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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/249

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DONS DU SAINT-ESPRIT


positio in Psallerium, ps. xxviii, P. L., t. lxx, col. 199 sq. — Primasius (vers 660), In Apocalypsini, I. I, à propos des sept esprits, remarque : propter septenariam operalioncm Spiritus Sancli sepliforntis spiritule dicitur, id est sapientix et intelleclus, etc. ; unius enini spiritus dona legaliler comniendantur t/uando a septem spirilibus pax et gratia devolis optatur, P. L., t. lxvii, col. 798. Cꝟ. l. II, col. 82't, 831, 832.

Xous arrivons à saint Grégoire le Grand (f601), la principale source de documentation des scolastiques avec saint Augustin. Première indication, préface des Moralia, c. vin. L’allégorie commence au c. xxvii du 1. 1 des Morales où les sept fils de Job figurent les sept dons et leurs trois sœurs, les vertus théologales, P. L., t. lxxv, col. 544. Au l. II, c. xlix, n. 78, P. L., t. lxxv, col. 592, le rôle des dons est discuté en détail ; nous avons déjà cité ce texte dans la première partie de cet article, col. 1748. Même livre, c. i.vi, col. 597, rappel de l’idée, devenue le bien commun de tous les théologiens, que lademeurepermanente du Saint-Esprit est un privilège du Christ, p. 90. Les charismes prophétiques nous sont retirés parfois en vue de notre bien, n. 89. Cf.n.78. Il faut bien distinguer ici ces dons qui sont pour l’utilité des autres, de ceux qui sont nécessaires à la vie spirituelle, douceur, humilité…, foi, espérance, charité. L’esprit demeure avec ces derniers dans ses élus, quoi qu’il en soit de leur va-et-vient, n. 78. Au l.XXX, c. xxxii, nouvelle et originale mise en œuvre de l’impossibilité pour l’homme de réunir les opérations des sept dons à propos du texte de.lob : Numquid conjungere valebis micantes stellas Pléiades ? Job, xxxviii, 31. En ce passage, saint Grégoire passe des dons aux charismala pauliniens, d’une manière qui marque, qu’en cet endroit du moins, il les identifie. Cela n’a rien d'étonnant, puisque pour lui, cꝟ. l. XXXV, n. 15, col. 758, le nombre sept désigne avant tout une plénitude, et que l’Esprit septiforme, en nous touchant, nous donne en même temps l’exercice des quatre vertus morales. Ibid. Mais le texte des Morales de saint Grégoire le plus intéressant, parce qu’il offre un point de vue neuf, est celui qui vise la connexion des dons, à propos de Job, i, 4 : Ibant /ilii ejus et faciebant conviviutn unusquisque in die suo, valde enini singula quxlibel virtus destituitur si non una alii virtus virtuti suflragatur, l. I, n. 45, P. L., t. lxxv, col. 547. A noter les activités spéciales que saint Grégoire attribue dans ce chapitre à chacun des dons. Dans les homélies sur Ézéchiel, à propos de l’escalier du Temple, saint Grégoire aborde un autre point important, l’ordre de rénumération des dons du Saint-Esprit, l. II, homil. vu. Il la résout grâce au texte : Initium sapienliæ limor Domini, dans le sens déjà rencontré, à savoir qu’il s’agit, dans l'énurnération qui débute par la crainte, de l’ordre des dons tel qu’il est en nous. P. L., I. LXX VI, col. 1015. M. Touzard a bien fait valoir ce dernier texte en montrant que, pour saint Grégoire, le texte d’Isaïe renferme une analyse complète de la grâce septiforme en nous et dans le Christ. Art. cit., p. 265.

