels. C’est ainsi, par exemple, que le dogme de l’efficacité des sacrements de la nouvelle loi, tel qu’il a été défini par le concile de Trente, apparaît d’une manière beaucoup plus manifeste quand on l'étudié conjointement avec les multiples opinions théologiques antérieures ou postérieures au concile de Trente.

4. L’histoire des dogmes fournit encore l’insigne avantage de mettre dans une très vive lumière la souveraine autorité du magistère ecclésiastique, règle suprême du travail théologique individuel ou collectif, sanctionnant ou encourageant ce qui est digne d’approbation et désapprouvant ou réprouvant tout ce qui contreditou meten péril l’enseignement révélé, comme nous l’avons montré précédemment.

Ces conclusions générales sur l’histoire des dogmes font assez comprendre quelle direction l’on doit donner à cette étude particulièrement importante à l’heure actuelle, en face de toutes les attaques d’une critique hostile ou indillérente. Les détails de l’histoire de chacun des dogmes particuliers seront étudiés aux articles spéciaux.

En terminant cette étude d’ensemble sur les dogmes chrétiens, qu’il nous soit permis de faire observer que nous avons du, pour plus de clarté dans notre exposé, indiquer, sur chacun des points particuliers, la doctrine de l'Écriture et celle de la tradition ainsi que les définitions de l'Église. Le lecteur désireux d'établir la synthèse de l’enseignement scripluraire, de l’enseignement patristique ou théologique et de l’enseignement ecclésiastique sur l’ensemble des points particuliers étudiés au cours de cet article, pourra facilement grouper lui-même, sous ces litres généraux, ce que notre étude

analytique devait nécessairement fraclionner, sous peine de manquer de clarté et de précision.

On peut consulter les ouvrages indiqués au cours de cet article, et ceux qui ont été signalés dans l’article précédent, ainsi que les très nombreux articles publiés depuis quelques années dans les diverses revues, notamment sur le développement des dogmes, et Gardeil, Le donné révélé et la théologie, Paris, 1910 ; A. Lépicier, De stabilitateet progressu dogmatis, 1e édit., Rome, 1910 ; A. Palmieri, Il progresso dommatico nel concetto cattolico, Florence, 1910 ; Pinard, art. Do ; / » ?(?, daris le Dictionnaire apologétique de d’Alès, t. l, col. 1121-1184.

E. DUBLANCHY.


DOLERA (ou DE OLERA) Clément naquit près de Gênes, à Moneglia, d’où son nom de Monilianus, le 20 juin 1501. Entré chez les mineurs de l’observance, dans la province de Bologne, la science etla piété dont il avait fait preuve comme lecteur de dialectique et de théologie lui valurent les premières charges dans cette province, en attendant qu’il devînt vicaire-général de son ordre, à la mort du P. Jean Calvi, général, décédé à Trente pendant le concile, en 1547. Le chapitre tenu à Assise cette même année lui confia la direction de la famille cismontaine des observants et le suivant, réuni à Salamanque en 1553, l'élut général des mineurs. Son premier soin fut de réunir les Statuts qui régissaient la famille cismontaine qu’il édita sous le litre de Statuta generalia cismontanarum partium ord. S. Francisa reg. observ. >er Jnliuni III approbata, Venise, 1554 ; Ancône, 1582. Paul IV qui l’avait en haute estime le créa cardinal le 15 mars 1557, et le 13 mars 1560 Pie IV le nommait évêque de Foligno. Dolera mourut à Rome le 6 janvier 1568 et fut enseveli dans son titre de Sainte-Marie d’Aracæli, Élant cardinal, il publia ; Theologicarum inslil ulionum compendium, in-fol., Foligno, 1562 ; Rome, 1505. A ce livre qui dans la première édition renfermait les traités De symbolo apostolorum, De sacramentis, De præceptis divinis, De consiliis evangelicis, De œcumenico concilio, il ajouta, dans la 2e édit., in-4°, Rome, 1505, ceux De cœlibatu existenlium in sacris ordinibus, et De peccatis in génère, île dirisione et dejinitionc eorumdem, que l’on trouveédités séparément, in-4°, s. l.n. d. On lui attribue aussi des Commentaires sur les l’entres de saint Paul.

W’adding et Sbaralea, Scriptores ordinis minorum ; Cl&aconius, Historiée pontiflcum Romanorum et x. IlE. cardinalium, Rome, 1077, t. iii, col. 800 ; Ughelli, Italia sacra, Venise, 1717. t. i, col. 714 ; Richard et Giraud, Dizionario universale délie scienze ecclesiatiche, t. iv, p. 185 ; Annales minorwm, Quaracchi, 1899, t. xx, passim ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., 1907, t. iii, col. 49.

P. Edouard d’Alençon.


DOMANINI Lactance, carme de la congrégation de Mantoue, professa la théologie après avoir conquis à Bologne le diplôme de docteur. Son activité intellectuelle était extraordinaire : à l'âge de 33 ans, il avait déjà écrit sur toute la théologie des commentaires dignes, au dire de ses contemporains, de passer à la postérité. Ces travaux, ainsi que différents traités sur des questions spéciales de théologie et de philosophie, demeurèrent manuscrits et sont vraisemblablement perdus pour nous. Il ne publia que De divina providentia, 2 in-fol., Mantoue, 1592, où la question de la providence de Dieu à l'égard de l’homme est traitée dans toute son ampleur. Le P. Domanini mourut en 1595, à Mantoue, sa ville natale. Il avait à peine 55 ans. Ses vastes connaissances jointes à la sûreté de son jugement, à son art de bien dire et à l’aménité de son caractère, lui avaient conquis l’estime universelle. Le pape Sixte V l’affectionnait particulièrement et recourait à ses avis dans toutes les affaires difficiles. Le docte religieux avait longtemps cumulé, avec sa charge de consulteur du Saint-Office, celle de conseiller intime et de confesseur des ducs de Mantoue, et ses frères en religion l’avaient appelé à deux reprises à remplir les fonctions