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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/283

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1975
1976
JUNIUl’S AFRICANUS — JURIDICTION, NATURE


Esdras, à Job et au Cantique des cantiques et parce que certains Pires orientaux comme Athanase, Cyrille de Jérusalem, Grégoire de Nazianze, Amphiloque, Épiphane, etc., tout en ne mettant pas dans leur canon divers livres de l’Ancien Testament (Esther, Tobie, Judith, les deux livres des Macchabées, l’Ecclésiastique, la Sagesse), les cil aient néanmoins dans leurs œuvres dogmatiques et s’en servaient pour compléter l’instruction des catéchumènes, on s’était refusé, à Nisibe, à les rejeter absolument du catalogue (.les saintes Écritures : on avait pris un moyen terme, on les y avait admis mais en ne les considérant que comme des livres jouissant d’une autorité moyenne. On peut même se demander jusqu’à quel point la théorie de Théodore sur une double grâce d’inspiration ne facilita pas à Nisibe cette conciliation des enseignements du maître avec les opinions communément admises et si elle ne fournit pas une base théologique à cette autorité moindre qu’avaient certains livres. Aux écrits auxquels Théodore n’avait accordé qu’une grâce de prudence et-de sagesse et qu’il avait pour ce motif conservé dans son canon, on fit le même traitement qu’à ceux qu’il avait déclarés rédigés sous l’influence de l’inspiration prophétique ; les Proverbes et l’Ecclésiaste fuient admis à figurer parmi les livres d’une autorité parfaite. La grâce de prudence et de sagesse se serait donc trouvée du coup sans aucune utilité. Or il semble bien étonnant que l’on ait laissé tomber complètement cette théorie du maître et comme, à Nisibe, avant de dire par quels moyens se prouvait l’inspiration on ne manquait pas de proclamer que tous les Livres saints, sans aucune exception, avaient été rédigés sous l’influence de l’inspiration divine (1. II. c. xxix), il semble probable que ce fut cette grâce de prudence et de sagesse que l’on accorda aux auteurs qui avaient rédigé des livres de moyenne autorité, on fut donc probablement victime à Nisibe de l’erreur de Théodore sur l’inspiration a deux degrés, d’une inspiration moindre on conclut sans doute à une autorité simplement moyenne.

Les règles à suivre pour interpréter les Livres saints, pour y rechercher le sens littéral et typique, les concepts du type et de la prophétie, les explications des ti xtes prophétiques de 1 A. et du N. T. révèlent aussi cette même parenté de pensée entre les affirmations de Théodore et renseignement donné à Nisibe. Paul le Persan distinguait lui aussi avec grand soin le type de la prophétie. La prophétie c’était l’événement futur annoncé par les mots pris soit au sens propre soit au sens figure : le type c’était l’événement annoncé par les faits ou les personnes signifiées par les mots. Pour Théodore, cf. ]’. G., t. lxvi, col. 232, 320-324 et Instituta, t. ii, c. xvi.il donnait pour cadre à la prophétie le passé, le présent et le futur. P. < ;., t. lxvi, col. 128, 212, 476, 597, ete ; Instituta, t. I, c. iv. C’était là, on le sait, un concept bien antiochien, qui était, chez les théologiens de cci ie école, d’usage courant. Cf. pseudo-Chrj sostome, Synopsis Sacrée Scripturæ, P. G., t. i.vi, col. : (l(i, .’H 7 ; Théodoret, Jn Psalm., P. G., t. lxxx, col. 861 ; Adrii n. P. G., t. xcviii, col. 154.

Ces indications suffiront, sembîe-t-il, à démontrer l’étroite dépendance de Junilius a l’égard de Théodore de Mopsueste par l’intermédiaire de Paul le Persan. Bien que mitigées sous l’influence de la tradition, les singularités de son ranon des saintes Écritures ne peuvent s’expliquer autrement de façon satisfaisante.

