récit de la cène), il est d’abord présent et vivant, mais caclié, silencieux, inconnu. Par l’épiclèse ou l’invocation au Saint-Esprit, il reçoit sa mission divine auprès des âmes. C’est le moment de sa thcophanie, de sa manifestation comme Agneau de Dieu et comme Fils bien-aimé du Père, c’est l’heure de son ostension, è71[’o=i ?i ;, de sa gloire, de l’attraction puissante qu’il doit exercer sur le monde. » E. Bouvy, Les Églises orientales. Traditions et liturgies eucharistiques, dans le Congrès eucharistique de Reims, 1894, p. 756.
Bellarmin et plusieurs autres théologiens ont aussi basé leur interprétation de l’épiclèse sur l’idée de manifestation atiachée à tort au verbe àTtoSei-z.vjva ; ou àiio ?a ; v£iv. C’est apparemment sur une base analogue que repose la théorie du P. Bouvy. Signalons, parmi les auteurs qui, sans avoir traité la question ex professa, se sont ralliés à cette idée de manifestation eucharistique : Hefele, Der Protestantismus und das Urchristentum, dans Tiibing. Quartalschrift, 1845, p. 203 ; Daniel, Codex titurg., t. iv, p. 412. Cf. Hoppe, op. cit., p. 221, 222, qui fait remarquer les dangereuses conséquences, au point de vue des preuves de la croyance en la transsubstantiation, de cette fausse < ; onception de à7ro ?atv£iv. Renaudot a apodictiquement démontré la complète synonymie des verbes
IàuoçaivEtv, àvaSct/.vjvai, teXeiouv, rtoiEÎv, op. cit., t. i, p. lxxxvi et 241. Cf. Hoppe, op. cit., p. 26, note 51. Voir aussi, sur le sens précis d’àvaoe’.xvûvat, etc., ou transsubstantier, Théodore d’Andéda, P. G., t. cxl, col. 453, qui l’affirme expressément. On ne saurait nier que ces diverses théories : vivification ou résurrection mystérieuse du corps eucharistique du Christ, état eucharistique complet et adéquat, confirnmtio sacramenti ou sacriftcii, manifestation, ostension, théophanie eucharistique, ne soient, par leur élévation même comme aussi par l’autorité et la compétence des auteurs qui les proposent, de nature à faire impression sur resprit. Ce sont, du reste, je le répète, des explications partiellement vraies et qui ne manquent pas de fondements patristiques.
Sur ce dernier point, qu’il suffise de signaler ici certains textes de saint Fulgence. Ce docteur africain, _ nous l’avons vii, affirme très nettement que le Saint-K Esprit est invoqué pour la consécration. (À- qui ne ^^l’empcche pas d’assigner aussi comme but et comme ^^Beffel à cette invocation ime sanctification du sacrifice^ ^^rimpliquant surtout la dilTusion de la charité dans l’Église et dans les âmes par l’eucharistie, c’est-â-dire, en somme, l’application des efl’ets eucharistiques. Parfois même certaines expressions pourraient laisser croire qu’à cela se réduit toute son interprétation de répiclèse, si l’on ne se rappelait en quels termes formels, et souvent dans le même passage, ce Père attribue au Saint-ICs]irit l’acte jjropre de la transsubstantiation. Ainsi, après avoir énoncé très clairement, ; plusieurs reprises, cette attribution, il ne laisse pas d’écrire : Cum crgo Sancti Spiritus ad sanctificandnm lotius Erclesiu’sacrificium postulatur adventus, nihit (diud jmstiilari mihi vidrtur, nisi ut prr gratiam spiritaliin in corporc Christi, quod est Ecclesia, caritatis unitas jiigiter indisrupta sernetur. Ad.Moninutm, 1. II, c. IX, /’. /.., t. lxv, col. 187.
Même témoignage un peu plus loin, immédiatement suivi cependant de l’apiiropriation de l’acte consécraleur au Saint l^sprit et de rassimilalion établie entre la transsubstantiation et l’incarnation : J)uni itaque Erriesia Spirilurn Sanrium sibi cirlitus postiilid mitti, ilonum sit)i caritatis et unanimitatis postulat a beo conf’Tri. Quando anicm congnicnlius quam ad consecrandnm sarrificiiim rorporis Christi sanrla Ercirsia (qitic corpus est Christi) Spiritus Sancti deposrai adt’eninm guir. ipsam capui suuin secundum carnrm de Spirilu
DICT. DE rHÉOL. CATIIOL.
