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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/422

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EGLISE

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par Jésus-Christ : et un pouvoir de commandement capable d’obliger tous les fidèles à ce qui est jugé nécessaire ou utile pour leur bien surnaturel. — b) Au lieu que les pouvoirs humains ont d’étroites limites, fixées par leur fin immédiate purement temporelle et par leur dépendance nécessaire vis-à-vis de la fin surnaturelle, l’autorité de l’Église, s’étendant sans aucune restriclion à tout ce qui relève de la suprême fin surnaturelle, est elle-même absolument autonome et contrôle tous les pouvoirs humains, autant que l’exige son droit exclusif de diriger vers la fin surnaturelle à laquelle tout doit être subordonné. — c) Tandis que les constitutions humaines déterminant l’exercice des pouvoirs humains, sont sujettes à de fréquentes variations exigées par des besoins nouveaux selon la diversité des temps et des milieux, l’autorité surnaturelle de l’Église garde immuablement sa constitution divine en tout ce qui a été définitivement fixé par Jésus-Christ, puisque toute l’œuvre de Jésus-Chriet doit rester intacte jusqu’à la consommation des siècles, selon sa promesse formelle. Matth., xvi, 18 ; xxviii, 20.

3. La troisième caractéristique spéciale de l’Église concerne les sujets qu’elle doit diriger à sa fin toute spéciale. —

a) Comme toutes les sociétés humaines, elle a pour sujet l’homme ; mais elle le considère non comme une créature simplement raisonnable, soumise à des besoins et à des intérêts purement temporels, mais au seul point de vue de sa fin surnaturelle vers laquelle tout doit converger dans sa vie individuelle et sociale, selon la volonté expresse de Jésus-Christ. D’où il est aisé de conclure qu’il ne peut y avoir conflit entre le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir civil, bien qu’ils s’exercent sur les mêmes sujets. Car tout conflit entre les deux pouvoirs est écarté par ce double principe, que chaque autorité est souveraine dans sa sphère immédiate selon l’enseignement de Léon XIII dans l’encyclique lmmortale Dei, et que, dans les matières mixtes, selon le même enseignement, tout ce qui a une connexion intime avec la fin surnaturelle dépend uniquement du pouvoir de l’Église. Il est d’ailleurs bien démontré par la tradition chrétienne, que l’Etat, dans une société normalement chrétienne, doit obéissance à l’Église en tout ce qui relève de son autorité propre. —

b) Tandis que les sujets sont soumis à la puissance civile par le simple fait de leur incorporation à la société à laquelle ils appartiennent, trois qualités sont exigées des sujets de l’Église d’après les documents que nous citerons bientôt,
a. Il est nécessaire que le sujet soit régénéré par le sacrement de baptême, qui seul lui donne le pouvoir surnaturel de recevoir validement tous les autres sacrements et lui assure les grâces nécessaires pour vivre conformément à sa foi nouvelle. C’est ce qu’enseigne Eugène IV dans le décret Ad Armeuos, quand il déclare que le baptême est la porte de la vie spirituelle et que par lui nous sommes faits membres de.Iésus-Christ et incorporés à. son Église. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. CJ6. —
b. A la réception du baptême, les sujets de l’Église doivent joindre la foi surnaturelle aux vérités divinement révélées, dont la connaissance est strictement requise pour mener la vie surnaturelle conformément aux volontés de Jésus-Christ et tendre ainsi à la récompense éternelle. Cette foi doit non seulement exister dans l’intime de l’intelligence, mais encore être professée publiquement, pour que l’on appartienne manifestement à cette société visible qu’est l’Eglise. C’est ce qui résulte particulièrement des nombreuses décisions ecclésiastiques qui requièrent, absolument et toujours, quelque manifestation publique de la foi catholique. —
c. A cette foi sincère et publique doit être jointe une soumission constante à l’autorité directrice de l’Église, en ce que celle-ci juge nécessaire pour que ses membres puissent tendre effectivement à leur fin surnaturelle. Cette soumission est tellement nécessaire que ceux qui l’ont opiniâtrement refusée ont toujours été considérés comme séparés ou exclus de l’Église visible, et comme tels jugés indignes d’obtenir le salut éternel.

