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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/605

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LA ROCHEFOUCAULD — LAS CASAS


son siège contre celui de Clermont. La Rochefoucauld fut ainsi nommé évêque de Senlis, au grand désappointement des Auvergnats, qui regrettèrent un évêque qu’ils avaient apprécié et aimé pendant vingt cinq ans.

Le nouvel évêque de Senlis ne put se rendre imméditament à son poste dont il prit possession par procureur le 21 avril 1610 : il venait d’être envoyé à Rome en mission par le roi. Il y acquit aussitôt une grande influence : il fit partie de diverses congrégations ; aidé par l’amitié de Bellarmin, il travailla à la supression des décrets de Bâle ; il succéda au cardinal Givre, comme protecteur de l’ordre de Cîteaux ; il devint, pendant l’absence du cardinal de Joyeuse, viceprotecteur de toute la France. Paul V aurait voulu le garder auprès de lui, et il avait insisté dans ce sens auprès de la régente. Mais, sans attendre la réponse, poussé par son zèle pour ses aiocésains, La Rochefoucauld avait regagné la France, et prenait effectivement possession du siège ae Senlis, le. Il no vembre 1613.

Son influence se fit sentir au delà des limites de son diocèse. Les décrets disciplinaires du concile de Trente étaient toujours, en France, en discussion. Aux États généraux de 1614, l’évêque de Senlis s’efforça de faire accepter ces décrets, avec la réserve toutefois des libertés de l’Église gallicane, des immunités du royaume, des privilèges et exemptions des chapitres, monastères et congrégations ; il ne put y parvenir par suite de l’opposition du tiers. Mais en 1615, à l’Assemblée générale du clergé il fut assez heureux pour obtenir l’acceptation des décrets par trois cardinaux, sept archevêques, quarante cinq évoques et trente membres du clergé inférieur. L’assemblée de 1615 marque une date dans l’application en France du concile de Trente : c’est un grave échec pour le gallicanisme.

A la cour, La Rochefoucauld exerce une très heureuse influence, lorsqu’il succède, en 1618, au cardinal Du Perron, comme grand aumônier de France, et lorsqu’en 1622, à la mort du cardinal de Retz, il reçoit la présidence du conseil royal. Ne pouvant mener de front toutes ces charges et l’administration de son diocèse, il résigna l’évêché de Senlis, 1622.

L’abandon de son siège épiscopal s’imposait d’autant plus qu’un autre devoir très lourd venait de lui être imposé : la réforme des ordres religieux dont Grégoire XV et Louis XIII l’avaient chargé. Abbé de Sainte-Geneviève depuis 1619, il commença par ce monastère : il en restaura la règle, groupa les monastères du même ordre, jusque-là indépendants les uns des autres, et leur donna le nom de Congrégation de France. Urbain VIII, en 1634, approuva la réforme introduite à Sainte Geneviève, l’élection de son abbé tous les trois ans et l’institution d’une congrégation réformée de l’ordre de Saint-Augustin. Mais il prorogea les pouvoirs de commissaire général du cardinal de La Rochefoucauld, qui de fait gouverna la congrégation jusqu’en 1644 : il démissionna cette année-là, et le premier abbé titulaire fut élu le 13 février 1645. Le lendemain de cette élection, le cardinal mourait à l’abbaye de Sainte-Geneviève, voulant les funérailles d’un simple chanoine régulier. Jl fut enterré à Sainte-Geneviève ; mais son cœur fut porté dans la chapelle du collège de Clermont.

Le cardinal de La Rochefoucauld a mené une vie trop active pour avoir eu le temps <(< beaucoup écrire. On a de lui : Statuts synodaux de l’Église de Clerm ni, 15’.)’. » ; Statuts synodaux de l’Église de Senlis, 1621 (ces derniers publiés à la suite « lu synode où furent acceptés par le clergé « le Senlis les décrets <le Trente) ; De l’autorité de l’Église en ce qui concerne la loi et là religion, Paris, 1603.

