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1967

MARC L’ERMITE MARC EUGÉNICOS

qui pensent comme Nestorius. » En opposition à cette

erreur, Marc, d’accord avecles expressions eyrilliennes, soutient qu’il y a cuire le Verbe ci la chair (l’humanité) du Sauveur une évoiç koc0 'Û71ôo-77.o- !.v. Voir début du c. x, KunLc, |>. 13. Quand clic parle de.Jésus, l'Écriture, pas plus que le symbole baptismal, ne distingue cuire le Logos et le Christ ; elle parle toujours d’un seul et menic snjcl. L’Homme-Dieu n’est QiYVJiVOÇ 0e6ç, ni <)0.iiç, avOpojTtoç. Si, comme le pense.1. Kunze, la rédaction de cet opuscule est postérieure a la publication des anathématismes cyrilliens, il est bien extraordinaire qu’il n’y soit pas question du terme ©eoxôxoç. Marc affirme, il est vrai, à diverses reprises que la chair du Christ a été unie auVerhedès le sein maternel.

III. La doctrine. — Telle qu’elle s’exprime en ces divers opuscules, la doctrine de Marc ne s'écarte pas sensiblement de ce que l’on rencontrerait chez ses contemporains, chez un saint Nil, par exemple. Son ascétisme, nous l’avons noté au passage, est sobre et de bon aloi ; les principes sur lesquels il se fonde n’ont rien qui contredise les données de la doctrine traditionnelle. Il est assez piquant de voirie protestant Ficker rééditer, en 1868, le cont csens déjà fait par Bellarmin et trouver aux affirmations de Marc sur la justification par la foi une saveur toute luthérienne. C’est un pur mirage. Comme saint Paul, l’Ermite insiste sur le caractère tout gratuit de la grâce et de la justification. Comme saint Augustin (qu’il ne connaît pas d’ailleurs), il tire de ce principe une leçon d’humilité ; mais il ne verse pas, pour autant, dans le quiétisme ; comme tous les auteurs ascétiques, il s'élève contre la lâcheté de la tiédeur, il prêche l’exercice des vertus même difficiles et la pratique du renoncement. Il serait non moins injuste de le taxer de pélagianisme ; sans doute, ses sentences n’ont rien du pessimisme auguslinien ; il ne veut pas que le pécheur cherche des excuses dans la corruption même de sa nature, ou dans les embûches de Satan. Voir surtout la fin du De baptismo et la Consultatif) intellectus. Il ne nie pas, pour autant, la faute originelle ; mais, comme presque tous les Orientaux, comme Jean Chrysostome qui fut peut-être son maître, il ne peut se résigner à dire que, depuis la faute d’Adam, le libre arbitre ait fait un irréparable naufrage. Bref, sa doctrine morale se tient dans une via média qui semble fort sage.

Pour ce qui est de sa christologie, Photius déclare à propos du traité contre les melchisédéciens qu’il s’y découvre une erreur assez importante, alpéacwç evo/oç où u.eTpicoTÉpaç. On a pensé que Photius voulait parler de monophysisme ; c’est possible, après tout, mais l’accusation ne semble guère fondée. Marc est nettement dyophysite, et sa pensée sur ce point est plus claire que celle de saint Cyrille. S’il emploie le terme d’union hypostatique (De Melch., c. v, P. G., t. lxv, col. 1124 B ; cf. Cont. nest., c. x, Kunze, p. 13), il ne connaît pas celui d’union physique qui figure au IIIe anathématisme cyrillien. Comme le Tome à Flavien, il précise que la chair du Sauveur (disons la nature humaine) n’a pas eu d’existence en soi avant l’incarnation : où 81yipr t [j.évov (aà>p.a ô Aôyoç) àvsÂccosv où yàp 7rpou7TSOT7]aev gcÙtô xal t6te tjvgjÔ/), àXX' àSiaîpsTOv èx [xr}xpaç èno'.r t cot.TO tt)v svcoa.v. Toutefois, il ne sait pas suffisamment distinguer, comme le fait ce document, et comme l’avait déjà fait Jean Chrysostome, les îStwpLaTa des deux natures. On remarquera aussi l’insistance à employer aâp’c, ou même crwp.a pour désigner la nature humaine, ce qui donne aux affirmations de Marc un relent d’apollinarisme. Telle quelle, sa christologie est intéressante à étudier, comme l’expression archaïque d’une doctrine qui se cherche encore elle-même et qui n’a pas trouvé son vocabulaire définitif.

