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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/65

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HONORIUS 1er


passer dans une séance conciliaire. Leurs instructions ouvertes prescrivaient aux légats d’exiger l’entérinement pur et simple des condamnations doctrinales et personnelles portées au synode n main de 079. Le concile acceptait ce jufîement, mais il se croyait obligé d’y ajouter un paragraphe, aussi rude dans ses conclusions que dans ses considérants, sur le pape Honorius. On comprend diflicilement que les légats aient laissé passer sans un mot, sans même une observation, un incident si gros de conséquences. Et c’est pourquoi je me rallie volontiers à l’opinion de IIe."ele, suivant latiuelle des négociations eurent lieu, dont la trace n’est pas conservée, entre les légats occidentaux et les chefs de l'épiscopat oriental, dans l’intervalle des séances publiques <lu 22 et du 28 mars. Nous avons vu comment Jean de Porto avait demandé, à la fin de la séance du 22, la collation du texte grec de la lettre d’Honorius avec l’original latin. Une étude attentive du document lui révéla sans doute la gravité des charges qui pesaient sur la mémoire du feu pape. De là, par l’intermédiaire peut-être des officiers du basileus, qui assuraient la police du concile, des tractations avec les Orientaux. Ceux-ci abandonneraient (c'était une grave concession de leur orgueil) la série des patriarches byzantins plus ou moins comiiromis ; les latins, de leur côté, consentiraient n la proscription du pape Honorius (supposition faite également par dom Chapman). Mais comment expliquer que les légats aient si facilement abandonné la ligne de conduite que le pape Agathon leur avait tracée ? J’ai déjà dit qu’il n’est pas invraisemblable de supposer qu'à côté des instructions contenues dans la lettre ouverte d’AgatliOn au concile, les légats n’eussent reçu des pouvoirs pour les dépasser en cas de liesoin. D’autre part, Mgr Duchesne. Liber pontificalis, t. i, p. 35(5, n. 13, fait remarquer qu’il est tout à fait plausible de supposer une correspondance régulière entre les légats romains et le siège apostolique. Il n’est pas interdit de penser que, dès leur arrivée à Constantinople, les envoyés occidentaux ont compris, plus exactement que l’on ne pouvait le faire à Flome, la difficulté, disons l’impossibilité, de sauver la mémoire d’Honorius ; qu’ils ont rendu compte au pape de la situation, et ont reçu du siège romain l’autorisation d’accepter l’inévitable. Quoi qu’il en soit de ces conjectures, que nous donnons pour ce qu’elles valent, il est certain que la bonne harmonie entre grecs et latins ne fut pas troublée par la condamnation d’Honorius. Le dimanche de l’octave de Pâques, 14 avril fiSl, l'évêque Jean de Porto, en signe de l’union des Églises, célébra solennellement la messe latine dans la basilique de SainteSophie. Liber pontificalis, t. i, p. 354. Un certain temps interrompues, les sessions reprirent le 9 août (XVI^ session). Ce jour-là, on renouvela les acclamations en l’honneur du basileus et du pape Agathon, d’une part ; de l’autre, les anathèmes contre tous les hérétiques et tous ceux qui favorisèrent les hérétiques. Honorius reparut donc en fâcheuse posture, entre Sergius et les successeurs de ce dernier sur le siège de Constantinople. Mansi, ibid., col. 621. On revint encore sur les questions de personnes à la XVHI'-' session (16 septembre), présidée par le basileus eu personne. La séance avait commencé par la lecture des professions de foi des conciles antérieurs ; l’on ajoutait ensuite :

De tels symboles de foi auraient suffi à mettre en lumière l’orthodoxie. Mais comme le diable ne cesse de trouver sans cesse de nouvelles erreurs et de nouveaux organes pour exécuter ses volontés, nous voulons dire Théodore de Pharan, Sergius, et encore Honorius, jadis pape de l’ancienne Rome, il n’a pas cessé par eux de susciter le scandale d’une seule volonté et d’une seule opération des deux

natures. Heureusement le basileus est intervenu… Le concile convoqué par lui a accepté la lettre à lui écrite par le très saint pape Agathon, qui rejette nommément de l'Église ceux qui ont proclamé et enseigné une seule volonté et une seule opération en Jésus-Christ. Le concile a accepté cette lettre, ainsi que celle du synode romain, comme conformes au Tome de I^éon à Flavien. Il proclame donc la doctrine des (Jeux volontés et des deux opérations agissant de concert pour le salut du genre humain. Mansi, ibid., col. 636-637.

