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ESPRIT-SAINT


par rapport au Fils ne peut pas ne pas avoir la même signification. Il s’ensuit que, dans le langage théologique de saint Cyrille, dire que le Saint-lisprit TTpo/-’.Tai TTapà Toj ï’ioO, c’est la même chose que déclarer : le Saint-Esprit procède du Fils.

c) Saint Cyrille emploie l’ancienne formule grecque qui fait du Fils l’intermédiaire entre le Père et le Saint-Esprit quant aux opérations divines. Contre Nestorius, qui semble séparer en Dieu les opérations des trois personnes divines, il s’écrie : « Quelle insanité. Tout a été fait par le Père au moyen du P’ils dans l’Esprit. » Adversus Nestorium, iv, 2, P. G., t. lxxvi, col. 180. Toutes choses proviennent du Père par le Fils dans l’Esprit. Thésaurus, xxxiv, P. G., t. Lxxv, col. 580. L’Esprit n’est pas une créature, lui en qui Dieu opère tout par le Fils. Ibid., col. G17. Si le Saint-Esprit dépend donc du Fils quant aux opérations divines, il en dépend aussi quant à son origine.

d) Il désigne le Saint-Esprit comme l’image du Fils, en tant qu’il est le reflet essentiel du Fils. « Saint Paul appelle céleste Notre-Seigneur Jésus-Christ dont nous portons l’image, à savoir, l’Esprit-Saint et vérificateur qui habite [en nous. » Thésaurus, xxxiii, col. 569, 572. Cette raison d’image, d’après saint (Cyrille, est une preuve de la divinité du Saint-Esprit." D’une part, parce que le Fils est la très exacte image du Père, celui qui reçoit le Fils possède le Père ; d’autre part et par une raison analogue, celui qui reçoit l’image du Fils, c’est-à-dire l’Esprit, possède par lui complètement le Fils et le Père qui est en lui. Si donc l’Esprit est appelé l’image du Fils, il faut l’appeler Dieu et pas autrement. » Ibid., col. 572. Que l’Esprit soit la véritable similitude du Fils, saint Cyrille le déduit du texte de saint Paul : Quos pnvscivit et prædestinavil conformes fleri imaginis Filii sui, hos et voeavit. De Trinilate, dial. vii, P. G., t. lxxv, col. 1089, et parce qu’il est la similitude du F’ils, il nous rend semblables à Dieu. Le Sauveur, en introduisant le Saint-Esprit lui-même dans les âmes fidèles, les réforme par lui et en lui à l’image primitive, c’est-à-dire qu’il leur communique sa propre forme, ou, si l’on veut, leur donne sa propre ressemblance par la sanctification… Car, d’une part, l’empreinte véritable et aussi parfaite en ressemblance qu’on peut la concevoir est le Fils lui-même ; d’autre part, la similitude pure et naturelle du Fils est l’Esprit, de sorte que, prenant sa forme par la sanctification, nous sommes configurés à la forme même de Dieu. Ibid., col. 1089. Cf. Joseph de Méthone, De Spirilu Sanclo, P. G., t. clix, col. 1177. Si Filins, remarque Hugues Etherianus, quia imago Palris cxislil, ex ipso esse habet ; manifestnm quod Spiritus imago Filii cum sil, ex ipso esse habel. De hæresibus græcorum, ii, 7, P. L., t. ccii, col. 202, 203. Voir Bilz, Die Trinilâls-Iclire des hl. Jolianncs von Damaskus, Paderborn, 1909, p. 129-133.

Or, de même que les Pères disent que le Fils est l’image du Père parce qu’il provient du Père, ainsi lorsqu’ils disent que le Saint-Esprit est l’image du Fils, ils signifient qu’il provient du Fils.

e) Les locutions scripturaires : Espril du Fils, Esprit de vérité autorisent saint Cyrille à en déduire la procession du Saint-Esprit du Fils, procession essentielle, qu’il appelle physique. « Jésus-Christ dit : Lorsque viendra l’Esprit de vérité… Voyez comme ce discours éveille la pensée, admirez le choix des mots. Il avait dit d’abord qu’il leur enverrait le Paraclet : ici, il le nomme esprit de vérité, c’est-à-dire son propre esprit, puisque lui-même est la vérité. Pour que ses disciples apprissent qu’ils ne recevraient pas la visite d’une vertu étrangère, mais qu’il se donnerait lui-même d’une autre manière, il appelle le Paraclet Esprit de vérité, c’est-à-dire son propre Esprit. En effet, le Saint-Esprit n’est point étranger à la substance du

