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EGLISE

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32 ; xi, 16 ; xiv, 4 ; XV, 9 ; Gal., 1, 13 ; Eph„ i, 23 ; v, 23, 30 ; Col., i, 18 ; I Tirn., iii, 15 ; et dans l’Epitre de saint Jacques, v, 14. Enfin l’Église de la terre ayant au ciel sa parfaite consommation par la perpétuelle glorification de ceux qui jouissent déjà de la récompense éternelle, le nom d’église est aussi appliqué à la société des élus qui est appelée £-LxXï]<T[’a irpcoTOTÔy.tov. lleh., xii, 23.

4° Dans le langage patristique, les principaux sens du mot église sont :
a réunion des fidèles assemblés pour le culte liturgique, Doclrina duodeeim aposlolorum, iv, 12, Patres apostolici de Funk, 2 U édit., Tubingue, 1901, t. I, p. 14 ; Origène, De oratione, n.31, P. G., t. xi, col. 553 ; In Luc, liomil. xxiii, t. xiii, col. 4863. —
2. Un groupement local ou régional des fidèles, comme l’Église de Corintbe mentionnée dans la I re Epitre de saint Clément pape aux Corinthiens, dans la suscription et XLV1I, 6, Patres apostolici, t. i, p. 98, 160. Des appellations semblables se rencontrent très fréquemment dans les lettres de saint Ignace d’Antioche, dans le Contra lisereses de saint Irénée, dans les écrits de Terlullien et de saint Cyprien et dans les auteurs subséquents. —
3. Le plus souvent, le mot église désigne la société universelle des fidèles croyant en Jésus-Christ et soumis à l’autorité établie par lui. Nous aurons bientôt l’occasion, en citant les témoignages de la tradition chrétienne, en faveur de la vérité de l’Église catholique et en faveur des dogmes catholiques concernant son autorité et ses divines prérogatives, de citer de nombreux textes patrisliques où ce sens est employé même dès les premiers siècles, particulièrement dans les écrits de saint Clément pape, de saint Ignace, de saint Irénée, de Tertullien et de saint Cyprien. —
4. Parfois, le mot église signifie, dans un sens très général, la collectivité des fidèles du Nouveau et de l’Ancien Testament, qui sont unis dans la même foi substantielle en Dieu provident dans l’ordre surnaturel et en Jésus-Christ à venir ou déjà venu, et qui participent à la même vie surnaturelle provenant des mérites de la rédemption déjà opérée ou devant prochainement’accomplir. C’est dans ce sens que saint Augustin comprend dans l’Eglise universelle tous les justes qui, depuis Abel jusqu’à la fin du monde, appartiennent au corps mystique de Jésus-Christ. Semi., cccxi.i, c. ix, n. 11, P. L., t. xxxix, col. I199 sq. Saint Thomas dit de même que l’Eglise secundum statum vise, pour toute la durée du temps d’épreuve, est eongregatio fidelium. S uni. tlteol., III », q.vin, a. 4, ad 2, , m. II explique comment la foi des fidèles de tous les temps est substantiellement une, à raison de la foi explicite en ces deux vérités qui contiennent toutes les autres, Dieu provident et Jésus-Christ rédempteur, IIa-IIæ, q. i, a. 7 ; et comment la même vie surnaturelle, avant comme après la rédemption, provient des mérites de Jésus-Christ et se manifeste, dans l’une et l’autre période, par la même foi et le même amour en Jésus-Christ attendu et devant nous racheter ou déjà enu et immolé pour nous. IIa-IIæ", q. I, a. 7 ; III a, q. VIII, a. 3, ad 3° m ; q. lxviii, a. 1, ad l am. Ces expressions sont communément adoptées par les auteurs subséquents. — 5. Quelquefois enfin le mot église désigne la société éternelle des élus, société dont l’Église de la terre est à la fois la préparation et l’imparfaite image. Clément d’Alexandrie, Pœd., l. I, c. ix, P. G., t. vui, col. 352 ; Origène. In Lac., homil. vii, P. G., t. xiii, col. 1319 ; S. Hilaire, In ps. cxxiv, n. 4 ; cxxxii, n. 6 ; cxxxiv, n. 27, P. L., t. ix, col. 682, 748, 767 ; S. Augustin, Enarr. in ps.rxxxviii, i, P.L., t. xxxvii, col. 1776 ; Enchiridion de fide, spe et caritate, c. lxi, t. xl, col. 260 sq. ; S. Thomas, Sum. theol., III a, q. viii, a. 4, ad 2um.


