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DIVINATION

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2° Si l’on recourt au démon pour apprendre de lui des choses qu’il peut naturellement savoir, mais qui dépassent la portée de l’intelligence humaine, ou simplement la capacité intellectuelle de l’individu qui l’invoque, il y a également faute grave. Ce n’est pas, alors, un acte d’idolâtrie ; mais c’est une injure grave faite à Dieu, puisqu’on se met en rapport avec son ennemi irréconciliable, qu’on lui accorde sa confiance, et que l’on prend pour maître le père même du mensonge, celui-là que Xotre-Seigneur est venu chasser de ce monde, .loa., xii, 31. Si, dans ce crime, il n’y a point d’idolâtrie formelle, il y a, du moins, une réelle apostasie et un renoncement à Jésus-Christ, suivant la parole même de saint Paul : Quse couvert tio Cliristi ad Belial ? II Cor., vi, 15 sq. Cf. Matth., vi, 24 ; Luc, xvi, 13 ; I Thess., i, 9 ; S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. xcv, a. 1-2, 4 ; q. xcvi, a. 1 ; Suarez, De religione, tr. III, l.II, c. viii, t. viii, n. 15-24, Opéra omnia, t. xiii, p. 508-511 ; Schmalzgrueber, Jus ecclesiaslicum universum, l. V, tit. xxi, De sortilegiis, n. 12-17, t. v, p. 810-812 ; S. Alphonse, Theologia moralis, l. IV, De prœceplis decalooi, tr. I, De primo prsecepto, c. i, dub. ii, n. 5, 1. 1, p. 360 ; Palmieri, Opus theologicum morale, tr. VI, sect. i, c. i, dub. ii, n. 56, t. ii, p. 227 sq.

3° Il n’est pas toujours besoin, dans la divination, d’un pacte explicite avec le démon, pour recourir à lui, afin d’apprendre par son intermédiaire ce qu’on ignore, et se rendre ainsi coupable d’idolâtrie, ou d’apostasie, suivant le cas. On se met implicitement en relation avec lui, toutes les fois que, pour connaître l’avenir, on emploie des moyens superstitieux, qui, par eux-mêmes, ne peuvent fournir aucune connaissance supérieure à celle que l’on possède naturellement. Par ces pratiques superstitieuses, l’homme cherche instinctivement un secours au-dessus de lui ; mais, par de pareils procédés, il ne peut l’obtenir, ni de Dieu, ni des bons anges. S’il arrive à un résultat, c’est donc par le démon, qui lui-même enseigne aux hommes ces vaines observances et ces rites bizarres, pour se les attacher par quelque prestige, et, par là, les conduire à leur perte, en les trompant. Ces pratiques, en effet, n’ont pas été établies par une autorité divine ; elles sont donc illicites et superstitieuses. Cf. S. Thomas, Sum. t/teol., IIa-IIæ, q. xcv, a. 2-5 ; q. xcvi, a. 1, 2 ; In IV Sent., l. II, dist. XV, q. i, a. 3 ; Contra gentes, l. III, c. cliv ; Ad Gal., iv, lect. iv ; Suarez, De religione, tr. III, l. II, c. ix, n. 1-5, Opéra omnia, t. xiii, p. 511-513 ; Palmieri, Opus theologicum morale, tr. VI, sect. i, c. i, dub. ii n. 60, t. ii, p. 231.

S’adonner à ces pratiques superstitieuses qui amènent le démon à intervenir, pour faire connaître aux hommes ce que ceux-ci naturellement ignorent et désirent savoir, est une faute moins grave que celle qui consiste à invoquer formellementle démon, et à se donner à lui par un pacte explicite. Cf. S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. xcv, a. 2, ad I 1 "" ; Palmieri, Opus theologicum morale, tr. VI, sect. I, c. i, dub. ii n. 56, t. ii, p. 228 sq.

4° La faute serait légère, si quelqu’un faisait de la divination par pure plaisanterie, frivolité, vanité, et sans y croire. Cf. S. Alphonse, Theologia moralis, l. IV, tr. I, c. I, dub. ii, n. 7, t. I, p. 361. Cependant, s’il obtient des effets qui ne peuvent nullement être attribués à un agent physique naturel, mais qui démontrent l’intervention d’une intelligence supérieure, quoique celui qui se livre ainsi à ces pratiques, proteste qu’il ne croit pas à l’existence des démons, on ne doit pas le juger moins coupable. Son ignorance, dans ce cas, est une ignorance affectée et voulue. Elle ne provient que de sa haine contre la foi catholique. Les effets obtenus par ses pratiques superstitieuses le convainquent de duplicité, et sont à rencontre de ses

