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ESPRIT-SAINT

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Cette théorie du Saint-Esprit qui procède du Père et du Fils, parce qu’il est l’amour consubstantiel du Père et du Fils, est a|)puyéc par saint Augustin sur de nombreux passages du Nouveau Testament. li faut croire à la procession du Saint-Esprit ab ulroque, parce que l’Écriture ainrme que le Saint-Esprit est l’Esprit du Pèi-e et du Fils. « Le Fils est le Fils du seul Père ; le Père est le Père du seul Fils ; le Saint-Esprit n’est pas l’Esprit d’un seul, mais de tous les deux. Nous devons donc croire que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. » In Joa., tr. XCIX, 6, P. L., t. xxxv, col. 1888, 1889. Cf.Z>f (ii’ilale Dci, xr, 24, P. L., t. xli, col. 337 ; Serm.. ccxiv, 10, P. L., t. xxxviii, col. 1071.

Il est l’Esprit du Fils, parce cju’il ne parle pas de lui-inênic, mais il annonce ce qu’il entend de la part du Fils : Ab illo amlivil, audit et audiet a quo est : ab illo est a quo procedil. In Joa., tr. XCIX, 5, col. 1888. Inde audit, unde procelil. Contra sermonem arianorum, xxiii, 20, P. L., t. XLii, col. 700.

Le Saint-Esprit est l’Esprit du Fils, parce qu’il possède tout ce qui est au Père et par conséquent reçoit la vie du Père. « Le Saint-Esprit ne procède pas du Père dans le Fils, et du Fils dans le monde pour le sanctifier. Il procède en même temps de l’un et de l’autre : simut de utroquc procéda, bien que le Père ait accordé au Fils que le Saint-Esprit procède de lui, comme il procède de soi-même. Car nous ne pouvons pas aflirmer que le Saint-Esprit ne soit pas la vie, puisque le Père est la vie et que le Fils est la vie. Mais puisque le Père possède la vie en soi-même, il a aussi accordé au Fils d’avoir la vie en lui-même, et il est la cause qui fait que la vie du Saint-Esprit procède du Fils, comme elle procède de lui-même. » In Joa., tr. XCIX, 9, col. 1890. Ce texte a été inséré dans le XVf^ livre De Trinitate, Tl, 48, P. L., t. xLii, col. 1095. Si le Père n’avait pas donné au Fils une partie de ce cju’il possède, Jésus-Christ nous aurait trompés en disant cjue tout ce qu’a le Père est ù lui. Le Père a donc donné au Fils d’être le principe de la vie du Saint-Esprit. Contra Maximinum, XIV, 7. 9, col. 774, 770. Si quidquid habet, de Pâtre liabcl Fitius, de Pâtre habet ulique, ut et de itto procédât Spirilus Sanctas. De Trinilalc, xv, 26, 47, P. L., t. XLii, col. 1094 ; Contra sermonem arianorum, xxxiv, 32, ibid., col. 706 ; Coltatio cum Ma.vimino, 11, 13, ibid., col. 714, 710, 717.

Le Saint-Esprit procède du Fils, parce que le Fils le donne aux apôtres : Accipite Spiritum Sanctuni. « Pourquoi ne devrions-nous pas croire cjue le Saint-Esprit procètle du Fils, puisqu’il est l’Esprit du Fils ? S’il ne l>rocédait pas du Fils, après sa résurrection, il n’aurait pas apparu aux apôtres et ne leur aurait pas dit, soufflant sur eux : Recevez l’Esprit-Saint. Joa., xx, 22. Cette action de souffler nous indique ciue le Saint-Esprit procède du Fils. » 7/i Joa., tr. XCIX, 7, P. L., t. xxxv, col. 1889. Par ce souffle, il montrait ouvertement ce qu’il donnait par sa spiration.dansle secret de la vie divine : aperte ostendebat flando, quod spirando dabal occulte. Contra IIa.viminum, xiv, 1, P. L., t. XLii, col. 770. Lorsque le Fils dit cpie l’Esprit procède du Père, il déclare aussi qu’il procède de ulroque. Car il dit aussi : Recevez le Saint-Esprit. De Trinilate, XV, 26. 45, ibid., col. 1093.

Il procède du Fils, parce qu’il est donné, envoyé par le Fils aussi bien cjue par le Père : missus ab ulroque. Serm., ccxii, 1, P. L., t. xxxviii, col. 1059. En tant qu’il est accordé aux apôtres comme un don de Dieu, il présuppose son origine du Père et du Fils, De Triniicde, V, 15, 10, col. 921, sempiierne Spirilus donum, temporalilcr autem donatum. Ibid., col. 912 ; xv, 13, 36, col. 1086.

