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ENTYCHITES — ENVIE

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moindre allusion à un jjcrsonnage de la suite de Simon, qui aurait réellement porté ou symboliquement adopté le nom d’Entychès, et dont par ailleurs on ignore complètement l’existence, mais à une manière coupable de vivre. Or, étymologquement, il peut dériver de Èvr-j/ia, réunion, colloque familier, voir ces mois dans Henri Estienne, Thésaurus, édit. Didot, Paris, 1831-1864 ; il signifierait alors ceux qui se livrent à des familiarités réprchensibles, à moins qu’il n’y ait là qu’un à peu près par allusion à la pratique obscène de se livrer au premier venu, au hasard, au gré des circonstances et sans choix préalable. Mais, au lieu de â.T’j/irat ou ÈvT’j/r|Ta, il Semble qu’il conviendrait de lire de préférence £JT’j/tTa :, de e’j, TJy/), pour signifier la bonne fortune qui faisait de chaque sectaire un homme heureux. Pour des disciples de Simon, en effet, il est facile d’entendre en quoi ils faisaient consister le bonheur. C’était un principe, chez eux, que les actes sont indifférents ou qu’il n’y a pas d’actes mauvais ; ils ne se croyaient astreints à aucune loi et ne se privaient d’aucune obscénité. Mettant leur salut dans la seule foi en Simon et en Hélène, ils pratiquaient effrontément la promiscuité, en la qualifiant de dilection parfaite et de saint des saints, par un emprunt sacrilège à la langue religieuse. Aeï Ixi’l’viKjÔat, XéyovTE ; ’TtâTa 7-^ yr, , xa’i où SiaçÉpîi ttoO t’.ç (TTieipst, Tzkri’i t’va aTreipri’àXXà xai [j-axapî^oudiv éaJTO-jç ÈTil Tï) a5ta<p6p(o [i-ilu, Ta’jrriV civai XéyovTe ; Tr|V Te>.£tav àyânri’i xa TÔ ayiov âyioiv. Philosoph., VI, l, 19, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 264. « Ils osaient dire, note Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1701-1709, t. 11, p. 41, que les âmes ne sont envoyées dans le corps que pour y honorer les anges, créateurs du monde, par toutes sortes de crimes. Origène les met entre ceux qui opposaient le Dieu de l’Évangile à celui de la Loi et des Prophètes, voulant que Jésus-Christ fût le fils, non de celui-ci, mais d’un autre Dieu inconnu. » Les entychites étaient de vrais antinomistes, les pires des hommes, cherchant à justifier leurs désordres et leur immoralité par des motifs d’ordre religieux.

On ne saurait nullement les confondre avec les euchites ; et c’est à tort que Cotelier a proposé de lire EÛ/ixat plutôt que ivrj/iTae’. Pat. aposl., Amsterdam, 1724, t. I, p. 322, 323, n. 5 ; P. G., t. i, col. 927. La confusion a été faite par Hervet, qui a pris les entychites pour les euchites ; et Le Nourry le souligne avec raison. Appar. ad Bibl. max. Patrum, Paris, 1703-1715, 1. III, diss. II, c. xiii, a. 3, col. 1089 ; P. G., t. IX, col. 1246. Théodoret a bien distingué les uns des autres, car il nomme les entychites à un endroit et consacre un article spécial aux euchites.

Tillemont, Mémoires paitr servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1701-1709, t. 11, p. 41 ; Migne, Dictionnaire des hérésies, Paris, 1847, t. i, col. 701.

G. Bareille.

ENVIE. — I. Notion. II. Effets. HI. Remèdes. I. Notion.

L’envie peut être considérée comme passion et comme vice. Comme passion, elle est une des formes de la tristesse, et se rapporte par conséquent à l’appétit concupiscible. Cf. S. Thomas, Sum. theol., l’II*, q. xxxv. Considérée comme vice, l’envie est une habitude coupable qui prédispose à voir de mauvais œil (invidere) le bien du prochain, et à s’en affliger comme d’une atteinte portée à une supériorité que Tonne veut que pour soi. Il ne faut donc pas la confondre avec le sentiment d’effroi et de tristesse que l’on éprouve à la vue du succès des méchants, ni même avec la jalousie, en latin, zc/j/s. Dans le langage ordinaire, envie et jalousie sont souvent synonymes ; ce sont, cependant, deux choses qu’il importe de distinguer. Le jaloux ne veut pas précisément que le prochain soit privé de soH bien ; mais il s’afllige en voyant

