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577 LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LUTTES D’IDÉES SOUS PIE IX 578

siastiques, en particulier sur les petits séminaires. La loi Falloux concilie tous ces points de vue. Distinguant des écoles publiques et des écoles privées dans l’enseignement primaire et dans le secondaire, la loi reconnaissait à tout Français, même membre d’une congrégation, le droit d’ouvrir une école privée, à la condition d’avoir le brevet pour l’école primaire et le baccalauréat pour le secondaire. Dans les écoles primaires publiques, la nomination des maîtres dépendait du conseil municipal ; il pouvait y nommer des congréganistes à qui suffirait la lettre d’obédience. La surveillance de l’enseignement, était confiée au maire, au curé (eu au pasteur). La direction générale appartenait dans le département à un conseil académique où le recteur et l’inspecteur d’académie représentaient seuls l’Université, et où siégeaient l’évêque et une majorité de personnages étrangers à l’enseignement ; au centre, le conseil supérieur de i instruction publique, groupait huit représentants de l’Université, seize de l’Institut, du clergé des diverses confessions reconnues, de l’enseignement libre. Les petits séminaires gardaient leur régime privilégié ; ils ne dépendaient que des évêques ; toutefois, la loi les disait sous la surveillance directe de l’État, autrement dit des préfets.

Le projet et la discussion avaient soulevé des polémiques, même parmi les catholiques. Ce fut pis encore après le vote. « Nous voulons la liberté de l’enseignement comme en Belgique », c’est-à-dire, la liberté pure et simple, sans conditions, ni restrictions, ni surveillance, avaient dit certains évêques. Ces évoques ne furent pas satisfaits de cette loi de transaction. D’autres lui reprochaient d’avoir pour base l’indificrentisme, de méconnaître la dignité épiscopale en mettant sur le même rang évêques et laïques, évêques et représentants d’autres cultes. L’Univers publiait les protestations et ajoutait les siennes. L’évêque de Langres blâma également la loi dans une brochure : La vérité sur la loi de l’enseignement, Paris, 1850 ; le Correspondant, trouvant que les critiques de l’évêque étaient insuffisantes, y ajouta les siennes, 10 avril 1850 : La vérité sur lu loi de l’enseignement par Mgr Parisis, article anonyme. Des évêques annonçait-il, menacent, dit-on, de ne pas s’en tenir aux paroles : ils refuseront de siéger dans les conseils. Plusieurs demandèrent, in effet, des instructions à Rome ; le pape constituait une congrégation spéciale et, le 15 mai, dans une circulaire, le nonce communiquait sa réponse aux évêques. Se plaçant sur le terrain des faits en face du péril social, l’ie IX trouvait dans la nouvelle loi dis raisons de l’accepter, bien qu’elle ne fût pas en pleine conformité avec les principes. Avant tout, que les catholiques demeurent unisl Lettre de S. Em. te nonce apostolique, dans Correspondant, 25 mai 1850. Pie IX tint le même langage dans son allocution consistoriale du 20 mai.

Mais, quoi qu’il en fût de ce langage, les libéraux ne pouvaient plus compter sur lie IX. Le 13 avril, il (’tait rentré d’exil. Les événements avaient fait sur lui une profonde impression. Il était décide a l’opposer au courant qui entraînait le monde vers un idéal qui n’était plus un idéal chrétien et dont la méthode était la révolution ; il était décidé à restaurer la juste notion de la su. ii i. catholique.

TROISIÈME PÉRIODE (1850 1878). — L’union des catholiques sur le terrain du droit commun et de la liberté, le caractère tout pratique de leur action

ut singulièrement contribué a leur triomphi triomphe ne fut que passager. Les événements poli ti’pies de 1851 vont de nouveau les diviser.On voit se rouvrir l’ère des discussions stériles et des violences de . comme les questions doctrinales sont souvent mêlées aux débats, Rome devra intervenir.