La mission temporelle ne peut se concevoir sans la procession éternelle. « Du Père seul on lit qu’il n’est p.is envoyé, parce que le Père seul n’a pas de cause,

de principe qui l’ait engendré, ou de qui il jirocèdc. Par conséquent, du seul Père on dit qu’il n’est pas envoyé. » Contra sermonem arianorum, P. L., t. xlii, col. 686. Si le Saint-Esprit est envoyé par le Fils, il se rapporte au Père et au Fils, comme l’Esprit de tous les deux, Episl., ccxxxviii, 15, P. L., t. xxxiii, col. 1044 ; De Trinilate, iv, 20, 29, P. L., t. xlii, col. 208, nous devons en conclure quod a Pâtre procedil et Filio. Ibid., col. 908 ; In Joa., tr. XCIX, G. col. 1889.

A l’exemple des Pères grecs, tout en aflinnant la procession du Saint-Esprit du Fils, saint Augustin proclame que le Père est la cause primordiale de cette procession, que le Saint-Esprit procède principaliler du Père. " J’ai ajouté principalement, dit-il, parce que le Saint-Esprit procède aussi du Fils. Mais le Père lui a donné cela même, non comme à quelqu’un exis tant déjà et ne possédant pas encore ce pouvoir, mais comme tout ce cfu’il a donné au Verbe Fils unique, c’est-à-dire par l’acte même de la génération. Il l’a donc tellement engendré, que du Fils aussi procèd le I don commun et cjue le Saint-Esprit est à la fois l’Esj prit de tous les deux. » De Trinilate, xv, 17, 29, col. ! 1081. Spirilus Sanctus principaliler de illo procedil de quo natus est Filius et cum quo illi communis est idem

Spirilus. Serm., lxxi, 16, 26, P. L., t. xxxviit, col.

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! Enfin, saint Augustin prévoit et réfute à plusieurs reprises l’objection qui, depuis Photius.est ressassée par tous les théologiens orthodoxes : Si le Suint-Espril procède du Fils aussi bien que du Père, nous aurions deux principes distincts dans la Sainte Trinité. « Le Père et le Fils, répond saint Augustin, ne sont pas deux principes du Saint-Esprit, mais un seul principe. De même que le Père et le Fils sont un seul Dieu et par rapport aux créatures un seul créateur et un seul Seigneur, ainsi, par rapport au Saint-Esprit, ils ne sont qu’un seul principe et, par rapport à la création, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu’un seul créateur et un seul Seigneur. » De Trinilate, v, 13, 14, col. 920 ; Encurcdio in ps. t /.v, 13, P. L., t. xxxvii, col. 1457.

Cette riche moisson de textes, auxquels on pourrait en ajouter beaucoup d’autres, nous dispense de prendre au sérieux les objections de Zoernikav, qui range saint Augustin au nombre des adversaires du dogme latin. Op. cit., p. 357-375.

5. Un fidèle disciple de saint Augustin, saint Fulgence de Ruspe, n’est pas moins explicite que son maître, touchant la procession du Saint-Esprit du Fils. Cette procession est pour lui une vérité de la foi catholique, une vérité que nous devons professer avec la plus grande fermeté : Firmissime Icnc et nulUdenus dubites eumdem Spiritum Sanclum, qui Pcdris et Filii unus Spirilus est, de Paire et Filio proccdere. De flde ad Petrum, 9, 52, P. L., t. lxv, col. 696. Elle s’appuie sur les témoignages de l’Écriture : Is., xi, 4 ; Joa., xiv, 6 ; XV, 26 ; II Thés., ii, 8 ; Apoc, i, 16. Elle appartient au trésor de la foi, et ce qui est contraire à ce trésor doit être évité comme la peste : tanquam pestem fuge. Ibid., 44, 85, col. 705. L’Esprit-Saint procède du Père et du Fils, et ce serait une folie, démentis est dicere, qu(î de nier cette vérité. De Trinilate, ii, ibid., col. 499. Le Saint-Esprit ne procède pas du Père seul, ni du Fils seul ; il procède de ulroque, Contra Fabicmum, xxvii, ibid., col. 783 ; il procède naturellement du Fils. Ibid., XXIX, col. 797. Totus de Paire procedil et Filio. Ep : st. ad Ferrcmdum, 28, ibid., col. 418. Il procède du Père qui engendre et du P^ils engendré ; il n’est ] as né du Père, et il n’a pas engendré le I-’ils, sed a Paire Filioquc processit. De incarmdione Filii, 3, 4, ibid., col. 5 5. Et le Fils est l’auteur du Saint-Esprit avec le Père, parce qu’il est en tout semblable au Père, Contra Fabiamim. XVIII, col. 770, 771 ; parce que le Saint-Esprit reçoit de