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ETIENNE II OU III — ETIENNE III OU IV


Etienne mourut, le 26 avril 757, et fut remplace par son frère Paul. Il fut enseveli dans la basilique de Saint-Pierre. C’est le firand fondateur du pouvoir temporel.

Duclu’sne, I.iber ponlitiralis, 1. 1, p. 408-485 ; Id., Les premiers temps de l’État pontifical, 1904, c. iv ; Jaffé, Reg.pont. rom., l"Mit., p. 189-193, 942 ; 2’édil., p. 271-277 ; i’. /.., t. Lxxxix, col. 959 ; C. Bayet, liemarqiies sur les conséquences du voyage d’Etienne III en France, dans la licvue historique, 1882, t. xx, p. 88-105.

A. Clerv.l.

4. ETIENNE III ou IV, pape (768-772), Sicilien d’origine, fut élu à Rome le l’i’août 768 et sacré à Saint-Pierre le 7, mais après des événements et dans des circonstances lamentables qu’il faut connaître pour apprécier sa conduite.

Le pape Paul, frère d’Etienne II, avait eu la main dure pour l’aristocratie militaire romaine, sous l’inspiration, pense-t-on, du prlmicier Christophe. Aussi, un complot avait été formé contre sa vie par le duc Toto de Nepi, assisté de ses trois frères, Constantin, Passivus et Pascal. Surpris par Christophe, le duc promit de laisser l’élection se faire suivant les formes ; m lis en secret, il organisa au dehors et au dedans de Rome une faction d’hommes de toute condition, et quand, le 28 juin, le pape Paul mourut, il résolut de prendre le pouvoir. Tandis que Christophe tenait une réunion où le clergé et l’armée se donnaient de mutuelles garanties pour l’élection future, le duc entrait de force au Latran et faisait acclamer comme pape l’aîné de ses trois frères, Constantin. Celui-ci n’était pas clerc, mais militaire ; on força l’évêque de Prénestc de lui donner de suite la tonsure, ce qui eut lieu malgré les protestations de Christophe. Le lendemain, il fut promu jusqu’au diaconat, puis installé et, le dimanche suivant, il fut consacré à Saint-Pierre. Cette ordination pontificale d’un laïc, sans les délais de droit, était irrégulière, mais, comme Constantin était soutenu par un puissant parti, il put siéger treize mois et, durant ce temps, aux quatre-temps d’été 708, consacrer huit évêques et ordonner huit prêtres et quatre diacres. Le primicier Christophe s’était d’abord réfugié avec son fils Serge à Saint-Pierre : Constantin lui promit la vie sauve s’il s’engageait à se retirer après Pâques dans un monastère. Le moment venu, Christophe demanda d’être conduit au monastère de Saint-Sauveur de Rieti, dans le duché de Spolète. Mais, en s’y rendant sous la conduite de l’abbé, il s’évada jusqu’à Spolète, et, avec l’aide du duc, jusqu’à Pavie. Là, le roi Didier le reçut favorablement et fit confier par le duc de Spolète au fils de Christophe une petite troupe armée. Serge, accompagné d’un prêtre lombard, Waldipert, accourut sur Rome, et, grâce à des affiliés qui lui ouvrirent la porte de Saint-Pancrace, y entra le soir même. Toto voulut lui barrer la route, mais il fut tué. Constantin, prévenu par son frère Passivus, se hâta de se blottir avec lui et l’évêque Théodore dans l’oratoire du vestiaire de Latran. Dès le lendemain dimanche, le Lombard Waldipert, profitant du retard de Christophe, fit élire comme pape Philippe, abbé d’un monastère près de Saint-Vit. Celui-ci fut installé et donna même un festin. Mais Christophe, arrive le jour même, ne voulut pas le reconnaître et le fit reconduire à son couvent. Il fit élire, le ! «  août, au Forum, son candidat, Etienne, prêtre de Sainte-Cécile, originaire de Sicile, homme pieux, mais faible, qui n’avait jamais vécu que dans les églises. Mené de suite au Latran, Etienne fut consacré le dimanche suivant, 7 août, à Saint-Pierre.

