manque ni de solidité ni d’entrain. Son adversaire, qu’il appelle ironiquement Dormitanttus, semble ne s’être pas relevé des coups que le rude athlète lui avait portés : on ne voit pas que, dans la suite, il ait encore été question de lui et de ses erreurs. Des doctrines analogues sont exposées dans les lettres xiv à Héliodore, crx à Riparius. P. 1… t. xxii,
col. oIS et in’7.
ti. Nous avons mentionné plus haut, l’apparition sournoise île Pelage et du pélagianisme en Palestine, et les tristes exploits par lesquels leurs adeptes s’y signalèrent bien tôt. C’est contre cet te erreur que Jérôme. déjà accablé de vieillesse, lit sa dernière campagne, avec le regret, exprimé quelques mois avant sa mort, de ne pouvoir plus la continuer. Il lui avait opposé, pour ne point parler des coups appliqués occasionnellement et en passant, deux écrits principaux.
a) Le premier est une réponse, Epist., cxxxiii, col. 1147-1161, à un certain Ctésiphon, d’ailleurs inconnu, que plusieurs manuscrits qualifient Urbicus ou Vrbicius et qui paraît avoir appartenu à une famille puissante, assez portée pour les novateurs. Ctésiphon avait demandé a être éclairé. Pour satisfaire à son désir, son correspondant ne se’borne pas à réfuter les thèses extravagantes de l’à-⌒-x (exemption des passions) et de ràvxu-xp—r/jix (exemption du péché), prises comme point de départ pour nier la nécessité de la grâce, il veut remonter à la source du système erroné ; et il montre dans celui-ci un écho, un débris facilement reconnaissable de plusieurs philosophies païennes, du pythagorisme et du manichéisme notamment, qui, considérant l’homme comme une émanation de Dieu, tendaient à l’égaler à lui. Et parce que Rulin avait traduit et publié sous le nom de Xyste pape et martyr un livre favorable au pélagianisme. qui était l’œuvre de Xyste, philosophe pythagoricien, Jérôme ne laisse pas échapper cette occasion de relever l’étrange méprise et de dauber le malencontreux traducteur. Du reste, dans cette longue lettre, qui a pris l’allure d’un petit traité, il garde des ménagements manifestes envers Pelage, ne le désignant pas nommément, ni lui ni ses sectateurs. Mais il ne faudrait pas le solliciter beaucoup pour amener de sa part un changement de tactique ; et les intéressés en sont avertis vers la fin : Xullius in hoc opusculo nomen proprie langitur. Adversus magistrum peroersi dogmatis locuti sumus. Qui si iratus juerit alque rescripserit, suo quæsimus prodetur indicio, ampliora inverso cerlamine vulnera susceplurus.
b) La menace peu déguisée contenue dans ces paroles ne tarda pas à être mise à exécution, au moins en ce qui concerne la force et l’ampleur du réquisitoire. C’est, en effet, au cours de la même année 415 que l’infatigable polémiste donna, en trois livres, sous le titre de Dialogue adversus Pelayianos, P. L., t. xxiii, col. 495-590, une réfutation plus détaillée du système hérétique. L’ouvrage, comme son titre l’indique, est écrit en forme de dialogue. Les interlocuteurs sont un catholique du nom d’Atticus et le pélagien Critobule. Entre eux, la discussion prend souvent une allure si animée, si serrée, par l’entrecroisement des demandes et des réponses, des objections et des répliques, qu’on la suit avec autant de plaisir que de facilité. La clarté et une élégantevivacité y vont de pair ; et cette œuvre est sans doute à ranger, avec la correspondance, parmi les productions à la fois les plus attrayantes et les plus littéraires de l’auteur, (pliant au fond, la méthode adoptée a l’avantage d’amener naturellement une étude très fouillée du sujet, de mettre à nu les équivoques multiples auxquelles la secte avait recours pour échapper a la répression. Le champion catholique fait d’ailleurs preuve d’une érudition scripturaire si
plantureuse, il cite si à propos l’Ancien et le Nouveau Testament, qu’on devinerait s’il en était besoin, le maître ès-sciences bibliques qui seul a pu le former et l’armer si complètement. On remarquera que, dans ce traité encore, malgré son ampleur relative. Pelage et les pélagiens ne sont pas nommés. N’est-ce pas peut-être ((n’en vieillissant Jérôme s’était avisé qu’on peut servir les intérêts de la vérité sans molester et humilier ceux qui lui font opposition ? Près de finir, il mentionne et loue vivement plusieurs ouvrages de saint Augustin contre le pélagianisme, qui viennent d’arriver à sa connaissance. En présence de réfutations si autorisées, il s’excuse presque d’être intervenu dans la controverse, et il se taira, pour ne point porter de l’eau à la rivière, ne dicatur mini illud Horalii : In sylvam ne ligna Mais s’il renonce à se commettre lui-même désormais avec les hérétiques, il ne cessera point jusqu’à sa mort de se préoccuper des moyens de les ramener ou de les confondre, et ses dernières lettres, nous l’avons vii, s’inspirent encore de cette préoccupation.