qu’il est, lui, moins favorisé. Un collégien, par exemple, est furieux du succès de ses condisciples, il voudrait les voir échouer aux e.xamens ; voilà l’envie dans toute sa laideur. I7n officier, sans souhaiter le moindre mal à ses camarades, tout en se réjouissant de leur heureuse chance, ne peut s’empêcher d’éprouver du dépit et de la tristesse en constatant qu’il est moins bien servi par les circonstances. C’est la jalousie ou émulation. Ce sentiment peut être bon ou mauvais selon la nature des choses, qui en sont l’objet. Potest aliquis Iristari de bono allerius, dit saint Thomas, non ex eo quod ipsc habet bonum, sed ex eo quod decst nobis bonum illud, quod ipsc habet. Et hoc proprie est zelus, ut Philosophus dicit in II Rhetor. El si isle zelus sil circa bona honesta, Icnidabilis est. Sum. theol., 1^*11*, q. xxxvi. a. 2.’oir t. ii, col. 2262-2263. Quant à l’envie, selon l’observation faite par saint Thomas, elle ne saurait être que mauvaise. Aussi, on l’a toujours regardée comme un vice particulièrement odieux, comme un des fruits les plus détestables del’égoïsme et de l’orgueil. ()naWo modo cdiquis trislatur, dit encore saint Thomas, de bonis alicujus, in quantum aller excedit ipsum in bonis. Et hoc proprie est invidia. Et istud semper est pravum ut etiam Philosophus dicit in II Rhetor., quia dolet de eo, de quo est gaudendum, scilicet de bono proximi. Sum. theol., I" IL, q. xxxvi, a. 2. Voir la différence entre ÇtiXoç, l’émulation, et oôévo ;, l’envie, dans Trench, Synonymes du Nouveau Testament, trad. franc., Bruxelles, 1869, p. 99-104.

L’envie a pour principale cause, un orgueil qui ne peut supporter de supérieurs ni même de rivaux. De l’envie à son tour, comme d’une source maudite, procède tout un monde d’iniquités. Aussi est-ce avec raison qu’elle est rangée parmi les péchés capitaux. L’envieux cherche dans le mal du prochain un adoucissement à la coupable tristesse à laquelle il s’abandonne ; on ne se tromperait pas si on le comparait à l’animal atteint de la rage qui s’imagine se procurer un soulagement en se jetant avec fureur sur les passants. Sum. theol., Il » II", q. xxxvi, a. 4.

De ce qui précède, il ressort évidemment, que l’envie est, de sa nature, un péché mortel, et un péché des plus graves. D’ailleurs, saint Paul la place parmi les vices qui empêchent d’entrer dans le royaume de Dieu. Gal., V, 21. Il arrive souvent, cependant, qu’elle ne constitue qu’un péché véniel, soit à raison de la légèreté de la matière, soit à cause du défaut de parfait consentement. Marc, Instilutiones morales, Piom ?, 1911, n. 308.

IL Effets. — Ces effets sont d’ordre physiologique et d’ordre moral. Comme toute tristesse prolongée, l’envie exerce sur l’organisme une funeste influence. « Elle a, dit le D"^ Charles. Vidal, une action cardiovasculaire qui se traduit par de l’angoisse et des troubles de la nutrition et par des lésions viscérales macroscopiques qui laissent voir, à l’autopsie de l’envieux, un cœur petit, des vaisseaux petits, des muscles pâles. Bref, l’envie produit une diminution de l’intensité de l’irrigation sanguine et par suite des échanges ; donc, un trouble profond de la nutrition générale. La tonicité générale diminue, le cerveau s’irrite, le tube digestif digère moins bien. C’est une cause profonde de déliquescence organique, nuisible à tous, aux vieillards et aux chétifs surtout, que l’esprit populaire a très bien observé, puisqu’il en a synthétisé les conséquences dans cette expression : se dessécher d’envie. » Religionel médecine, p. lAO.

Au point de vue moral, saint Grégoire, cité par saint Thomas, énumère en ces termes les filles ou rejetons de l’envie : De invidia oritur odium, sussuratio, detraclio, exultalio in adversis proximi, et afflictio in prosperis. Sum. theol., II » II « , q. xxxv, a. 4. Par sussuratio il faut entendre : oblocntio mala de proximo ad