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DESCARTES

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nant ainsi la tradition des maîtres de son temps sur le terrain des sciences naturelles, s’expose aussi sur un autre terrain, celui des connaissances surnaturelles et de la foi religieuse, à quitter volontairement, ou du moins inconsciemment à ne pas suivre la grande tradition chrétienne. Descartes traçant une méthode nouvelle d’arriver au vrai et à tout vrai, cette méthode ne pouvait pas ne pas intéresser directement ou par contrecoup les vérités théologiques. C’est ce côté de sa doctrine que nous étudions ici ; nous laissons à d’autres le soin de raconter la biographie de ce philosophe et d’exposer la synthèse de son système, nous examinerons seulement les points de contact de ce système avec le dogme et la théologie.

lue, dans le for extérieur, il ait été croyant, pratiquant et finalement dévot, c’est ce qui est hors de doute. Des preuves de fait en faveur de ce fait, on n’a que l’embarras de les choisir : professions répétées et déclarations énergiques même en face de ses adversaires luthériens ; empreinte reçue de sa première éducation dont il s’honore toujours ; enthousiasme pieux et même mystique ; vœux accomplis « avec toute la dévotion < qu’on a coutume d’y apporter ; » sens de sa vocation philosophique sous la direction du cardinal de Bérulle ; part qu’il a en d’illustres conversions ; déférence extrême à l’autorité de l’Église ; zèle qui le porte, alors qu’il ne veut plus rien imprimer, à « publier cinq ou a six feuillets touchant l’existence de Dieu, à quoi H pense êl bligé |>our la déchargede sa conscience ; » franchise avec— laquelle il approuve contre la princesse Elisabeth la conversion de son frère ; soin qu’il met à montrer « qu’on ne peut inférer de son discours que « les infidèles doivent demeurer en la religion de leurs parents, » que la religion catholique esl la meilleure, et que ses vérités sont les premières en sa créance ; désir de faire disparaître les occasions d’hérésies ; amitiés avec des hommes qui sont les garants intimes de entimenls ; souci de ne s’établir en piy s réformé qu’où il rencontre des prêtres catholiques, commi Bannius et Bloemaert, et où « l’on peut entendre la messe en sûreté : « scrupule qui l’empêche d’assister à l’office luthérien et qui le fait « demeurer contre la juste une fois pour entendre a un mitre français donl on (ait état ; » patriotisme pieux ; I de faire I rancine en pays catholique ;

il a rue de se retin r eu Italie, ce qui semble eules raisons o de son séjour en sont celles qu’il donne ; témoignages sur sa fin .n te, tous ces arguments que de récentes recherches, iluui il faut attendre les résultats pour épuiser ce confirment et multiplient, tendent à prouver que, selon l’expression de M. Liard, la foi ci la bonne roi de Des M. Blondel, Le cliristiam ■ D dans la Revue de mélaphy

juillet 1896, p. 552-553.’m ne doit pendant oublier, pour l’interprétation de sa conduis, ce qu’en écrivait Bossuetle24marsl70l

i M. Pastl I. doctl m de Soi I mine. I >e —ci ries ; i ton craint d’être noté par l’Église ; el on lui voit Ire poui ( ela de— pi donl quelques-uni

ni jusqti à l’excès < ! dit. Guillaume,

I. IV. p ! Quoi qu’il en soit il. s scnli ni rite du christianisme de

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mais encore en beaucoup d’autres articles très importants de la religion, un grand combat se préparer contre l’Église, sous le nom de la philosophie cartésienne. Je vois naître de son sein et de ses principes, à mon avis mal entendus, plus d’une hérésie. « Lettre du 21 mai 1C87, Œuvres, édit. Guillaume, t. ix, p. 59. Il ne fut pas nécessaire de mal entendre les principes de Descartes pour en tirer plus d’une hérésie. Nous Talions voir.

II. Les rapports de la raison et de la eoi. — La première question qui s’offre à nous est celle des rapports de la raison et de la foi. de la théologie et de la philosophie.

1° Les vérités de foi, Descartes a bien soin de les mettre à l’écart de son doute méthodique et de les enfermer à part comme en une arche sainte, qu’il n’est pas permis d’ouvrir, dont on ne doit ni connaître, ni encore moins vérifier ou contrôler le contenu, à laquelle il n’est pas permis de toucher. Discours sur la méthode, III 1’partie. Cf. Francisque Bouillier, Histoire de la pliilosophie cartésienne, c. n, Paris, 185i, t. i, p. 42. Du reste, ce serait une tentative à la fois impossible et inutile, « .le prétendais autant qu’aucun autre à gagner le ciel ; mais, ayant appris comme chose très assurée, que le chemin n’en est pas moins ouvert aux plus ignorants qu’aux plus doctes, et que les vérités révélées qui y conduisent sont au-dessus de notre intelligence, je n’eusse osé les soumettre à la faiblesse de mes raisonnements, et je pensais que, pour entreprendre de les examiner, et y réussir, il était besoin d’avoir quelque extraordinaire assistance du ciel et d’être plus qu’un homme, d Discours sur la méthode, I" partie. C’est donc une chose entendue:Descartes professe l’agnosticisme par rapport aux vérités de la foi; il les croit, il veut les croire, il ne veut en aucune façon les examiner avec sa raison. C’est la préparation rationnelle à la foi supprimée avec l’intelligence de tous les dogmes, mystères ou vérités naturelles révélées.

Quant à la raison, il professe à son endroit la plus grande confiance. Il a la conviction que, bien utilisée, elle le conduira jusqu’au bout des sciences humaines et des choses connaissables. « Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de si’servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m’avaient donné occasion de m’imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s’entresuivent de même façon, ci que, pourvu seulement qu’on s’abstienne d’en recevoir aucune pour vraie qui ne le suit, el qu’on garde toujours l’ordre qu’il faut pour les déduire les unes des autres, il n’y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cacli.es qu’on ne découvre. Discours sur la méthode, II’partie La raison devient donc l’instrument universel, et comme l’immortalité de l’âme étant une vérité de foi > tn

hors de son domaine, il s’ensuit que la raison a son Lui dans celle vie, dans la conduite heureuse de i destinée ici-bas et dans le progrès de notre condition

lie : d’OÙ l’on a pu conclure sur DeSCarteS que ïtiviste, il l’est plus que personne, i M. lîlondcl,’.. p. 560. La philosophie, i elle ■■• — celle qui

mie. tout en n’en voulant rien dire, voici Ce qu’il en écrit : Je ne dirai rien de la pliilosophie. sinon

que. voyant qil Lll tî I I pal I’— plUfl excellents

esprits qui aient M eu depuis plu-ieiil’< que

n. ni lis il n. j’j lue.m. un. chose donl

..n n.. dispute,.i pai conséquent qui ne soit douteuse,

je n’avais point assez de présomption i espérer d v

titrer mieux que les autn DU — mr’" nié’Ihode, I 1 partie. Jusqu’à lui. la philosophie n’a donc résolu aucun probb me. ni produit aucune certitude.

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