De La Morinière, Vie du cardinal de La Rochefoucauld, Paris, 104(> ; Gallia christiana, t. ii, iv, vii, x ; Oraisons funèbres du cardinal de La Rochefoucauld, dans la Bibliothèque historique de la France, n. 32 254-32 261 ; Michaud, Biographie universelle, 2e edit., t. xxxvi, p. 222-223 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, 1859, t. xxix, col. 646648.

L. Marchal.

LA SAUSSE Jean-Baptiste, sulpicien. — Né à Lyon, le 22 mars’1740, il fit ses études au séminaire Saint-Irénée où il mérita de ses maîtres la qualification « d’ange de piété ». Venu à Paris pour s’agréger à la compagnie de Saint-Sulpice, il fut bientôt envoyé à Orléans, puis à Tulle, et enfin rappelé à Paris, comme second directeur du petit séminaire, qu’il ne quitta que chassé par la Révolution après avoir refusé le serment à la Constitution civile.. Il exerça en secret le saint ministère ; arrêté comme prêtre réfractaire et jeté en prison, il n’en sortit qu’au bout d’un an, grâce à la chute de Robespierre. Il continua son ministère à Paris, jusqu’au jour de sa mort, le 2 novembre 1826. La France littéraire de Quérard, la Biographie universelle de Michaud, etc., l’ont confondu avec un autre prêtre de même nom, ancien vicaire de Saint-Pierre de Lyon devenu grand vicaire de l’intrus Lamourette. L’erreur a déjà été relevée par le Dictionnaire historique de Feller, 8e édition, de 1832, et par L’Ami de la religion du 27 juillet 1833.

Cet auteur extraordinairement fécond a composé un nombre considérable d’ouvrages d’ascétisme, œuvres de piété pour les fidèles, de méditation et de pastorale pour les ecclésiastiques. La simple énumération en serait trop longue. M. L. Bertrand, dans sa Bibliothèque sulpicienne, t. ii, p. 66 à 88, en énumère soixante-quatre, et encore il n’est pas sur qu’il ait tout relevé, nombre d’ouvrages étant anonymes. Le pur zèle du bien portait l’auteur à les publier. Sur ce nombre il en est quelques-uns qui ne sont que des extraits des maîtres de la vie spirituelle ou des traductions larges d’ouvrages étrangers, accommodées aux besoins du temps. L’abbé Dinouard, dans son Journal ecclésiastique, a fait le plus grand éloge de plusieurs de ces volumes. Ils sont écrits avec simplicité, facilité et onction : le fond est solide, puisé aux sources de l’Évangile, des Pères et des meilleurs auteurs spirituels. Plusieurs ont eu trois ou quatre ou même vingt éditions. Citons seulement parmi les plus importants et les plus répandus : Cours de méditations ecclésiastiques, 2 in-12, Tulle, 1781 ; Vie sacerdotale et pastorale, dans laquelle les ecclésiastiques apprendront des saints docteurs la manière de bien s’acquitter de leurs fonctions, in-16, Paris, 1781 ; L’école du Sauveur ou Bréviaire du chrétien, renfermant une leçon de christianisme pour chaque jour de l’année, 6 vol., Paris, 1792 ; L’école du Sauveur sur les mustères, composé en prison, édité après sa sortie. « Voici peut-être, dit-il dans la préface, le premier ouvrage de piété qui ait paru depuis qu’on a fermé les temples du Seigneur. » L’Imitation du Sacré-Cœur de Jésus, ouvrage calqué sur le plan d* l’Imitation de Jésus-Christ, divisé également en quatre livres, Lyon, 1819, etc. ; L’heureuse année ou L’année sanctifiée par la méditation des sentences et des exemples des saints, Tulle, 178"). Taris. 1798, 20 éditions à Paris, Rouen, Tours, Lille, jusqu’en 1834.

E. Levbsqtjb.

LAS CASAS Barthélémy, dominicain, naquit a Séville, vers 1471, d’une ancienne famille française émigrée en Espagne au mu 1’siècle. Dès sa formation universitaire, à Salamanque, il s’intéressa aux pays nouveaux dont la découverte avait frappé tous les esprits, et commença à prendre en pitié le sort des Indiens, lui 1502, il accompagna le nouveau gouverneur Nicolas de Ovando, aux Indes, et dès lors consacra toute sa vie, avec une énergie et une ténacité