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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/247

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DONS DU SAINT-ESPRIT


esprits, TtveûjvaTa, à mon avis ne se (rompe pas. Car dans tout don, petit ou grand, tout le Saint-Esprit se trouve agissant et inspirant. Un peu plus loin, la q. liv donne lieu à un petit traité des sept dons. Il débute avec le texte d’Isaïe, col. 521 ; on y trouve une description de chacun des dons, col. 521, 521, et une sorte de dialectique, qui rappelle la manière de Denys l’Aréopagite, pour passer du don de crainte aux illustrations de la sagesse ; cf. col. 534, où la question de l’ordre des dons est résolue dans le sens de l’ordre ascendant. Au n. 38 de la troisième centurie du Livre des 500 chapitres, se rencontre une réplique de ce même traité qui n’ajoute rien de nouveau. P. G., t. xc, col. 1276-1277.

Il n’est pas nécessaire de pousser plus loin nos investigations. Saint Damascène, par exemple, ne nous fournirait aucune indication. D’ailleurs, saint Augustin, dès le commencement du Ve siècle, a donné a la doctrine des dons du Saint-Esprit tout le développement qu’elle pouvait comporter avant l’introduction des problèmes scolastiques. Avant de nous retourner vers la patristique latine, il est cependant utile de récapituler les notions, d’ailleurs peu nombreuses, que nous ont livrées les Pères grecs. 1° Le texte d’Isaïe, xi, 2-3, est conçu dès saint Justin comme exprimant la plénitude des dons ou des vertus spirituelles descendues sur le Christ, spécialement à son baptême. Sur ce point la tradition grecque forme une suite ininterrompue et imposante de témoignages. Seul saint Justin change deux vocables dans une des listes qu’il donne, substituant prophétie à intelligence et guérison à pieté'. 2° Le nom de dons (Sonata, saint Justin), Zmoix, est employé de très bonne heure, concurremment avec celui de vertus, ô-jvijj.etç, et de 7tvsJ[xxra pour exprimer les sept dons spéciaux du Saint-Esprit. — 3° Le chiffre sept est consacré dès l’origine. La seule exception est le texte mentionné d’Origène, qui énumère dix dons. Aussi, bien que nous admettions avec M. Touzard, loc. cit., l’ayant rencontrée dans Philon déjà et dans de nombreux passages de l'ères, que le nombre sept désigne avant tout ici un plérôme, nous ne croyons pas exacte l’affirmation du même auteur, à savoir qu’aucun des Pères grecs « ne fait mention du nombre des dons. » Revue biblique, 1899, p. 250. La continuité d’une formule septénaire constitue, à sa manière, une numération. D’ailleurs, la documentation sur laquelle s’appuie cette assertion est trop limitée pour fournir une base d’opinion à l’abri de toute revision. — 1° La distinction des sept dons d’avec les dons du Saint-Esprit en général et surtout d’avec les charismes pauliniens n’est pas suffisamment nette, du moins chez beaucoup de Pères, pour que l’on puisse affirmer absolument qu’ils forment déjà un groupe spécifique définitivement distinct. M. Touzard, loc. cit., semble avoir raison sur ce point. Je n’oserais cependant conclure, comme lui, ibid., que « ce n’est pas chez les Pères grecs que la théorie des sept dons du Saint-Esprit a été mise en relation avec le texte d’Isaïe. » Ou plutôt je dislinguerais la théorie, qui est, en effet, à venir, et la notion, qui, malgré certaines confusions avec celle des charismes, se dégage nettement avec plusieurs de ses attributs, nombre des dons, dépendance immédiate du Saint-Esprit, permanence dans le Christ, dérivation sanctificatrice vers les fidèles. — 5° Le problème qui a fait la principale préoccupation des Pères grecs, est celui de la permanence, du repos, des sept dons dans Je Christ, de la plénitude avec laquelle le Christ les a possédés, par opposition aux anciens prophètes et aussi aux justes. La relation des sept dons conférés aux justes avec les esprits descendus sur le Christ a été très nettement indiquée dès saint Justin. C'était la réponse donnée par le christianisme naissant à la thèse de Philon niant la possibilité de la demeure des dons

DICT. DE THÉOL. CATÎiOL.

de l’Esprit dans l’homme. L’exception revendiquée par les Pères pour le Christ est une confirmation de la divinité ou, tout au moins, de la surhumanité du Messie.

