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ciscains qu comptèrent parmi eux les deux derniers titulaires du siège de Tiflis, Albert Engel en 1493 et Jean Schneider de Dortmund en 1507. Tamarati, Église géorgienne, p. 450. Il y eut donc quatorze évêques latins de Tiflis depuis la création du siège en 1329, jusqu'à sa disparition au début du xvi° siècle

A partir de ce moment, les missionnaires latins se firent de plus en plus rares en Géorgie jusqu'à disparaître tout à fait pendant un siècle environ. C’est alors qu’ils furent momentanément remplacés par les frères unis ou uniteurs, branche arménienne de la famille de saint Dominique. Nous voyons, en effet, le pape Paul III recommander deux de ces missionnaires au roi de Géorgie, Louarsab quin 1545). Archives Vaticanes, Paul. III, ann. xi-xii, t. v, 1. CCXLV, fol. 104. La mission des frères uniteurs semble avoir eu un plein succès, puisque le pape envoya l’année suivante un nonce en Géorgie, l’archevêque arménien Etienne de Natchitchévan. Archives Vaticanes, Paul. III, ibid., fol. 286.

XXII. Mission des Pères théatins (1626-1700). — Pendant près d’un siècle, les Géorgiens furent privés de missionnaires catholiques. Au début du xvii c siècle, ils en demandèrent d’eux-mêmes. Les deux princes Manukar et Alexandre s’adressèrent à ceux qui évangélisaient la Perse, mais ils n’en obtinrent aucun. Antoine de Govvea, Relation des grandes guerres cl victoires obtenues par le roij de Perse Cha Abbas, p. 477. Les princes de la Géorgie occidentale les imitèrent bientôt. Le prince Dadian réussit à faire venir un Père jésuite de Constantinople, le P. Louis Granger, qui partit pour la Mingrélie en 1614 et commença un apostolat fructueux que le manque de missionnaires obligea d’abandonner. En 1624, la Propagande envoya en Orient quatre Pères dominicains pour étudier la situation. L’un d’eux visita la Géorgie et promit aux princes de ce pays de leur faire envoyer des missionnaires. On ne put malheureusement tenir ces promesses. Archives de la Propagande, Persia, Giorgia, Mengreliae Tartaria, t. ccix, fol. 439 sq. Plusieurs rapports favorables ayant été envoyés à la Propagande par divers missionnaires, cette Congrégation se décida à entreprendre le retour des Géorgiens à l’unité calholique. Elle choisit pour cela l’ordre des théatins.

Le P. Pierre Avitabille partit de Rome en 1626 avec deux autres Pères. En route, ils rencontrèrent, à Messine, un moine géorgien, Nicolas Erbachi, envoyé comme ambassadeur par le roi Téimouraz auprès du pape et des autres souverains d’Europe. Silos, Historia clericorum rcgularium, Rome, 1655, t. il, p. 588. Nicolas Erbachi, après s'être converti à Rome, fit fondera la Propagande une imprimerie pour la langue géorgienne et imprima dans cette langue un petit livre de prières et un dictionnaire italo-géorgien. Tamarati, op. cit., p. 505. Les missionnaires théatins n’arrivèrent en Géorgie qu’en décembre 1628. Leur prédication et l’exercice de la médecine leur attirèrent bientôt la sympathie générale, malgré les calomnies répandues sur eux par des prêtres grecs venus de Jérusalem pour quêter en faveur du Saint-Sépulcre. Le retour de Nicolas Erbachi accentua encore cette sympathie. Cependant le roi Téimouraz n’osa point faire publiquement profession de foi catholique. Deux nouveaux missionnaires théatins partirent pour la Géorgie en 1630. Ils rencontrèrent à Malte le 1'. Pierre Avitabile, envoyé à Rome pour y exposer la situation de la Géorgie et qui repartit bientôt avec quatre nouveaux missionnaires, parmi lesquels le P. Christophore Castelli qui joua un grand rôle dans la suite. Il semblait que la mission allait se développer, mais les dispositions du roi ayant complètement changé sur le refus des Pères de lui verser une forte somme qu’ils n’avaient pas d’ailleurs, tout espoir d’une conver DICT. DE THi.OL. CATHOL.

