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EPHÈSE (CONCILE D’I


Ce n’est pas seulement par leur silence approbateur que les Pères d’Éphèse ont rendu témoignage à la primauté romaine. Par leurs actes autant que par leurs paroles, ils ont affirmé positivement leur croyance à cette vérité, que le prêtre Philippe déclarait hardiment être connue de ses contemporains comme des siècles antérieurs. Toute l’histoire du concile est un vivant commentaire des affirmations du légat.

La conduite du pape Célestin montre d’abord combien était vif le sentiment qu’il avait de son pouvoir primatial. A peine a-t-il entendu parler de la nouvelle controverse qui commence à agiter l’Orient, qu’il demande des renseignements à l’évêque d’Alexandrie. Quand il les a reçus, il convoque sans retard son concile, tranche décisivement la question tiogmatique et prononce contre Nestorius une sentence de déposition, si dans le délai de dix jours, l’hérésiarque ne s’est pas rétracté. Il considère sa sentence comme étant celle même de Jésus-Christ : Eadem hœc ad sanctos qiioque fratres et coepiscopos iiostros… perscripsimiis, quo nostra, imo vero diviiui Christi Domini nostri sententia pliiribus de eo sil manifesta. Epistola ad Cyrilliim, Mansi, t. iv, col. 1022. Cyrille, l’évêque du premier siège de l’Orient, est chargé de veiller à son exécution, et pour cela, est investi des pleins pouvoirs du pape : « L’autorité (le notre siège vous est communiquée, et vous en userez à notre place pour exécuter rigoureusement notre décret. » Ibid., col. 1019.

Le pape a tranclié l’affaire sans appel ; il n’y a pas eu besoin de l’intervention d’un concile œcuménique, dont il ne voyait nullement la nécessité. Cependant, quand l’empereur, sollicité par Nestorius, convoque le concile général, Célestin y consent ; mais il veille à ce que l’autorité du siège apostolique n’en soit point diminuée. Le concile n’aura point à reprendre un procès déjà terminé ; son rôle sera de se conformer à la sentence papale et de l’exécuter : Direximus j>ro nostra sollicitiidine sanctos fratres et consacerdotca nnslros (les légats)… qui iis quae aguniur intersint, et quæ a nobis antca statuta sunt exscquantur. Quibiis prxstandiim a vestra sanctitale non diibilamiis assensum. Epistola ad sanctarn synodum, Mansi, t. iv, col. 1287. Les légats ne devront point compromettre la dignité qui convient au siège apostolique en se mêlant aux discussions comme de simples évcques ; ils devront agir en juges et ne point se laisser juger : l’A auclorilalem sedis apostolicæ ciistodiri debere manu’imus. .. Ad disceptationem si fuerit ventum, vos de corum sententiis judicarc debeatis, non subire cerlamen. Mansi, t. iv, col. ô.’jC. S’ils arrivent en retard, iis s’informeront de la manière dont les choses se ^ont passées avant leur arrivée. Ibid.

Le concile, pris dans son ensemble, a accepté le rôle d’exécuteur des volontés du pape. C’est forcés par les canons, mais aussi par la lettre de leur très Miint père et collègue, Célestin, évêquc de Rome, que les Pères ont porté leur sentence contre Nestorius : àvaYxat’w ; xaTe^iEi/OÉvTE ; xT.h xi /.avévwv zaï Èx tt, ; âni-TTo /.r ; ToC âyidj-âTou Ilatpô ; /||j.o>v /.ai TuX/.etTOvpyo’j Ks/ ETTÎvoa ToC éjriT/ÔTîO’jTT, ; ’l'(<)|j, at(j)v £//), /jataç… éit’i Tr, v T/.vOpwTîT, -’/.xT’aJTCiC eyfopriTaiJsv à^TÔçxT ; I. Mansi, t. iv,

ol. 1211. Après avoir entendu la lecture de la lettre

lu pape où il demandait qu’on s’en tînt à son jugement, les Pères, loin d’être froissés de ce langage, l’approuvent par des acclamations unanimes : Hoc

nstiun judicium ; novo l’auto, Cœlestino…, Cœlestino itstodi fidei, Csetestino ciim sijnodo concordi, Cœlestino iiniuersa synodus grattas agit..Mansi, ibid., col. 1287. lirmus, évêque de Césaréc de Cappadoce, ajoute au

