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    1. EPHÈSE (CONCIT##


EPHÈSE (CONCIT.E D’156

ficat de Nostorius. Sur sa doctrine que le concile d’Éphèsc condamne dans son ensemble, voir Péla. GIANISME.

3° Sur la primauté du pontife romain. Mansi, t. iv, col. 1296.

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a-jTOÛ ôiaSôyotç xal Ç<-, xal

êizâÇEt.

Il n’est douteux pour per sonne, ou plutôt c’est un

fait connu detous les siècles,

que le saint et bienheureux

Pierre, le prince et le chef

des apôtres, la colonne de

la foi, le fondement de

l’Église catholique, a reçu

de Notre - Seigneur Jésus Christ, le sauveur et ré dempteur du genre humain,

les clefs du royaume, et

qu’à lui a été donné pouvoir

de lier et de délier les pé chés ; c’est lui qui, jusqu’à

maintenant, et pour tou jours, vit et juge dans ses

successeurs.

Nous avons vu plus haut, col. 144, que les trois légats du pape, Arcadius, Projectus et le prêtre Philippe, qui n’avalent pu assister à la ! ’'= session, demandèrent, conformément aux instructions du pape Cclestin, communication de ce qui s’était fait avant leur arrivée, afin de pouvoir confirmer la sentence portée contre Nestorius. Le concile accéda à leur désir. Ils parcoururent les actes de la P* session, n’y trouvèrent rien à reprendre et, au début de la iw session, ordonnèrent de les relire en leur présence. C’est après cette lecture que, se levant le premier, le prêtre Philippe approuva la condamnation de Nestorius dans un discours commençant par la solennelle déclaration qu’on vient de lire. En la prononçant, le légat pontifical voulait attirer l’attention des membres du concile sur l’autorité souveraine dont il était investi comme représentant et suppléant de l’évêque de Rome.

Philippe proclame comme une chose qui n’est douteuse pour personne, comme un fait connu de tous les sièctes, l’institution divine de la primauté de juridiction de l’apôtre Pierre sur les autres apôtres et sur l’Église universelle, la transmission de droit divin de cette primauté à ses successeurs, les évêques de Rome, et la perpétuité de cette primauté en ces derniers.

1° Le légat parle d’abord de la primauté de Pierre, et les termes qu’il emploie signifient, non une simple primauté d’honneur, mais une véritable primauté de juridiction. Par rapport aux apôtres, Pierre est le prince, le guide (princeps, 6 é’Eapxo ;) qui préside et conduit, le chef, la tête (caput, xsçaXfi) qui commande et donne l’impulsion. Par rapport à l’Église universelle, Tîiç xaOoXixr, !  ; è/.xXr)(7 : a ;, si celle-ci est un édifice, Pierre en est le fondement, ô 9e[jiéXioç ; si elle est un royaume, il en a reçu les clefs, ràç xXeîç r-iic patriXeiac ÈSéSaTo, et personne ne peut en faire partie sans son intervention ou contre son gré ; si elle est une société religieuse destinée à acheminer les âmes dans la voie du salut et à les délivrer du péché, c’est lui qui possède le pouvoir souverain de lier et de délier les consciences, xal auTô) SISùTai è^o’jcrîa tûù SedjJieîv xaï Xûsiv àfiapTiac. Par rapport à la doctrine révélée Pierre est la colonne inébranlable de la foi, ô xiwv t/jç Tzlartwç. Déjà contenue implicitement dans les expressions précédentes, l’idée de l’infaillibilité doctrinale apparaît ici plus directement.

C’est un commentaire fort exact du T’a es Peirus

que le prêtre Philippe donne en quelques mots bien choisis ; il nous affirme, en effet, que c’est de Jésus-Christ que Pierre tient les privilèges de la primauté et l’allusion au texte de saint Matthieu, xvi, 18, 19, est évidente. L’institution divine de cette primauté est ainsi directement affirmée.

