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DESCENTE DE JÉSUS A.UX ENFERS


dout’1. il a écril que l’âme do Christ va aux enfers pour prêcher..Mais sa manière de comprendre cette prédication l’a conduit à la théorie de la délivrance qu’il expose avec une réelle éloquence. C’est un enfantillage de penser que la prédication peut convertir après la mort. Nous n’avons que la vie présente pour faire le Lien ; il n’y a pas de place pour le repentir efficace dans la vie d’outre-tombe. « Si l’on admet qu’il suffit de croire après la mort pour être sauvé, personne ne périra. Nous savons, en effet, que tous doivent faire pénitence et adorer le Christ. Saint Paul nous l’apprend, quand il dit que toule langue louera et que tout genou llécliira au ciel, sur la terre et dans les enfers… Toutefois cette soumission sera inutile, attendu qu’elle ne sera pas volontaire mais imposée par la nécessité. » In Matth., liomil. xxxvi, n. 3, P. G., t. lvii, col. 417. Ne quittons pas l’Orient, sans écouter le syrien, saint Éphrem. Dans ses hymnes sur la résurreclion, il décrit la descente aux enfers à la manière de l’Évangile de Nicodéme : on y retrouve le défi à la puissance du Christ, la victoire soudaine et éclatante qu’il remporte en enlevant les morts, la soumission au roi Jésus de la mort vaincue. Cf. J. Monnier, op. cit., p. 118-119.

2. En Occident, nous voyons se dresser des adversaires très déterminés de la thèse de l’évangélisation. Ils la qualifient purement et simplement d’hérésie, si elle suppose la possibilité de la conversion dans l’audelà. Avec le pape saint Grégoire le Grand, rappelons deux condamnations expresses. Saint Philastre de Brescia consacre tout le c. cxxv de son livre De hærcsibus à Yhæresis de Christi descensu ad inferos. P.L., t.iiu col. 1250. Nous y lisons : Alii sunt hæretici quidicunt Dominum in infernum descendisse, et omnibus)>osl niortem eliam ibidem renuntiasse ut confilentes ibidem salvarentur. lbid., col. 1251. Saint Augustin prononce le même jugement dans son livre De hxresibus ad Quodvultdeum, lxxix : Alia, descendenle ad mferos C/iristo credidisse incredulos, et omnes exinde exislimat liberatos. P. L., t. xxil, col. 45.

S’appuyant sur ces autorités, saint Grégoire le Grand va résoudre le problème comme gardien suprême de la doctrine et fixer nettement les lignes de la tradition catholique. Il exclut donc du concept correct de l’œuvre de la descente aux enfers toute espèce de conversion réelle des volontés en ce lieu : il ne peut être désormais question que des justes. Des représentants du patriarche de Constantinople étaient venus à Rome : le prêtre George et le diacre Théodore. Après leur départ, le pape apprend que, de leur avis, Jésus, dans les enfers, aurait sauvé tous ceux qui le reconnurent pour Dieu : Agnovi quod dilectio vestra dixisset omnipotentem Dominum salvalorem nostrum Jesum Christum ad inferos descendentem, omnes qui illic confi lercntur eum Deum, salvasse, alque a pœnis debitis libérasse. Le pontife veut qu’ils abandonnent cette opinion : De qua re volo ut charilas vestra longe aliter sentiat. Il leur indique, par deux fois, la véritable doctrine à tenir sur ce point : Descendais quippe ad inferos, solos Mo s per suam gratiam liberavit, nui eum et venturum esse crediderunt, et prxeepta ejus vivendo lenuerunt… Heec itaque omnia pertractantes, nihil aliud teneatis nisi quod vera /ides per catltolicam Ecclesiam docet : quia descendent ad inferos Dominus illos solummodo ab inferni claustris eripuit quos viventes in carne per suam gratiam in fine et bona operatione servavit. Le pape avance de la doctrine ainsi proclamée cette juste raison : Il est certain que depuis l’incarnation, personne ne peut être sauvé, qui. croyant en Jésus, ne mène pas la vie de l.i f"i. Constat ai/lcut quia pusl incarnat nmem Dnmiui nullus etiam ex fris salrari jwtest, qui /idem illius nt et vitam fidei non liabent. Or, si aujourd’hui

les fidèles ne peuvent se gauvei —an— I.— bonnes iruvres ; si, d’autre part, les fidèles et les réprouvés ont été, sans bonnes œuvres aucunes, sauvés lors de la descente il n Seigneur aux enfers, il faut avouer que la condition des hommes, qui n’ont nullement vu 1 incarnation, est meilleure que celle des hommes venus après la réalisation de ce mystère : Si ergo fidèles nunc tins bonis operibus non salvantur, et infidèles a< reprobi sine h, ma aclione, Domino ad inferos descendenle, salvali sunt, tnelior illorum sors fuit, qui incarnationem Diiniiiti minime viderunl, quam horum qui post incarnationis ejus mysterium nali sunt. Epist., 1. VII. epist. xv, ad Georgium presbyterum, 1’. L., t. i.xxvii. col. KG9-870.