lom de tous : « Le Saint Siège apostolique du très saint’tquc Célestin… avait déjà jtorté sur cette allairc

une sentence et prescrit une règle, que nous n’avons fait que suivre, quand nous sommes arrivés à Éphèse. » Mansi, ibid., col. 1288-1289. Le concile se prêta aussi avec docilité à la demande des légats, quand ceuxci, conformément aux ordres reçus, réclamèrent les actes de la V^ session pour les confirmer en connaissance de cause, î’va [BôêaKÔTwacv, Mansi, ibid., col. 1280, et en ordonnèrent la lecture, à la iii « session.

A côté de ces témoignages collectifs, on peut citer les témoignages particuliers rendus à la primauté romaine par les principaux membres du concile et même par ceux du conciliabule. Dans la lettre qu’il écrivit au pape Célestin pour lui dénoncer l’hérésie de Nestorius, saint Cyrille déclare que c’est la coutume ancienne des Églises d’avertir l’évêque de Rome, quand la foi est en danger ; il reconnaît que le pape est le centre de la communion ecclésiastique et que c’est à lui de décider si l’on doit continuer à communiquer avec Nestorius. Mansi, ibid., col. 1012, 1016. L’évêque d’.lexandrie se trouve fort honoré de tenir la place de Célestin en toute cette affaire, comme on le voit par ses lettres et par les actes du concile. Mansi, ibid., col. 1003, 1070, 1123, 1279, 1291, 130fi. A la iv<= session, Juvénal de.lérusalem déclare que Jean d’Antioclie « aurait dû rendre hoiineur et obéissance au siège apostolique de la grande Rome… par lequel l’usage et la tradition apostolique veulent que le siège d’Anlioche lui-même soil dirigé et jugê.y> Mansi, ibid., col. 1312.

Les Orientaux reconnaissent aussi la primauté do l’évêque de Rome. Jean, leur chef, a écrit à Nestorius, avant l’ouverture du concile, pour lui conseiller de se soumettre sans retard à la sentence du papo Célestin. IIansi, ibid., col. 1061. S’il a ensuite fait opposition au concile, c’est sans doute moins par motif doctrinal que par froissement d’amour-propre et antipathie pour Cyrille. Nestorius lui-même ne paraît pas avoir nie l’autorité souveraine du Siège romain. S’il ne s’est pas soumis, c’est parce qu’il s’est figuré que Célestin était mal informé et qu’il était peu capable de comprendre sa doctrine : Ad Romanum Cselestinum convertitur [Cyrillus], quipps ut ad sinipliciorem quam qui posscl l’im dogmalum sublilius penetrare. E.vlrail de la Tragédie. Loofs, op. cit., p. 204. Dans Le livre d’Iléraclide, il reconnaît que le siège romain est le siège de Pierre et qu’il a la prééminence, p. 302-303.’Tous ces actes, tous ces textes, et d’autres encore qu’on pourrait relever, montrent jusqu’à l’évidence qu’à répoque du concile d’Éphèse la primauté de droit divin de saint Pierre et de son successeur, l’évêque de Rome, ne faisait de doute pour personne, o’JSevi àiJ. ; pî60).ov.

V. ŒcuMÉNiciTÉ. — -Malgré certaines apparences contraires, le concile d’Éphèse réalise toutes les conditions d’œcuménicité exigées par la théologie catholique.

On ne peut tout d’abord lui refuser roecuménicité de convocation. La lettre circulaire îles empereurs Théodose II et Valenlinien III appelait au concile tous les métropolitains de l’empire romain avec quelques-uns de leurs suffragants. On con iendra qu’une représentation de ce genre était suffisante. Le pape Célestin n’eut pas, sans doute, l’initiative du concile ; ce n’est pas lui, matériellement iiarlant, qui le convoqua ; mais on sait que, durant les premiers siècles, l’Égliss laissa aux empereurs chrétiens le soin d’appeler les évoques en concile, par une sorte de délégation tacite, légitimée et même rcmlue nécessaire jusqu’à un certain point par les circonstances. Voir cependant, t. iii, col. 61 1 616, 6, ’Jl 6 : ^2. Il faut rendre à l’empereur Théodose II cette justice que, dans les instructions données au comte Gandiilicn, il délinii-