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LUXE


briller, n’exagérant ni les dépenses ni les apprêts ; la modération (per se suffïcientia), contraire à la recherche passionnée du plaisir et dont le propre est d’apprendre à se contenter du nécessaire, à déterminer ce qui convient à la vie, selon la parole de saint Paul à Timothée : Habentes alimenta et quibus tegamur, his conlenti simus, I Tim., vi, 8 ; enfin la simplicité, qui bannit tout soin, toute préoccupation exagérée des choses si peu importantes que sont les objets et les ajustements du luxe.

Il y a désordre aussi, non plus par excès mais par défaut, à se négliger trop dans ses vêtements, ou par un sentiment de vaine gloire à rebours, ou par un manque de soin et d’effort à se plier aux convenances. Les uns rappellent ces hommes dont Aristote a parlé, les accusant de mollesse, et qui laissaient traîner à terre leurs habits, parce qu’ils ne voulaient pas se donner la peine de les relever. Les autres pensent ï, e distinguer par une mise négligée et des vêtements sordides, tel ce philosophe qui se prévalait de son manteau troué et déchiré, et qui s’attira cette spirituelle réplique : je vois ton orgueil par les trous de ton manteau. « La jactance, dit saint Augustin, se loge non seulement dans la netteté et la pompe des choses corporelles, mais jusque dans la saleté ou le deuil des habits. » De sermone Domini in monte, t. II, n. 41, P. L., t. xxxiv, col. 1287. L’illusion est d’autant plus à craindre que cette façon de jactance peut se produire sous couleur de servir Dieu. Sum. theol, ibid., a. 1.

Bref, il y a désordre à se parer trop ou moins qu’il ne faut, eu égard aux lieux, aux temps, aux convenances et aux qualités des personnes ; et c’est la raison d’être de la vertu de modestie qui apprend à tous et à chacun à garder un juste milieu, à se vêtir et à se parer autant qu’il est bienséant et convenable. Ibid., ad lum.

On juge encore de l’excès ou du défaut en matière d’apparat extérieur, en tenant compte de la situation exceptionnelle des personnes. Tels sont constitués en dignité, ont un haut emploi, ou même remplissent des fonctions sacrées ; il leur est permis de porter des habits somptueux, des ornements de grand prix, non pour leur satisfaction propre, mais pour honorer leur charge éminente ou signifier les grandes et sublimes choses qu’ils traitent. Au contraire, on ne peut toujours taxer de négligence ou de rusticité ceux dont les vêtements sont plus rudes et plus grossiers que le comporte leur condition. S’ils les portent ainsi par une sotte gloriole ou par un culte faux d’eux-mêmes, ils versent dans une sorte de superstition ; mais si c’est pour mater leur chair et s’humilier en esprit, ils observent une tempérance vertueuse. A ceux qui sont inspirés de prêcher la pénitence en paroles et en œuvres, il appartient surtout de s’habiller de la sorte, à l’imitation des prophètes anciens. Ibid., ad 2nn ».

Il résulte, en somme, que le culte extérieur de notre personne révèle notre condition soit personnelle, soit sociale ; par ce côté-là, la modestie dans la mise se rattache à la vertu de véracité. Ibid., ad 3° n’.

II. La TOILETTE DBS FEMMES.

La doctrine générale de la modestie dans la mise < 1 les ornements s’applique aux femmes comme aux hommes, mais la question de la toilette féminine mérite d’être étudier g part, a cause de sa grande Importance et parce que les hommes y trouvent une occasion de lascivité. Voir l’rov.. vii, 10.