Fils, mais il procède physiquement d’elle, il n’est rien autre chose que lui sous le rapport de l’identité de nature, bien qu’il subsiste personnellement. » In Joa., x, P. G., t. Lxxiv, col. 444. ".Jésus appelle le Paraclet : Esprit de vérité, c’est-à-dire son esprit à lui-même, et en même temps il dit qu’il procède du Père. Ainsi, de même que l’Esprit est physiquement le propre du Fils, qu’il existe en lui, qu’il provient de lui, il est de même l’esprit du Père. » Ibid., x, col. 117. Spiritus Filii est, remarque Allalius, qucmadmodum et Palris est : Spiritus ita projunditur ac progreditur per Filium, uli efjunditur et progreditur a Paire : et quia est secundum naturam Palris ex Paire suam cxistentiam habel, et sequali codemquc modo, cum sil naturalitcr Filii, exislenliam Iiabel per Filium. Si paritas et œqualitas est Palris et Filii in ejjiuxii Spiritus, quomodocumque illa sil, cum a Pâtre cxeat essentialilcr, et procédât in hypostasi, essenticdiler etiamexistit et procedil inhypostasipcr Filium et ex Filio. Vindieiæ synodi Ephesinæ, p. 196, 197.

f) La communauté de nature entre le Père et le Fils, excepté les relations d’origine, explique la procession du Saint-Esprit ab ulroque. Puisque le Fils reçoit tout ce qui est au Père, hors la paternité, le Saint-Esprit est dans le Fils de la même manière qu’il est dans le Père. « Il faut croire fermement que le Fils, ayant communication substantielle des biens naturels du Père, possède l’Esprit de la même manière qu’on le conçoit dans le Père… comme chacun de nous contient en soi-même son propre souffle et le répand au dehors, du plus intime de ses entrailles. C’est pourquoi il fit une insufflation corporelle, montrant que, comme le souffle sort corporcUement d’une bouche humaine, ainsi jaillit de la nature divine par un mode divin l’Esprit qui procède de lui. » In Joa., ix, P. G., t. lxxiv, col. 257. Voir Allatius, Vindiciz synodi Ephesinæ, p. 82.

g) Il emploie la comparaison de Didyme pour montrer la dépendance d’origine du Saint-Esprit du Fils : « Le Christ appelle doigt de Dieu le Saint-Esprit, qui, en quelque sorte, bourgeonne de la nature divine et y demeure suspendu comme le doigt par rapport à la main humaine. Car les saintes Écritures appellent le Fils bras et main de Dieu. Donc, comme le bras est naturellement coadapté à tout le corps, opérant tout ce qui plaît à la pensée, et qu’il a l’habitude d’ordre en se servant pour cela du doigt, ainsi nous concevons, d’une part, le Verbe de Dieu, comme surgissant de Dieu et en Dieu, et pour ainsi dire, bourgeonnant en Dieu, et, d’autre part, l’Flsprit procédant naturellement et substantiellement du Père dans le Fils, qui opère par lui toutes les onctions sanctifiantes. Par conséquent, il est évident que le Saint-Esprit n’est pas étranger à la nature divine, mais procède d’elle et demeure en elle naturellement ; puisque le doigt corporel est dans la main et de même nature qu’elle et qu’à son tour, la main est dans le corps, non comme une substance étrangère, mais comme se rapportant à lui. » Thésaurus, xxxi, P. G., t. lxxv, col. 576, 571. La vie donc, et par conséquent l’être du Saint-Esprit, ne procède pas immédiatement du corps, mais par le moyen du bras (le Verbe).

h) Enfin, il y a, dans les écrits de saint Cyrille, un grand nombre de textes où il emploie, à côté de la formule grecque : Le Saint-Esprit procède du Père par le Fils, In Joa., P. G., t. lxxiv, col. 449, 709, les formules latines : Le Saint-Esprit procède du Père et du F^ils, des deux, ou par les deux. De recla fide, 21, P. G., t. LXXVI, col. 1408 ; Thésaurus, xxxiv, P. G., t. Lxxv, col. 585. « Puisque, d’une part, le Saint-Esprit, venant en nous, nous rend conformes à Dieu et puisque, d’autre part, il procède du Père et du Fils, il est évident qu’il