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ESPRIT-SAINT
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, ains ecclésiastiques ne donnent pas au Saint-Esprit le nom de Dieu ; mais ils professent sa divinité d’une manière claire et évidente, puisqu’ils lui attribuent i inspiration prophétique, la sanctification des âmes, Ja création ; puisqu’ils l’adorent et le glorifient comme Dieu au même titre que le Père et le Fils. Cf. Heurîier. Le dogme de In Trinité dans l’Épitre de saint Clément de Rome et le Pasteur d’Hermas, Lyon, 1900, p. 64. Il n’est donc pas étonnant que, pour ce qui concerne la divinité du Saint-Esprit, les Pères du ive siècle, par exemple, saint Basile, en appellent à la tradition de l’ancienne Église. Liber de Spiritu Sancto, c. x, n. 24 ; c. xxix, n. 72-73, P. G., t. xxxit, col. 111, 201. On ne saurait, en effet, concevoir qu’un dogme, qui est le fondement de toute la théologie du christianisme, n’ait pas été connu par les témoins les plus anciens de la tradition chrétienne, ou même qu’il ait été connu d’une manière imparfaite. Llcinrich. Théologie, t. ii, p. 266-268. La formule du baptême est une preuve évidente que, dans l’ancienne Église, les docteurs aussi bien que les fidèles croyaient explicitement au Saint-Esprit, comme personne divine. Harnack, Dogmengeschichte, t. ii, p. 273. Les termes ambigus qu’on rencontre donc chez les Pères i » postoliques dans l’exposé de la doctrine du Saint-Esprit, ne sont pas un signe qu’ils ignoraient une vérité essentielle de la révélation chrétienne, mais c’est la suite de l’absence d’une terminologie précise et de l’imperfection des formules exprimant un des <logmes les plus élevés du christianisme.
Notre but n’est donc pas d’analyser et de commenter les textes des Pères apostoliques, qui se rap--portent à la personnalité et à la divinité du Saint-Esprit. Il nous suffira de montrer que, même dans la littérature chrétienne primitive, malgré l’imperlection des formules et des termes théologiques, le Saint-Esprit est exalté comme Dieu, et proposé à l’adoration des fidèles comme personne distincte du Père et du Fils.
Dans la première Épitre de saint Clément de Rome, « lont l’authenticité ne soulève aucun doute, on trouve « xprimée clairement la doctrine du Saint-Esprit, telle qu’elle est consignée dans les Évangiles. Le Saint-Esprit est, d’après saint Clément, la source de l’inspiration prophétique ; le véritable auteur des Écritures saintes : ’Ev/.exvçïte eî ; -x ; Uç/a ; Ppayà ; … xà ; 51à ToJ IIvcvu.ïTo ; Tcio àyi’j-j. / » Cor., xlv, 2, Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t. i, p. 156. Grâce à l’inspiration du Saint-Esprit, les prophètes ont pu annoncer d’avance les épisodes les plus saillants de la vie du Christ : il est donc l’auteur des prophéties messianiques. Jbid., xvi, 2, p. 118. C’est lui qui parle dans les saintes Écritures : ’/i- ; ii vip to llv£0 ; /.a -h "Xy.o-i, XIII, 1, p. 116 ; c’est par lui que les prophètes sont inspirés, lorstju’ils prêchent la pénitence. Ibid., VIII, 1, p. 108.
Mais son rôle ne se borne pas aux justes de l’ancienne loi. Il répand aussi la plénitude de sa grâce sur les disciples du Christ : 7 : >r, pr, llveJu.oitoç x-{io-j i/.yy} : ; Èît’i ràvta ; iyht-’i. Jbid., il, 2, p. 100. Il a donné aux apôtres l’énergie et la confiance pour prêcher la bonne nouvelle dans le monde entier. Ibid., XLii, 3, p. 152. C’est par lui que Jésus-Christ nous appelle à jouir des fruits de la rédemption : îijt toC IIveOij-ito ; ’Ayii-j -prjT/.-x’it’.-a. : r, tj : â ;. Ibid., xxil, 1, p. 130. C’est à lui <|uc revient la mission de sanctifier lésâmes. Ibid., xiii, 3v p. 116. Saint Clément met Je Saint-Esprit sur le même rang que le Père et le Fils ; c’est dire « piil professe ouvertement sa divinité. Pourquoi donc, écrit il, y a-t-il entre vous discordes, colères, divisions, schismes et guerres ?… N’avons nous pas un seul Dieu, et un seul Christ, et un seul Eipril de grâce, répandu sur nous, et une
seule vocation dans le Christ ? » 76/d., xLVi, 5, 6, p. 158. Et plus loin : « J’en prends à témoin le Dieu qui vit, le Seigneur Jésus, et l’Esprit-Saint, qui vivent eux aussi, tous trois foi et espérance des élus. » Ibid., Lviii, 2, p. 174. Rien de plus explicite que ces deux derniers textes pour montrer que saint Clément affirme la divinité du Saint-Esprit. Celui-ci y est représenté comme l’auteur et le distributeur de la grâce. Saint Clément déclare que les trois personnes divines sont des réalités vivantes et distinctes ; qu’elles sont le fondement de la foi et de l’espérance des élus ; que le Fils et le Saint-Esprit partagent avec le Père la gloire d’être l’objet et le principe de notre foi. Heurtier, op. cit., p. 26-27.
