Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
663
664
IDOLATRIE, IDOLE


controverse récente, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique de Toulouse, 1906, p. 339, 348. Cf. art. Calixte I" (Saint), t. ii, col. 1338 ; Hippolyte (Saint), t. VI, col. 2510. D’autres théologiens et historiens, s’appuyant sur les raisons tirées de la diseipHne du iie siècle et sur certains textes de saint Cyprien, lesquels affirment que la thèse rigoriste ne fut jamais que la thèse exceptionnelle, voir plus loin, pensent que le refus de réconciliation ecclésiastique, « même restreint aux trois péchés capitaux, … ne répond à aucune réaUté historiquement constatée au sein de la vraie Éjilise ». D’Alès, op. cit., p. 238. Ce qui reste des assertions de Tertullien relatives au refus de rémission des péchés, c’est « l’existence, vers le début du ine siècle, d’un courant rigoriste : plusieurs évêques de la communion catholique refusaient toute réconciliation aux impudiques, au moins jusqu’au danger de mort. La formule la plus heureuse de ce fait nous est fournie par saint Cyprien, qui signale dans l’Afrique latine l’existence de ce courant rigoriste, Epist., lv, n. 21, Corpus de Vienne, t. m b, p. 638 : Et quidem apud antecessores nostros quidam de episcopis istic in provincia nostra dandam pacem mœchis non putaverunt et in totum pœnitentise locum contra adulteria cluserunt. S’il s’étendit notablement hors d’Afrique, et dans quelle mesure les péchés d’apostasie et d’homicide furent l’objet des mêmes rigueurs, c’est ce que nous ne saurions préciser. Certains faits contemporains de saint Cyprien, et surtout la vogue durable de l’hérésie novatienne, révèlent, à l’état sporadique, la pénétration de l’esprit rigoriste. Conclure de là que cet esprit réglait cinquante ans plus tôt, et dès une date plus ancienne, la pratique de l’Église, serait vraiment abusif » Ibid., p. 240-241. Cette thèse, mise en relief par le P. Stufler et M. Esser en Autriche et en Allemagne, voir les références supra, par M. d’Alès en France, a déjà raUié beaucoup de suffrages ; cf. J. Lebreton, Ctironique de théologie, dans la Revue pratique d’apologétique, t. iii, p. 241 ; P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, Paris, 1901, t. i, p. 432 ; F. Diekamp, Theologische Revue, Munster, 20 mai 1908, p. 2.57 ; Bardenhewer, Patrologie, S^édit., Fribourg-en-Brisgau, 1910, p. 195 ; Adam, Der Kirchenbegrifl Tertullians, p. 149 ; Atzberger, Theologische Revue, 1907, p. 549 ; Preuschen, Die Kirchenpolitil < des Bischofs Kallist, dans Zeitschrift fïir die neutestamentliche Wissenschaft und die Kunde des Urchristentums, Giessen, 1910, p. 135 ; Hauck, Realencijklopàdie fiir prot. Théologie und Kirche, 3^ édit., t. iii, art. Calixt, p. 641 ; J. F. Bethune-Baker, An introduction to the early history of Christian doctrine to the council of Chalcedon, Londres, 1903, p. 372-373 ; F. Loofs, Leitfaden zum Studium des Dogmengeschichte. Halle, 1906, p. 207 ; R. Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichte, Leipzig, 1908, t. i, p. 496. Voir les textes dans d’Alès, op. cit., p. 230-240, d’où sont extraites ces références.

M. Tixeront, qui, dans ses premières éditions de la Théologie anténicéenne, Paris, 1909, avait adopté l’opinion de Mgr Batiffol et de Funk, p. 368, semble avoir finalement admis, pour son propre compte, cette explication. Après avoir rappelé quelles oppositions suscita la mesure de Calliste, il conclut : « A prendre ces affirmations (de Tertullien) à la lettre, on conclura qu’en effet c’était une discipline générale de l’Église, au moins en Occident, pour des raisons de prudence, et afin de maintenir élevé le niveau moral des communautés chrétiennes, de refuser le pardon aux idolâtres, aux adultères et aux homicides, et de les laisser s’arranger directement avec Dieu. Mais peut-être n’est-on pas obligé d’aller jusque-là. Que certaines Églises, en Afrique surtout, aient pratiqué le rigorisme dont parle TertulUen, et cela, avant,

