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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LES PÈRES)
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Saint Cyrille, après avoir affirmé l’absolue simplicité de la nature divine, ajoute : tt’Lo’jtcÎ Se aùtô tô TravtiXetov èi’focjTàJ ge/, 0èv oÙSevô ?. De Trinilale, dial. i, col. 673. C’est au Verbe comme parfaite image et fils unique du Père, et par conséquent comme bieu, que saint Athanase attribue toute une série d’épitbèles, dont chacune indique une perfection possédée simplement et essentiellement : a-JTo<roip : a, ayToXôyoç, arjToS’jva(UÇ, kvtoç&>(i a-JToaLïjôîia, a’JTOGtxaio<7’jvr (, avtoapETY), orJT’)ay13’7|j.ôr, avitoÇbiYJ. Orat. contra gent., n. 46, 47, t. xxv, col. 93.
La transcendance divine ressort manifestement de tout ce qui précède ; et d’abord, la transcendance ontologique, c’est-à-dire d’une nature supérieure à tous les degrés de l’être créé : 6 ûicepéxetva 71ào~o ; o’Jo- ;’a ; xa’i àvBpioict’vv) ; èmvot’a ; ùitâp/wv, …èTtéxEiva 7ti<rr, ; yevï)tïjç o-jiri’ac -jnip/wv, S. Athanase, Orat. contra gent., n. 2, 35, 40, t. xxv, col. 5, 69, 80 ; -jusp tô h’jçx-.rj’i v.ai àyy.véa’TaTov -Lai ûitèp iravToc vovv ûicâp^cov, Didyme, De Trinilale, 1. III, c. xvi, t. xxxix, col. 873 ; %(> ; … jTrspo-jTio ; ; … toï ; t/, c çviffSMç àppr, toiî 71XeovexTrj[i.a<jiv ûicEpavîir^cDV ri yEvr ( -â. S. Cyrille, /n, /oa., I, 3, t. lxxii, col. 85 ; iivi 23, t. lxxiii, col. 805.
Dieu, transcendant ontologiquement, l’est aussi logiquement ; il reste en dehors de toutes les catégories de la pensée humaine ; en particulier, il ne peut être question en lui ni de quantité, dimension ou grandeur, ni de qualité, ni de figure ou de forme. S. Athanase, Oral, contra gent., n. 22 ; De décret, nicsen. syn., n. 22, t. xxv, col. 44, 453, 456 ; Didyme, De Trinilale, 1. I, c. xvi ; 1. ii, c. xx, t. xxxix, col. 737, 740, etc. ; S. Cyrille, InPs., xi, 3, t. lxix, col. 793 ; InJoa., i, 1, t. lxxiii, col. 48.
La transcendance, telle que l’entendent les Pères alexandrins, n’exclut nullement l’immanence ou la présence de Dieu dans le monde ; elle l’implique, au contraire. Car, si Dieu est créateur, il n’en n’est pas moins conservateur, coopérateur, illuminateur, et, à ce titre, toujours présent dans ses créatures, lui et son Verbe. Doctrine fortement affirmée par saint Athanase dans ses deux premiers ouvrages : ù to-j LTarpô : A6yo ; , È7uêàc toï ; irâuc xa 7ravray_o - j rà ; eauToO 8uviu.Ei ; Ê ?aiï), a>aaç, etc., Orat. contra gent., n. 42, t. xxv, Col. S4 ; 7râvTa 8e Sià TcâvTiov TtsuX^pwxEv otJto ; <7U’<(ov
; m lxuToû 71aip ! . Orat. de incarnat. Verbi, n. 8, ibid.,
col. 109 ; cf. n. 41, col. 170. Doctrine complétée, dans les écrits postérieurs, par l’accentuation de l’immensité ; Dieu n’est jamais circonscrit dans l’espace ni fixé quelque part ; présent partout par sa bonté et sa puissance, il reste néanmoins, par sa propre nature, en dehors de toutes choses, k’îjto Se xù>v irâvidov 71âÀiv s<jt xa-à Tï]v îoe’av yvavi. De décret, nicsen. syn., n. 11, t. xxv, col. 441. Ces dernières paroles ne s’opposent pas à la présence substantielle, mais seulement à une présence locale ou restreinte, qui répugnerait à l’immensité divine ; c’est le seul sens qui réponde au contexte et aux divers passages où la même idée revient, par exemple Orat., iii, contra arian., n. 22 ; Epist., ni, ad Serapion., n. 5, t. xxvi, col. 370, 631 ; Fragm. in Job, c. i, n. 7, t. xxvil, col. 1345.
Cette interprétation est, du reste, confirmée par la doctrine des deux autres alexandrins, analogue pour le fond, mais plus claire dans l’expression. Ils affirment l’ubiquité divine sans aucune restriction et en l’appliquant à la divinité : 0sô ; èv oùpavtô ti <ï>v xa vuvùv r|[LCv, airio ; tzÏ’jVi jtâvwov xaXûv… TrXrjpoûo-a [xèv tôv -LÔ7JJ.OV xa c-jvÉyouo-a xaxà tï)v ŒoTï^a, Didyme, De Trinilale, 1. II, c. iv, vi, t. xxxix, col. 484, 509 ; xevov 8c tt) ; Éa-jToC Qeotvito : oOSÈ a-JTÔv àyi-r^i tov iôV.v. S. Cyrille, In Joa., i, 9, t. LXXIII, col. 129.
