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MACAIRE DE MAGNESIE — MACAIRE DE PATMOS


il est tout naturel que Macaire soit amené à proposer des explications allégoriques. D’ailleurs, on doit ajouter que l’allégorie tient une si grande place dans sa réponse, qu’elle est évidemment conforme à la tournure de son esprit, à son éducation, à sa manière de penser. D’une façon générale, l’auteur de YApocrilicus se tient dans la ligne marquée par les Cappadociens

On peut seulement retenir l’attention sur un passage consacré à l’eucharistie, Apocr., iii, 23, p. 103 sq. : « Le Christ ayant pris le pain et le calice dit : Ceci est mon corps et mon sang, non la figure (tût : oç) du corps, ou la figure du sang, comme certains inconsidérément l’ont supposé, mais le corps et le sang en vérité. » On voit là que Macaire refuse d’admettre le mot tùtcoç, qui avait cependant été accepté par de fort bons auteurs, et même qu’il connaît l’existence d’une erreur eucharistique dont ce terme aurait été le prétexte. Cf. P. Batifïol, L’Eucharistie, 7e édit., Paris, 1920, p. 390, 391.

Le texte de VApocriticus est édité par C.Blondel, Mœxacéo’j MàyvT.to ; a7roy.sitiy.fi ; y, Movo^evi, ?, Macurii Magnelis quae supersunt ex inedito codice edidit C. Blondcl, Paris, 1876. Sur la tradition manuscrite, voir l’ouvrage exhaustif de G. Schalkausser, Zu den Schrijten des Makarios von Magnesta, dans Texte und Untersuchungen, t. xxxi, fasc. 4, Leipzig, 1907.

Sur la composition de l’Apologie : L. Duchesne, De Macario Magnete et scriplis ejus, Paris, 1877 ; T. W. Crafer, Macarius Magnes, a neglected apologisl, dans The Journal 0/ Iheological studies, t. viii, p. 401-423 ; 546570.

Sur l’adversaire de Macaire ; J. Geffcken, Zwei griechische Apologeten, Leipzig et Berlin, 1907, p. 301 sq. ; H. Hauschildt, Z)e Porphyrio philosopho Macarii Magnetis apologetæ christiani in libris àitoxpiTixàiv auctore, Heidelberg, 1907 ; A. Harnack, Kritik des Neuen Testaments von einem griechischenPhilosophendes 3.Jahrhunderls, d&ns Texte und Untersuchungen, t. xxxvii, fasc. 4. Leipzig, 1911 ; G. Bardy, Les objections d’un philosophe païen d’après l' Apocrilicus de Macaire de Magnésie, dans le Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétiennes, t. iii, 1913, p. 95-111 ; A. Harnack, Porphyrius Gegen die Christen 15 Bûcher, Zeugnisse, Fragmente und Referale, dans les Abhandl. der kgl. preus. Akad. der Wissensch., philos, hist. KL, 1916, fasc. 1.

G. Bardy


9. MACAIRE DE PATMOS, maître d'écoleet prédicateur grec de la première moitié du xviiie siècle. — Né à Patmos vers 1680, il se rendit à Constantinople pour y compléter son éducation. Il eut pour professeur à l'école nationale du Phanar Jacques Manos et même, assure-t-on, Alexandre Maurocordato, dont l’amitié lui fut précieuse. Au sortir de l'école, il entra comme archidiacre au service de l’archevêque de Nicomédie, mais ses goûts le poussant ailleurs, il rentra bientôt à Patmos et y ouvrit en 1713 une école dans la grotte dite de l’Apocalypse. Peu nombreux au début, les élèves en peu de temps atteignirent la centaine. Ils venaient de tous les points du monde hellénique, et même de la lointaine Russie. Aussi fallut-il ouvrir un second établissement en 1729. Plusieurs années durant, Macaire seul avait suffi à tout, enseignant tour à tour la grammaire, la rhétorique, la philosophie, la musique ecclésiastique, voire le latin ; mais à partir de 1722, il avait dû s’adjoindre des auxiliaires. Il resta ainsi vingt-quatre ans à la tête de son école, dirigeant son œuvre et donnant ses leçons de son lit, quand la maladie l’y clouait. Doué d’un réel talent d’orateur, il connut d'éclatants succès, qui lui survécurent. Il mourut le 17 janvier 1737, laissant une correspondance énorme, dont une faible partie a été publiée çà et là. Elle a d’ailleurs beaucoup perdu de son intérêt, car la plupart des lettres conservées en