sion en masse de a nation fut perdu. Le pays tomba bientôt sous la domination des Persans, ce qui ne facilitait pas la tâche des missionnaires. A la suite de cette conquête, la Propagande plaça, en 1633, la mission de Géorgie, sous la juridiction de l'évêque latin d’Ispahan. En même temps, on créait à Rome le collège urbain de la Propagande, dont l’cvangélisation de la Géorgie avait été l’occasion, et on y réserva deux places pour les jeunes gens de ce pays. La mission reprit une certaine importance, puis la peste et les guerres qui désolaient la Géorgie orientale ne tardèrent pas à la ruiner presque complètement. C’est alors que plusieurs Pères théatins allèrent s'établir en Mingrélie (1633) et deux autres en Gouric, l’année suivante. Malheureusement, l’ordre ne sut pas borner son apostolat à la Géorgie. Les résultats merveilleux que les augustins obtenaient dans les Indes décidèrent le P. Avitabile et plusieurs de ses compagnons à se rendre dans ces missions lointaines. Ce fut la cause pour laquelle fut abandonnée la mission de Gori, en Géorgie (1638). Archives de la Propagande, Persia, Giorgia, Mengreliae Tartaria, t. ccix, fol. 391. Les missionnaires de Gourie avaient reçu un excellent accueil du prince Malachie, qui était en même temps catholicos de la Géorgie occidentale. Ils établirent une école et firent beaucoup de bien, malgré l’hostilité des prêtres grecs. Galanus, Concilialio Ecclesiæ armense, t. iii, p. 169. La plus célèbre conversion opérée par un des leurs, le P. Castelli dont nous avons parlé plus haut, fut celle d’une princesse géorgienne, nommée Hélène, que le prince de Mingrélie, Dadian, obligea à épouser le chah de Perse, mais qui resta toujours catholique. Cottono, De scriploribus clericorum rcgularium, p. 93. La mort du prince-catholicos Malachie nuisit beaucoup à la mission. L’hostilité du nouveau titulaire. Vakhtang, obligea le P. Castelli et son compagnon à quitter le pays pour se réfugier en Mingrélie. Le missionnaire persécuté fut bientôt appelé par Alexandre, roi d’Imérétie. Là encore il fut en butte aux poursuites des prêtres grecs. Le patriarche d’Alexandrie vint même à Routais au nom de son collègue de Constantinople demander au roi l'éloignement du P. Castelli, mais sa démarche demeura sans succès. Le prestige des Pères s’accrut beaucoup aux yeux du peuple par suite de l'échec des grecs. Malheureusement, le prince Dadian réclama le missionnaire et recourut même aux menaces de guerre pour obliger le roi Alexandre à le laisser partir. Archives de la Propagande, Persia, Giorgia, Mengreliae Tartaria, t. ccix, fol. 204. Cependant la mission de Mingrélie que le P. Castelli venait renforcer voyait grandir son influence. Le prince Dadian donna aux théatins une belle église à Cipourias et douze enfants à élever dans la foi catholique. Lamberti, Isloria sacra dei Colchi, p. 323 sq. Ils réussirent à faire défendre par le prince le trafic honteux des esclaves, très important dans tout le pays, puisque les marchands grecs et arméniens en emmenaient chaque année une moyenne de deux mille de la seule Mingrélie, pour les vendre aux Turcs. Archives de la Propagande, Persia, Giorgia, Mengreliae Tartaria, t. ccix.fol. 393 sq. De même, ils réussirent à rebaptiser nombre de personnes dont le baptême, conféré par des prêtres ignorants et d’après des rituels fautifs, était invalide. Ils firent disparaître les fautes qui s'étaient glissées dans le rituel et instruisirent le clergé de ses devoirs par rapport à l’administration des sacrements. Cottono, op. cit., p. 96. Pour pouvoir donner le baptême, ils durent recourir à des subterfuges, et le conférer souvent sous prétexte de médecine. Silos, op. cit., t. il, p. 631. Plusieurs conversions importantes récompensèrent les missionnaires de leurs efforts. L’archevêque grec de Trébizonde, Macaire, en tournée de quêtes en Mingrélie, et l’archevêque géorgien

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