Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/146

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Mans l’aperçu historique qui précède, noua avons od is.njtlueeeaslveinent les deux questions de la nature et de l’origine du mal. Nous les retrouverons ni. nala tondues en quelque sorte en un expose nique que nous pouvons appeler la doctrine générale du mal. Pour saint Thomas, comme pour saint Augus tin. la question île l’origine est dominée entièrement

|>ar COUS île la nature, et s’en ileiluit logiquement :

elle n’est qu’un îles aspects du problème non

le plus Important qui se présente en sont emps.

a s.i piæe. et dont la solution découle îles principes

N us avons vii, tout au début, que le mal ne pouvait être que physique OU moral ; physique, c’est le

malum notant, que nous appellerons encore malum

in génère : moral, c’est le mal considéré dans la créature raisonnable, ou dans l’action humaine. Nous ramènerons toute la doctrine de saint Thomas a ces deux chefs.

1. Le mal in génère. a) sa nature. — Textes : Il Sent., dist. XXXIV, a. 1 el 2 ; Siun. theol., I*. q. xi. viii. a. 1 et S ; C. (.Y/)L. 1. III. C m et vu : lie main. q. i. a. 1.

S tu/ion.— a. Le mal. opposé du bien qui est être, n’a ni perfection, ni être : il n’est pas une redite naturelle, une positivite. eus quoddam positioum ; il ne peut donc être objet d’aucun désir, et doit se rejeter dans l’ordre du non-être.

b. Il n’est cependant pas une simple négation, un simple non-être, lie divin, nom., c. iv, mais une privation, c’est-à-dire, a prendre ce mot strictement et dans son sens propre, l’absence ou le défaut de Ce qu’un être ou un sujet devrait naturellement 1er. Il est donc une négation au sein d’une substance. I », q. xi.viu. a..">, ai I "m :

b Son existence. — Textes : il s, i : t.. dist XXXIV, a. 1 : Sum. tient.. [, q. xi.mii, a. 2. ad 2° ni.

Solution. — a. De ce que le mal n’est à aucun degré une essence, ni une réalité, on ne peut conclure qu’il n’est pas, ou à sa non-existence. I.e tout est de s’entendre sur le sens du mot être.

b. Ce mot (tre peut recevoir une double acception : il peut designer la réalité positive, l’entité d’une chose, ou la vérité d’une proposition. Cf. De ente et essentia, ci.

c. Le mal n’est pas au premier sens, mais /'/ est au second sens ; il peut être sujet d’une proposition vraie et recevoir une attribution quelconque. Cf. Scrtillanges, Saint Thomas, t. i. p. 311.

e) Relations du bien et du mal. — Le mal est une privation, c’est-à-dire, une négation au sein d’une substance. Il n’y aurait donc pas de privation, partant pas de mal, sans l’existence de substances au sein desquelles puisse s'établir la privation, el tes .substances, sont être, donc bien. De là la nécessité de déterminer les relations qui existent entre le bien <*t le mal. Nous le ferons en étudiant le sujet, l’extension et la cause du mal.

a. Sujetdu mal.— Textes : II Sent., dist. XXXIV,

Sum. theol., I », q. xi viii, a. 1 et 3 ; C. dent., ]. III,

e. vi in princip. et c. xi : De malo, q. 1, a. 2 et a. I rirca princip.

Solution. — a) Le non être, au sens purement négatif, n’exige pas un sujet réel et positif ; la négation particulière qu’est la privation se définit, au contraire, negatio in subjecto, et c’est cette négation qui est le mal. I*. q. xi.viu. a. 3, ad 2uni ; /V Metaph., c. 11, n. 8.

n sujet est nécessairement un être en puissance ou en acte, donc un bien. I », q. xi.vm, a. 3.

I.e sujet du mal, c’est-à-dire, son véritable et unique support est donc, dans sa généralité, le bien :

S) Non le bien opposé au mal - un contraire ne

peut être sujet de son contraire mais un autre

bien, le sujet de la cécité n’est pas la ne dont elle est la privation, mais l’animal. I", q. xi.vin, .. ad Sa » ; <' lient.. I. 111. c. xi : t) i.e sujet du mal, dans sa spécialité, peut être

ou la substance ou l’opération de cette substance la SUbltance, quand elle est privée d’un bien qu’elle est apte à avoir et qu’elle devrait posséder : l’action, si elle manque de la mesure et de l’ordre requis. (.'. tient.. 1. III. c. m ; De malo, q. 1. a. I.

h. Extension du mal. Textes : Sum., theol., I*. q. xi.vm, a. I ; (.'. (ient.. 1. 111, c. xii.

Solution. — a) Dans le sujet qu’affecte le mal, on

peut considérer un triple bien : le bien par mode de forme, qui est le bien directement opposé au mal : le bien par mode de puissance ou de matière, qui est le sujet du mal en tant que sujet, l’aptitude ou les dispositions du sujet relativement à la forme ou a l’acte.

P) Le bien par mode de forme est totalement sup primé par le niai ; le bien par mode de matière n’est ni détruit ni même diminue : quant à l’aptitude, elle est toujours diminuée sans pouvoir être jamais toi a lement enlevée.

y) Cette diminution de l’aptitude n’est pas quanli

tative ou par voie de soustraction, mais elle se fait

par mode de rémission comme il arrive dans la

qualité, c’est-à-dire qu’elle est une diminution

d’intensité ou une atténuation.

8) Cette décroissance : ou bien a une limite fixée par la nature des choses, limite qu’elle ne peut dépasser : ou bien peut s’accenluer Indéfiniment. Mena alors l’aptitude ne peut finalement disparaître : le sujet demeurant, les dispositions de la matière persistent tout au moins dans la substance du sujet >. C. Cent.. t. III, c. xii : cf. De malo, q. 1, a. 2.

si Donc, le rapport qui s'établit entre le mal it le sujet qui le supporte n’est jamais tel, que le mal puisse consumer et comme épuiser totalement le bien, Malum non consumit omne bonum ; autrement le mal se consumerait et s'épuiserait totalement soimême.

c. Cause du mal. — Textes : II Sent., dist. XXXIV, a. 3. in fine : Sum. theol., L, q. xux ; C. lient.t. III, c. x, in fine ; De malo, q. 1, a. 3.

Solution. — a) 1 II est nécessaire d’affirmer que tout mal a, dans une certaine mesure, une cause. » I*, q. xux, a. 1. Tout ce qui subsiste en quelque autre chose comme en son sujet doit, en effet, avoir une cause, que cette cause se ramène aux principes du sujet lui-même ou à quelque cause extrinsèque. Or, le mal subsiste dans le bien comme dans son sujet naturel ; il a donc nécessairement une cause.

(3) La cause du mal ne peut être que le bien 1 Le fait d'être cause ne peut convenir qu’au bien ; car rien ne peut être cause que dans la mesure où il est ; et tout ce qui est, en tant que tel est un bien. » la, q. xi.ix, a. 1.

y) Tout d’abord le bien est cause du mal, en tant que cause matérielle. Ceci ressort des principes précédemment posés. En ce qui concerne la cause formelle, on doit reconnaître que le mal n’en a pas, car il se ramène plutôt à une simple privation déforme. II en est de même en ce qui concerne la cause finale, car le mal est une simple privation d’ordre dans la disposition des moyens en vue de leur lin.

S) Au contraire on peut affirmer que le mal comporte fréquemment une cause efficiente ou par mode d’agent.

z) Mais cette causalité esi accidentelle : Par mode de cause efficiente, le bien n’est pas cause du mal directement ou de soi, il ne l’est qu’indirectement ou accidentellement ; car bien et mal sont opposés,