Suiventles signatures ; eu tête, celles des trois légats romains, les prêtres Théodore et Georges, et le diacre Jean, représentant Agathon, le pape œcuménique de la ville de Rome ; pour finir, celle du basileus. Et pour terminer, les acclamations et les anall.èmes : à Théodore de Pharan, anathème ; à Sergius et a Honorius, anntl ètue. Mansi. ibid., col. 05C. Le discours à l’empereur reproduisait ensuite en d’autres termes les déclarations ci-dessus ; il ajoutait : « Nous rejetons de l'Église les nouveautés doctrinales et leurs inventeurs, et nous ; es soumettons à l’anathème ; c’est à savoir Théodore de Pharan, Sergius, et avec eux Honorius, jadis pape de Rome, comme les ayant suivis en ceci. » Mansi, ibid., col. 665. Le discours est également signé par tout le monde, y compris l’empereur. Cinq copies authentiques sont faites des actes du concile, qui, dûment scellées du sceau impérial, seront envoyées aux cinq sièges patriarcaux. Enfin, on lut une lettre destinée au pape Agathon, le très saint et très bienheureux pape de l’ancienne Rome (en réalité, Agathon était mort depuis le 10 janvier, mais l’annonce officielle de sa mort n'était pas encore parvenue à Constantinople). Le concile, s’adressant au pape comme au chef de l'Église œcuménique, établie sur la pierre solide de la foi, lui communiquait le compte rendu de ses actes. Il n’avait fait en somme que se conformer à la décision du pontife suprême, en anathématisant Théodore, Sergius, Honorius, Cyrus, Pyrrhus, Paul et Pierre, auxquels il avait cru devoir ajouter les hérétiques encore vivants, entre autres Macaire et Etienne. Il demandait donc au pape de vouloir bien confirmer les décisions du concile. Mansi, ibid., col. 684.

Le même jour, le basileus faisait afficher, dans le troisième narthex de Sainte-Sophie, ce qui, des travaux du concile, devait être connu du public. L'édit impérial rappelait que c'était presque toujours par les gens d'Église que le diable avait trouvé le moyen de répandre le venin de l’erreur (en voulant sans doute donner le change sur les agissements d’Héraclius et de Constant), témoin les anciens hérétiques, Apollinaire, Thémistius, Eutychès, Dioscore ; témoin, à une époque plus récente, Théodore de Pharan, Sergius et aussi Honorius, jadis pape de l’ancienne Rome, lequel a contribué à affermir l’hérésie et qui s’est contredit lui-même. Mansi, ibid., col. 700. Suivait la profession de foi dyothélite, avec preuves à l’appui, et enfin l’anathème à toutes les hérésies qui, depuis Simon le Magicien jusqu'à maintenant, se sont insinuées dans l'Église. « Avec elles, continuait l'édit, nous anathématisons les nouveaux hérésiarques et leurs soutiens, nous voulons dire, Théodore de l’haran, et Sergius qui a partagé ses idées et son impiété, et encore Honorius cjui s’est montré en tout leur compagnon d’hérésie, et qui a affermi l’hérésie. Mansi, ibid., col. 709.

Enfin, la nouvelle de la mort du pape Agathon étant arrivée à Constantinople avant le départ des légats romains, le basileus crut convenable de remettre à ceux-ci une lettre pour le nouvel élu, le pape Léon II, dont ils emportèrent sans doute en même temps la confirmation (Léon ne fut consacré que le 17 aoflt 682). La lettre imuériale rappelait la sollicitude témoignée par le basileus pour le rétablissement de la