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DESCENTE DE JESUS AUX ENFERS — DESESPOIR


: i. Que devinrent lésâmes en cet étal bienheureux ?

Sortirent-elles immédiatement du sein d’Abraham et des limbes ? Plusieurs écrivains ecclésiastiques, qui avaient proposé la théorie de l’évangélisation aux enfers, ont enseigné que les.nues délivrées furent d’abord reçues au paradis terrestre, fermé depuis l’expulsion d’Adam ; ils y laissaient 1rs âmes, soit jusqu’à l’ascension, soit jusqu’à la résurrection générale. Origène, saint Cyrille de Jérusalem, saint Jean Cbrysostoine ont écrit ou parlé en ce sens, dans [es textes que nous avons déjà indiqués. Mais cette opinion assez bizarre disparut avec la tbéorie de l’évangélisation, grâce à l’enseignement de saint Grégoire le Grand. Il exposa, en effet, que les âmes, pures de toute faute, sont admises dans le ciel sans retard.

Restait donc à se demander simplement si les âmes des justes sortirent des limbes et entrèrent au ciel aussitôt après la descente du Sauveur, ou seulement plus tard. On eut vite remarqué qu’il appartenait au Cbrist d’entrer au ciel le premier. Comme il n’y fit son entrée qu’à l’ascension, les justes attendirent jusqu’à ce jour pour y prendre aussi leur place. Ils demeurèrent donc encore quarante-deux jours dans les limbes, en jouissance toutefois du bonbeur de la vision avec le droit acquis et inamissible à l’entrée du ciel. Telle fut la solution bientôt universellement adoptée, et toujours retenue depuis. Saint Thomas la formule ainsi : Christus statim ad infernum desccndens sanctos ibi existe nies liberavit, non quidein statim educendo eos de loco inferni, sed in ipso inferno eos de luce glorix illuslrando. Sum. theol., M », q. iil a. 4, ad l um. A la question lvii, a. 6, le saint docteur explique que ces âmes bienheureuses entrèrent au ciel avec NotreSeigneur, faisant un cortège triomphal à leur sauveur et rédempteur. Cf. Bellarrnin, De Christo, 1. IV, c. xii ; Benoit XIV, De festo ascensionis, xxxix.

Nous ne donnons pas une bibliographie détaillée : à propos de chaque point, les références utiles ont été indiquées. Rappelons seulement : Pierre Lombard, Sent., 1. III, disp. XXII, et les sententiaires sur ce passage ; S. Thomas, Sum. theol., III", q. i.n, et les sommistes sur ce passage ; Catechismus ad parochos, part. I, a. 4 ; les théologiens, au traité De Verbo incarnato, par exemple : Bellarrnin, Disput. de controversiis christianæ fldei, De Christo, 1. IV, Ingolstadt, 1599, p. 337-401 ; Suarez, De mysterio vitm Christi, disp. XLI-XLIII, Paris, 1866, t. xix, p. 697-743 ; Petau, Dogmata theologica, De incarnatiene, 1. XIII, c. xv-xvin, Venise, 1757, p. 132-142 ; Stentrup, Soteriologia, thés, xlv-liii ; C. Pesch, Prxlectiones dogmaticx. De Verbo incarnato, n. 498-506, Fiibourg-en-Brisgau, t. iv, p. 242-247 ; A. Paquet, Disputationes theologicse. De incarnations Verbi, disp. IX, q. v, Québec, 1899, p. 475-483 ; L. Janssens, Summa theologica, Tractatus de Deo-Homine, sect. iii, m. iv, Friliourg-en-Brisgau, 1902, p. 879-889 ; G. Weber, Doctrina tutior de descensu Christi ad inferos ; Dietelmaier, Historia dogmatis de descensu Christi ad inferos, 2e édit., Altorf, 1762 ; Kiinig, Die Lehre von Christi HOllenfahrt, Francfort, 1842 ; Giïder, Die Lehre von der Erscheinung Jesu Christi unter den Todten, Berne, 1853 ; Koeiber, Die katholische Lettre von der HOllenfahrt Jesu Christi, Landshut, 1860 ; Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, trad. Goschler, v° Descente du Christ aux enfers, Paris, 1809, t. VI, p. 221-237 ; Huidekoper, The belief of the first three centuries concerning Christ’s mission to the underworld, New-York, 1876 ; Bruston, La descente du Christ aux enfers, 1897 ; P.-.)..lensen, Læreu om lîristi Nedfarl til de Dude, Copenhague, 1903 ; J. Tunnel, La descente du Christ aux enfers, dans la collection Science et religion, n. 312, Paris, 1905 ; J. Monnier, La descente aux— enfers. Étude de pensée religieuse, d’art et de littérature, Paris, 1905 ; Encyclr, des sciences religieuses de Lichtenberger, v Descente du Christ aux enfers, Paris, 1878, t. iii, p. 074-680.

