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    1. MAHOMÉTISME##


MAHOMÉTISME, SOUN NISME, GÉ

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MilO

m confondant avec celles de l'État La véritable fonct ion « lu souverain ; i du être dans l’origine, celle de chef

de la prière : c’est pour cela, nous dit-on, que l’on choisit d’abord AboA Bakr ; c’est pour cela que les gouverneurs des pays conquia n’avaient an début pas « l’autre titre ; voilà pourquoi dans la prière publique

du vendredi, celui qui dirige la cérémonie est appelé l’imam. L**outhm&nlsme oppose à 1 "alisme B’eflorçalt de

rejeter ce caractère exclusif du souverain musulman et à faire passer au premier plan les intérêts temporels. I remplacer le propbétlsme par le moulk, c’est-à-dire la royauté, a la façon dont les Arabes l’avaient connue autrefois. 'Outhmàn appartenait à la famille ouin.iv yade ; celle-ci qui, avant l’islam, exerçait le pouvoir a la Mecque, le revendiqua sur tout l’empire musulman et y réussit. Mais nous avons VU que la théorie de plus en plus laïque.le la souveraiute fini ! par lui aliéner la majorité des musulmans et les 'Abb ssi.les rendirent à l’imamat son caractère piétlste primitif. Toutefois, ils n’allèrent pas jusqu'à le reconstituer entièrement sur le modèle chiite et, avec l'échec de la reconciliation tentée par la Ma’moiiii. commença le compromis qui fut adopté sur ce point par le sounnisme. Les quatre prelniers souverains sont appelés les khalifes râchidl (orthodoxes) et imànis mahdis ou înouhtadis. après eux viennent les rois et les tyrans, ption faite pour 'Oumar II. Le Prophète aurait lui-même prédit cette deçà lence. les 'Abbàssides sont des khalifes sans épilhète : les vertus des premiers leur venant surtout de leur qualité de compagnons du Prophète ne peuvent se ret ruiner avec le même éclat dans leurs successeurs.

, -) Un troisième clément du sounnisme est le respect « le tous les. ompagnons du Prophète qui, malgré les querelles ardentes, les guerres, les meurtres, les insultes et anathèmes réciproques sont considérés comme formant un ensemble intangible. Ici, les sommités ont pris visiblement le contrepied des doctrines chiites. Celles-ci ayant proclamé l’imàm Infaillible, ma’foûm, on leur opposa la communauté infaillible <// oummat al ma’soûma. Mon peuple ne sera jamais d’accord sur une erreur, aurait dit.Mahomet. Conclusion : l’accord du peuple musulman se fait sur la vérité » ! V a-t-il eu véritablement une doctrine quelconque avant été acceptée par tous, en dehors de « l’unité divine ? Cela est fort douteux pour qui étudie l’islam primitif, mais enfin la théorie est nette. Les anciens, .sa/a/, et leur accord, idjtna, voilà ce qui constituera la base de la doctrine sounnite ; tout ce qui s’en écartera sera nouveauté biefa, donc hérésie répréhensible. I.e rejet systématique de ces hérésies constituera l’orthodoxie à laquelle prétendent les sounnites.

Nous trouvons chez Ibn Khaldoiin un plaidoyer caractéristique en faveur du bloc ». Après avoir énuméré les principales discordes qui aboutirent à l’assassinat et au massacre d’un si grand nombre de personnages respectés, il veut qu’on juge avec la plus grande indulgence les auteurs des criuie-s. Et il termine ainsi : « Voila comment il faut envisager les actes des compagnons et de leurs disciples, les hommes les plus vertueux de la nation. Si leur bonne réputation était exposée aux traits du dénigrement, qui pourrait i onserver la sienne ? Au reste, le Prophète a dit : « Les hommes les plus vertueux sont ceux de la génération actuelle, puis ceux de la génération suivante ; alors la fausseté se répandra partout. Donc il attribua la vertu, c’est-à-dire l’intégrité a la première génération et à la suivante ; aussi, nous ne devons pas nous habituer à mal penser ou à mal parler des Compagnons. ni admettre dans nos ceurs le moindre doute au sujet de leur conduite. Cherchons, autant que possible, à trouver pour toutes leurs actions une interprétation