Sancto noverit ncdum ? Jbid., ex, col. 188. Cf. c. xi, xii, col. 190-192 ; Lib. VIII contra Fabiamim, fragm. x.xviii, XXIX, ibid., col. 789-791, 795.
Cette juxtaposition des deux idées : transsubstantiation et application des effets eucharistiques ou sanctification du sacrifice, suffit à prouver que cette dernière, en dépit de certaines expressions, n’est pas donnée par saint Fulgence comme l’explication totale de l’épiclèse, mais seulement connue une explication partielle.
Aussi, le cardinal Orsi, après avoir consacré plusieurs pages de son ouvrage, p. 112-125, à développer, avec une visible complaisance, l’interprétation consistant à voir dans l’épiclèse l’application des effets eucliaristiques considérée connue une sorte de complément à la consécration (ad inteyralem nempe consecrcUioncni donornm, dit-il, p. 112, avec Hardouin, De sacram. altaris dissert., c. vu), se trouve-t-il réduit à déclarer qu’une telle interprétation ne peut satisfaire l’esprit. Quamqu<un traditam capite præcedenti liturgiciv Sancti Spiritus i-^iY.lr^aifùi interprelationem tôt conjecturis et rationum momenlis confirmal’crim, in ea tinnen, ut candide ac sinccre loquar, animas non adquiescit. Orsi, op. cit., p. 126.
Et il eu donne aussitôt la raison, qui est celle que nous avons fait ressortir au cours de cet article et qui commande en effet toute la question. L7 enim Renaudotius observât, in omnibus quotqnot exstant apud Grœcos et apud Orientales invocationis formulis, adventus aut illapsus Spiritus Scmcti in dona proposita et in cas qui eadem suscepluri sunt, adcurate distinguitur : prinuis, ur doxa pnoPOsrrA F.icivv conpus et SA^-GLISEM cuRisTi ; aller, irr qui illorum PAiiTiciPES
EKU.W, liEMISSIONEM PECCATOIIUM COXSEQUAMVIt ET
viTAM.ETEnsAM. Ibid. Il n’a pas de peine à établir la preuve de cette distinction des deux idées de l’épiclèse, et il conclut en ces termes : Quæ omnia scdis aperte demonstrare videntur totani illam Sancti Spiritus apud Grœcos et Orientales invocationcm ad fructuosam dumlaxat sacrorum nujsteriorum susceptionem trahi nisi inei>te non posse… II is ilaque difficult(dibus me admodum retineri sentio, ne a pleriscpic thevlogis traditam et a me etiam vtniis conjecturis firmatam liturgicx immcationis interpretationeni amplectar. Est igitur alio confugiendum. Ibid., p. 131, 133.
.vant d’essayer, à la suite du cardinal Orsi, unesynthèsede cequ’il y ade vrai dans chacune desinterprétalions que nous venons d’énumérer en partie, signalons, par manière de résumé, d’après l-"ranz, op. cit., t. ii, p. 191 sq., en notant d’un mot les principales nuances d’opinions, les explicat ions que nous regardons comme insuffisantes : 1. Simjile priére de communion, c’est-à-dire demande d’apjjlication des effets eucjiaristitiues sans aucun rai)port avec la consécration (Hellarmiii, Lugo, etc.) ; pure relation au corps mystique du Ciirist, c’est-à-dire à l’Église, aux âmes, et non à son corps eucharistique : autre forme de l’opniion précédente (rorquenia(la, Suarez ; Hessarion iui-menu’paraît avoir domuun instant son adliésion à cette tiiéorie) ; 2. Intention de l’Église, qui devrait en quelque manière être exprimée simultanément au proiumeé des paroles du Sauveur (Le 15rwn. llenlvc, Oswald ; on peut y ajouter Bossuet) ; 3. IU" Ivilication mystique du corps du Cln-ist (Cienfiiegos) ; 4. Épidèse, cause impétrante ou impétratoire de la consécration, tandis que les paroles de l’institution en sont la cause cdiciente (Toutlée, l.acmnu’r. et à quelques nuances près, certains orientaux cfinnue (’.abasilas et.Siiuéoa de rhessaloni((ue, Isidore de Kiev. Mansi, t..xxxi, col. 1686-1087, etc.) ; 5. Caractère sacrificiel de réplclèse ; prière de l’Église au Prêtre céleste et à r.
ge de l’alliance, analogue à la)n’iére des laïques au préirc dans le sacrilicc mosaïque (Scheeben) ; oïl
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