iv. pères latins. — Comme dans la patristique grecque, la doctrine des dons du Saint-Esprit se dessine spontanément chez les Pères lalins dès l’origine. Tertullien (fvers 250) : Meus erit Christus in quo requievit, secundum Isaiam, spirilus sapientise et intellectus, etc. Neque enini ulli hominum diversitas spiritualium documentorum competebat, nisi inChristum, jlori quidem ob gratiam spiritus adxqualum. Adv. Marcionem, 1. III, c. xvii, P. L., t. ii, col. 341. Cf. Adv. Judeeos, c. ix, col. 623. Novatien (fvers 270), décrivant l’activité du Saint-Esprit : Hic est qui inmodum columbse habitons in solo Cltristo, plenus et totus… cum lnla sua redundantia cumulate distribulus et missus, ut ex illo delibatiouem quamdam gratiarum ceeteri consequi possint… Hoc etenim jam per Isaiam prophetam aiebat : Et requiescel, etc. De Trinitate, c. xxix, P. L., t. iii, col. 944. Saint Victorin (vers 303), Scholia in Apocalypsim, voit les sept dons du Saint-Esprit dans les sept esprits d’Apoc, I, i, P. L., t. v, col. 317, dans les sept coups de tonnerre, x, 3, col. 332. Au sujet des sept (lambeaux, iv, 5, il s’exprime ainsi : Faces ignis ardentes donum Spirilus Sancti quod in ligno passionis est reddilum, col. 326. Dans le fragment De fabrica mundi, il inaugure la comparaison, plus tard reprise parErnald de Bonneval, de la création du monde en sept jours avec la création spirituelle par les sept souflles du Saint-Esprit d’Isaïe : Et spiritu oris ejus omnis virtus eorum, Ps.xxxii, 6 ; lli 7 spiritus noniinasuni eorum spiritus qui supra Christum l>ei requieverunt. Summum ergo cœlum sapientia, secundum intellectus… Hocverbum cum luceni facit, sapientia vocatur, etc. P. L., t. v, col. 310. Lactance, en mentionnant que Jésus est (ils de Jessé, cite Isaïe, xi, 2, sans autre commentaire. Devera sapientia et religione, LIV, c. xiii, P. L., t. vi, col. 485. Saint llilaire (vers 366) allégorise les sept pains de la multiplication miraculeuse, Matth., XV, 10. l’er gratiam spiritus vivuut cu/us septi forme, ut perEsaiam traditur, munus est… Quæ in terram recumbunt… ad donum spiritus septiformis vocantur. Indefinitus piscium numerus diversorum donorum et charismaluni partiliones.. signi/icat… sed quod septem sportse replentur redundans et multiplicata septiformis spi>itus copia indicatur. Comment, in Matth., P. L., t. ix, col. 1007. Ailleurs, le premier, il indique l’ordre ascendant des dons, mettant la crainte à la base des autres. In ps. cxviii, 38, col. 341.

Le prologue de Y Explanalio /idei, dite du concile de Rome, 382, sous le pape Damase, cf. P. L., t. xix, Prol., n. 150, col. 494 ; Monitum, col. 787, débute ainsi : Uiclum est : jnius agendum est de spiritu sepliformi i/ui in Christo requiescit, spiritus sapientise, Christus Dei virtus et Dei sapientia, etc. A chaque don est annexé un texte de l'Écriture qui l’applique au Christ, P.L., t. xiii, col. 373 ; cf. t. xix, col. 787 ; DenzingerBannvart, n. 83.

Saint Ambroise († 395), à propos du même texte du Ps. cxviii, 38, reprend et développe l’idée déjà exprimée par saint llilaire de l’ordre des dons, montant de la crainte à la sagesse, n. 36, 37, et esquisse une idée personnelle de la connexion des dons, originale e* ceci que tous seraient des auxiliaires de la crainte de Dieu, n. 38, P. L., t. xv, col. 1264-1265. Une contribution des plus importantes se rencontre dans le De Spiritu Sancto, 1. I, c. xvi, n. 158. L’Esprit-Saint y est comparé à un lleuve sortant de la fontaine de vie : icibas une goutte de ce lleuve nous suffit, cujus nos brevi satiamur hausto ; mais, dans la céleste Jérusalem, il se répand plus abondamment sur les trônes, les domi IV. - 56