3° Œuvres historiques. — Absorbé généralement par ses travaux d’exégèse et de polémique, Jérôme fit cependant plus d’une fois œuvre d’historien. Sa mémoire vaste et sûre tout ensemble et son goût des recherches d’érudition devaient le pousser dans cctle direction et pouvaient lui être ici d’un grand secours. Dans ses traités de polémique, on rencontre de-ci de-là de belles pages d’histoire. Il s’était proposé « si Dieu lui en donnait le temps et si ses détracteurs cessaient de poursuivre un fugitif et un reclus, » P. L., t. xxiii, col. 53, de retracer les vicissitudes de l’Église « depuis l’avènement du Sauveur jusqu’à son temps. » Il n’a pas exécuté ce dessein. Mais dans ce genre littéraire nous lui devons cependant d’appréciables contributions.
1. Il a traduit la Chronique d’Eusèbe, P. L., t. xxvii, col. 34-702, dont l’original est perdu, et tout en complétant la partie un peu maigre qui regarde l’histoire romaine, il a continué l’ouvrage depuis la vingtième année de Constantin jusqu’à la mort de Valens(378). Ce travail est de 388, et, malgré ses lacunes et ses inexactitudes, il a rendu de longs services L’édition de Schoene, 2 vol.. Berlin, 1866, 18 15, garde une sérieuse valeur, même après l’apparition de celle qu’a donnée H. I lelm dans le Corpus de Berlin en 1913.
2. Quatre ans plus tard, en 392, Jérôme composa le De viris illustribus, P. L., t. xxxiii, col. 601-720. C’est le titre qu’il donne lui-même à son recueil dans une lettre à Désidérius, Epist., xlvii, 3, P. /, ., t. xxii, col. 493, quoique, de son propre aveu, Epist., cxii, ad Augustinum, 3. il eût dû l’intituler plutôt : De scriploribus ecclesiaslicis. Il y dresse, en effet, en cent trente-cinq chapitres, un catalogue des écrivains ecclésiastiques des quatre premiers siècles. Philon et Sénèque y sont mentionnés par exception, le premier, à cause de la manière impartiale et élogieuse dont il parle de la chrétienté primitive d’Alexandrie, le second, à raison de la correspondance qu’il aurait entretenue avec saint Paul. La liste comprend aussi quelques hérétiques. L’auteur l’ouvre par le nom de l’apôtre saint Pierre ; il la ferme par son propre nom et dans un autre endroit, il la date, en affirmant qu’il y a indiqué brièvement ions les ouvrages qu’il avait composés jusqu’à la quatorzième année « lu règne de Théodose. Epist., i.vu. ibid. on a relevé dans ce livre quelques lacunes regrettables ; il omet, par
exemple, l’apologiste Al hénagore. On lui a reproché aussi son extrême concision dans certains cas ; il n’a que deux lignes sur Jean Chr> sostome i qu’on dit avoir écrit beaucoup de choses. niais dont Jérôme
lui-même n’a lu que L Qepl lepcûoovTjt ;, a. 129. Saint Ambroise n’obtient lui non plus qu’une bien maigre