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DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

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au Sauveur de ne pas être jetés dans l’abîme. Us habitent les sépulcres, parce que beaucoup pensent que les âmes îles morts sont des démons. In Malllt., hoiuil. xxviii. n. 2, P. G., t. i.vn, col. 352. Ils aiment l’odeur des sacrifices comme s’ils mouraient de faim, et ils se complaisent dans les mystères obscènes. De S. Babyla, n. 13, P. G., t. î., col. 553-654. Saint Chrysostome donne aux fidèles de nombreux conseils pour la lutte contre Satan l’adversaire

Pour saint Cyrille d’Alexandrie, le dragon apostat était parmi les anges, ainsi que les autres puissances mauvaises. Il était avec les chérubins. ELech., XXVIII, 14. Satan est tombé avec les autres anges ; de son propre mouvement, il a offensé Dieu. Par arrogance et par faste, il a oublié sa propre dignité et a troublé une création admirable. Glaphyr. in Gen., I. I, n. 3, P. G., t. lxix, col. 21, 24. Dieu a chassé le diable de la cour céleste, parce qu’il demandait un honneur, supérieur à celui de sa condition, Is., xiv, 14, et il l’a condamné. Le diable s'était imaginé pouvoir s'élever à la nature du créateur et siéger sur le même trône que Dieu, Mais il est tombé comme la foudre. In Joa., l. V, c. IV, P. G., t. i.xxiii, col. 809. Son envie a fait entrer la mort dans le monde, l. I, n. 24, col. 145. Il était un ange excellent, le premier de tous. Ezech., xxviii. Il est le prince des démons. Sa tyrannie n’a pas commencé au temps de Notre-Seigneur, et les esprits mauvais avaient été condamnés auparavant à s’ensevelir dans l’abîme. Ils étaient torturés déjà cependant, et ils attendaient à son futur avènement les supplices qui leur étaient dus. Si l’un de leurs princes est lié, un autre a trompé Adam et n’a pas cessé de tenter les hommes. S’il en est ainsi. le premier n’aurait pas fait de mal parmi les hommes. Quoi qu’il en soit, Satan est le père des méchants, ses fils, et l’auteur du mal, Glaphyr. in Gen., l. VI, P. G., t. lxix, col. 893. Julien l’Apostat avait parlé du mariage des anges avec les filles des hommes. Mais les saints anges n’ont pas de corps et ne recherchent pas les voluptés. Julien lisait donc au c. vi de la Genèse la leçon : oc ayyEXoi toO 6so0. Mais l'Écriture véritable, que Cyrille a entre les mains, a : oi uîo toO ÔeoC. Les autres traducteurs grecs ont connu cette leçon, et les fils de Dieu sont la postérité d'Énos. Cont. Julian., l. IX, P. G., t. i.xxvi, col. 953, 956-957. Puisque les anges sont incorporels, comment auraient-ils pu avoir des rapports avec les femmes ? Les filles des hommes étaient de la race de Caïn. Quatre traducteurs grecs après les LXX ont connu la leçon : « fils de Dieu. » Il est absurde de penser que les anges puissent accomplir un acte contraire à leur nature. Quelques exemplaires ont bien la leçon : ayyzkoi, mais à la marge ; la vraie leçon est : « fils de Dieu. » Adi’ersus anlliropomorphilas, c. xvii, ibid., col. 1105, 1108. La même explication est répétée. Glaphyr. in Gen., l. II, n. 2, P. G., t. lxix, col. 51-56. Les voluptés sont naturelles aux hommes, qui sont de chair. Les démons sont impurs, parce qu’ils portent à toutes sortes de turpitudes. Les géants étaient des hommes. Pour expliquer qu’ils peuvent être fils d’anges, on a prétendu que les démons étaient entrés dans le corps d’hommes méchants et par eux avaient engendré. L’explication est absurde, et la vraie leçon scripturaire est « fils de Dieu », qui désigne des fils de Seth et d’Hénoch, les hommes pieiiN, unis aux filles de Caïn, race perverse.