H. Quii.i.iet. DESERICIUS (DESERIZ) Joseph-Innocent, religieux des Kcoles pies, né à Neîtra en Hongrie, en 1702, et mort dans le même pas à Watzen en ITtiô. Professeur de théologie au séminaire de Raal, puis supérieur de diverses maisons de sa congrégation et enfin assis tant du général â Rome, il fut nommé— cardinal par Benoit XIV qui l’envoya comme légat en Valachie. De retour en Hongrie, il se retira a Watzen, où il se consacra entièrement a l’étude et où il mourut en 1765. On a de lui : Tractatus ad p icularum

flammarum, 1, 1738 ; Lapisangv

laris sive prænwlio physica l/wmistica, in-4°, Tymau, 17M ; De initiis acmajoribus Ifungarorum conu taria, 3 in-fol.. liude, 1748, 1753, 1758, suivis de 2 in-fol., l’est, 1700 ; Historia episcopalus, diœcesis ac civilatis Vaciencis, in-fol., 1703, ouvrages érudits, mais sans beaucoup de critique.

Michaud, Biographie universelle, t. x, p. 481 ; Hœfer, .Y’..<velle biographie générale, t. xni, col. 705-790 ; Feller. Biographie universelle, Paris, 1848, t. iii, p. 210.

A. INOOLD.

DÉSESPOIR. — 1. Péché de désespoir. II. Tentation de désespoir.

1. Péché de désespoir.

1 Définition Ihéologique. — C’est un acte de la volonté se détournant de Dieu comme fin dernière, parce que l’on juge l’acquisition du bonheur éternel entièrement impossible pour soimême. — 1. Se détourner de Dieu comme fin dernière, parce qu’on le hait positivement, est un péché de haine de Dieu, immédiatement opposé à la charité, péché le plus considérable de tous, puisqu’il est le plus radicalement contraire à la fin dernière. Voir t. ii col. 2261 sq. S’éloigner de Dieu comme tin dernière à cause du découragement ou de l’abattement causé par une difficulté jugée insurmontable est le péché de désespoir, que l’impossibilité porte sur la fin dernière elle-même ou sur les moyens nécessaires pour y parvenir. — 2. Cette aversion est un acte positif de la volonté écartant délibérément toute espérance. Une vive impression de découragement, surtout si elle se prolonge et si elle cause quelque trouble dans l’exercice normal des facultés, peut constituer un danger d’entraînement pour la volonté. Elle ne peut être une faute tant que la volonté n’a point consenti. Ce que l’on doit aussi appliquer aux troubles plus profonds de découragement et de désespoir que l’âme peut involontairement éprouver dans les purifications passives précédant toujours dans le plan divin les faveurs extraordinaires des états mystiques. — 3. L’aversion de la volonté suppose toujours un faux jugement de l’intelligence considérant le bonheur éternel comme inaccessible à l’individu lui-même. Par ce faux jugement l’on nie absolument, au moins pour soi. la concession de l’indispensable secours divin, ou l’on se persuade faussement que toute coopération personnelle est impossible ou trop difficile pour être essayée avec succès. Dans le premier cas, il y a hérésie formelle, si l’on adhère positivement et sciemment à cette proposition hérétique qu’il est au moins un fidèle dont Dieu ne veut réellement point le salut. Dans le second cas, il n’y a point hérésie, mais seulement jugement erroné. En l’une et l’autre circonstance, l’on doit soigneusement distinguer entre l’adhésion positive de l’intelligence et une simple suggestion ou soupçon même persistant, auquel on ne consent point d’une manière gravement coupable.

Malice.

1. Malice spécifique. — a) En soi, le désespoir est un péché spécifiquement opposé au précepte surnaturel de l’espérance chrétienne, puisqu’il supprime son terme final, la récompense éternelle, jugée inaccessible faute de secours divin ou de coopération personnelle. — b) A la violation spécifique du précepte de l’espérance peuvent accidentellement se joindre d’autres péchés, notamment le péché de haine ou d’infidélité, ou de blasphème et l’abandon complet de tous les devoirs religieux avec tout son cortège de fautes.

2. Gravité objective.

Directement opposé au gi