Déjà, les représailles avaient commencé. L’évêque Théodore et Passivus, extraits de leur cachette, eurent les yeux crevés et furent incarcérés. Constantin fut

d’abord promené dans une cavalcade grotesque, ijuis un tribunal ecclésiastique, siégeant la veille de l’ordination d’Éliennc, le déclara déchu ; peu de jours après, il fut tiré du monastère de Saint-Sabas et eut aussi les yeux crevés. Le même sort fut infligé au Lombard Waldipert, qui avait fait élire Philippe ; il en mourut presque aussitôt à l’hôpital.

Il fallait régulariser cette situation tant au point de vue politique qu’au point de vue religieux. Serge, arrivé en France peu après la mort de Pépin, pria ses deux fils, Charles et Carîoman, d’envojer à Rome quelques évêques francs, les plus versés dans toutes les divines Écritures et dans les saints canons, pour juger l’ordination de Constantin et les ordinations qu’il avait faites lui-même.

Treize évêques furent désignés qui, avec quarante évêques italiens, ouvrirent un concile après Pâques, au Latran. Après avoir entendu le primicier Christophe, comme témoin, les Pères firent comparaître Constantin. Celui-ci se défendit en faisant valoir la violence dont il avait été l’objet, violence provoquée par la dureté du pape Paul. Il ajouta, pour justifier son ordination, que les canons avaient été souvent violés pour d’autres ; que, sur les sièges de Ravenne et de Naples, il y avait des évêques qui étaient encore laïques la veille de leur élection. Ces paroles irritèrent les prélats, qui ordonnèrent de le frapper, de le jeter dehors et de brûler son décret d’élection. Le pape Etienne et ses clercs demandèrent pardon d’avoir accepté sa communion. Tous ses actes, c’est-à-dire ses ordinations, furent déclarés nuls et tous ceux qui les avaient reçus, ramenés aux ordres qu’ils avaient auparavant ; lui-même fut soumis à la pénitence et interné dans un monastère.,

On régla les différentes situations. Les évêques ordonnés par Constantin, s’ils étaient réélus dans un diocèse, pouvaient venir à Rome et se faire réordonner par le pape. Les prêtres et les diacres pouvaient aussi être réordonnés, mais non promus à l’épiscopat : toutefois, Etienne déclara qu’il ne les réordonnerait pas. Les laïcs devaient mener une vie édifiante dans un monastère ou dans leur maison. Pour prévenir le retour de ces désordres, le concile déclara que désormais les cardinaux-prêtres ou diacres seraient seuls éligibles à la papauté ; de plus, que les laïcs, militaires ou civils, et surtout les personnes étrangères à la ville de Rome, seraient désormais exclus du corps électoral. Une fois le pape élu et installé, les laïques romains seraient admis à le saluer et à ratifier, par leurs signatures, l’acte de son élection.

Enfin, l’assemblée confirma le culte des images et anathématisa le concile de 751. Puis tous ces décrets furent solennellement promulgués à Saint-Pierre. Celui qui réglait les élections était sage : mais ceux qui invalidaient les ordinations supposaient bien peu de science theologique chez les évêques.

Le drame n’était pas fini. Didier avait conservé une vive rancune contre Christophe, de ce qu’après avoir été secouru par lui, il avait éliminé du pontificat Philippe, son candidat, et laissé tuer Waldipert, son envoyé. Longtemps, le pape Etienne l’avait tenu en défiance : il s’était même opposé au mariage de sa fille avec Charlemagne. Mais il finit par s’en laisser imposer. Par l’intermédiaire de la reine Bertrade, venue à Rome pour ce mariage, il entra en pourparlers avec le Lombard. Celui-ci vint lui-même, au carême de 771, en pèlerinage. Christophe se dcuta bien de ses intentions cruelles à son égard et, d’accord avec Dodo, missus deCarloman, fit venir des troupes dans Rome. Afiarta, chambellan du pape et ami de Didier, en fit autant. Etienne alla quand même converser avec le roi lombard à Saint-Pierre. Inquiets, Christophe et Serge se présentèrent en armes devant