Basile de Séleucie déclare qu’avant sa chute le diable avait la puissance de l’air, Eph., ii, 2. qu’il a perdu par son orgueil. C’est par orgueil qu’il a machiné la perte de l’homme. Orat., xxiii, n. 1, P. G., t. i.xxxv. col. 269, 272. Il a été envieux à la vue du pouvoir qu’Adam avail reçu sur toute créature terrestre. Il recourut au mensonge pour le tromper, el fut ainsi homicide dès le commencement. Oral., ni, n. 3. col. 53. 56. Dans le récit de la Genèse, VI, i, liasile lit : -Ao' : roO

Beoû. Quelques-uns y reconnaissent les anges ; c’est leur attribuer une action contre nature, puisqu’ils n’ont point de corps. Les Orecs racontent bien les fables des noces des démons ; les saintes Lettres mparlent pas d’anges mariés ; elles parlent des lils de Seth. Oral., vi. n. 2, col. 85, 88, 89.

Saint Isidore de Péluse enseigne que, même après la venue de Notre-Seigneur sur terre, la peine du fui attend encore le démon. Epis t., l. II, epist. XC, P. G., t. i.xxvin, col. 533.

La doctrine est donc, dans l’ensemble, identique chez tous les Pères grecs du ive et du ve siècle. On la retrouve aussi dans des écrits, dont les auteurs sont inconnus et qu’on a attribués à des écrivains de cette époque. Si l’auteur du De passione et cruce Domini, 27, 28, dans les Spuria de saint Athanase, P. G., t. XXVIII, col. 232, 233, ignore la cause de la chute du diable, il en constate le fait dans Is., xiv, 12, et Jer., L, 23, et s’en étonne. Il sait que, par son envie, la mort est entrée dans le monde et qu’il a trompé Eve ; il dit aussi que l’empire du diable a été détruit par la croix de Jésus.

L’auteur des Quæstiones ad Antiochum ducem, q. vii, parmi les Spuria du même docteur, ibid., col. 601, après avoir déclaré que les démons ne diffèrent pas des anges par nature, se demande quand et pourquoi le diable est tombé. Q. x. Quelques-uns disent qu’il est tombé pour n’avoir pas voulu adorer Adam. C’est une sottise. Il est tombé avant la création d’Adam et par orgueil. Mais s’il est tombé du ciel, comment s’est-il trouvé au conseil des anges ? Q. xii, 'col. 605. L’Ecriture ne dit pas que ce conseil s’est tenu au ciel. Il a eu lieu sur la terre, car, partout où les anges se trouvent, ils assistent Dieu. Dieu a parlé au diable par un saint ange, comme un roi parle à un condamné par un intermédiaire.

Les Dialogues, attribués à saint Césaire de Nazianze. sont certainement inauthentiques. Leur auteur, quel qu’il soit, a sur les démons les mêmes sentiments que les écrivains précédemment cités. Il se demande d’abord comment les anges, s’ils sont incorporels, ont pu avoir commerce charnel avec des femmes et engendrer les géants. Bien qu’il admette encore que les anges ont un corps subtil, il tient pour une absurdité et une folie que les démons aient pu avoir des relations charnelles. Ils ont abandonné leur état, non leur nature. C’est donc un blasphème de prétendre qu’ils ont corrompu di s femmes. L'Écriture n’en parle pas. Ce sont les fils de Dieu qui ont cohabité avec les filles des hommes. Nulle part, les anges ne sont dits fils de Dieu, tandis que l'Écriture donne ce nom à des hommes. Il s’agit des fils de Seth et d'Énos, qui ont épousé des Biles de Caïn. Dial., i, q. xlviii. /'. G., t. xx.xviii. col. 917. 920. Si le diable est tombé du ciel, comment a-t-il pu prendre part au conseil des anges ? Q. xlix. col. 920, 921. Il n’y a pas assisté au ciel, d’où il a été chassé pour sa fureur. Mais Dieu est partout, et tous, même les démons, se trouvent en sa présence. Plus loin, cet écrivain dit que le diable est notre adversaire, non par nature, mais par volonté. Il a d’abord été le premier des anges ; il a été précipité en bas, parce qu’il a été l’ennemi de Dieu, avant que l’homme n’ait été créé. Plus tard, il a séduit l’homme, en lui suggérant l’envie contre Dieu. Dial., ni. q. cxxiii, col. 1016.

En Occident.

La doctrine sur les démons, commune en Orient, pénètre peu à peu en Occident et linit par y devenir prédominante, bien que le mariage des anges avec des femmes ne soit pas d’abord si catégoriquement rejeté.

Pour saint Hilaire. le diable est le prince des orgueilleux. Is.. x. 13, li. Il n’est pas seul, et il a pour ministres les esprits marnais. In ps. CXYltt, litt. xvi, n. 8. P. L., t. ix, col. 608-609. Il est l’auteur de tous les maux ; il tenddes pièges aux hommes et suggère tous