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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/523

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renfermant la plupart des devoirs de l’homme envers Dieu, envers le prochain et envers lui-même. Il a pour point de départ et pour fondement la foi en un seul Dieu, créateur de toutes choses, et pour but le retour à la vertu par le moyen d’une crainte salutaire et d’un ascétisme bien compris. Dès le début, en effet, sont recommandées la foi, la crainte et la continence, sttirctç, 9060 ;, rf/.pârs’.a, trois vertus dont la force et l’efficacité sont montrées à partir du vie précepte. Le second précepte recommande la simplicité et l’innocence, àrXoT-r, ç, àzax ! a ; il interdit la médisance parlée ou écoutée, xataXaX’.a, et prescrit l’aumône sans acception de personnes. Le troisième ordonne l’amour et la pratique de la vérité, la fuite du mensonge. Le quatrième prescrit la pureté, àyveîa, et proscrit toute pensée ou désir déshonnête, ce qui provoque, de la part d’Hermas, certaines questions sur le mariage, l’adultère et la pénitence. Pour pratiquer la justice, est-il dit dans le cinquième, il faut posséder la longanimité et la prudence, et éviter l’irascibilité, ôÇuy oXia, qui chasse le Saint-Esprit et appelle le diable ; c’est une sorte de démence qui engendre l’amertume, mxpca, la colère, Oufxoç, la passion, ôp"pj> et la fureur, iir, vi ;  ; cette dernière est un péché inguérissable.

Relativement à la foi, il faut croire que l’homme a deux anges, celui de la justice et celui de la malice : les inspirations du premier sont à suivre, car elles sont bonnes ; les tentations du second sont à repousser, car elles sont perverses. Relativement à la crainte, il faut distinguer celle de Dieu de celle du diable : la première est à pratiquer parce qu’elle est salutaire, la seconde à éviter parce qu’elle est pernicieuse. Relativement à la continence, il faut distinguer le mal auquel on doit se soustraire, et le bien dont on ne doit pas s’abstenir.

Le neuvième précepte recommande la prière, une prière inspirée par la foi et la confiance, car Dieu est plein de miséricorde, une prière dénuée du moindre doute, quelque temps que s’en fasse attendre le résultat, car le doute est d’inspiration diabolique. Il faut en outre fuir la tristesse, sœur du doute, et revêtir la joie, qui est toujours agréable à Dieu et favorable au bien. M and., x.

Il existe des prophètes ; mais, parmi eux, quelques-uns sont faux et troublent les sens de ceux qui les consultent. Ils n’ont pas l’esprit de Dieu : orgueilleux, sensuels, loquaces, avides, intéressés, on les reconnaît à leurs œuvres, et on doit absolument s’en garder. Mand., xi.

Reste enfin l’IxtOufjua, qui est bonne ou mauvaise selon que les désirs qu’elle inspire sont bons ou mauvais ; il faut donc éviter la mauvaise concupiscence, qui donne la mort spirituelle, et, pour lui résister avec succès, il convient d’embrasser le désir de la justice et de s’armer de la crainte de Dieu. Mand., xii.

3. Les Similitudes.

Cette dernière partie du Pasteur a le même caractère que la première, celui d’une apocalypse, et se rattache à certaines paraboles évangéliques. Des comparaisons et des tableaux, qui ne sont pas sans charme, servent à mettre en relief quelques points de doctrine et de morale.

Dans les deux premières similitudes, il s’agit du bon emploi de la fortune. N’ayant pas ici-bas de cité permanente, l’homme ne doit pas s’attacher exclusivement aux biens de la terre ; ces biens sont donnés par Dieu pour en faire bénéficier les indigents. Sim., 1. Le riche et le pauvre sont l’un pour l’autre comme l’ormeau et la vigne. L’ormeau soutient la vigne, et la vigne 1 are l’ormeau de ses fruits. Le riche aide le pauvre, mais ne se dépouille pas sans profit, car sa pauvreté spirituelle est secourue par le pauvre, qui par sa prière, enrichit spirituellement le riche. Sim., 11.