Les lettres de saint Ignace ne passent pas sous silence la personne du Saint-Esprit, bien que le saint évêque vise surtout à défendre et ù exposer la doctrine catholique du Verbe contre les aberrations gnostiques. Heinrich, op. cit., t. ii, p. 257-258. Le Saint-Esprit est présenté par lui comme Dieu. Il participe à l’omniscience divine. Une se trompe pas parce qu’il est de Dieu ; il sait d’où il vient et où il va, et il connaît les choses cachées. Ad Phil., 1, Funk, op. cit., t. I, p. 270. Cf. Joa., III, 8 ; I Cor., ii, 10. D’autres textes distinguent le Saint-Esprit du Père et du Fils, tout en affirmant qu’il est égal au Père et au Fils par la participation de la même nature divine, et qu’il est associé à l’un et à l’autre dans les opérations divines. Ad Magn., xiii, 1, Funk, t. i, p. 240. Un texte qui ne laisse aucun doute sur la personnalité divine du Saint-Esprit est contenu dans la lettre aux Éphésiens, IX, 1 : ’lI-oi[j.a.T(ji.évot eîç oiy.o5c/tJ.r|V ©eo"^ Ilarpô :, iva2ôp’Ju.svoi s ! ; Ta uçy) oià t ?|Ç [j.ri/avT, ; ’Ir, r>oO XpCCTToO, S ; â(7T ; v Tiavipô ;, (T/otvûo /çûtj.fio Tfîj nvEU(j.aTi To)’A-|- : <, ). Funk, t. I, p. 220. Les chrétiens y sont considérés comme les pierres du temple du Père, des pierres préparées pour élever l’édifice de Dieu le Père, soulevées en haut par la croix, qui est l’outil de Jésusi^ Christ, au moyen d’une corde, qui est le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est ici sans conteste l’auteur de la grâce et de la régénération. Il vient du ciel avec les liens de l’amour de Dieu et de la grâce, et relie les âmes à Dieu, tandis qu’il est lié au Christ. Sans cette corde, qui est le Saint-Esprit, personne n’est à même de sortir de l’abîme du péché et de renaître à une vie nouvelle. Nirschl, Die Théologie des ht. Ignatius, des Apo.sielschiilers, .Mayence, 1880, p. 12. Les fidèles, selon saint Ignace, doivent être soumis aux inspirations du Père, du F"ils et du Saint-Esprit. Ad Magn., XIII, 2, Funk, t. I, p. 240. Ils doivent adhérer à la hiérarchie, évêques, prêtres et diacres, que le Saint Esprit confirme dans la stabilité. Ad Philad., til., Funk, t. I, p. 264. Le Saint-Esprit est donc le principe de la vie surnaturelle que le Verbe de Dieu ré pand dans l’Église et la source de la sanctification. Il s’ensuit qu’il a la nature divine, et que sa divinité ressort clairement des lettres de saint Ignace. Dreher, .Sancti Ignatii cpiscopi Antiochensis de Cliristo Dca doclrina, Sigmaringen, 1877, p. 16.
La lettre de saint Polycarpe aux Philipiiiens ne contient aucune allusion au Saint-Esprit. Mais dans sa confession de foi, qui nous a été conservée dans les -Xctes de son martyre, le saint exalte le Saint-Esprit à l’égal du Père et du Fils : « Je vous glorifie, ô Seigneur Dieu tout-puissant, par Jésus-Christ, votre I’"ils bien-aimé, pontife éternel et céleste, par lequel avec lui et avec le Saint-Esprit nous chantons la gloire. Marti/rium S. Polycarpi, xiv, 3 ; xxii, 1, Funk, t. I, p. 332, 340.
La doctrine d’Mermas sur le Saint-I^sprit est fort obscure, et les érudits, qui ont essayé de l’éclaircir, ont abouti à des conclusions absolument divergentes. Ilerinas semble affirmer que le I-ils est le Saint-Esprit :