Lei Instituta regularia oui é i’publiés pour la première

[<ms eu 1545 ; ils ont été reproduits dans Mlgne, P. L.,

i. i win.ini. 15-42. la plus récente édition critique qui en

ail été laite es1 celle de Klhn donnée, en 1880, en appen . volume Theodor voit Mopsuestia und Junilius

Africanus ah Exegeten, p. 465-528. Pour l’établir, Kihn s’est servi de 13 manuscrits, l’un d’eux remonte au VIe siècle le palimpseste de Saint-Gall 908 ; les plus récents sont du i siècle.

Les quelques ouvrages ré’ccnts concernant Junilius ou Théodore : Kihn et L. I’irot ont été indiqués au cours (i< cet article.

L. PlROT.

    1. JURIDICTION##


JURIDICTION. — I. Nature de la juridiction. IL Existence de ce pouvoir dans l’Église (col. 1978). IiJ. Ses divisions (col. 197 ! » ). IV. Sujet du pouvoir de juridiction (col. 1987). V. Objet ou matière du pouvoir de juridiction dans l’Église (col. 1989). VI. Source et étendue de ce même pouvoir (col. 1992).

I. Nature de la juridiction.

La société ecclésiastique ressemble en partie à la société civile, mais en partie aussi elle en diffère. Comme la société civile, la société ecclésiastique se propose une fin que ses membres doivent atteindre par des moyens communs ; mais, tandis que pour la première la fin est purement naturelle, dans la seconde la fin appartient à un ordre supérieur que les forces de la nature sont impuissantes à atteindre et où il faut l’influence directe d’un agent surnaturel qui n’est autre que Dieu. Nous le savons, l’élément principal dans une société, celui qui en détermine la nature ou l’essence, est la fin qu’elle se propose d’atteindre, mais la fin complète et non partielle. D’autre part, une société ne peut exister ni même se concevoir s’il ne s’y rencontre un modérateur pour tenir la balance entre les volontés individuelles, ramener leurs tendances diverses et les faire concourir par leur harmonie à l’unité commune. D’où la nécessité de trouver dans la société un pouvoir qui commande à la multitude, la dirige et au besoin la contraigne, de manière que le groupement social puisse al teindre la fin qui lui est propre. Ce pouvoir de commander, essentiel à toute société, se rencontre obligatoirement dans la société ecclésiastique qu’est l’Église, et au même titre que dans toute société parfaite, puisqu’elle est elle-même une société parlai le, comme on le démontre péremptoirement ailleurs.

Toutefois, cette autorité est d’une nature bien différente, et cela tient à la condition spéciale de cette société. L’Église, en effet, a une fin surnaturelle et, pour l’atteindre, elle n’a pas seulement à diriger et à régler les forces sociales de ses membres, mais encore a appliquer des principes qui permettent à leur activité de s’exercer d’une manière conforme et proportionnée à la grandeur du but qu’ils poursuivent. Ces principes se ramènent à deux, qui sont la vérité et la grâce : la vérité surnaturelle donnée par la révélation et qu’il faut tenir par la foi, la grâce qui, nous élevant a la participation de la nature divine, nous rend aptes a agir dans l’ordre de notre fin surnaturelle qui est la vie étemelle. Nous devons l’une et l’autre au Verbe incarné de qui il est écrit : l’A habitavit in nobis.. plénum gratiæ et veritatis et de plenitudine ejus nos omnes accepimus ; et encore Lex per Moysen data est, i/ralUi et veritas per Jesum Christian fada est. Joa., i. M, Hi, 17.

C’est pour assurer la dispensalion de la vérité et de la grâce que le Christ lui-même a établi la hiérarchie apostolique : Que les hommes, dit saint Paul, nous regardent comme les ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu, » I Cor., iv, 1, les mystères de Dieu, à savoir : les sacrements ou signes sensibles institués pour notre sanctification, et les dogmes révélés que la foi nous oblige à croire.

Voilà pourquoi, dans le royaume du Christ, outre

le pouvoir de régir impérativement les actes des sujets,

il doit y avoir un pouvoir particulier pour dispenser les moyens surnaturels mis par Dieu à la disposition de l’Église. Ce pouvoir de dispensalion lui-même se dédouble suivant que l’on considère, d’une part l’admi-