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.IANSKNISMK, LES CINQ PROPOSITIONS


Cette proposition est condamnée comme fausse, téméraire, scandaleuse : et, entendue en ce sens que Jésus-Christ serait mort seulement pour le salut dos prédestinés, cette proposition est déclarée impie, blasphe’matoire, calomnieuse, injurieuse à la bonté de Dieu et hérétique.

Cette 5e proposition se trouve exprimée en termes formels par Jansénius De gratin Christi, t. III, c. xxi, lorsqu’il explique les textes scripturairesonest affirmé, ce semble, le caractère universel de la rédemption et quand il réfute les arguments répétés ad nauseam, dit-il, par les pclagiens et les Marseillais.

Janséniu.s tait remarquer, avec raison, que, pour que Jésus-Christ soit proclamé le rédempteur universel, il ne suffit pas qu’il ait payé un prix suffisant pour le rachat de tous ; il faut que, positivement, il ait voulu appliquer ce prix au rachat de tous. D’autre part, il faut distinguer en Dieu, la volonté de simple corn/ laisanre qui, par elle-même, est stérile, car elle n’est que l’approbation d’une chose bonne en laquelle Dieu se complaît, uniquement parce que la chose est bonne, sans rien fuire pour la réaliser. La volonté de bienveillance, au contraire, est efficace ; elle réalise la chose aimée, soit qu’elle la tire du néant, soit qu’elle la conserve, soit qu’elle la comble de bienfaits. En Jésus-Christ, ces deux volontés existent.

Enfin, quand on dit que Jésus-Christ est mort pour tous les hommes, il faut savoir ce que signifie le mot tous ; il peut signifier soit tous Us individus de la race humaine sans exception, soit des individus de tous les groupes d’hommes qui existent.

Après ces distinctions préliminaires, Jansénius conclut : 1. Jésus-Christ, en mourant, a payé le prix suffisant pour le salut de tous, même des démons et des damnés ; 2. en lui. il y a un amour de complaisance, un désir de sauver tous les hommes, un désir qui s’étend aux mauvais aussi bien qu’aux bons, t. III, c. xx, mais il n’y a point en lui un amour de bienveillance qui préparerait et accorderait à tous les hommes sans exception les moyens nécessaires pour que tous puissent effectivement parvenir au salut ; 3. Jésus-Christ est mort pour tous les hommes, c’est-à-dire, pour toutes les espèces d’hommes : pour les juifs et les gentils, pour les esclaves et les hommes libres, pour les princes et les sujets, les savants et les ignorants, les adultes et les enfants, les hommes et les femmes, etc. ; car, il y a des élus appartenant à chacun de ces groupes, I. III, c. xx, xxi ; i. on peut dire qu’il est mort pour d’autres que les élus, en ce sens qu’il a mérité à certains réprouvés des grâces temporelles et provisoires dont il les a comblés ici-bas ; 5. mais Notre-Seigneur n’est pas mort pour tous les hommes pris à part, individuellement ; il n’a point préparé pour chacun et il n’a pas donné à chacun en particulier les moyens suffisants pour arriver au salut ; il n’est pas mort pour le salut des réprouvés ; il n’est pas mort pour ie salut des fidèles et des justes qui ne persévèrent pas, de la même manièrj qu’il n’est pas mort et n’a pas prie pour le salut des démens.

Bref, par sa mort, Jésus-Christ a mérité le salut éternel et les moyens d’y parvenir pour les seuls élus, la foi et la sainteté pour les seuls justes, la grâc ; de la foi pour les seuls fidèles ; il n’a rien mérité pnur le"* infidèles qui meurent dans leur infidélité. Le Chrst n’a voulu racheter que ceux qui, en fait, sont élus et sauvés.

Le sens de la proposition condamnée est celui-ci : il est semi-pélagien de dire que Jésus-Christ est mort pour tous et chacun des hommes pris en particulier et qu’il ait versé son sang pour le rachat de tous et de chacun avec la volonté de préparer et d’accorder à tous et à chacun les moyens suffisants pour arriver au salut. Il n’a mérité et voulu le salut éternel et les

moyens d’y parvenir que pour ceux-là seuls qu’il a élus et prédestinés ; pour les justes qui ne persévèrent pas, il a mérité la foi et la charité pour le temps on ils sont justifies ; pour les fidèles, il a mérité la foi, mais sans la charité ; pour les infidèles, il n’a mérité ni la grâce de la foi, ni la charité.

Ainsi la proposition de Jansénius condamnée par Innocent X dillère de la proposition de Calvin condamnée par le concile de Trente ; par suite, il est faux de prétendre, avec quelques jansénistes, que la condamnation d’Innocent X ne fait qu’atteindre Calvin et rééditer le concile de Trente.