1° Scission drs catholiques français, Nouveau libéra met, ni nn’m, . ( iii’lisme catholique ( 1850-1852). — Les appels de Pie IX ne ramenèrent pas à l’unité les catholiques français. Vus d’un camp ennemi, ils paraissaient unis ; en réalité, depuis quelques années, une scission était latente. Il y avait entre les chefs des oppositions de caractère : entre Montalembert et Veuillot, par exemple, entre Veuillot encore et Dupanloup ; de manière : dans V Univers, Veuillot lutte avec une indépendance qui indispose les chefs reconnus ; de tactique : 1e conflit qu’amena la liberté de l’enseignement est une indication.

Les groupes ainsi formés, auxquels s’adjoindront de nouveaux personnages, comme le nouvel archevêque de Paris, Mgr Sibour, ancien collaborateur de l’Avenir, alors républicain et démocrate, gallican aussi, se heurteront dès lors à propos de tout : en 1850, affaire du Dictionnaire Bouillet, paru en 1849, avec une approbation de Sibour et que Veuillot attaqua néanmoins (une condamnation de l’Index, justifia les critiques) ; en 1851, affaire des classiques païens déchaînée par le Ver rongeur de Gaume. Dupanloup, devenu évêque d’Orléans, défend les classiques dans une lettre du 19 avril 1852 à son clergé. Veuillot critique ironiquement cette lettre ; Dupanloup interdit la lecture de l’Univers à son clergé et pose à l’épiscopat cette question : les actes épiscopaux sont-ils justiciables des journaux et des laïques ? Peu après, février 1853, ce sera l’affaire Donoso-Cortès-Gaduel qui mettra de nouveau aux prises Sibour et Veuillot. L’affaire va très loin. Pie IX interviendra mais plutôt en faveur de Veuillot ; l’encyclique aux archevêques et évêques de France, Inter multipliées du 25 mars 1853, leur recommandera, entre autres choses, d’encourager les journalistes catholiques et de les avertir, avec des paroles paternelles, si besoin en était. Mais déjà, à cette date, les deux groupes sont séparés en adversaires bien marqués. La scission s’est faite à propos de l’attitude à prendre à l’égard du prince-président et du gouvernement autoritaire qu’il fondait par le coup d’État du 2 décembre 1851.

Après le coup d’État, Sibour fut d’abord nettement hostile ; Lacordaire, Dupanloup, Havignan, pratiquèrent et conseillèrent l’abstention, par des sentiments différents ; Veuillot et Parisis se rallièrent avec quelque défiance ; mais Montalembert, qui aimait par-dessus tout, avec l’Église et la liberté, l’Ordre social, se rallia nettement à celui qui garantissait l’ordre. Il fit plus ; il fit de son adhésion une justification qui était une réclame en faveur du nouveau régime. « Je crois être encore, aujourd’hui comme toujours, du parti de l’ordre contre la révolution, » dira-t-il, le 12 décembre, dans une lettre à l’Univers. Lecanuet, op. cit., t. iii, p. 30. Il espérait, du reste, que l’Église et la liberté profiteraient du régime nouveau. Son plan était fait : il obtiendrait l’abrogation des articles I. 2, , ’!. I. 6, 1 1, 21, 2<> de la loi du 18 germinal an X, 2(17 et 208 du code pénal, contraires à la liberté des cultes et des associations religieuses, et aussi la liberté complète de l’enseignement à tous ses degrés, même de l’enseignement supérieur. Ibid., p. II. et n. 2. Il imaginait aussi que la dictature ne serait que passagère. En janvier 1852,

quand il it ses espérances rell. la dicta turc devenue définitive, et à l’occasion de la confiscation des biens de la famille d’Orléans, il rompit avec le pouvoir nouveau Il affirma son programme, dans sa retentissante brochure : Les intérêts catholiques au A / Y siècle qu’il publia le 20 octobre 1 852, OÙ il entendait bien ne si place] que soi le lellaill dis (ails et

nullement sur le terrain des principes. Après avoir comparé l’état antérieur de ri glise, dépendante, impuissante, humiliée, à son étal |> lèsent où elle a retrouve dans le monde sa v ie. son ad ion. sa plaie, il pose la

question : à quoi doit die ce changement rapide ?Ce

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