Imposer les mains in pænitentiam, c’était, selon la discipline d’alors, créer pour les fidèles un empêchement à toute ordination future, et réduire les clercs, par une déposition délinitive, aux rangs des simples laïques. Aussi les donatistes y recoururent-ils comme au meilleur des moyens de discréditer le clergé catholique. Donat des Cases Noires avait dû avouer, à Rome, qu’il avait ainsi imposé les mains à des évéques. De schism. donat., I, 24, P. L., t. xi, col. 932. Or, à la fin du IVe siècle, revenant à leur première erreur sur la nécessité de la rebaptisation, les donatistes y ajoutèrent celle des réordinations. Tout clerc catholique qui avait quelque difficulté avec son évêque ou qui, pour un motif ou pour un autre, était chassé de l’Église, venait-il à eux, ils le rebaptisaient, parfois le réordonnaient, parfois aussi ils lui conféraient un grade plus élevé dans leur clergé. Saint Augustin, à ce sujet, rappelle des faits précis et cite des noms propres. Le sous-diacre Rusticianus a été rebaptisé ; un diacre a été réordonné, Epist., cviii, 19, P. L., t. xxxii, col. 417 ; un autre diacre de Mutuzenna a été rehaptisé, Epist., xxxiii, 2, col. 95 ; l’évêque donatiste Splendonius a rebaptisé un diacre et l’a ordonné prêtre. Cont. litt. Petit., iii, 41, P. L., t. xliii, col. 371. Autant de faits scandaleux et contraires à la nature même de ces deux sacrements du baptême et de l’ordre, qu’on ne saurait réitérer. L’Église use parfois d’indulgence envers les clercs coupables, les reçoit pour un bien de paix, après correction, et les admet même à l’exercice de leur ordre, mais elle ne renouvelle jamais l’ordination ; car, à cause du caractère que de tels sacrements impriment dans l’âme et qui de sa nature est permanent et inamissible, quelle que soit la faute dont on peut se rendre coupable, on les reçoit une fois pour toutes. Agir autrement, c’est méconnaître l’effet de tels sacrements, et les donatistes n’en ont pas le droit. Acculés par la logique pressante de l’évêque d’Hippone, les donatistes avaient fini par reconnaître que celui qui quitte l’Église ou qui en est exclu ne perd pas le baptême, mais ils soutenaient qu’il perdait le droit de baptiser. Et Augustin, parlant à la fois du baptême et de l’ordre, de répliquer : Multis modis apparat frustra et inaniter dici. Primo, quia nulla ostenditur causa cur ille qui ipsum baptismum amittere non potest, jus dandi potest amittere. Utrumque enim sacramentum est, et quadam consecratione utrumque homini datur : illud, cum baptizatur ; istud, cum ordinatur : ideoque in Catholica utrumque non licet iterari. Nam si quando ex ipsa parte venientes etiam præpositi, pro bono pacis, correcto schismatis errore, suscepti sunt, et si visum est opus esse ut eadem officia gererent quæ gerebant, non sunt rursus ordinati. Sed sicut baptismus in eis, ita ordinatio mansit integra : quia in præcisione fuerat vilium, quod unitalis pace correctum est, non in sacramentis quæ ubicumque sunt ipsa sunt. Cont. epist. Parm., ii, 28, P. L., t. xliii, col. 70.
Rien de plus explicite. C’est en conformité avec ces principes que, dans leurs conciles, les évêques catholiques de l’Afrique ne nièrent jamais la validité du baptême et de l’ordre conférés par les donatistes, et se montrèrent toujours disposés à recevoir les schismatiques avec les pouvoirs et les honneurs qu’ils possédaient. Cf. Saltet, Les réordinations, Paris, 1907, p. 59 sq.
I. Sources. S. Optat, De schismate donatistarum, P. L., t. xi ; S. Augustin, Psalmus contra partent Donati ; Contra epistolam Parmeniani ; De baptismo contra donatistas ; Contra litteras Petiliani ; Ad catholicos epistola contra donatistas ; Contra Cresconium ; De unico baplismo contra Petilianum ; Breviculus collationis ; Liber ad donalistas post collationem ; Sermo ad Cæsareensis Ecclesiæ plebem ; De gestis cum Emerito ; Contra Gaudentium, donutistarum episcopum, P.L., t. xliii ; Epist., <span class="romain" title="Nombre xxiii, xxxiii-xxxv, xliii, xliv, xlix, li-liii, Lvi-Lviii, lxi, lxvi, lxx, lxxvi, lxxxvi-lxxxix, xciii, xcvii, c, cv-cviii, cxi, cxii, cxxviii, cxxix, cxxxii, cxxxiv, cxli, cxlii, cxliv, clxxiii, clxxxv, cciv écrit en chiffres romains">xxiii, xxxiii-xxxv, xliii, xliv, xlix, li-liii, Lvi-Lviii, lxi, lxvi, lxx, lxxvi, lxxxvi-lxxxix, xciii, xcvii, c, cv-cviii, cxi, cxii, cxxviii, cxxix, cxxxii, cxxxiv, cxli, cxlii, cxliv, clxxiii, clxxxv, cciv, P. L., t. xxxiii ; In.Joa.Evang., tr. iv-vi, ix-xxiii ; In Epist. Joa., tr. i-iv, P. L., t. xxxiv ; Enar. in Ps., x, xxv (enar. ii), xxx (enar. iii), xxxii (enar. ii), xxxiii (enar. ii), xxxv, xxxvi (serm. ii, iii), <span class="romain" title="Nombre xxxix, liv, lvii, lxxxv, xcv, xcviii, ci, cxix, cxxiv, cxxxii, cxlv, cxlvii, cxlix écrit en chiffres romains">xxxix, liv, lvii, lxxxv, xcv, xcviii, ci, cxix, cxxiv, cxxxii, cxlv, cxlvii, cxlix, P. L., t. xxxvi-xxxvii ; Serm., <span class="romain" title="Nombre x, xlvi, xlvii, lxxxviii, xc, xcix, cxxix, cxxxviii, cxlvi, cclxv, cclxvi, cclxviii, cclxix, ccxcii, ccclii-ccclx écrit en chiffres romains">x, xlvi, xlvii, lxxxviii, xc, xcix, cxxix, cxxxviii, cxlvi, cclxv, cclxvi, cclxviii, cclxix, ccxcii, ccclii-ccclx, AL., t. xxxviu-xxxix ; Eusébe, H. E., x, 5-7, P. G., t. xx.
