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ÉTRANGERS — EUCHARISTIE D’APRÈS LA SAINTE ÉCRITURE


un clianger sont, en elïi-t. presque toujours situés hors de France, et, par conséquent, hors de la main de la justice française.

Au reste, le cautionnement prescrit par l’art. 16 peut être remplacé par des garanties équivalentes : un gage en nantissement suffisant, la consignation d’une somme égale à celle jusqu’à concurrence de laquelle le tribunal a ordonné que la caution serait fournie ; enfin, la justification faite par l’étranger qu’il possède en France des immeubles d’une valeur suffisante pour répondre du paiement de cette somme.

L’étranger était dispensé de fournir caution en matière commerciale (ancien art. 16). Cette exception était fondée sur ce triple motif : que les commerçants sont considérés comme citoyens de toutes les cités, que les affaires commerciales requièrent célérité et surtout que les frais auxquels ces affaires donnent lieu sont minimes. La pratique ayant révélé les inconvénients de cette exception, la loi du 3 mars 1895 l’a fait disparaître en supprimant dans l’art. 16 les mots qui l’établissaient.

La caution judicalum solvi est donc due aujourd’hui en toute matière (nouvel art. 16), non seulement en matière civile, mais aussi en matière administrative, en matière commerciale et en matière criminelle, au cas où un étranger se porte partie civile contre un Français.

Dictionnaire de la Bible de M. Vigoureux, art. Étranger, par Lesêtrc ; Noldin, De principiis Iheologiæ moralis, n. 148 sq. ; Biilot, Compendiiim Iheologiæ moralis, t. i, n. 91 sq. ; Ballerini, Opiis Iheologicum, t. i, n. 175sq. ; Lehmkuhl, Theologia moralis, t. i, n. 133 sq. ; S. Liguori, Theologia moralis, I. I, n. 156-162 ; Baudry-Lacantinerie, Précis de droit ciuil, t. iii, n. 1347 sq.

C. Antoine.

EUCHARISTIE. Sous ce titre, nous traiterons exclusivement de l’eucharistie envisagée comme sacrement, les questions relatives au sacrifice de l’eucharistie étant renvoyées au mot Messe. Nous étudierons le sacrement de l’eucharistie successivement :
1° dans l’Écriture ;
2° chez les Pères ;
3° d’après les monuments chrétiens ;
4° du IXe au XIIe siècle ;
5° au XIIe siècle, en Occident ;
6° du XIIIe au XVe siècle ;
7° au concile de Trente ;
8° du XVIe au XXe siècle.

I. EUCHARISTIE D’APRÈS LA SAINTE ÉCRITURE.

I. Ce qu’a promis Jésus.

II. Ce qu’a donné Jésus et ce qu’ont cru recevoir les chrétiens.

I. Ce qu’a promis Jésus.
Histoire de la question.
Le c. vi de l’Évangile de saint Jean contient le récit de la multiplication des pains, 1-15, celui de la traversée miraculeuse du lac, 16-21, le discours de Jésus sur le pain de vie, 22-59, la description de l’état d’âme des disciples après les affirmations du Christ, 60-72. A toutes les époques, des catholiques ont cru que ce chapitre contenait des affirmations sur l’eucharistie et des preuves de la présence réelle.

Pour l’histoire de l’exégèse de ce morceau, voir.Maldonat, Commentarii in IV Evangelia, Lyon, 161.Ï, sur Joa., vi, n. 14-197, col. 1451-1514 ; Corluy, Sp<c17c(/ium dogmalicobiblicum, Gand, 1884, t. ii, p. 361-364 ; W. Schmidt, Die Verheissung der Eucharistie (Joh. S) bei den Vàtern, Wurzbourg, 1900-1903, t. i, n ; Cavallera, L’interprétation du chapitre vr de saint Jean, une controverse exigétique au concile de Trente, dans la Ttevue d’histoire ecclésiastique, Louvaln, octobre 1909, t. x, p. 687-709.