2° Le légat n’est pas moins heureux dans la manière dont il exprime la primauté du pontife romain, successeur de Pierre. C’est Pierre qui vit en lui, h xoï ; aijToO 5tao6/o’.ç ÎJy), et qui lui passe tous ses pouvoirs, /ai ôiv.ilu. Le pontife romain (car c’est bien de lui qu’il s’agit, d’après la suite du discours : tojtoj ro’.yapoOv xatà xâ^tv ô ctâôo/o ; v.a’i T07tox-C|pr^XT|Ç o âyio ; y.a’i jj.axapuôxaTo ; niiia ; r, jj, [ ; jv Ke/îttîvoç) continue la personne de Pierre à travers les siècles et jusqu’à la fin des temps, é’wç xoO vOv xai àti. Pierre ne meurt pas. Impossible de mieux dire que la primauté romaine est de droit divin et qu’elle doit durer autant que l’Église militante. Déjà, à la fin de la 11= session, le même prêtre Philippe avait exprimé d’une manière non moins énergique la primauté de juridiction de l’évêque de Rome par ces paroles adressées aux Pères du concile : « En applaudissant aux lettres de notre bienheureux pape, membres saints, vous vous êtes unis à la tête sainte ; car votre béatitude n’ignore pas que le bienheureux apôtre Pierre est la tête de la société des croyants, et des apôtres eux-mêmes, xà âyia [jiéXr] x/j âyi’a xs^paX/ ; è/r, voy ^axe" o-j yàp àyvoît ij|j.ù)v r| [j.axapcôxr, ; oxt r, zE^aXr, SXr, ç xri ; TXÎTxeioç -îî xa tûv ànoiTalwi ô aaxâptoç TlÉxpoç ô àTXfiTxoXoç. » Mansi, t. iv, col. 1289. Entre l’évêque de Rome et les autres évêques de la catholicité, il existe les mêmes relations qu’entre la tête des membres dans le corps, et la raison de cela est que l’apôtre Pierre, qui se survit dans les évêques de Rome, ses successeurs, a été établi chef des apôtres et de toute la société des croyants.

Dans les déclarations du légat Philippe on trouve la substance des définitions solennelles que, quatorze siècles plus tard, prononcera le concile du Vatican. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1823, 1825. Aussi il n’est pas surprenant que ce concile ait fait siennes ces déclarations, en les insérant dans le c. ii de la constitution Pastor œternus. Ibid., n. 1824.

Il y a lieu cependant de se demander quelle est la valeur théologique de ces affirmations dans les circonstances où elles furent prononcées. Ou n’y peut voir évidemment une définition proprement dite du concile d’Éphèse. Mais le fait que les Pères du concile n’y trouvèrent rien à reprendre et n’élevèrent, en les entendant, aucune protestation, constitue une approbation tacite dont la portée doctrinale est considérable. C’est devant un concile œcuménique, c’est-à-dire devant les représentants officiels et les juges de la foi de l’Église universelle, que le prêtre Philippe proclame d’une manière si solennelle et presque em phatique la primauté de Pierre et celle du pontife romain. L’absence de quelques évêques orientaux n’ôtc pointa l’assemblée d’Éphèse son caractère d’œcuménicité ; et d’ailleurs, ces absents qui ont eu entre les mains les actes du concile, n’ont jamais protesté contre les déclarations du légat. En n’élevant point li voix contre la doctrine exprimée par celles-ci, l’Église universelle dans la personne de ses représentants ofiiciels a reconnu tacitement que cette doctrine était l’expression même de la vérité révélée. Il n’y a pas eu, sans doute, intervention du magistère solennel ; mais le magistère ordinaire entre ici en jeu. Il j’a eu consentement moralement unanime des évêques catholiques sur un point touchant la foi. Cela cependant ne suffisait pas pour constituer une définition de foi. Cf. A. Vacant, ipudes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. ii, p. 122.