Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
243
244
ÉPICLÈSE EUCHARISTIQUE


næ potentiæ, pra-senlia summa’ma/rslalis, in dominici corporis transire passe nuturam… Qiiando benedicendiv VEiiBis cuLiiSriiius creatiiræ sacris allaiibus imponunliir, antcijiiani ixvocATioxE sur domisi consccreniur, subsianlia illic est partis et vini, posr verda AVTEM eorpiis et saïujuis est Christi. Qiiid aiitem miriim est, si en qine verbo potiiil crenre, VEiino possit creatd converlere ? Homil. de eorp. et de sang. Domini, n. 2, 4, 11, 12, dans P. L., t. XXX, dans Opéra S. Hieronymi, col. 272-275. Sur cette liomélio, voir Batiffol, Nouvelles études documentaires sur la sainte eucharistie, dans la licinic du clergé français, 1909, t. lx, p. 537540. Elle est entrée dans le recueil des xii /(o/ni/fa ; rfe Pascha attribuées à saint Césaire d’Arles († 512) par plusieurs manuscrits, mais dont aucune n’est de lui. ÎMigne l’a iniprimce parmi les œuvres de Césaire, P. L., t. lxvii, col. 1052-1056, où l’on retrouvera les mêmes textes avec quelques légères variantes. Cette homélie, mise sous le nom du pseudo-Eusèbe d’Émèse, a eu une grande vogue durant tout le moyen âge. Après avoir été utilisée au cours de la controverse bérengarienne, le passage cité a passé, au moins en partie, dans Gratien, 1. II, c. xxxv, Z)e consfc/-a/î07jp, puis dans le décret d’Yves de Chartres, ii, 4, dans les Sentences de Pierre Lombard, IV, viii, et dans la Somme théologique de saint Thomas, III, q. lxxv, a. 4.

De cette homélie du pseudo-Eusèbe d’Émèse on peut rapprocher une homélie De corpore et sanfjuine Domini, publiée par dom Morin et attribuée par lui à un ecclésiastique gallican du ve siècle. Il y est affirmé f(ue le Christ est le vrai prêtre et le vrai consécrateur. Ipse enim sacramentel hicc Melehisedech ordine corpore suo vel sanguine consecracit, ipse qui sacerdos verus est, ipse qui pariter et sacerdos et victima : nabis utiquesacerdas et pro nabis victima. Morin, Un recueil d’homélies de S. Césaire d’Arles (manuscrit latin 2768 A de la Bibliothèque nationale de Paris), dans â Revue bénédictine, 1899, t. xvi, p. 342-344.

La lettre à l’archidiacre Redemptus, attribuée à saint Isidore de Séville († 636), apporte plus de précision encore et formule en réalité, sous le nom de « substance ou essence du sacrement » , la théorie de la matière et de la forme : Scias ilaque eorum jam dictis cansuetudinibus (usages orientaux du pain fermenté et de voiles de soie) minime nos apponere reprehensianis abstaculum, quamdiu cas ramana Ecclesia dixerit esse talerandas, maxime cum non sint de essentia sive subsianlia sacramenti. De substantia sacramenti sunt verba Dei a sacerdote in sacro prolata mysterio, scilicet : uoc est cobpus, panisque jrumenti et vinum cui consuevit aqua adhiberi. Epist., vii, ad Redemplum, n. 2, P. L., t. lxxxiii, col. 905-906. Nous aurons bientôt à suivre cette doctrine s’affirmant de plus en plus universellement à travers tout le moyen âge occidental ; mais l’on voit dès maintenant que l’ancienne tradition patristique est le terrain ferme où elle plonge ses racines.

Or, en Occident aussi bien qu’en Orient, l’activité eucharistique du Saint-Esprit fait également, durant cette période, l’objet d’un enseignement traditionnel ; et les attestations formelles de la vertu des paroles du Christ n’empêchent pas d’affirmer en même temps l’opération consécratrice du Saint-Esprit, ainsi que de mentionner, çà et là, l’invocation liturgique qui lui est adressée. On peut voir l’une et l’autre insinuées dans ce reproche adressé aux donatistes par saint Optât de Milève († 388) ; Quid tam sacrilegum quam altaria Dei, in quibus et rws aliquando obtutistis, franyere. radere, removere ? in qaibus et vota populi et membra Christi portata sunt ? qua Deus amnipotens invocatussit, qua pastulalus descendit Spiritus Sanctus ? Deschism.donat., l.h, P.L., t. xi, col. 1064-1065.

