Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
491
492
JANSÉNISME, LES CINQ PROPOSITIONS


nécessité simple volontaire n’est pas perpétuelle, immuabie et fixe, car notre volonté est instable : la délectation victorieuse actuelle peut être vaincue par la délectation opposée. 4. Il y a, dans la volonté, une certaine Indifférence, mais toute passive ; c’est plutôt une flexibilité de la volonté, qui, déterminée à un acte par une délectation victorieuse, conserve le pouvoir tout passif d’être déterminé à un autre acte, quand triomphera la délectation contraire. 5. La Volonté, à cause de sa flexiLilité et de son inconstance, conserve toujours le pouvoir de faire le bien ou le mal, mais le pouvoir de faire le bien est lié et empêché, tant que triomphe la cupidité et le pouvoir de faire le mal est lié, tant que triomphe la grâce. L. VII, c.v.

Amis et adversaires de Jansénius, l’abbé de Bourzéis, In nomine Domini et Augustin victorieux, comme le P. Annat, In/ormatio de quinque pronositionibus et De incoacta libertute, dennent ce sens à la proposition dénoncée par Cornet ; lez jansénistes continuent de lui attribuer le même sens après la condamnation par Innocent X : Déjense de la constitution a" Innocent X, c. xvii, p. 204, 284 ; Chimère du jrnsénisme, c. x, p. 119 : Éclaircissement du /ait et du sens Ce Jansénius, I" partie, c. iv, a. 7, p. 170.

4° Quatrième proposition.

Semipolagiani admitteLes semi-pélagiens admet bant prævenientis gratiae taient la nécessité de la grâce

interioris necessitatem ad intérieure prévenante pour

singulos actus, etiam ad inichaque acte en particulier,

tium fldei ; et in hoc erant même pour le commence hæretici quod vellent eam ment de la foi, et ils étaient

gratiam talem esse cui poshérétiques en ce qu’ils vou set humana voluntas resislaient que cette grâce fût

tere, vel obtemperare. telle que la volonté pût lui résister ou lui obéir.

Cette proposition est condamnée comme fausse et hérétique.

La 1e proposition est assez complexe : elle comprend deux parties dont la première énonce un fait et se rapporte à l’histoire et dont la seconde énonce un degme de foi.

Jansénius a soutenu la première pr.rtie en divers endroits, spécialement au 1. VIII de l’hérésie pélagienne, Auguslinus, t. i, où il prétend que les semipélagiens (les Marseillais) admettent la nécessité d’une grâce antérieure prévenante pour chacune de nos actions, même pour le commencement de la loi, ibid., I. VIII, c. vi. Ailleurs, De. gratiu Christi, t. II, c. XII, il rappelle cette doctrine, quand il écrit : memoria recolendum est semipelagianos ad illud initium fidei, oralionem, desideria, similesque actus bonos quos homini in potestate remunsisse sentiehant r.eræ, interna, actualisque gratis adiutnrium statuisse necessarinm. Jansénius avoue d’ailleurs que ceux des Marseillais qui se rapprochaient davantage des pélagiens n’admettent pas d’autre grâce que la Ici et la doctrine chrétienne. De birre.si prlagiana, I. VIII, c. vi.

La seconde partie de la proposition condamnée affirme que les semi-pélagiens étaient hérétiques, parce qu’ils regardaient cette grâce nécessaire à tous les actes, comme une grâce à laquelle la volonté pouvait, à son gré, résister ou obéir, bref, comme une grâce suffisante. Ibid., I. VIII, c. vi, et aussi De gratta Clristi, I. II, c. xv.

La résistance dont parle Jansénius n’est point celle que la concupiscence oppose toujours a la grâce, puisqu’il dit, qu’après le péché, il y a toujours conllit entre les deux délectations. Noire volonté, écrit Arnauld, Considérations sur l’entreprise tuile par Moitié Nicolas (omit, p. 2(i, résiste toujours, par sa concupiscence, aux mouvements de la grâ : e de Dieu et ne les reçoit jamais avec une soumission et une

paix entière, comme elle fera dans le ciel, quo’que la vraie grâce de Jésus-i Jirist se fasse toujours obéir et surmonte notre faiblesse… Que si par résister on entend arrêter la vertu de la grâce et la rendre inutile., il est certain que les semi-pélagiens ont été condamnés pour avoir soutenu qu’on peut résister… de cette manière a la grâce prévenante dans le commencement de la foi.

