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GEORGIE


Allaverdéli, tous deux farouches adversaires des latins, se laissèrent loucher par la grâce et se firent catholiques. Archives de la Propagande, Lcllere délia Mengrelia, etc., t. cxxiii, fol. 7 ; Lamberti, op. cit., p. 353. Puis ce fut le tour du prince Dadian que les missionnaires baptisèrent et qui envoya des ambassadeurs au pape Urbain VIII pour lui témoigner son entière soumission. Archives de la Propagande, Lcllere di Polonia, Moscovia, Valachia, Moldavia, Palestina, Soria, Armenia, Persia et Tartaria, t. xi.ii, fol. 109. La mort du prince en 1657 et la pénurie de sujets entraîna la ruine de la mission des Pères théatins. Archives de la Propagande, Lcllere délia Sacra Congregazione, t. xxx, fol. 111. Dès 1660, un des leurs, le P. Galano, établi à Constantinople, proposait à la Propagande d’envoyer en Géorgie des religieux d’un autre ordre. Archives de la Propagande, Asiae Cipro, t. ccxxvii, fol. 33. Cependant la S. C. hésitait à enlever aux théatins cette mission où ils avaient si bien travaillé. Elle demanda à leur général de choisir de nouveaux missionnaires aussi nombreux que possible. Archives de la Propagande, Scritlure riferite, Giorgia, t. i, p. 12. Le dernier départ de théatins eut lieu en 1691. Pendant le court espace de temps que les religieux de cet ordre ont évangélisé la Géorgie, ils ont produit un bien immense par leur zèle apostolique, leur charité et leur vaste érudition.

XXIII. Mission des Pères capucins (1661-1845). — Nous avons vu que les théatins avaient dû, faute de sujets, abandonner petit à petit la Géorgie proprement dite pour se replier sur la Mingrélie. La Propagande décida, le 16 juin 1661, de leur attribuer définitivement cette dernière province et de confier le reste du pays aux capucins. Michaël a Turio, Bullarium capuccinorum, t. vii, p. 237. Le premier envoi compienait cinq Pères et deux frères convers qui eurent beaucoup de difficulté à pénétrer en Géorgie, à cause des guerres avec les Turcs. Au commencement de 1663, trois Pères arrivèrent à Tiflis, où ils s’installèrent. Un d’entre eux, le P. Carlo-Maria de Saint-Marin, retourna bientôt à Rome pour exposer la situation difficile où se trouvaient les nouveaux missionnaires au point de vue matériel et pour demander de prompts secours en hommes et en argent. Après bien des pourparlers, il obtint gain de cause. La mission put dès lors exercer une influence considérable, d’autant plus que les Pères capucins furent autorisés, comme les théatins, à exercer la médecine avec prudence. Archives de la Propagande, Lcllere délia S. Congregazione, t. iii, fol. 209 ; t. lv, fol. 39. Ils établirent une école et bâtirent une église qui attira beaucoup de monde. Archives de la Propagande, Atli délia S. Congregazione, 3 agosto 1671, p. 260. Ils traduisirent en géorgien le catéchisme de Bellarmin et prièrent la Propagande de le faire imprimer, ce qui n’eut lieu que dix ans plus tard, en 1681. Leur apostolat ne s’exerçait pas uniquement dans la ville de Tiflis, il rayonnait encore dans les régions environnantes. Archives de la Propagande, Scritlure riferite, Giorgia, t. i, n. 27. Un moment, ils crurent pouvoir conclure l’union de la nation tout entière avec l'Église catholique, mais le projet ne put être exécuté, parce que Mgr Piquet, délégué en Perse, fut empêché de se rendre en Géorgie pour traiter cette grave affaire. Archives de la Propagande, Scritlure rijcrilc, t. i, n. 88.

