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ÉPICLÈSE EUCHARISTIQUE


siijnificatur. Ipse dicil sanguiiicni siiiini. Ante consccrationem aliud dicitur, posl consecrulionem sanguis nominatur. De mijsler., ix, 50-54, P. L., t. xvi, col. 422-124. Cf. De benediclionibus patrictrch., ix, 38 : Hune panem dédit aposlolis ut dividerent populo credenlium ; hodieque nobis eum, quem ipse quolidie saceidos consecral suis vcrbis. P. L., t. xiv, col. 719.

Le traité De sacramentis, compilation rédigée aux environs de l’an 400, reproduit la même doctrine avec plus d’insistance encore : Sed punis iste punis est ante verba sacramentorum : ubi accesserit consecratio, de pane fit caro Christi. Hoc agitur astiuamus. Quomodo potest qui punis est corpus esse Christi ? Consecralione. Consecrcdio autem quibus vcrbis est, eu fus sermonibus ? Doniini Jesu. Nani et reliqua omniu quæ dicuntur in superioribus, a sacerdote dicuntur, laudes Deo deferuntur, oratio petitur pro populo, pro regibus, pro cxtcris : ubi venitur ut conficintur venerabile sacramentum, jam non suis sermonibus utitur saccrdos, sed ulitur sermonibus Christi. Ergo scrmo Christi hoc conficii sacramentum. .. Vides ergo quani operarius sit sernio Christi. Et un peu plus loin l’autnir répète que le pain et le vin deviennent corps et sang du Christ consecralione verbi cselestis. De sacrum., IV, iv, 1417, 19, P. L., t. XVI, p. 458-462. Cf. IV, v, 21-23, col. 462-464, où, avec le texte du canon, reviennent des affirnialions identiques.

Sans être aussi explicite, saint Augustin († 130) est certainement du même sentiment. Bien qu’il ne l’ait pas dit ex professa, il paraît bien avoir eu l’idée du moment précis de la consécration et fixé ce moment au prononcé des paroles du Christ. Xosicr punis et calix non quilibet…, sed certa consecralione mijsticus fit nobis, non nascitur. Contra Fausl., .’SJi..c.xiiï, P. L., t. XLii, col. 379. Cette transformation a lieu lorsque le pain « reçoit la bénédiction du Christ » : Xorunt fidèles quid dicam, norunt Christum in fraclione punis : non enim omnis punis, sed accipicns benediclionem Christi, fit corpus Christi. Serm., ccxxxiv, n. 2, P.L., t. xxxix, col. 1116. Je sais bien que par endroits le docteur d’Hippone parle du canon en général. Il distingue, par exemple, les deux catégories suivantes de prières à la messe : precationes…, quas facimus in celebralione sacramentorum, anicquam illud quod est in Domini mensa incipial nE.’i : nici ; ofiAï/o.vES cim iiene ! >it irvri ET s..crii/cATun, et uddistribuendum comminuitur ; quam petilionem fcrc omnis Ecclesia dominica oralione concludit. Epist., cxlix, ad Paulin., 16, P. L., t. xxxiii, col. 636-C37. Cf. Serm., ccxxvii, in die Pasfhic IV, P. L., t. xxxviii, col. 1 101. Ou encore il lui arrive de désigner l’eucharistie par l’expression de pain " consacré par la prière mystique » : …corpus Christi et sanguinem dicimus, sed illud tantiim quod ex fructibus terne accrplum et rnEcE }fYsrÊ(A coSE-CKATU. v, rite sumimus… De Trinil., 1. III, c. iv, n. 10, P. L., t. xivi, col. 873-871..Mais de jjareilles déclarations, est-il besoin de le faire remarquer, ne contredisent en rien les passages qui montrent dans « la parole de Dieu » , verbum Dei, la cause efficiente de cette " sanctification » et de cette « consécraliini ". Panis ille quem videtis in allari, SAX’riiKA rus ver VEn m M DEI, corpus est Christi. Calix ille. immo quod habet Kilix, SASCTIEICATEM l’Eii [vERDi.v DEI, sanguis est’hristi. Serm., ccxxvii, /’. L., t. xxxviii col. 1099.

lit cette " parole de Dieu > n’est certainement pas l’ensemble du canon, mais bien une formule très précise qui a véritablement le rôle de forme sacramentelle, piiisque, dès qu’elle est unie à la matière, le sacrement est accompli. C’est re que nous lisons dans le VI des Sermones inrditi, publiés sous le nom de saint Augustin par le jésuite.Miclie) Denis, dont le recueil, paru à Vienne en 1792, a une vraie valeur crilique.Morin, dans la lirvtie hénédirlinr, 1895, p. -15 ;