Il est permis B une femme mariée de se parer afin de gagner et de retenu* l’affection de son mari. La toilette qu’elle fait dans le but de lui plaire et de l’empêcher de s’attacher.i d’autres est non seulement exempte de faute, mais encore digne d’éloge. La femme mariée.

dit l’apotre saint Paul, a le souci des choses du monde c t elle cherche à plaire A son mari > l Cor., vii, 34,

Les autres femmes qui n’ont pas de maris, ou qu* ne veulent point en avoir, ou même qui ne sont pas en état de se marier, n’ont pas le droit de provoquer la recherche au moyen de la toilette. Si donc elles se parent en vue d’attirer les regards des hommes et d’être convoitées par eux d’une façon déshonnête, elles sont gravement coupables ; elles portent, en outre, la responsabilité des fautes mortelles qu’elles font commettre. Cependant si, passionnées pour la toilette, elles agissent plutôt par légèreté, par vanité ou par une certaine jactance, sans intention autrement mauvaise, elles peuvent être excusées de faute grave, mais non pas de faute vénielle. D’aucunes même pourraient être regardées comme exemptes de fautes si elles ne faisaient en cela que suivre la mode, sans entraînement aucun de vanité.

L’apôtre saint Paul, I Tim., ii, 8, nous fait suffisamment entendre qu’une toilette sobre et modérée, qui est selon les bienséances de leur condition n’est pas interdite aux femmes. « Que les femmes soient en vêtements décents, se parent avec pudeur et simplicité, sans tresses, or, perles ou habits somptueux, dit-il »

Il ne condamne, en somme, que les ornements superflus et trop précieux, une mise sans retenue, lascive, per quod datur intelligi quod sobrius et moderatus ornalus non prohibetur mulieribus, sed superfluus et inverecundus et impudicus.’Ibid., ad lum.

Que penser des décolletages et autres nudités qu’une mode inconvenante a introduits dans la toilette féminine ? Les évêques catholiques, en maints diocèses, ont protesté contre les mises immodestes, interdit l’entrée des églises et surtout l’accès de la table sainte aux femmes et jeunes personnes qui se présentaient en des tenues offensantes pour le lieu saint, scandaleuses, les bras et les épaules nus, la poitrine à peine couverte ou voilée parde légers transparents. Le moins qu’on puisse dire de ces toilettes sans pudeur, c’est qu’elles n’ont rien d’esthétique. Mais elles ont excité un peu partout chez les gens sérieux une vive répulsion, et l’opinion est sévère pour une mode qu’elle estime un renouveau païen, un outrage aux bonnes mœurs. C’est pourquoi on excuserait malaisément de faute des femmes, entièrement libres de leurs personne ; et que n’aveugle pas l’emballement général de la mode, qu’on verrait accepter pour elles-mêmes, et pour celles dont elles ont la charge, les mises immodestes du jour.

Saint Cyprien dans son livre De habitu inrginum P. L., t. iv, col. 439 sq., et saint Augustin dans sa lettre à Possidius, Epist., ccxlv. P. L.. t. xxxui, col. 1060, bien d’autres Pères aussi ont blâmé, non seulement dans les jeunes personnes et les veuves, mais encore dans les femmes mariées, la prétention de refaire en soi l’œuvre de Dieu, visant à doter la nature d’une beauté artificielle par l’usage des fards de tout genre. Saint Thomas, beaucoup plus sévère que saint Augustin, déclare que cette pratique n’est jamais sans péché au moins véniel, à cause de l’espèce de tromperie et de la vanité qu’elle accuse. Elle ne deviendrait une faute grave que s’il s’y joignait quelque lascivité OU Un mépris de Dieu. Autre pourtant est levain désir de singer une beauté qui manque, autre le désir légitime de dissimuler quelque laideur native, les traces d’une maladie ou tout autre désavantage. Ibiil., ad 2uni.

Comme il a été dit à l’article pré édenl. l’apparat

extérieur doil être en rapport avec la condition de la

personne et selon 1 I unimemeut reçu. Il en

résulte que i’empnuU par un sexe des vêtements de l’autre sexe est un vice Intolérable, surtout parce que cela devient une cause de recherche sensuelle ou de lascivité. Parfois, cependant, ce travestissement a lieu

sans faute, par une nécessite et Utilité veiilahle, ou le