Cependant les retours partiels à l’unité consolèrent les missionnaires de cet échec. Le roi Georges embrassa la foi catholique en 1686. Archives de la Propagande, Acla S. Congregationis, feb. 1686, fol. 23. Il fut bientôt imité par Euthyme, archevêque de la Géorgie, par son propre frère, par plusieurs prêtres, Missionari l’oscani, 1. 1, fol. 737, et par le prince Barzim, dont la conversion produisit une impression profonde. Le roi Georges,

chassé de ses États par une révolution, eut pour successeur son neveu Cosrov-Khan, qui abjura le mahométisme et se fit catholique. Parmi les autres princes qui embrassèrent la cause de l’union, il faut citer Soulkan, de l’illustre famille des Orbéliani, qui se fit religieux sous le nom de Saba, et qui rendit les plus grands services à la cause catholique en Géorgie. Archives de la Propagande, Acla S. Congregationis, an. 1714, n. 32, Giorgia, fol. 442. En 1714, le princemoine Saba se rendit en France et à Rome pour demander la délivrance de son oncle, le roi Vakhtang, prisonnier en Perse depuis plusieurs années, et pour presser l’envoi de missionnaires, lazaristes ou jésuites. Cette dernière démarche déplut aux capucins. Archives de la Propagande, Acla S. Congregationis, an. 1714, n. 32, Giorgia, fol. 442. La Propagande décida de passer outre, d’accord avec le gouvernement français. Les lazaristes étaient sur le point de s’embarquer à Marseille, lorsque la mort de Louis XIV remit tout en question (1715). Tamarati, Église géorgienne, p. 605. L’arrivée de nouveaux capucins en Géorgie diminua le regret de cet échec. Le retour du prince-moine Saba fut aussi une circonstance favorable au développement du catholicisme, à cause de l’influence dont il jouissait dans son pays.

Depuis le commencement de leur mission, les capucins étaient en butte aux persécutions des Arméniens que les vexations des Persans obligeaient de plus en plus à émigrer vers le nord. Tous les missionnaires s’en plaignaient dans leurs lettres. Cf. Archives de la Propagande, Acla S. Congregationis, an. 1709, n. 43, Armenia, Giorgia, fol. 203. En 1669, il fallut l’intervention personnelle du roi pour empêcher l’expulsion des capucins de Tiflis. Archives de la Propagande, Acla S. Congregationis, an. 1669, n. 20 b, Giorgia, fol. 257. Une vingtaine d’années plus tard, les Arméniens, profitant de l’absence du roi, usèrent de violences sur les capucins et tentèrent de détruire leur établissement. Le prince Barzim délivra les missionnaires. Le renversement du roi Georges, protecteur de la mission (1697), et les bouleversements politiques qui en furent la conséquence permirent aux Arméniens de recommencer leurs persécutions. Rome dut recourir au chah de Perse et faire intervenir les puissances catholiques pour protéger la mission menacée. P. Raphaël du Mans, Estât de la Perse, Paris, 1890, p. 376. La persécution reprit bientôt, car les Arméniens avaient réussi à s’entendre avec les Géorgiens dévoués aux grecs et avec les envoyés des patriarches de Constantinople et de Jérusalem. Archives de la Propagande, Scritlure riferite, t. dlxvi, n. 43. En 1717, quelque temps après le retour du prince-moine Saba en Géorgie, les Arméniens se montrèrent encore plus hardis qu’auparavant. Missionari Toscani, part. II, fol. 762 sq. Bientôt cependant la situation changea. Le roi Vakhtang étant rentré de Perse dans son royaume, il prit les missionnaires sous sa protection et le prince-moine Saba seconda leurs efforts de tout son pouvoir. Archives de la Propagande, Litière délia S. Congregazione, t. cvii, fol. 335 ; t. cviii, fol. 368, 377 ; t. cix, fol. 389. De nouveaux troubles agitèrent le pays, mais n’empêchèrent point les capucins de développer leurs œuvres, surtout en Imérétie et à Akhaltzkhé, alors occupée par les Turcs. Plusieurs princes, comme les deux Orbéliani, Jean et Vakhtang, parents de Saba, l'évêque Christophore et d’autres personnages importants embrassèrent alors le catholicisme. Une nouvelle persécution des Arméniens chassa les capucins de Géorgie et ferma leur église de Tillis (1742). Archives de la Propagande, Monte Caucaso, Giorgia, t. ii, n. 43, 44. Grâce aux démarches de Rome, les missionnaires purent rentrer quelques mois après.

L'évêque latin d’Ispahan, qui étendait toujours sa