Rottmanner, Histor. Jahrbuch, 1898, p. 394 ; voir Augustin, 1. 1, col. 2306. Il y est dit : Hoc quod videtis, carissimi, in mensa Domini, pemis est et vinum ; sed iste panis et hoc vinum accedente verbo fil corpus et sanguis Verbi. Puis, après une courte explication des répons précédant la préface, on ajoute : El inde jam, quæ aguntur in precibus sunctis, quas audituri estis, utvccEDEXTE VERBO fiat corpus et sanguis Christi. Nam TOLLE VERBUM, panis estetvinum. adde VERBUit, ET.jam ALIUD EST. Et ipsum aliud quid est ? Corpus Christi et sanguis Christi. Toile ergo verbum, panis est et vinum.

    1. ADDE VERBUM##


ADDE VERBUM, ET l’IET SACRAMENTUM. Ad hoC dicitis :

Amen… Deinde dicitur oratio dominica. De sacramenio altaris ad infantes, n. 1, 3, P. L., t. xlvi, col. 834-836. A supposer même que ce sermon ne fût pas authentique, la pensée est certainement augustinienne. 11 suffit, pour s’en rendre compte, de mettre en parallèle le passage précédent avec la maxime d’Augustin concernant le baptême : tietraiie verbum, et quid est aqua nisi aqiia ? Accedit verbum ad elementum, et fit sacramentum, eliam ipsum tanqiiam visibile verbum. hi Joa., Lxxx, 3, P. L., t. xxxv, col. 1840. Pour le baptême, il n’y a pas de doute que, dans l’esprit d’Augustin, cette parole ne soit la parole évangélique : certa illa evangelica verba, sine quibus non potest baplismus consecrari. De baptism. contra donatislas, 1. VI, c. XXV, P. L., t. xliii, col. 214 ; cꝟ. 1. VI, c. XVII : Deiis adest evangelicis verbis suis… et ipse sanctificai sacramentum suum. Qu’il en soit de même pour l’eucharistie, et que le verbum opérateur du sacrement soit la parole évangélique de l’institution, cela ressort, d’ailleurs, non seulement de l’application de la même théorie sacramentaire au mystère de l’autel, mais aussi du principe clairement établi quc nous devons ofïrir le sacrifice uniquement selon le rite prescrit par Jésus-Christ dans le Nouveau Testament : sacrificare… illo dumlaxal ritii, quo sibi sacrificari Novi Testamenti manifestalione præcepit. Cont. Faust., 1. XX, c. XXI, P. L., t. xlii, col. 385. Cf. Orsi, op. cit., p. 51-56.

Les écrivains des siècles suivants n’ont, pour rester dans la ligne de la tradition, qu’à se faire les échos de la grande voix d’Ambroiseet d’Augustin. Citons seulement quelques témoignages, parmi les plus catégoriques. L’auteur anonyme des Sermones de verbis evangelii Lucie, cdHOs dans les Opéra S., li(r ; ii.sf(/)(, répète la pensée augustinienne du verbum transsuiistantiateur, en précisant que c’est la parole du Christ Memini sermonis mei, cuni de sacramentis tractarcm : dixi vobis quod ante verba Christi, quod offcrliir panis dicatur ; ubi Christi verba deprompla iuerint, fam non panis dicitur, sed corpus apprllatur. De verb. ev. Luc, XI, 1-4, n. 3, P. L., t. xxxix, col. 1908.

Même netteté, mais plus explicite encore, dans une homélie sur le corps et le sang du Christ — traditionnellement attribuée, mais à tort, A cet lùisèbe qui fut évêqued’l'"mèseen Syrie vers 3 10 360 — et que toutes les |irobabilités font considérer comme l’cruvre de l’évéfpie provençal Fauste de Rie/ (f vers 192) : …Qui (Uiclor est muncris, ipse est eliam testis verilalis. Nam visibilis saccrdos visibiles rrcaturas in substantiam corporis et sanguinis siii verro suo sécréta potestate convertit, ita dicens : AicirirE et (OMEiute, hoc est CORPUS MEU.M. Et sanctificatione repctila : accipite, inquil, ET BUiriE, nu est svyuuis meus. Ergo ut ad nulum prircipientis Domini repente ex nihilo siibsliterunt e.rcelsa civlorum. profiinda fludiium, vasia Icrraritm : ila parem potrniiam, in spirittialibus sacramentis, vcrbis prirhct virliis et rci servit cfjrrlus. Quanta ilaque et quam crlebranda vis divinir benediclionis opcretur. .. Ad cognoscendum et pcrcii>iendum sacrificiiim dominici corporis, ipsalr roboret potentia consecratoris… Sec duhilet quisquam primarias creatiiras, nufii divi-