II. Définition. —

Entendue dans le sens théologique strict et pour le Nouveau Testament seul, l’Église est la société des fidèles unis par la profession intégrale de la même foi chrétienne, par la participation aux mêmes sacrements et par la soumission à la même autorité surnaturelle émanant de Jésus-Christ, principalement à l’autorité du pontife romain, vicaire de Jésus-Christ.

1° L’Église, étant une société, possède les trois caractères communs à toute société : une fin commune à laquelle tous les membres sont dirigés, des sujets aptes à être conduits à cette commune fin, et une autorité capable d’assurer effectivement cette direction. Par ces caractères communs, l’Eglise a des ressemblances assez étroites avec les sociétés purement humaines, religieuses ou non religieuses, postérieures ou même antérieures à son institution ; ressemblances existant plutôt dans les apparences extérieures que dans la vie intime et s’expliquant suffisamment par la possession des mêmes éléments communs à toute société ou par la nécessité de satisfaire aux’mêmes besoins de la nature humaine, principalement en ce qui concerne le culte religieux. C’est ce que l’on a particulièrement le droit d’affirmer pour certaines ressemblances d’ailleurs assez vagues, entre l’Église catholique et quelques organisations religieuses comme celles du bouddhisme. P. de Broglie, Problèmes et conclusions de l’histoire des religions, 2e édit., Paris, 1886, p. 217 sq. ; L. de la Vallée Poussin, Le bouddhisme et l’apologétique, dans la Revue praln /iie d’apologétique du 15 octobre 1908.

2° Tout en ayant des traits communs avec les autres sociétés, l’Église s’en distingue par des caractéristiques spéciales. —

1. la première de ces caractéristiques est la fin toute surnaturelle de l’Eglise, qui est de continuer la mission de Jésus-Christ sur la terre et de conduire ainsi les âmes au salut éternel, selon l’enseignement du concile du Vatican : Pastor irternus et episcopus animarum nostrarum, ut salutiferum redemptionis opus perenne redderet, sanctam œdificare Ecclesiam decrevit, in qua veluli in domo Dei viventis fidèles omnes unius fidei et caritatis vinculo conlinerentur. Sess. IV, début. Cette fin sublime est expressément indiquée par Jésus-Christ donnant à ses apôtres, à perpétuité, tousses pouvoirs, avec la charge d’enseigner intégralement sa doctrine. Matth., xxviii, 20 ; Marc, xvi, 15. Cette même fin surnaturelle a toujours été reconnue par la tradition chrétienne, soit dans cette vérité que l’Église est, comme nous le démontrerons bientôt, le corps mystique de Jésus-Christ constamment informé par la vie qu’elle reçoit de son divin fondateur, soit dans cette autre croyance non moins formelle que toute l’autorité qui réside dans l’Eglise provient de Jésus-Christ lui-même et s’exerce en son nom.

C’est de cette fin surnaturelle que dépend vraiment toute l’organisation de l’Eglise, nécessairement proportionnée au but que se proposait son divin fondateur. C’est encore cette même fin qui assure normalement à l’Eglise la direction de toutes les sociétés humaines, dans la mesure stricte où elles sont tenues de s’orienter vers leur suprême fin surnaturelle, ou du moins de ne la contredire en rien, selon le principe ainsi formulé par saint Thomas : Tanlo est regimen sublimius quanta ad finem ulteriorem ordinatur. Semper enim invenitur ille ad quem pertinct ullimus finis, imperare operantibus ea quæ ad finem ullimum ordinantur. De regimine principum, l. I, c. xiv.

2. La deuxième caractéristique spéciale de l’Église, c’est la nature particulière de son autorité. —

a) Tandis que les sociétés humaines ont une autorité provenant de Dieu assurément, mais d’ordre purement naturel et restreinte à la recherche immédiate du bien temporel des sujets, l’Eglise possède une autorité éminemment surnaturelle. Cette autorité surnaturelle comprend un triple pouvoir : un pouvoir d’ordre communiquant abondamment aux âmes la vie divine par les sacrements ; une autorité doctrinale s’exerçant d’une manière infaillible sur tout ce qui a été révélé