favorable ; tèchons de toutes les manières et par toutes

les voies de démontrer la rectitude de leurs intentions ; pei sonne ne le mérite plus qu’eux. Quand ils se furent mis en désaccord ils avaient de justes motifs pour s’excuser ; s’ils tuaient ou s’ils se faisaient tuer, ce fut pour la cause.le Dieu et de la vérité. Croyons.pie la miséricorde divine a VOUlU Offrir l’exemple de leurs dissensions aux général ions suivantes, alin que chaque individu puisse choisir parmi eux un modèle de conduite, un directeur et un guide. Quand ou comprend

.ela. on reconnaît avec quelle sagesse Dieu gouverne

toutes ses créatures. »

La vérité, comme le dit fort bien le traducteur, de

Slane. c’est « pie les docteurs sounnites dont lbn Khadoi.m reproduit ici renseignement i se voient obligés de Justifier, par tous les moyens, la conduite scandaleuse des Compagnons pendant ces guerres civiles. En effet, s’ils avaient refuse de les reconnaître pour bons musulmans et hommes de bien, ils se seraient vus dans la nécessité de rejeter les traditions que ces personnages leur avaient transmises. » Nous en conclurons.pie la théorie est tardive et qu’elle ne date probablement que de L'époque où la tradition fut écrite, et où l’on commença les discussions d’où devait sortir le l’iqh sounnite. C’est pour garantir la somma constituée par les traditionnistes, que fut énoncée cette doctrine, et c’est probablement pour cela que les adversaires des chiites se donnèrent le nom de « gens de la sounna. Les chiites ayant leurs raisons pour exécrer certains Compagnons n’acceptèrent pas le bloc ; ils rejetèrent les traditions formées par ceux-là et les remplacèrent par d’autres, reçues, soit des partisans de 'Ali, soit de leurs Imams.

On conçoit, dès lors, pourquoi, dans la constitution du l.adith, les sounnites ne s’inquiètent pas de savoir si la parole prêtée à Mahomet est vraisemblable ou authentique. Il suffit qu’elle ait été rapportée par un Compagnon pour qu’elle soit au-dessus de la critique. La seule question qui les intéresse est donc de savoir si elle a été réellement rapportée par un Compagnon, si l’isndd, comme nous l’avons vii, répond aux conditions exigées par leurs critiques.

Ils ont donc un fondement inébranlable à leur orthodoxie dans un l.adith célèbre que nous allons étudier avec quelque détail, parce que, d’une part, il est une partie essentielle du sounnisme et que, d’autre part, il nous permettra de voir comment ils utilisent le / adith.

Un auteur du début du v c siècle de l’hégire le présente sous les trois formes suivantes. Mahomet dit : i Les juifs se sont divisés en soixante et onze sectes ; les chrétiens se divisent en soixante-douze et mon peuple se divisera en soixante-treize. Il arrivera à mon peuple ce qui est arrivé aux Israélites : ils se sont divisés en soixante-douze confessions et mon peuple se divisera en soixante-treize, soit une de plus ; toutes seront dans l’enfer sauf une. Laquelle, lui demandât-an, y échappera ? Celle où je suis, ainsi que mes Compagnons — Les Israélites sont divisés en soixante et onze sectes et mon peuple se divisera en soixantedouze, toutes dans le feu, sauf une qui est celle de la djamâ'a. Ce mot qui signifie : assemblée, réunion a pris, dans le langage sounnite, le sens de « communauté primitive » donc d’orthodoxie.

Nous remarquerons d’abord qu’il y a une légère contradiction entre les trois formes. C’est la première qui est généralement adoptée. On la trouve pour la première fois dans les recueils de hadiths du iiie siècle de l’hégire qui ne sont pas les plus anciens.

L’n auteur de la fin du iv c siècle nous apprend qu’il y avait une tradition opposée, où il était question de soixante-treize sectes, toutes dans le paradis, sauf une ; il reconnaît que si c’est la première forme qui est