3° Cette définition de l’Église nous fait déjà entrevoir l’étroite dépendance qui existe manifestement entre Jésus-Christ et son Église, en ce sens que l’Église reçoit de.Iésus-Christ toute sa vie surnaturelle, comme le corps reçoit de lame toute sa vie naturelle. C’est pour cette raison que l’Eglise est appelée par saint Paul le corps de Jésus-Christ, I Cor., xii, 27 ; Col., 1, 18 ; Eph., I, 22 sq. ; ou qu’elle est encore désignée sous le nom d’épouse de Jésus-Christ, Eph., v. 23 sq., indissolublement unie à lui et enfantant perpétuellement par lui à la vie de la grâce un grand nombre de fidèles. Doctrine que nous aurons bientôt l’occasion d’étudier dans la tradition patristique et théologique.


III. Systèmes religieux se donnant comme chrétiens et rejetant au moins partiellement la divine constitition de l’Eglise.

Ces systèmes, devant être exposés complètement ailleurs, n’ont droit ici qu’à la rapide mention, strictement indispensable pour la pleine intelligence de nos démonstrations apologétiques ou dogmatiques.

1° Bien que la plupart des hérésies ou des schismes antérieurs au xvie siècle aient, au moins par voie de conséquence, porté quelque atteinte à la divine constitution de l’Eglise, il est cependant vrai que le premier hérétique qui ait attaqué directement le concept même de l’cglise fut WiclefT (1324-1387), dont la doctrine sur ce point se résume en ces deux assertions : 27. Ecclesia romand est synagnga Satanée, née papa est proximus et immedialus vicarius Clirisli et apostolorum. 41. Non est de necessitule s<dutis credere romanani Ecclesiam esse supremam inter alias ecclesias. Denzinger-Bannwart, Enc/iirilion, n. 617, 621.

2° Jean lluss (1370-1415), en même temps qu’il nia, comme WiclefT, que Pierre eût jamais été le chef de l’Église ou que le pontife romain eût jamais possédé ce pouvoir, prop. 7-10, Denzinger-Bannwart, n. 633636, attaqua plus radicalement le concept de l’Église en affirmant qu’elle se compose des seuls prédestinés : 1. Vnica est smicta universalis Ecclesia, qusc est prædestinatorum universitas. (>. Sumendo Ecclesiam pro convocatione prædestinatorum, sivr juerint in gratia sivenon secundum pressentent juslitiam, isto modo Ecclesia est articulus fidei. Denzinger-Bannwart, n. 627, 632.

3° Au commencement du xvie siècle, Luther, admettant que l’Eglise n’est autre chose que la communion des croyants, sans aucune hiérarchie ou autorité, et soutenant d’ailleurs que ces croyants sont simplement ceux qui, dans son sens théologique, ont une absolue confiance dans la non-imputation de leurs péchés, grâce à l’appréhension tout extérieure des mérites de Jésus-Christ, devait aboutir logiquement à une tglise invisible composée de ces seuls croyants. Il garda cependant la notion d’une Eglise visible, résultant nécessairement de la réunion des mêmes croyants manifestant extérieurement leur foi. Cette Eglise est caractérisée par deux marques extérieures, la prédication de la pure parole de Dieu et l’administration convenable des sacrements, selon l’art. 7 de la Confession d’Augsbourg, reproduisant l’enseignement du maître. Healencyklopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, art. Kirche, Leipzig, "1901, t. x, p. 336. Toutefois pour satisfaire au besoin d’ordre, Luther admit, dans sa lettre aux frères de Bohème, une autorité provenantde l’élection des fidèles et s’exerçant avec la protection des souverains temporels.

Calvin suivit une voie assez différente. Tout en admettant expressément, au sens de Wiclell’et de Jean lluss,