Une comparaison non moins gracieuse sert, dans les deux similitudes suivantes, à expliquer le mélange en ce monde des justes et des pécheurs, et leur séparation dans le siècle futur. C’est ainsi qu’en hiver les arbres, dépouillés de leurs feuilles, se ressemblent ; mais, vienne l’été, tandis que les uns se parent fie feuilles et de fruits, les autres ne changent pas et sont morts. De même sur la terre, qui est l’hiver pour eux, bons et mauvais sont confondus ; mais le siècle futur, comme l’été, est révélateur des uns et des autres : les justes, chargés de fruits, seront récompensés ; les pécheurs, restés stériles, seront punis.

Dans la cinquième similitude s’accuse le caractère profondément spiritualiste de l’ascétisme chrétien, les pratiques extérieures ne devant être qu’un moyen pour opérer la réforme morale. Voici la vraie notion du jeûne : « Ne fais pas le mal dans le cours de ta vie, dit le Pasteur à Hermas, mais sers Dieu avec un cœur pur, observe ses commandements, entre dans la voie de ses préceptes, et repousse jusqu’au désir coupable qui cherche à se glisser dans l’âme. Aie pleirfe confiance en Dieu ; car si tu acceptes ces choses, si tu t’abstiens de tout par crainte de lui déplaire, il te donnera la victoire : voilà le véritable jeûne, celui que Dieu agrée. » Et cela n’est point la condamnation du jeûne pratiqué par Hermas, car l’ange de la pénitence ajoute : « Le jour où tu jeûneras, tu ne goûteras d’aucune nourriture pour te borner au pain et à l’eau. Tu mettras de côté la quantité d’aliments que tu as coutume de prendre chaque jour, et tu la donneras à la veuve, à l’orphelin et aux pauvres ; c’est ainsi que tu consommeras ! a mortification de ton âme. » Telle est la notion complète du jeûne.

A côté de ce précepte, il y a le conseil. Dans la similitude, imitée de l’Évangile, le Maître et le serviteur de la vigne, ce dernier ne se contente pas d’exécuter les ordres reçus, il va au delà, et, ce faisant, il mérite et reçoit mit récompense plus grande, il est adopté par le Maître.

Dans la sixième similitude, Hermas voit deux bergers et deux troupeaux : l’ange de la volupté et l’ange de la peine ; l’un respirant la douceur et la joie mais perdant les âmes parce qu’elles ne font pas pénitence ; l’autre, d’un aspect rude et repoussant, menant ses brebis, le bâton levé, au milieu des ronces et des épines, et leur faisant faire pénitence pour leur salut.

Dans la septième similitude, Hermas demande que l’ange de la peine soit éloigné de sa maison ; mais le Pasteur lui montre la nécessité d’expier ses fautes et de faire pénitence, car la pénitence bien acceptée mérite la réconciliation.

Dans les deux similitudes suivantes, viiie et ixe, l’Église reparaît sous le double symbole du saule et de la tour. Le saule est ébranché ; chaque fidèle en reçoit une tige qu’il devra représenter, et selon l’état de cette tige, sera récompensé ou puni ; c’est une manière de faire entendre que chacun sera traité selon ses œuvres. Les pécheurs seront soumis à la pénitence et, s’ils l’accomplissent de tout leur cœur, obtiendront le pardon, sinon ils seront condamnés. Quant au symbole de la tour, il reparaît avec un ensemble de circonstances qui sert à caractériser ceux qui entrent dans la construction pour leur fidélité persévérante ou pour leur sincère pénitence, et ceux qui en sont écartés.

La dernière similitude sert de conclusion : à Hermas de faire pénitence et de persévérer ; à Hermas d’enseigner aux autres ce moyen de salut. Puisque le salut est assuré par la pénitence, chacun doit prendre ce moyen tant que la tour est en construction, car après il serait trop tard.

III. Sa doctrine.

Trinité et incarnation.


Le Pasteur est avant tout l’œuvre d’un moraliste préoccupé de remédier aux maux de la société chré-