I. ÉDl i ions DBS TEXTES.

Les traités 1 et 2 sont publiés pour le première fois, grec et latin, par Vincent Obsopem, Haguenau, 1531 (réédités sons une (orme très différente liai Jean de Fuchte, Hel nstadt, 1617). fin 1563, Jean Picot (Johannes Picùs), publie en une traduction latine l’ensemble des ouvrages de Marc à l’exception du De jejunio et du lu Melchtsedech : Muni Eremitæ, Nicolal cujusdam et Hesychil opéra, Paris, in-X ». De ces éditions séparées, les textes passent dans les diverses collections, k-s traités 1 et 2 seuls dans le Mtcropresbgticon, Bâle, 1550, et dans les ()rthodoxographu de Herold, Bâle, 1555 ; l’ensemble des traités parus dans la Bibliotheca sanctorum Patrum de Marguerinde laBignc, 1e édit., 1575, t. ni ; 2e édit., 15X9, t. v. lin 1021, Fronton du Duc donne, avec la traduction latine de Picot, le texte grec de tous les traités connus dans V Auclarium BibliothecaPatrum, 1. 1, p. 861 sq. ; le grec figurera dorénavant dans les diverses Bibliothèques de Paris, de Cologne, de Lyon. En 1748, B. M. Hemondini donne S. Afarci monuchi… sermones de jejunio et de Melchisi dec quideperditi pulabantur, Borne, in-4o. Ainsi complété le Corpus de Marc passe dans la Bibliotheca ueterum Patrum de Callandi, t. viii, 1772, de là dans P. G., t. i.xv, col. 905-1140. En 1891, Papadopoulos-Kérameus publie le texte grec du Contra nestorianos, dans les 'Av Xsxra î -çotfOÀuu.i / ' : i.y. y.'j’i', y.y. :, t. î, Saint-Pétersbourg, p. 89-113 ; c’est ce texte que donne J. Kunze, dans son étude, p. 6-30 ; en 1905 enfin, J. Cozza-Luzzi, sans paraître avoir connaissance de cette première édition, publie le Contra Xestorium avec traduction latine dans la -Voua Patrum Bibliotheca de Mai, t. x, p. 195-252, d’après un ms. de Grotta-Ferrata.

Pour l'établissement d’une édition critique, il faudrait également tenir compte des traductions syriaques qui ont été faites d’assez bonne heure de tout oa partie des œuvres de Marc et des commentaires syriaques qui ont été donnés des deux premiers traités. Sur les mss. de la Vaticane, voir Assémani, Bibliotheca orientalis, t. m a, p. 45 ; sur ceux du British Muséum, W. Wright, Catalogue o/ syriac mss. in the B. M., t. iii, p. 1306 a ; sur un ms. de Berlin, Sachau dans Handschriften-Verzcichnisse der kgl. Bibliolhek zu Berlin, t. xxjii, p. 102-109 ; sur les commentaires syriaques, Assémani, loc. cit., p. 96, 194 ; Wright, op. cit., t. il, p. 482.

IL Sources et références. — Elles ont été rassemblées au mieux par J. Kunze, op. cit., ni, Geschichte und Krilik der Ueberlieferung ùber Marcus Eremita, p. 31-46 ; voici les plus importantes : Dorothée de Jérusalem, Doclrina, 1, 9 ; viii, 2, P. G., t. Lxxxviii, col. 1628, 1708 ; Anastase le Sinaïte, Quæstio I, P. G., t. lxxxix, col. 342 D ; S. Jean Damascène, De oclo spiril., P. G., t. xcv, col. 89 ; Jean Moschus, Pratum, c. xiii, P. G., t. lxxxvii c, col. 2861 ; Théodore le Studite, Teslam., P. G., t. xcix, col. 1816 B ; Xicéphore Calliste, H. E., XIV, xxx, lui, liv, P. G., t. cxlvi, col. 1157, 1252 A, 1256,

III. Notices littéraires et travaux.

Bellarmin, De scriplor. eecles., Lyon, , 1663, p. 257, 258 ; E. du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1693, t. iii, p. 2-4 ; C. Oudin, Supplementum de scriptoribus cccles., Paris, 1686, p. 56, 57 ; du même, Commentarius de scriptoribus eccl., Leipzig, 1722, t. î, col. 902-908 ; Tillemont, Mémoires, 1705, t. x, p. 456, 801 ; dom Ceillier, Histoire des auteurs sacrés, 2e édit., t. xi, p. 636-643 ; Fessier, Institut, patrologiw, 1851, t. ii, p. 631 ; cf. Fessler-Jungmann, t. n b, 1896, p. 143-146. — Th. Ficker, Der Mônch Markus, eine reform’itorische Stimme aus dem V Jtdwh., dans Zeitsch. fiir hist. Théologie, 1868, t. xxxviii, p. 402 sq., 428 sq. ; J. Kunze, Marcus Eremita, ein neuer Zeuge fur das allkirchliche Taufbekenninis, Leipzig, 1895 ; du même l’art. Marcus Eremita, dans Protestantische Realencyclopàdie, 3e édit., t. xii, 1903, p. 280-287 (comparer ce qui était dit dans 1'* et 2e édit. de la même encyclopédie, par Wangenmann, Ie édit., t. xx, p. 85 sq. ; 2e édit., t. îx, p. 286) ; O. Bardenhewer, Geschichte der allkirchl. Littera., t. iv, 1924, p. 178-186 (se montre réservé sur l’attribution à Mare du Contra Nestorianos).

É. Amann.
    1. MARC EUGÉNICOS##


7. MARC EUGÉNICOS, archevêque d'Éphèse, théologien grec de la première moitié du xve siècle. — I. Vie. IL Œuvres.

I. Vie.

Né en 1391-1392 à Constantinople, où son père Georges Eugénicos remplissait les fonctions de sakkélion du patriarcat et de maître d'école, Manuel (c’est le nom qu’avait reçu au baptême le futur Marc) n’eut d’abord d’autre professeur que