paroles, car ils lui démontrent clairement qu’il y a là plus que des agents physiques et naturels, même inconnus. 11 parle donc contre ses propres convictions. Tout en répétant qu’il ne croit pas à l’existence des démons, il agit précisément comme s’il y croyait, et à cause même de cette croyance. S. Pénitencerie, 1 er juillet 18 il. Cf. Suarez, De religione, tr. III, l. II, c. viii, n. 14 ; c. ix, n. 9-19, Opéra omnia, t. xiii, p. 508 sq., 511-517 ; S.Alphonse, Theologia moralis, l. IV, tr. I, c. i, dub. ii, n. 8. t. i, p. 369 ; Palmieri, Opus theologicum morale, tr. VI, sect. i, c. I, dub. il, n. 56, 60, 62-61, t. ii, p. 229, 231, 233 sq. ; Ojetti, Synopsis rerum moralium etjuris pontiftcii, alphabetico ordine digesta, v » Divinatio, 2 in-i°, Prato, 1905, t. i, p. 565 ; liucceroni, Instituliones theologiæ moralis, De primo decalogi prsecepto, § 4, n. 472, 2 in-8°, Rome, 1908, 1. 1, p. 235.

La divination serait-elle vraiment faite par pure plaisanterie, ou frivolité, et sans y ajouter la moindre créance, il conviendrait néanmoins de ne rien négliger pour en détourner les fidèles. Ces amusements sont toujours dangereux. Le démon ne s’y prête, même indirectement, que pour le mal qu’il espère accomplir parce moyen. Cf. Palmieri, Opus theologicum morale, tr. VI, sect. i, c. i, dub. ii, n. 60, t. ii, p. 231.

5° En confession il faut expliquer, d’ordinaire, si la divination a eu lieu par invocation expresse du démon, et par un pacte conclu avec lui, ou seulement par invocation implicite et pratiques superstitieuses. Dans le premier cas, en effet, l’invocation expresse ne va pas, en général, sans être accompagnée d’autres péchés extrêmement graves, tels que l’abjuration de la foi catholique, la renonciation au baptême et à Jésus-Christ ; par suite, l’hérésie, l’apostasie, des actes de culte idolâtrique rendus au démon, la promesse de se donner à lui pour toujours, etc. Cependant, cette circonstance de l’invocation explicite ne doit pas nécessairement être accusée pour l’intégrité de la confession, si, défait, le culte idolâtrique n’a pas lieu. Cf. Suarez, De religione, tr. III, 1. U.c. x, n. 1-15, Opéra omnia, t. xiii, p. 517-523 ; Salmanticenses, Cursus theologiee moralis, tr. XXI, De præceplis decalogi, c. xi, p. iii, § 2, n. 2534, 6 in-fol., Venise, 1728, t. v, p. 219 sq.

De même, et à plus forte raison, n’est-il pas absolument nécessaire d’expliquer comment la divination a été faite : si, par exemple, elle l’a été par le moyen des cartes, par l’observation du cours des astres, ou du vol et du cri des oiseaux, ou par un des mille moyens de ce genre employés par les devins, pronostiqueurs et diseurs de bonne aventure. Cette circonstance, en effet, ne change pas l’espèce du péché. Cf. S. Alphonse, Theologia moralis, l. IV, tr. I, c. i, dub. ii, n. 6, t. i, p. 360.

6° Il n’y a évidemment aucune faute à essayer de deviner les pensées secrètes de quelqu’un, ou les actions qu’il fera, par le jeu de sa physionomie et certains gestes ou signes extérieurs, parfois presque imperceptibles, qui dénotent, à la fois, son caractère, son tempérament, ou les sentiments intérieurs qui se succèdent en lui, par l’impression que produisent sur lui et en lui les diverses circonstances de lieu, de temps, de climats, de saisons, etc. Il n’y a là qu’une connaissance d’ordre naturel. Cf. Salmanticenses, Cursus theologise moralis, tr. XXI, c. xi, p. VI, n. 73-74, t. v, p. 227 ; Schmalzgrueber, Jus ecclesiaslicutu uuiversum, I. V, lit. xxi, De sortilegiis, n. 20, t. v, p. 813 sq. ; S. Alphonse, Theologia moralis, l. IV, tr. 1, c. I, dub. il, n. 9, t. 1, p. 363.

Pareillement il n’y aurait aucune faute à prédire le temps qu’il fera, d’après les cris, ou les agissements des oiseaux et autres animaux qui sentent mieux que nous les modifications atmosphériques. Il n’y a pas plus de faute à cela qu’à consulter un baromètre. Cf.