ou même après l’édit de Calliste, saint Cyprien l’affirme positivement au moins pour les adultères, et Tertullien n’aurait pu, d’ailleurs, s’exprimer comme il l’a fait, si la réalité l’eût universellement contredit. Les déclarations de Calliste, non plus, à moins qu’elles ne soient une réponse à une consultation venue du dehors, ne s’exphqueraient pas si ce rigorisme n’avait eu à Rome des partisans, et s’il n’avait existé, dans le clergé, à ce point de vue, un certain partage des sentiments et de la conduite. Une pratique existait donc dans quelques Églises, au début du iiie siècle, et s’efforçait de s’établir en d’autres, qui refusait aux trois péchés capitaux la réconciliation ecclésias tique. Mais doit-on croire qu’elle était générale ? Pour cela, il faudrait oublier qu’on n’en trouve aucune trace ou plutôt que l’on trouve trace de la pratique contraire dans les textes antérieurs à CalUste ; que Tertullien lui-même n’en parle pas dans son De pxnitentia, composé entre les années 200-206, et qu’enfin le grand controversiste est coutumier, dans l’ardeur de ses polémiques, d’exagérations et d’inexactitudes qu’on est bien forcé souvent de corriger. Dans ces conditions on peut admettre que le rigorisme qu’il prône, au lieu d’être une loi universelle et fixe, n’était qu’une tendance et une pratique particuhère et limitée ; et que le décret de Calliste, au lieu d’opérer un changement dans la discipline, n’était qu’un acte destiné à raffermir l’ancienne discipline, en tranchant des controverses et en mettant fin à des divergences fâcheuses. C’est là une opinion vraisemblable. » Op. cit., 7e édit., Paris, 1915, p. 365-366.

c) Après CalUste, au temps du pape Corneille, la réconciliation des lapsi marque bien que le péché d’idolâtrie n’était point considéré comme irrémissible dans l’Église. Dans toute la correspondance de saint Cyprien au sujet des lapsi, on ne relève aucune allusion à une discipline antérieure impitoyable au péché d’idolâtrie, ni en ce qui concerne l’Église de Carthage, ni en ce qui regarde l’Éghse romaine. Novatien, en refusant tout pardon aux lapsi, établit un schisme contre le pape légitime Corneille. Voilà, à grands traits, ce que l’histoire nous apprend au sujet de la disciphne pénitentielle appUquée au péché d’idolâtrie au temps du pape Corneille. La grande nouveauté de cette époque fut simplement d’accorder d’urgence, en vue de la persécution, la réconciliation aux lapsi et d’étendre aux sacrificati, c’est-à-dire au péché d’idolâtrie consommé, l’indulænce qu’on avait décidé de montrer à l’égard des simples libellatici. En tout cela, il n’y a pas trace de réaction contre une tradition ayant force de loi dans l’Église : la seule réaction qu’on puisse remarquer à cette époque est celle que saint Cyprien exerce en s’opposant, pour maintenir les droits de l’épiscopat dans la réconciliation des lapsi, au nom de la tradition même de l’Éghse, aux tentatives indiscrètes de certains confesseurs de la foi. Sur les détails de la controverse des lapsi, cf. d’Alès, op. cit., c. x ; Stufler, Die Bchandlung der Gefallenen zur Zeit der decischen Verfolgung, dans Zeitschrift fiir katholische Théologie, 1907, t. xxxi, p. 577-618 ; Einige Bemerkungen zur Busslehre Cyprians, ibid., 1909, t. xxxiii, p. 232-247 ; Poschmann, Zur Bussfrage in der cyprianischen Zeit, dans Zeitschrift fiir katholische Théologie, 1913, t. iixxxv p. 25-54, 244-265 ; Allard, Histoire des persécutions pendant la première moitié du iiie siècle, c. viii, § 3, Paris, 1886 ; K. Mûller, Die Bussinstitution in Karthago unter Cgprian, dans Zeitsclirift fur Kirchengeschichte, 1895-1896, t. xt ; P. Batiffol, Les origines de la pénitence ; la crise novatienne, dans Études d’histoire et de théologie positive, 3e édit., Paris, 1904, p. 111-114 ; L’Église naissante et le catliolicisme, c. viii, Paris, 1909 ; Ernst, Cyprian unddas Papsttum,