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DENYS LE CHARTREUX

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empruntons le jugement, de lui voir reproduire fidèlement en quelques lignes, comme dans une belle miniature, les opinions de tant de docteurs, sans jamais les dénaturer, ni omettre rien d’essentiel ; et son traii esl une véritable bibliothèque théologique doublement utile, parce qu’elle met sous les yeux du lecteur, en quelques payes, sans fatigue el sans recherches, tout ce qu’il a intérêt à trouver sur un sujet donné, et qu’elle peutsuppléer à l’absence d’un certain nombre d’auteurs aujourd’hui rares el difficiles à rencontrer, a Mougel, Denys le Chartreux, Montreuil-sur-Mer, 1890, p. 30-31. « Nous n’hésitons pas, dit Werner, à placer le commentaire de Denys sur les Sentences, a côté de l’œuvre de Capréolus, comme le plus important travail de celle moitié du xv e siècle, el comme le complément essentiel de celui de Capréolus. Pendant que ce dernier nous offre un aperçu critique de toutes les doctrines scolastiques postérieures à sainl Thomas, Denys nous fait voir la scolaslique spéculative du XIII e siècle dans ses représentants les plus considérables. Nous ne connaissons pas d’autre ouvrage qui donne, pour toutes les questions théologiques, des informations aussi approfondies sur les idées et les opinions des docteurs de cette époque. Les citations nombreuses et fidèles qu’on trouve permettraient à elles seules de reconstituer, dans ses grandes lignes, la doctrine théologique de chacun d’eux. On voit par là quelle est la valeur de cet ouvrage pour l’histoire du dogme au xni" siècle ; valeur d’autant plus appréciable que les œuvres de plusieurs de ces auteurs se rencontrent plus difficilement. En rapprochant sur chaque question particulière les manières de voir si variées des plus illustres maîtres de cette période, il nous donne sur la vie intellectuelle du temps, des lumières comme on n’en trouve nulle part ailleurs dans les travaux modernes sur la scolaslique du moyen âge. Il en résulte pour ce commentaire une valeur propre, indépendante du jugement qu’on peut porter sur les idées personnelles de Denys. » Die Scholaslik des spâteren Mittelalters, Vienne, 1887, t. iv, p. 261.

Après avoir ainsi condensé dans son commentaire sur les ^Sentences la doctrine des interprètes les plus autorisés, Denys voulut mettre à la portée du plus grand nombre possible d’étudiants un autre ouvrage classique, dont la valeur est inestimable. Il composa donc un abrégé de la Somme de saint Thomas en réunissant toutes les conclusions du docteur angélique, rapportées presque intégralement et classées selon l’ordre du texte original. C’est la moelle, dit-il, des œuvres de sainl Thomas. Ce compendium a paru sous le litre:Summa fidei orthodoxes, 2 in-4°, Cologne, 15351336 ; 2 in-8°, Paris, 1548 ; Anvers, 1569; Venise, 1572 et 1585. Au sujet de cet ouvrage dom Robert Montagnani, chartreux italien, a lait paraître dans le Divus Thomas, Plaisance (Italie), 1899, t. vi, p. 542-549, une élude intitulée : Doctor angelicus et doclor eestaticus seu Manuale thomistarum.