copies n’ont ni adresse ni date. Des deux mille discours qu’il avait prononcés, au dire de Zaviras la bibliothèque de Patmos en conserve deux cent cinquante. Sur ce nombre, cinquante-deux ont vu le jour par les soins du moine Éphrem, son disciple, le futur patriarche de Jérusalem. Le recueil est intitulé : EùayYeXixï ; SiXiriyÇ. et il a été publié pour la première fois à Venise, en 1754, avec la fausse indication d’Amsterdam comme lieu d’impression. Aussi, tous les exemplaires furent-ils saisis par les inquisiteurs et brûlés. L’exemplaire conservé à la bibliothèque Saint-Marc est probablement unique. Voir LegrandPernot -Petit, Bibliographie hellénique du XVIW siècle. Paris, 1918, t. 1, p. 431, 432 ; Legrand, Éphémérides daces, Paris, 1888, t. iii, p. xji. Les écrivains grecs ont de tout temps mené grand bruit autour de cette destruction ; ils oublient deux circonstances, la clandestinité de l’impression et la dénonciation d’un de leurs compatriotes, Démétrius Balsamos, sans lequel les Réformateurs de Padoue, d’une complaisance inouïe pour les publications en langue grecque, auraient sans doute fermé les yeux. Quoi qu’il en soit, l’ouvrage fut réimprimé à Leipzig, d’abord en 1758, puis en 1765, et non en 1768, comme l'écrit C. Sathas. Telle est la faveur qui l’entoure qu’une quatrième édition parue à Athènes en 1867 (et non en 1869, comme l'écrit A. Démétracopoulos), est devenue de nos jours presque introuvable, dans le commerce.

L'édition de 1758, sur laquelle on peut voir LegrandPernot-Petit, op. cit., p. 484, a paru par les soins de Séraphin le Pissidien, archimandrite de Patmos, mais les prolégomènes sont du « pécheur Éphrem ». La préface signée de Séraphin, p. viii-xxiv, n’est qu’un hors-d'œuvre contre les Latins, sans aucun rapport avec le livre lui-même, hormis la haine qui s’y exhale contre l'Église catholique. Quant aux discours, il n’en est pour ainsi dire pas un seul où les calomnies contre les Latins ne soient ressassées jusqu'à satiété, tantôt en de longues digressions, tantôt en dissertations purement dogmatiques. Ainsi les trois premiers discours du carême ont pour but de montrer que l'Église orthodoxe est la seule Église véritable. Un autre discours roule tout entier sur la procession du Saint-Esprit ; un autre, sur le purgatoire ; un autre, sur les azymes. Dans le discours pour le IIIe dimanche de carême, l’orateur ose affirmer que l'Église orientale seule connaît la souffrance de la croix ; dans celui du Ve dimanche, que l'Église orientale se contente de la doctrine transmise par les conciles, tandis que l'Église latine, atteinte du virus de la vaine gloire, est tombée dans des absurdités sans nombre. Un second discours pour le même dimanche est consacré à l'énumération de tous les maux causés par l’ambition des papes. Dans le discours sur la Transfiguration, Macaire, renouvelant l’erreur du palamisme, enseigne que la lumière du Thabor est incréée. Par contre, dans le discours sur la nativité de la sainte Vierge, il soutient que Marie est née avec le péché originel, dont elle a été lavée seulement lors de l’Annonciation. Cette doctrine ne lui est pas personnelle, et du reste l'éditeur fait observer dans une note finale, p. 378, que ce discours ne paraît pas être de Macaire, mais bien de son disciple Éphrem « le pécheur ». L'édition de 1765 est absolument semblable à celle de 1758. Quant à l'édition de 1867, comprenant xvi-388 pages in-fol., elle ne se distingue des précédentes que par la dédicace du nouvel éditeur, St. Nicolaïdès, et par l’insertion d’une notice empruntée à J. Sakkélion sur les mss. 382-389 de la bibliothèque de Patmos, contenant les œuvres diverses de Macaire, hormis les lettres : héritage considérable, dont on n’a publié que l’Ekthesis des règles de rhétorique en appendice à la première édition de YAcolouthie de saint