Dès l’antiquité, des écrivains ecclésiastiques ont entendu au sens littéral les affirmations du Christ : « .Je suis le pain de vie….Ma chair est une nourriture… Je suis le pain descendu du ciel… Le pain que je donnerai, c’est ma chair….Si vous ne mangez ma chair, vous n’aurez pas en vous la vie, etc. lis se servent de ces paroles pour exaller l’eucharistie, décrire ses effets, établir sa nécessité, recommander la communion, exiger de celui qui la reçoit de saintes dispositions. Plus de trente Pères ont pu être cités (Clément d’Alexandrie, Origène, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, saint Cyrille d’Alexandrie, saint Cyrille de Jérusalem, le concile d’Éphèse, Théodoret, saint Jean Chrysostome, saint Épiphane, saint Jean Damascène, saint Cyprien, saint Hilaire, saint Ambroise, saint Jércme, saint Augustin, etc.). Mais on trouve aussi chez quelques Pères, par exemple. Clément d’Alexandrie, Origène, saint Augustin. des interprétations allégoriques de certaines affirmations du Christ.

Avant le concile de Trente, le plus grand nombre des théologiens estiment que le c. vi du quatrième Évangile contient la promesse de l’eucharistie. Plusieurs toutefois (Biel, Cajetan, etc.) soutiennent que, dans le discours sur le pain de vie, le Christ annonçait le don de sa personne sur la croix et exigeait la manducation spirituelle, l’union à lui par la foi.

Le concile de Trente ne voulut pas prendre parti. Depuis le xvi » siècle, les catholiques unanimement, un bon nombre de protestants et la plupart des critiques indépendants, cf. Goguel, L’eucharistie des origines à Justin martyr, Paris, 1910, p.204, notel, se prononcent pour l’interprétation eucharistique. A la suite de Zwingle et de la plupart des premiers réformateurs, les protestants conservateurs généralement la repoussent.

Les principales opinions émises ont été les suivantes : Tout le discours de Jésus-Christ est symbolique : le Sauveur ne parle que de l’immolation de sa chair et de la nécessité de la foi. Depuis longtemps, aucun catholique ne soutient cette thèse. Mgr lîatiffol. Études d’histoire et de théologie positive, 2^ série, 2e édit., Paris, 1905, p. 104 sq., ne voit l’eucharistie que dans quelques versets, 53-56, du discours de Jésus. Un grand nombre d’exégètes et de théologiens catholiques estiment que le discours du Christ porte sur deux objets distincts : après avoir enseigné qu’il faut vivre en lui et parlé de la foi à sa personne, le Maître, passant à un autre sujet, aurait enseigné la nécessité de le recevoir dans l’eucharistie (Bellarmin, Maldonat, Patrizi, Wiseman, Franzclin, Sasse, Knabenbauer, Calmes). Les partisans de cette interprétation font d’ailleurs remarquer que le discours n’est pas composé de deux parties disparates. Le Christ, après avoir exigé de ses disciples qu’ils crussent en lui, exige qu’ils croient en l’eucharistie, c’est-à-dire en sa personne devenue aliment de vie ; après avoir dem ; uidé qu’ils acceptassent ses dons, il demande qu’ils reçoivent son corps et son sang. L’union à Jésus par la foi est la condition d’une participation plus intime, le prélude de la communion sacramentelle. Quelques interprètes croient que dans le discours sur le pain de vie (22-59) tout se rapporte à l’eucharistie (Corneille de la Pierre, Tolet, Corluy, Perrone, Rosset). Sans doute, Jésus-Christ parle d’abord de la foi, de la nécessité de croire en lui, mais parce que l’eucharistie requiert cette vertu, et dès ses premières paroles, il prépare les esprits à accepter la doctrine du pain de vie qui doit être mangé. S’il insiste sur la nécessité de la foi, c’est à cause des interruptions des Juifs. Il est vrai qu’au début de l’entretien, le langage est moins clair. Le Christ se présente comme la nourriture de ses disciples sans montrer comment il le deviendra. Dans la seconde partie du I discours, il précise sa pensée, mais il ne la modifie pas. Des critiques protestants contemporains découvrent, j eux aussi, l’eucharistie dans le discours tout enti( r et même dans les récits qui le précèdent. H. J. Holtzmann, Seutestamentliche Théologie, Fribourg et Lei])7.ig, 1897, t. ii, p. 499 ; J. Héville, Les origines de l’eucharistie, Paris, 1908, p. 58 ; Goguel, op. cit., p. 204. Mais, au jugement de plusieurs de ces critiques, ce