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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/341

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IDOLATRIE, IDOLE


mort, à plusieurs catégories de pécheurs coupal^les d’idolâtrie : aux adultes baptisés qui ont sacrifié aux idoles, can. 1 ; aux fidèles baptisés qui, ayant accepté les fonctions de flamines, ont accompli des sacrifices idolûtriqucs et donné des jeux publics, can. 2. L’excommunication sera temporaire pour les flamines qui n’ont pas sacrifié, mais seulement donné des jeux ; pour les propriétaires qui favorisent les sacrifices idolâtriqucs de leurs tenanciers, can. 3, 40 ; quant aux apostats qui reiennent à l'Église après lonfîtemps, on leur imposera dix ans de pénitence, s’ils n’ont pas commis d’actes idolâtriques, sinon l’excommunication durera la vie entière, can. 46 ; excommunication temporaire aux titulaires des sacerdoces païens, s’ils se sont abstenus d’actes idolâtriques, can. 55 ; à ceux qui prêtent des vêtements pour les processions païennes, can. 57 ; excommunication de dix ans aux chrétiens qui assistent aux sacrifices païens du Capitole. Voir t. iv, col. 2380 ; Mansi, t. ii, p. 5 sq. ; Ilefele, trad. Leclercq, t. i, p. 221 sq. ; cf. d’Alès, op. cit., p. 37(). Dans le concile d’Arles (314), Mansi, t. ii col. 470 sq. ; Hefcle, trad. Leclercq, t. i, p. 280 sq., il est moins directement question du péché d’idolâtrie. Le canon 22 refuse en principe la communion, même à l’article de la mort, aux apostats qui ont attendu la maladie pour songer a la pénitence. D’Alès, op. cit., p. 379. D’ailleurs, le péché de l’idolâtrie se compliquant toujours, pour le chrétien, du péché d’apostasie, c’est l’apostasie qu’envisagent les règlements canoniques. Voir t. I, col. 1605-1610.

L’idolâtrie et le culte catholique.

Il ne nous est

pas possible, dans cet article sur l’idolâtrie, de passer sous silence un aspect des rapports de l’idolâtrie avec la théologie catholique, celui du culte. — 1. Les protestants, aux xvi « et xviie siècles, attaquèrent violemment les cérémonies de l'Église comme entachées d’idolâtrie, surtout la messe. A les en croire, tout le culte chrétien était païen dans son origine. Middleton, A lettcr from Rome shewing an exact confoimity betwecn popery and paganism, Londres, 1729 ; trad. franc., 1741, Lettre écrite de Rome montrant la conformité du paganisme avec la papauté ; Meier, De papalu per ethnicisum imprœgnato, Francfort, 1634 ; Valkenier, Roma paganizans, Franeker, 1656 ; Munck, Papismus-gentilismus, Coblence, 1664 ; S. Jones, De origine idololatrise apud gent’S et christianos, Lyon, 1708 ; A. Herold, De manifesta idololatria in romana Ecclesia, Leipzig, 1712 ; R ?imbold, Patres primorum sseculorum, idololatrise Romancnsium judices, Hambourg, 1736 ; Suke, Ueberreinslimmung des Papstlhums mit dem Heidenthum, Leipzig, 1738 ; Starck, De tralatiis ex gentilismo in religionem cliristianam, Kônigsberg, 1774 ; Hamberger, Rituum, qaos romana Ecclesia a majoribus suis genlilibus in sua sacra transtulit, cnarratio. Gotha, 1781. Cette attaque a été depuis renouvelée sous bien des formes dillcrentes. D’une manière générale, les protestants libéraux et les rationalistes admettent volontiers une influence des mystères religieux du paganisme dans la formation du christianisme, dogme et culte. L’attaque a été reprise principalement par Renan, Origines du christianisme, L'Église chrétienne, Paris, 1879 ; par Sabatier, Esquisse d’une philosophie de la religion, Paris, 1897 ; par Harnack, Christliche Gemeindegotlesdien^t, Erlangen, 1 874, etc. A vrai dire, il ne s’agit plus ici expressément d’idolâtrie, dans le sens strict du mot, voir col. 606 ; mais du paganisme en général. Aussi on se contentera de signaler ici ce problème, en renvoyant, pour l’exposé et la réfutation des allégations hétérodoxes, aux excellents articles apologétiques publiés dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique de M. d’Alès : 1° Mystères païens (les) et saint Paul (sur le point spécial de l’eucharistie, voir ici même, t. v, col. 1026 sq., 1045 sq.) ; t. iv, col.