La formule athanasienne k’Ew ttoWtiov se retrouve même chez ce dernier Père, mais dans un contexte qui lève toute équivoque : 7t).T)poï yàp xà uâvra xa) Stà 7rivT<ov ÈDx<i(J.evov, k’Çto te xcàvTwv xa’c Èv 7tâo-t’v èo-r. In
/i>a., xvii, 13. t. lxxiv, col. 525. Ainsi, Dieu est à la fois hors de toutes choses et en toutes choses ; hors de toutes choses, en vertu de son immensité ; en toutes choses, en vertu de son ubiquité. Qu’il s’agisse, dans ces passages, du Verbe ou du Saint-Esprit, peu importe ; car les trois docteurs alexandrins professent l’unité rigoureuse de la nature divine et la communauté des opérations ad extra, ce qui écarte radicalement la conception pseudo-philosophique de Dieu le Père fixé au ciel, mais agissant au dehors par le Verbe et par l’Esprit.
L’incompréhensibilité de la nature divine, corollaire de sa transcendance, est contenue dans les paroles déjà citées de saint Athanase : ô uirepéxeiva imoy|C… àvfjp(.)7c : vi, ; ETct/ota ; viTtipytov. Orat. contra gentes, n. 2. Nombreux sont les textes où ce docteur déclare invisible et incompréhensible l’essence de Celui qui est : tï)v àùparov avToî Lai àxatà).ï]7CTov oùaiav, -De décret, nicsen. syn., n. 22, t. xxv, col. 453 ; iLa.-.y.’/r, --oi toô ovtoç o-Jciav. De synodis, n. 35, t. xxvi, col. 753. Même doctrine chez Didyme. La contemplation des créatures ne fournit rien qui, par voie de similitude ou d’analogie, nous permette de concevoir et d’exprimer, i la monade, l’incomparable nature ». De Trinitate, 1. II, c. v, t. xxxix, col. 504. D’où cette conclusion : « Que Dieu existe, c’est une vérité connue de tous ; mais comprendre ce qu’il est, et de quelle façon il est, -i 5s, V) 7r(ii ; intipyv., ceci dépasse la capacité de l’intelligence créée. » Ibid., 1. II, c. v, col. 504. Saint Cyrille n’est pas moins expressif en une foule d’endroits, par exemple. In Joa., iivi 55, t. lxxiii. col. 928, où il montre comment le fait de savoir que Dieu existe n’emporte pas qu’on le connaisse dans sa propre nature ; De Trinitate, dial. iv, t. lxxv, col. 872, où, distinguant également les deux questions, or : e<rn Béôç, et. « ce xcctù z.-li : -i ÈTti’v, il dit de la seconde qu’il est absurde de prétendre la résoudre, la nature divine étant au-dessus de toute intelligence : No3 yàp âTOxeiva -ï/to : t, 0eoO p-jo-iç. Dieu, l’Être subsistant et l’Intelligence suprême, contemple tout et se connaît lui-même à sa manière, divinement ; il en va bien autrement de nous, qui ne voyons Dieu que comme dans un miroir et par énigme. Thesaur., ass. xxxi, t. lxxv, col. 449.
Dieu incomprétiensible en son être intime, et Dieu inconnaissable, ne sont nullement, chez nos alexandrins, deux expressions synonymes ou corrélatives. Didyme, qui traite ex professo de la Trinité ou du Saint-Esprit, considère presque toujours, il est vrai, notre connaissance de la divinité sous un aspect négatif, du point de vue de l’incompréhensibilité ; néanmoins, dans plusieurs des passages où il accentue le plus cette propriété, il suppose la possibilité d’une connaissance qui n’est ni adéquate ni par notion propre, mais qui, à l’aide de comparaisons et d’analogies, permet à l’intelligenee humaine d’avoir quelque idée de ce qui la dépasse : eî xSv o-jtw ttog-ôi ; e : ; voûv 8e ; -/6e : V, t’o v7TÈp voOv. De Trinitate, 1. I, c. XV, t. xxxix, col. 308 ; cf. 1. H, c. v, col. 505 : jitxpâ t : , —, tovù irxià o[j.oKÙ(Teto ; o’.ovsi-w ; ; DeSpiritu Sancto, n. 38, col. 1066, passage d’où il résulte qu’à tout le moins nous pouvons parler de Dieu et des choses divines par catachrèse, xaTaxpqorixûc.
C’est à bon droit que Schwane, op. cit., t. i, p. 28sq. r trouve dans VOratio contra génies. P. (i., t. xxv, col. 3 sq., un exemple remarquable de la doctrine qui revendique pour l’homme, même déchu, la faculté de connaître Dieu comme créateur et Être absolu ; néanmoins, dans cet ouvrage apologétique, saint Athanase songe moins à prouver l’existence de Dieu en général, qu’à justifier la notion chrétienne du vrai Dieu, c’est-àdire d’un Dieu sage et bon, premier et unique principe du monde. Les considérations qu’il développe tendent à faire admettre cette notion aux païens et à leur