Saint Ambroise, dont on a lu plus haut le témoi giu>ge formel en faveur des paroles de l’institution comme forme essentielle de la consécration, n’en suppose pas moins l’intervention eucharistique du Saint-Esprit, par la comparaison qu’il établit entre la transsubstantiation et l’incarnation : Serf quid argumentis utimur ? Suis utamur exemplis, incarnationisque exempta astruamus mysterii veritatem… De myster., ix, 53, P. L., t. XVI, col. 424. Ailleurs, il affirme que l’Esprit-Saint est invoqué sur les oblations : Quomodo igitur [Spiritus Sanctus] non amnia habet quæ-Dei sunt, qui cum Paire et L’iliaa sacerdotibus in baptismale nominatur et in oblalianibus invacatur ? De Spirilu Sanclo, 1. III, c. xvi, n. 112, ibid., col. 837 C’est la vertu invisible du Saint-Esprit qui opère le sacrement de l’autel, déclare saint Augustin en une formule qui sera dans la suite fréquemment répétée : " L’élément consacré par la prière mystique… n’est sanctifié de manière à être un si grand sacrement que par l’opération invisible de l’Esprit de Dieu. » … Non sancti/icatur ut sit tam magnum sacramentum^ nisi opérante invisibiliter Spirilu Dei. De Triait., 1. III, c. IV, n. 10, P. L., t. XLii, col. 873-874.

Saint Gaudence de Brescia († 410 ou vers 427) unit dans un même texte la mention de l’activité consécratrice du Fils et du Saint-Esprit, en rappelant d’ailleurs les paroles de l’institution ; A’e terrenuni putes quad casleste effectum est PER EUM QVi rRASSir

IS ILLVD ET FEC.it ILLUD SUUM CORPUS ET SA.GUISEM…

UT PER IGNE M DIVIN ! spiRiTis id efjectum quad annun-Halum est credas, quia quad accipis carpus est illius Panis cselestis et sanguis illius sacrée Vitis. Nam cum panem consecratum et vinum discipulis suis parrigerel, sic ait : Hac est corpus meum, Hic est sanguis meus. Serm., ii, P. L., t. xx, col. 858. Sans doute, le mot consecratum de la dernière phrase peut faire croire que, pour saint Gaudence, Jésus-Christ, au cénacle, avait opéré la consécration avant de prononcer les paroles, et que ces dernières n’auraient été que déclaratives du mystère accompli. Mais la question de la consécration sacerdotale à l’autel doit être distinguée de celle de la consécration faite par le Christ au cénacle, et elle l’a été-de fait par plusieurs écrivains ecclésiastiques. Nous avons déjà cité les deux passages où saint Gélase atteste que le pain et le vin sont changés en substance divine par l’opération du Saint-Esprit, Z)e duabus naturis, dans Thie, Epislolæ Ramanarum pontificum genuinse, t. i, p. 77 ; cf. P. L., t. Lix, col. 143, et que celui-ci est invoqué pour la consécration. Thiel, ap. cit., p. 486.

Saint Fulgence de Ruspe († 533) témoigne à plusieurs reprises que la liturgie africaine de son époque sollicite la mission du Saint-Esprit « pour sanctifier notre oblation…, pour consacrer le sacrifice du corps du Christ. » Cette invocation du Saint-Esprit est même si explicite, que le saint docteur en est amené à se poser cette question : « Pourquoi, alors que le sacrifice est offert à toute la Trinité, demande-t-on seulement la mission du Saint-Esprit pour sanctifier notre oblation ? " Jam nunc etiam illa nabis est de Spiritus Sancti missiane quivstia resalvenda : cur scilicet, si omni Trinilali sacrificium offcrtur, ad sancti flcandum oblationis nostræ munus Sancti Spiritus tantum missio postuletur, quasi vera, ut ita dicam, ipse Pater Deus. a quo Spiritus Sanctus proccdit, sacrificium sibi oblatum sancti ficare nan potest, aul ipse Filius sanctiflcare nequeat sacrificium corporis siii, qiiod offerimiis nos, cum corpus suum ipse sanctiflcaverit, quad ablulil ut redimeret nos ; aul ita Spiritus Sanctus ad consecrandum Ecclesiæ sacrificium mittendus sil, tanquam Pater aul Filius sacrificanlibus desil. Ad IIonimum. 1. II, c. VI, P. L., t. lxv, col. 184. Cf. II, VII, col. 186. Entre autres motifs qu’il donne de cette invocation, en voici un qui mettra bien en relief la continuité et