Dans les Opéra minora, Cologne, 1532, t. i, on trouve Elemenlalio theologica, qui est aussi un abrégé de théologie, divisé en 159 articles. On n’a pas encore retrouvé un résumé de la Somme de Guillaume d’Auxerre, qui a pour titre : Exhelcosis ex Summa G. Anlisiodorensis. En 1532, les chartreux de Cologne réunirent en un seul volume, qui parut l’année suivante, in-8°, les deux livres de la Somme de Denys sur les vices et les vertus, le traité des passions de l’âme et le livre du bonheur de l’âme. Plusieurs’autres traites de théologie remarquables furent insérés dans les deux premiers tomes des Opéra minora, Cologne, 1532. On peut signaler dans le i cr ceux qui traitenl de la nature le Dieu, des dans du Saint-Esprit, de la munificence divine et de ses bienfaits, de la distance entre la perfection divine et la perfection humaine, île la connais sance mutuelle des saints dans le ciel et un livre des louanges de Dieu en strophes. Cf. Mougel, op. cit., p. 32, noie 3. Dans le t. n, on trouve l’opuscule De lumine christiahse théorise, que Zœckler, critique protestant, considérait comme a le plus important el le plus systématique des écrits dogmatiques du —avant chartreux. » Le même tome comprend aussi l’étude théologique de la dépendance des créature-, à l’égard de Dieu, et un autre livre des louanges de Dieu, écrit dans cette prose hornophonique commun’— a plusieurs autres ouvrages du moyen âge, notamment à l’Imitation. Cf..Mougel, ibid. Mais la valeur de ces deux toi est rehaussée par les deux grands traités que Denys a écrits sur la sainte Vierge, et qu’il a intitulés : De laudibus gloriosm Virginis Monte et De prseconio et dignitate beatissimse Virginis Marin ;. Chaque traite— est divisé en quatre livres. Le pieux écrivain y a condensé tout ce qu’il y a de plus scientifique dans la théologie mariale, et, en même temps, il a épanché toute l’affection de son cour enflammé d’amour pour la plus noble des pures créatures. Il y soutient l’immaculée conception, 1. I, a. 13. Le premier traité. De laudibus, a été traduit en flamand par l’abbé Leijnen, llassell. 1852 ; Bois-le-Duc, 1867. Relativement à l’immaculée conception, il faut noter ce texte du dialogue De perfeclione carilatis, a. 49 :.4r< ? Maria… originale peccalum nunquam contraxisti, quemadmodum et peccalum actuale nullum convmisisti.

Un autre sujet où Denys a excellé, c’est l’étude de la divine personne de Jésus-Christ et de ses adorables mystères. Il avait pour principe que « la gloire et la sagesse du chrétien consistent dans le souvenir permanent de Jésus-Christ et de ses mystères. » De méditations, a. 10. Or, tous ses ouvrages sont remplis de méditations, d’affections, d’enseignements et de commentaires sur ce sublime sujet. L’explication des qu Évangiles et de tous les livres du Nouveau Testament, si souvent réimprimée au XVI e siècle, ne suffisait pas au pieux interprète. Il commenta de nouveau la passion, et son travail fut inséré dans le t. n de ses Sermons. Il a écrit aussi un livre intilulé : Laudes sive Horae jiassionis amarissimœ Jesu Cliristi et Yln/lammatorium divini amoris, qui se trouvent dans les Opéra minora, t. il. L’In/lammatorium fut imprimé séparément, in-16, Cologne, 1605, et fait aussi partie d’un recueil d’opuscules de Denys traduits en italien par l’abbé Jean-Antoine Cazzulo, in-8’, Milan, 1563.

Le saint sacrifice de l’autel complète l’œuvre de Notre-Seigneur : Denys n’a pas manqué de s’en occuper particulièrement dans plusieurs de ses ouvrages. Le Dialogus de celebratione et sacramenlo allaris est un livre solidement pieux que, selon dom Thierry Lober, premier éditeur des œuvres complètes de Denys. tout prêtre désireux de célébrer avec ferveur devrait connaître, approfondir el avoir souvent dans les mains. On le trouve dans le t. ides Opéra minora, qui renferme aussi [’Explication de la messe, le traité De sacra communione frequentanda et six sermons sur l’eucharistie.

La théologie polémique a été aussi l’objet de plusieurs études de Denys. Ainsi, eDefide cathulica dialogion, in-8°, Cologne. 1531 : Venise. 1568. traite en huit livres des principales questions sur la révélation, Dieu. Jésus-Christ, la sainte Vierge, les anges bons et mauvais, le jugement général, l’Antéchrist, etc. Il composa aussi cinq livres Contra Alcoranum el sectam Mahometicam, in-8°, Cologne, l."> ; >3. et l’on regrette la perte de son traité Contra artes magicas et errores Waldensium. Dans les Opéra minora, Cologne. 1532, et dans les Opuscula insigniora, Cologne. 1559, on a inséré les deux livres contre la simonie surtout dan— la réception des novices, les traités Contra ambitionis pestem et Contra ritia superstitionum, et la lettre adressée à une veuve Adversus avariliam.