3. Telle est donc l’explication exacte de l’œuvre du Christ aux enfers : c’est la libération des justes ou des saints, des Juifs principalement et même des gentils qui accomplirent durant leur vie les préceptes de la loi de la nature ou de leur loi positive et obtinrent ainsi la grâce. Toutefois, en attendant que cette explication prédomine absolument, il se produira des fluctuations. De ci.de là, quelques écrivains ecclésiastiques étendront ou sembleront (’tendre le bienfait de la délivrance à des pécheurs, dans certaines conditions données. Pour ceux-ci, elle aurait eu le caractère d’un réel pardon octroyé outre-tombe.

Saint Jean Chrysostome, à l’endroit ci-dessus rapporté, limite correctement l’œuvre de la descente aux enfers à la libération des justes..Mais, parmi ces justes, il ne range pas seulement les saints de l’ancienne loi ; il y ajoute les gentils qui n’eurent ni la connaissance ni l’espérance du rédempteur, pourvu qu’ils n’eussent pas adoré les idoles et qu’ils eussent connu le vrai Dieu :’Evïjv yip xoci y. oixoLoyr.’TavTa ; tov Xp terri) v tots ctcoÔt, vat. Où yaçi toOto à-r.T-’To r : ap’aÙTcôv, àL/ i rô jj.j| EÏSti))’j>aTDEÏv, xaV tô tov à/Y.Ov/ov 0sov eïoévat. In Matth., homii. xxvi, n. 3, P. G., t. lvii, col. 416. Saint Philastre avait soutenu une doctrine identique, quand il admet le salut possible des poètes, des philosophes et autres infidèles, à la condition qu’ils aient cru en Dieu et n’eussent pas propagé l’idolâtrie : Nam si Deum esse credidissent, deorum et dearum lurpia nomina mm seminassent, et in descensionc Christi in infernum reniant impetrassent. De hxresibus, cxxv. hæresis de Christi descensu ad inferos, P. L., t. XII, col. 12511252. Selon cette opinion, les païens auraient donc obtenu, dans les enfers, le pardon de leur incrédulité au regard du Messie rédempteur, et la remise des péchés d’omission que suppose l’absence de bonnes œuvres.

De leur côté, saint Épiphane en Orient, saint Irénée et saint Jérôme en Occident, enseignèrent expressément la doctrine de la délivrance des justes. L’évêque de Lyon a écrit : Non enim propter cos solos qui temporibus Tiberii Cæsaris crediderunt ci, venit Chris tu* ; nec propter eos solos, qui nunc sunt, homines providentiam fecit Pater ; sed propter omnes omnina homines qui ab initia propter nrlutem suam in sua generatione, et timuerunt, el dileieruiil Deum, etjuste ci /ne conversati sunt erga proximos, et concupierunt videre Christum et audire vocem ejus. Cont. hær., 1. IV. c. xxil. n. —1. P.’.’.. t. vil, col. lOiT. Mais, en même temps, ces docteurs on disent expressément ou semblent insinuer que le Christ, dans la descente aux enfers, accorda leur pardon à des croyants en état de péché. Saint Épiphane expose que le Christ a accordé’, non par voie de pénitence, mais par voie de miséricorde, la rémission de leurs fautes à tous ceux qui l’avaient connu jadis, qui ne s’étaient pas détournes de sa divinité, et qui se trouvaient détenus aux enfers a raison de quelques péchés. ~O0 : v y.a rôv % : . i’A8à|i tôv —aripa £v "ô>t : jrErtareûxa|Asv Si’5v xai —où ; x—’iùtoO r ( ; iâ ; ïrâvta ; Xpicrb ; ?, X0s, toî ; (xèv rcàXai aÙTOv —fivaxry.o’jc., /x’i uv-, itXavr l 6e : o"t>i ànb —f t ; aùroù 8eÔTr, To ; , svexev