Arnauld, dans son Apologie pour les Saints Pères, IW partie, point ii, a. 24, p. 296 ; a. 25, p. 302, est d’accord avec le l*. Annat, In/nrmatio de quinque propositionibus et Augustinus a Baianis vindicutus, t. II, c.v, a. 1, pour le sens de la proposition condamnée.

I. Manuscrits.

Divers documents surles cinqpropositions : Finlnnt., mssfr. 15 800, 19 704 ; Mémoire pour justifier la condamnation que le Saint-Siège a faite des cinq propositions sous le nom de Jansénius et en son sens, mss fr. 17 730 ; Lettres originales de M. Lagault, un des députés à Borne dans l’affaire des cinq propositions de Jansénius, écrites à M. Grandin, syndic de la Faculté de théologie Je Paris, depuis le 15 avril 1652 jusqu’au 14 septembre 1653, mss fr. 10 572 ; Récapitulation succincte de ce qui s’ect /ait de principal (tant à Rome qu’en France) pour la condamnation des cinq propositions du livre de Jansénius de Ï639 à 1713, par Le Dran, Affaires étrangères : Rome. 17 ; Exposition de l’affaire de Jansénius sous les papes Urbain VIII et Innocent X (1640-1654), Affaires étrangères : Rome, 18, 19.

II. Imprimés.

Bourzéis, Propositiones de gratia in Sorbona’facullate propediem examinander per mugistrum Nicolaum Cornet, in-8°, 1649 ; Arnauld, Considérations sur l’entreprise faite par M. Nicolas Cornet, syndic de la faculté de théologie de Paris, en l’assemblée du 1° juillet 164 9, in-4°, Paris, 1649 (Oùivres, t. xix, p. 1-43) ; Bourzéis, Quinque propositionum de gratia quee facullali theologicee Parisiensi M. Nicolaus Cornet subdole exliibuit jirima julit anni 1649, vera et catholica expositio juxta mentent discipulorum sancti Augustini, in-4°, Paris, 1651 ; Conditions pour examiner la doctrine de la grâce, présentées àla faculté de théologie assemblée en Sorbonne le 1° décembre 1649, où l’on fait un récit de ce qui s’est passé dans ladite assemblée, lorsque ces conditions y ont été présentées, in-4°, Paris, 1649 ; Paul Romain (Jean Guillebert et Jean Hamon), Apparatus Molime collalorumque adversus doclrinam sancti Augustini ad Nie. Cornet, in-4°, Paris, 1649 ; Morel, Les véritables sentiments de saint Augustin et de l’Église touchant la grâce contre les erreurs d’un abbé et d’un auteur anonyme, in-4°. Paris, 1650 ; Bourzéis, Lettre d’un abbé à un évêque, ln-4°, Paris, 1649 ; Lettre d’un abbé à un abbé, in-4°, Paris, 1649 ; Lettre d’un abbé à un président sur la conformité de S. Augustin avec le concile de Trente touchant la manière dont les justes peuvent délaisser Dieu et être ensuite délaissés de Lui, in-4°, Paris, 1649 ; L’arrêt de condamnation des Jansénistes confirmé ; saint Augustin défendu et délivré ; tout le Jansénisme fondé en trois sortes de sophistiquerie et ré] onse aux cinq livres intitulés : Considéiations, lettres <f proposition* d’un abbé Paul Romain, et lettres d’un abbé, in-4°, Paris, 164 !) ; Pierre de Saint-Joseph, Les sentiments de S. Augustin et de toute l’Église louchant tes propositions que la fatuité de théologie a fait examiner depuis quelque temps, in-4°, Paris, 1649 ; Mathieu Feydeau, Catéchisme de la grâce, in-12, 1650 ; P. Dorisy, S. J., Réponses raiholiques aux questions proposées dans le prétendu catéchisme de la grâce, in-12, Paris, 1650 ; P. L’Hermitte, Catéchisme ou abrège di doctrine touchant lu grâce divine selon lis bulles de Pie V, de Grégoire XIII et d’Urbain Y 111 ; antidote contre Us erreur » du temps par un docteur de théologie de Douai, in-12, Douai, 1650 ; Antoine Richard, Stratagi ma que bellumsuisuorumque defensiuum nl> erroribus Massilienstum translulit m sancti Augustini et episcopi Ipri n ; is offt nsiium, in--l", 1650 ; Barcos, Quee th s. Augustini it doctrinal tjus auctortlas in Ecclesta ? Opus propugnandis hodiernis eirortbui contro que elucidandis < t comparandis </ i i n ni datum, mquo

excutitur apparatus ad træliluin de gratin traditum, in-4°, Paris, 1650 ; Bourzéis, Apologie du concile dt’Imite et de