964-1014 ; 2° Mithra (la religion de), col. 578-591 ; 3 » Inde (Religions de l’j, t. iii, col. 687-092, voir ici Jésus-Christ, et les abondantes bibliographies qui les accomjiagiient. Voir aussi Les origines du culte catholique. Le paganisme dans la liturgie, de dom Cabrol, dans la Revue pratique d’apologétique, t. iii, p. 209-223, 278-287, et, du même auteur, Les origines liturgiques, Paris, 1906.

2. Le problème de l’influence de l’idolâtrie sur le culte chrétien est serré de plus près dans la question de l’origine du culte des saints. On s’est demandé si les saints sont les successeurs des dieux du paganisme. P. Saintyves, Essais de mythologie chrétienne. Les saints successeurs des dieux, Paris, 1907. Pour cette question, voir Saints (Culte des). Pour la réfutation d’une pareille doctrine, voir E. Vacandard, Études de critique et d’histoire religieuse, 3* série, Paris, 1912, ]). 59-212. Cf. dom Leclercq, Anges, dans le Dictionnaire d’arcltéologie chrétienne et de liturgie, t. i, col. 2121 ; Ames, col. 1543 ; Athènes, col. 3039, 3072 sq.

3. Un aspect de la question appartient directement aux rapports de l’idolâtrie et du culte chrétien, c’est le culte des images dans l'Église. Voir Iconoclasme et Images (Culte des). Cf. Vacandard, op. cit., p. 177209.

V. Exposé théologique.

Définition.


C’est « le culte réservé au vrai Dieu rendu aux fausses divinités ». S. Thomas, Sum. theoL, II" H*, q. xav, a. 1. Évidemment, dans cette définition, le mot latrie signifie l’acte même de reUgion par lequel l’homme veut rendre un culte à la divinité et non la religion elle-même. Ibid., ad 2^'". Cf. S. Augustin, Idololatræ dicuntar qui simulacris eam servitutem exhibent quæ debetur Deo. De Trinitate, t. I, c. vi, n. 13, P. L., t. xui, col. 827 ; cf. De vera religione, c. xxxvii, P. L., t. xxxiv, col. 152 ; S. Isidore de SéviUe, Etym., t. VIII, c. xi, P. L., t. Lxxxii, col. 315. Aussi, remarque Lessius, De justitia et jure, t. II, c. xliii, n. 9, le péché d’idolâtrie existe non seulement lorsqu’il y a sacrifice en l’honneur d’une fausse divinité, mais encore en raison d’un simple signe par lequel la créature témoigne de sa soumission au créateur, par exemple, une génuflexion, un encensement, une simple inclination de tête à la statue de Jupiter.

Nature.

L’idolâtrie est une espèce de superstition : la superstition consiste à outrepasser le mode

que l’on doit observer dans le culte divin. On tombe dans cet excès chaque fois que l’on rend le culte divin à celui à qui il n’est pas dû. Or, on ne doit rendre ce culte qu’au seul Dieu souverain et incréé, comme le veut la vertu de religion, cf. II* 11^, q. lxxxi, a. 1 ; donc, il y a superstition chaque fois qu’on le rend à une créature », S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. xav, a. 1 ; l’idolâtrie peut être jointe à l’infidélité, mais, à proprement parler, elle n’est pas une espèce d’infldéUté. Ibid, , ad lum.

Divisions.

L’idolâtrie peut être ou simplement

externe, matérielle et simulée, ou interne, c’est-à-dire formelle. La première existe lorsque, poussé par la crainte ou par un motif analogue, l’homme simule extérieurement l’adoration des idoles, sans cependant consentir intérieurement à cet acte. Ce fut le cas des chrétiens sacrifiant ou brûlant de l’encens aux idoles par crainle des tourments. La seconde existe lorsque l’idolâtre a une véritable intention d’honorer une simple créature d’une culte divin, ce qui peut se concevoir de deux façons différentes : l’idolâtrie, en effet, peut ici être parfaite ou imparfaite. L’idolâtrie parfaite existe lorsque quelqu’un rend de plein gré les honneurs divins à une créature, mais avec la conviction que cette créature est vraiment un dieu. En ce cas, l’idolâtrie est jointe à l’infidélité : c’est l’idolâtrie des peuples païens actuels. L’idolâtrie impar-