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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/250

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1767
1708
DONS DU SAINT-ESPRIT


XIe siècle, la théologie des dons subit une éclipse, mais avec la renaissance théologique du xue siècle commence une phase nouvelle de la question des dons du Saint-Esprit. Saint Anselme (-j-1109) ouvre la marche par cette réflexion sur l’ordre des dons, à propos des béatitudes évangéliques : Dis igitur septeni prsediclis virtutum gradibus congru.it sep ti for mis operalio S/iiriius Sancti de quo : Requiescet, etc. Is., XI, 2. Sed Ule a summo incipit, hic autem ab imo. Honiil., il, in Malth., v, I, P. L., t. ci.viii, col. 596. Dans son Serrn., iv, De sacramentis dedicationis, saint Yves de Chartres (y I 1 16), décrivant les cérémonies de la dédicace d’une église : Inde venit an te altare et aspergil illud septeni vicibus. Quo numéro signi/icatur plenitudo Spiritus Sancti, Spiritus sapientix et intelleclus, etc. P. L., t. ci.xii, col. 532. Saint Bruno d’Asti (y 1123), commentant le verset de saint Matthieu : Tune assumit septeni alios spiritus secum nequiores se, se demande : Quare septeni ? Quare nequiores’.' Quia enim septeni sunt gratix Spiritus Sancti, quibus oninis anima ad /idem convertitur et conversa defendiiur, ideoiniquusiste…. pponens videlicel spiritum stultitix spirilui sapienlise, etc., In Matin., part. III, c. xiii. P. L., t. ci.xv, col. 185. Honoré d’Autun (1135), Spéculum Ecclesix. In Pentecosten : Hxc festivilas per septeni dics celebratur quia Spiritus Sanctus in septeni donis reneralur… Spiritus sapientix, etc. Hsec sunt septeni mulieres quæ unum viruin appréhender uni quia septeni dona Spiritus Sancti Christum cor poraliler posséder un t. P. L., . CLXXII, col. 960. Il décrit ensuite l’échelle des sept dons que gravissent ceux qui craignent Dieu, et caractérise chacune de leurs activités ici-bas et dans la béatitude, col. 961. Plus loin, un rappel des symboles bibliques des dons, le candélabre à sept lumières, Exod., xxv, les sept colonnes, Prov., ix, les sept yeux et les sept cornes de l’Agneau, Apoc, v, vi, enfin, dans une très curieuse dissertation, les « sept natures de la colombe », col. 962 sq.

Rupert (1135). Le De divinis officiis, P. L., t. ci.xx, col. 219, contient le passage classique : Quid enim sunt septeni Spiritus Dei quibus doniinicus homo requietionis locus unicus est, nisi septeni vocitm spiritualium discrimina quibus omnis ejusdem contexitur doctrina. .. Pour l’ordre de l’énumération il suit saint Grégoire. Ihid., col. 221. Mais le document principal et qui classe Rupert parmi les docteurs attitrés des dons du Saint-Esprit, est fourni par les neuf livres, De operibus Spiritus Sancti, qui terminent le De Trinitate et operibus ejus libri XLII, P. L., t. cxi.vn, col. 1571. A noter spécialement dans le l. I, c. xxi et xxii, la double description des dons dans le Christ, col. 15911594. Cf. In Tsaiam, l. II, c. vi, P. L., t. cxlvii, col. 1319 ; Comment, in Joa., l. II, P. L., t. CLXIX, col. 254 sq. Au c. xxv du même livre on rencontre l’idée de l’ordre descendant des dons dans le Christ opposé à l’ordre ascendant des dons dans le pécheur qui fait pénitence, cf. col. 1628 ; t. cxlvii, col. 1597, et c. xxxi, col. 1603-1601. Les sept livres suivants sont consacrés chacun à un don du Saint-Esprit, en commençant par le don de sagesse. Le don de sagesse s’est surtout manifesté selon lui dans la passion du Christ, I. II, c. I, il, col. 1605-1606, cf. un texte de saint Viclorin, martyr, cité col. 1762 ; et c’est peut-être ici l’une des sources de l’opinion rapportée par les scolastiques, voir col. 177V, qui énonce que les dons du Saint-Esprit nous configurent au Christ dans sa passion. Rupert ne le dit pas expressément, que nous sachions, mais sa double doctrine du baptême qui nous assimile à la mort du Christ, l. III, c. iv, col. 1644, et du baptême conférant les sept dons, c. x, col. 1650, et de nombreuses indications du même genre, invitent à le penser. La richesse des idées contenues dans ces sept livres

délie l’analyse. C’est la première somme des dons du Saint-Esprit. On trouvera d’ailleurs des indications éparses dans de nombreux passages des œuvres de Rupert. Notons In Zacliar. propli., l. III, P. L., t. clxviii, col. 768.