Saint Bède(f735) voitdans les sept lumières ducandélabre sacré les sept dons du Saint-Esprit énumérés par Isaïe. De tabernaculo et vasis ejus, l. I, c. ix, /'. L., t. xci, col. 419. De même, dans les sept yeux et les sept cornes de l’Agneau, dont il est parlé dans l’Apocalypse. Ibid. et Explan. Apoc., l. I, c. v, P. L., t. xciii, col. 145. Paul Diacre, à la fin du viiie siècle, à propos du texte symbolique : Sapientia… exciditcolumnas septem, qu’il joint au texte : Kgredietur virga de radiée Jesse, a la pieuse pensée de considérer, le premier peut-être, les sept dons du Saint-Esprit dans la sainte Vierge, Homil., i, in Assumptione È. M. Y., P. L., t. xcv, col. 1567. Le pseudo-Ambroise (Berengaudus, IXe siècle ?) interprète, lui aussi, les sym boles classiques de l’Apocalypse, dans le sens de la doctrine des dons. Expositio super septem visiones lsaise, P. L., t. xvii, col. 766, 797. —Paschase Radbert (860), dans son exposition In Mallhseum, préface, se livre à de pieuses considérations sur les sept dons dans le Christ, mais il est difficile d’en extraire une doctrine précise. P. L., t. cxx, col. 39 sq. — Raban Maur († 858) interprète le passage des Nombres relatif à l’esprit de Moïse communiqué aux soixante-dix vieillards, et émet la remarque que, si l’Esprit se repose sur les prophètes, il ne s’est reposé sur aucun d’eux comme sur le Christ ; il le prouve par Is., xi, 2, 3, et par un parallèle, renouvelé des Pères grecs, des principaux prophètes de l’Ancien Testament avec le Sauveur. Enarrat. in lib. Numeroruni, 1. 11, c. vii, P. L., t. cviii, col. 658 sq. On voit combien la préoccupation de la thèse posée parPhilon de la nonpermanence de la plénitude de l’Esprit de Dieu dans l’homme et la revendication de ce privilège pour le Messie, grâce au texte d’Isaïe, xi, 2, opposé au texte favori de Philon, Gen., VI, 3, ont tenu de place, jusqu’au bout, dans la tradition.

Conclusion. — Étant donnée cette documentation, peut-on admettre la thèse que l’idée spécifique du septénaire des dons du Saint-ksprit n’est pas donnée dans la tradition grecque ni dans la tradition latine antérieure à saint Jérôme ? Au point de vue de l’histoire critique nous aurions des motifs d’hésiter. M. Touzard dans l’article cité, qui a le mérite d'être le premier en son genre et le seul que nous connaissions sur ce sujet, s’est prononcé dans le sens de l’absence du septénaire proprement dit dans la tradition grecque et latine primitive. Mais il est facile de voir, par les documents réunis ici pour la première fois, que sa documentation est trop restreinte pour que sa solution puisse prétendre échapper à toute revision. Au point de vue theologique, il n’est pas nécessaire que les Pères, qui ont parlé des dons, aient eu la conscience parfaite de cette doctrine : il suffit qu’ils aient plus ou moins explicitement témoigné en sa faveur. Leur témoignage vaut en tant qu’expression de la tradition dont ils sont les organes et dont le Saint-Esprit dirige le développement. A ce point de vue de l’analogie de la foi, les différents moments historiques de l’expression d’une virile traditionnelle doivent être considérés, non pas seulement en eux-mêmes etdans la signification imparfaite qu’ils ont actuellement pour telle génération, mais en fonction de l’aboutissant qu’ils préparent, de la vérité explicite ou du dogme vers lesquels le Saint-Esprit achemine l’intelligence chrétienne. Ainsi envisagés, les linéaments de doctrine touchant les donsdéposés tout le long des deux patristiques, doivent être regardés, selon la conception de Newman, comme exprimant le développement continu et ordonné d’une pensée d’avenir, quelque chose comme le déroulement successif des parties d’un discours, dont le Saint-Esprit dirige l’achèvement. Ce point de vue est le nôtre dans ce Dictionnaire de théologie. Nous ne pouvons admettre que la doctrine des sept dons, aujourd’hui commune dans toute l'Église et officiellement enseignée, catholique en un mot, soit une pure construction de la spéculation théologique, brodant sur un fond de données vaguement révélées. La suite des témoignages que nous avons enregistrés, semble bien plutôt nous faire assister au développement d’une doctrine, secondaire à la vérité, mais appartenant à la tradition primitive au moins implicitement, qu'à la construction d’une théorie théologique. C’est avec les scolastiques que la construction théologique, dont quelques points cependant ont été indiqués par saint Augustin et saint Grégoire le Grand, va prendre une consistance théorique.

V. PREMIEBS TUÉOLOG1ESS SCOLASTIQUES. — Dans

la période particulièrement ingrate qui va du ix « au