Il ne s’agit pas, non plus, d’une résistance éloignée, liée, empêchée, résistance qui, étant donnée la flexibilité de la volonté, reste toujours possible, puisque la volonté, alors qu’elle est sous l’influence de la grâce victorieuse, l’ait nécessairement le bien, mais peut être tournée vers le mal. quand la concupiscence redevient victorieuse. Jansénius accorde (3e proposition) que cette puissance éloignée de pécher, cette résistance possible à la grâce subsiste toujours dans l’âme, même quand elle est sous l’influence de la grâce.

Il s’agit d’une puissance prochaine, complète, parfaite, en vertu de laquelle la volonté petit, à son gré, n/c et nunc, résister à la grâce excitante en ne faisant pas ce pour quoi la grâce est donnée.

Ainsi le sens de Jansénius est bien le suivant : certainssemi-pélagiens admettent la nécessité d’une grâce prévenante intérieure pour chaque acte, même pour le commencement de la foi, ce qui semblerait orthodoxe ; mais ils étaient hérétiques en ce sens qu’ils prétendaient que la volonté peut, à son gré, et d’un pouvoir prochaii.. réel et parfait, obéir ou résister à cette grâce, de telle sorte qu’elle peut empêcher l’elTct pour lequel Dieu a donné cette grâce ; ils étaient hérétiques, parce qu’ils prétendaient que la volonté a une activité propre qui lui permet Je faire échec à cette grâce. Par suite, la thèse catholique, d’après Jansénius, est que la volonté est une réceptivité passive, un témoin inerte du conllit entre les deux délectations.

D’a’lleurs, cette proposition ainsi comprise, découle du système de Jansénius sur la grâce de l’homme déchu et se ramène à la deuxième : toute grâce est efficace et produit toujours son elïot : aussi les semipélagiensont été des hérétiques pour avoirsoulenu que la volonté reste maîtresse d’obéir ou de résister à la grâce prévenante, à son gré, alors que les cil constances necbangent pas. c’est-à-dire tandis que les deux délectations en conflit restent respectivement les mêmes.

Après comme avant le décret d’Innocent X cont-e cette proposition, les défenseurs et les adversaires de Jansénius entendent dans le même sens la proposition condamnée. Arnauld, dans ses Considérations sur l’entreprise /cite par Maître Nicolas Cornet, p. 26, l’abbé de Bour7éis, Jans l’écrit In nomine Domlnl, p. 25, 28, 30, et dans Soin.’Augustin victorieux, c. xxiv, p. 187-189 et c. xxv, p. 193, l’abbé de l.a Lanc dans La orâce oictorieuse de Jesus-Christ, p. 55, sont d’accord avec le P. Annat, ln/ormatio de quinque propositionibus, qui cite des textes de Jansénius et avec le docteur Hallicr, dans l’écrit qu’il remit à Rome aux cardinaux assemblés pour l’examen du livre de Jansénius.

Après la condamnation des cinq propositions, les jansénistes continuent, avec certaines formules équivoques, à défendre la même thèse. Ainsi Arnauld, dans divers écrits reproduits par Quesnel, Causa Amaldina, p. 295 sq, et dans son ouvrage : Veru sancti Thomæ de qralia suffleienti et effleaci (tnctrina, a. 117, répète formellement qu’on ne résiste pas et qu’on ne peut pas résister à la grâce, quant à l’effet pour lequel Dieu l’a donnée.

5° Cinquième proposition.

Semlpelagtanum est dicere Ilestsemi-pélngiende dire

Christum pro omnibus omque Jésus-Christ est morioa

nino bomlnlbus mortuura qu’il a répandu son snng

esse aul Banguinem ludisse. généralement pour tous le§

hommes.