Hugues de Saint-Victor (Mil) est dans la théologie scolastiquele patron’principal del’opinion, voircol. 1767. Ilruno d’Asti, qui explique la diversité spécifique des dons du Saint-Esprit par leur opposition à certains vices, singula vilia singulas medicinas habent ; septeni vitia, se}item spiritus ; quoi morbi, tôt medicinx. Quid sunt septeni spiritus ? septem sunt dona Spiritus et dona sunt spirilus, et spiritus sunt dona. De quinque seplenis, c. v, P. L., t. CLXXV, col. 411. Dans leur recension il suit l’ordre ascendant. Sa conception originale des dons fait partie d’une synthèse, bien à lui, de la psychologie du surnaturel, que nous trouvons exposée dans un passage du De sacramentis : Virlules in Scriplura sacra plurimx numerantur, maxime rero quæ in Evangelio, quasi quxdam anlidota vel sanitates contra septeni vitiorum corruptionem sub eodem numéro disponuntur. Prima est humililas, secunda mansueludo, etc. Homo igitur, in peccalis jacens, xgrotus est totus, vilia sunt vulnera, Deus medicus, dona Spirilus Sancti antidola, virtutes sanitates, beatitudincs gaudia : per dona enim Spirilus Sancti vitia sanantur. Sanitas vitiorum est operalio virtutum. Sanus operatur ; opéra rémunérant nr, I. II, part. XIII, c. ii, P. L., t. ci.xxvi, col. 527. Aux vertus évangéliques énumérées dans les béatitudes de saint Matthieu est dévolu le rôle actif, positif : les dons ont un rôle négatif qui est de guérir le malade. Comment cela’.' L’auteur de la Summa sententiarum va nous l’apprendre : Contra illa septem vilia (les péchés capitaux) sunt virtutes quas pariunt septeni dona. lnter dona autem et virtutes hxc est dijferenlia quod dona sunt primi motus in corde, quasi quxdam semina virtutum jaclata super terrant cordis noslri ; virtutes quasi segetes quæ ex ipsis consurgunt. Sunt enim efjectus donorum habitus quidam confirmais jam boni. Et dicuntur 7 dona Spirilus. Undr in Apoc. : Vidit Juannes septeni spirilus, discurrentes ante thronum Dei. Spirilus dicuntur, id est aspirantes vel aspirationes, quæ præcedunt virtutes ; et sunt dona solummodo et non mérita. Yirtutes sunt et dona et mérita. In illis operatur Deus sine nobis ; in istis operatur nobiscum. Ex timoré, qui est initium sapientix {Ps. c), nascitur humililas ; ex spiritu pietatis mansueluilo nascitur : et ita per singula quæ numerantur ibi : Beati pauperes spiritu. Summa sententiarum, tr. III. c. XVII, P. L., t. ci.xxvi, col. lli.

On sait que l’opinion qui fait des dons /primi motus in corde </uasi semina virtutum, a été cataloguée dans la théologie poslérieure comme identifiant les dons et la grâce actuelle. Cf. Chr. Pesch, Prælecliones, t. vin. n. 100.

A ces citations qui ne laissent aucune obscurité sur la pensée maîtresse de Hugues, on peut joindre un passage des Allegorix in Novum Testamentum, I. II, ouvrage douteux, qui reproduit la même doctrine et, de plus, la division des sept dons comme correspondante aux sept demandes du Pater, petilio septiforma, P. L., t. ci. xxv, col. 777, idée de saint Augustin reprise par saint Thomas d’Aquin, Voir col. 1777. On y trouve aussi une réminiscence de l’interprétation de saint Ililaire sur le miracle des sept pains. Ibid., col. 806.

A noter que le traité des dons mentionné parmi les Tractatus theologici, c. xxxix, de Hildebert du Mans (1133), P. L., t. CLXXI, col. 1143, est une reproduction textuelle de la Summa sententiarum. On y trouve, col. 1145, des développements importants sur le don de crainte dans le Christ.

Abélard (y 1142) est à mentionner pour son Hym-