II. Travaux. Ellies Du Pin, Historia donatistarum, P. L., t. xi ; Valois, Diss. de schismate donatistarum, dans son édit. de l'Hist. eccles. d’Eusèbe ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’hist. eccl., Paris, 1693-1712, t. vi. p. 1-193 ; t. vii, p. 310-329 ; t. x, p. 312, 579, 633, 634, 683 ; t. xiii, p. 191-196, 327-335, 446-449, 479-481, 558-584, passim ; Ceillier, Hist. gén. des auteurs sacrés et eccl., Paris, 1860, t. ii, p. 622-628 ; t. iii, p. 123, 135, 498, 499 ; t. iv, p. 594, 658-660 ; t. v, p. 95-148 : t. vi, p. 348, 361, 397 ; t. vii, p. 505, 508, 715 ; t. viii, p. 537, 543 sq., 559 sq. ; t. ix, p. 16-128, 371 sq., 374 sq., 415 sq., 787 ; t. xi, p. 489, 506 ; Noris, Historia donatistarum, Vérone, 1729 ; Ribbeck, Donatus und Augustin, Elberfeld, 1857 ; Rieck, Entstehung und Berechtiguny des Dunatismus, Eriedland, 1877 ; Deutsch, Drei Aktenstücke zur Geschichte des Donatismus, Berlin, 1870 ; Völter, Der Ursprung des Donatismus, Tubingue, 1883 ; Reuter, August. Studien, Gotha, 1887, p. 234 sq. ; Seeck, Quellen und Urkunden über die Anfänge des Donatismus, dans Zeitschrift für Kirchengeschichte, 1889, t. x, p. 505 sq. ; Thummel, Zur Beurtlieilung des Donatismus, Halle, 1893 ; Harnack, Geschichte der altchr. Litt., Leipzig, 1893-1897, t. i, p. 744 sq. ; Hefele, Conciliengeschichte, t. i, p. 193 sq., 632 sq. ; t. ii, p. 80 sq-, 97 sq. ; édit. Leclercq, Paris, 1907, t. i, p. 265 sq. ; 837 sq., t. ii, p. 154 sq. ; Duchesne, Le dossier du donatisme, dans Mélanges d’arch. et d’Hist. de l’École franc. de Rome, Paris, 1890, t. x, p. 589-650 ; D. Leclercq, L’Afrique chrétienne, in-12, Paris, 1904 ; P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, Paris, 1905, t. iii ; J. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. ii, p. 222-231 ; Kirchenlexikon, t. iii, col. 1969 sq. ; Realencyclädie, t. iv, p. 788 sq. ; Dictionary of Christian biography, t. i, p. 881 sq. ; Martroye, Une tentative de révolution sociale en Afrique, donatistes et circoncellions, dans la Revue des questions historiques, 1er octobre 1904 et 1er janvier 1905 ; P. Monceaux, L’Église donatiste au temps de saint Augustin, dans la Revue de l’histoire des religions, janvier-février 1910 ; Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1907, t. ii, p. 101-124 ; 1910, t. iii, p. 108-146 ; U. Chevalier, Répertoire, topobibliographie, col. 914.
DONATO Jérôme, Vénitien, mort en 1513. Poète,
orateur, philosophe, théologien et mathématicien. Il
écrivit contre les grecs un traité De sacrorum principatu,
Venise, 1525, et un autre De processione Spiritus,
publié par A. Mai, Scriptor. veter., t. vii.
Degli Agostini, Scrittori veneti, t. ii, p. 201.
DONS DU SAINT-ESPRIT.
I. Partie doctrinale
et spéculative :
1° du don divin en général ;
2° de la personne du Saint-Esprit comme premier don divin ;
3° raison d’être des dons du Saint-Esprit ;
4° leur caractère d’habitudes ;
5° leur distinction d’avec les vertus
infuses ;
6° l’organisme des dons ;
7° sa place dans l’ensemble du dynamisme psychologique surnaturel ;
8° monographie des sept dons ;
9° dons au ciel ; rapport avec les béatitudes et les fruits du Saint-Esprit.
II. Partie documentaire et historique :
1° Écriture
sainte ;
2° sources profanes ;
3° Pères grecs ;
4° Pères
latins ;
5° premiers théologiens scolastiques ;
6° les fondateurs de la théologie des dons ;
7° opinions d’école
postérieures à saint Thomas ;
8° une récente discussion.
I. Partie doctrinale et spéculative.
I. Du don divin en général.
1° Définition.
Donner, c’est accorder à quelqu’un, gratuitement et bénévolement, la propriété d’une chose. Cette définition renferme toutes les conditions du don :
1. L’idée de don éveille l’idée : a) d’un donateur, b) d’un
bénéficiaire, c) d’une chose qui est la matière du don.
a) Il n’y a pas de don de soi, à proprement parler, la
personnalité d’un chacun étant avant tout la cause
active du don.
b) Pour la même raison, on ne se donne