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    1. MARIAGE##


MARIAGE, VÉRITÉS ACQUISES

/m Sentences d’Estius. Douai, ICI 5-1 <J ; les Commentaires sur la Somme théologique de Silvlus, Douai, 16201635, les Disputtitiones (posthumes) de Maldonat, Lyon, 1614 (et mieux Paris, 1077), une partie des œuvres de Toiet et la Summa théologies scholasticte de Martin Becanus, Mayence 1 01 2-1023, dont nous Utilisons l'édition de Venise, 1098.

Dans la seconde moitié du xvii° siècle parait deux commentaires scotistes des Sentences : les Disputationes de Mastrius (Venise, 1655-1001) où l’on trouve un tableau assez clair de l'état des controverses, et contemporaines, les Commen/aria de Brancatî de Lauria, Rome, 1653-1082, et les importants ouvrages de l’oratorien Caspar Jucnin, Institutioncs théologien :, Lyon, 1094 ; De sacramentis in génère et in specie, Lyon, 1690. C’est aussi l'âge d’or des polémistes (nous les nommerons en temps utile) et des auteurs de monographies : II. Marcellus (1053), H. Mayr (1657), J. d’Avezan (1601), J. B. Rovera (1666), Cl. Frère (1007), G. Stehr (1685), G. Rossignol (1685-88) Cf. Hurter, ibid., t. iv, col. 137, 154, 266, 290, 619, 933, 961.

Au xviii » siècle, trois auteurs surtout exercèrent une grande influence et, pendant longtemps, c’est à leurs enseignements, sur le mariage, comme sur bien d’autres sujets, que l’on s’en tiendra. Honoré Tournély fit imprimer en 1725-30 ses Prælectiones theologicee (auxquelles Collet ajouta un Supplément), qui eurent de nombreuses éditions ; en 1737, parut à Venise le De re sacramentaria de René Drouin ; le Cursus theologise universalis de René Billuart fut publié de 1746 à 1750 et, jusqu’en ces dernières années, il a été souvent réédité. Nous utiliserons l'édition de Liège, 1750, t. xix, p. 205-530.

On pourra consulter encore les monographies de M. Milunski (1705), Ph. Hofstetter (1713), I. Reutlinger (1716), J. Dalbert (1730), F. Makas (1730), J. Silbermann (1732), Chr. Schardt, (1734), Canali (1734). G. Toussaint (1739), A. Heisîinger (1739), Lanzerini (1773). Cf. Hurter, t. iv, col. 904, 1303, 1608, 1615, 997, 1340, 1615, 1650 ; t. v a, col. 6.

L’intérêt du traité théologico-canonique De matrimonio de J. Kugler, Nuremberg, 1705, a été, avec raison, signalé par Wernz, et l’ouvrage malheureusement incomplet du sulpicien J. Lagedamon, De sacramento et contractu matrimonii (1743), mérite une mention particulière.

Au xviiie siècle, commencent de paraître des œuvres érudites qui éclairent l’histoire du mariage. Nous avons fait des emprunts à Duplessis d’Argentré, Colleclio judiciorum (3 volumes : 1724-1728-1736), qui déborde d’ailleurs singulièrement notre sujet. Nous sommes encore redevable de plusieurs renseignements à J.-P. Gibert, Tradition ou Histoire de l'Église sur le sacrement du mariage, 3 vol., Paris, 1725, ouvrage d’une grande érudition et qui contient notamment un relevé, pour chaque siècle, des textes relatifs à la célébration religieuse du mariage. Enfin, on ne consultera point sans quelque profit Charles Merlin, Traité historique et dogmatique sur les paroles ou les formes des sacrements de l'Église, Paris, 1745, dans Migne, Cursus theologicus, t. xxi, voir col. 182 ; dom Chardon, Histoire des sacrements, Paris, 1745, dans Migne, op. cit., t. xx, col. 1011-1152, et les Superstitions relatives aux sacrements de J.-B. Thiers.

Parmi les ouvrages de théologie morale qui furent le plus souvent consultés, il faut citer la Theologiæ moralis summa de Henriquez, Salamanque, 1591 ; la Theologia moralis de Laymann, Munich, 1025 : les œuvres de saint Alphonse de Liguori, parues à la lin de notre période.

Les canonistes ont joué un rôle secondaire au xvii e et au xviiie siècle, et leurs ouvrages sont impersonnels. On consulta surtout les Commentaires sur les Décré tâtes et li' Répertoire de Fagnan (1661), le Jus canoniiiuii ('le Pirhing (1674-1677) ; le Jus canonicum de Reiffenstuel (1700-1702) et le Jus ecclesicaticum uni Kcrsnm de Schmalzgrueber (1717). Benoît XIV (| 1758) exprima sur quelques points son opinion.

Les caté| se sont, on l’a pu remar quer, assez profondément modifiées, depuis la fin du xvr siècle : les Commentaires sur les Sentences, source principale au Moyen Age, passent au second plan, pour faire place à la grande série des commentaires de la Somme théologique (cf. Grabmann, La Somme théologique…, p. 53-58), à des cours de théologie destinés aux séminaires récemment créés, à des traités spéciaux du mariage dont certains ont la densité d’un commentaire scolastique sur les quatre livres de Pierre Lombard. Est-ce à dire que l’esprit et les méthodes du .Moyen Age ont disparu ? Non point complètement. Les rivalités subsistent, atténuées peut-être, entre théologiens et canonistes : les Conférences de Paris sur L' mariage exposeront encore, au xvin » siècle, une controverse entre les deux groupes au sujet du mariage conclu sous condition. Et la séparation des thomistes et des scotistes n’est point tout à fait supprimée : bien des ouvrages se présentent sous les enseignes de saint Thomas ou de Duns Scot.

Quant aux méthodes, elles sont plus souples chez quelques grands auteurs. Mais chez la plupart survit l’insupportable manie de relever sur chaque question relative au mariage l’avis de tous leurs prédécesseurs, de tous ceux, du moins, que pour notre infortune, ils ont connus soit directement, soit bien plus souvent, par des intermédiaires. A aucun moment le bartolisme ne sévit avec tant de fureur. L’un des méfaits de l’imprimerie fut de rendre moins coûteuse l'énumération des avis : sur chaque sujet les voix des théologiens sont comptées et, comme on remontait rarement aux sources, les erreurs du scrutin ne cessaient de s’aggraver. Il serait fort imprudent de tenir compte de ces listes arbitrairement composées. Tout récemment, Cappello signalait à propos de quelques-unes d’entre elles d'étonnantes méprises de l’un des plus respectables auteurs du xviiie siècle.

Sans faire le décompte des suffrages, nous chercherons à montrer très brièvement, comment ont été commentées dans les ouvrages les décisions du concile de Trente, comment se sont développées les controverses sur les questions non définies.

3. L' affirmation des vérités dogmatiques. — Les décisions du concile de Trente étaient à peine publiées que la critique protestante les attaquait résolument.

Sans entrer dans le détail des théories protestantes du mariage, qui, d’ailleurs, ne se sont guère développées, il nous faut retenir deux œuvres qui eurent grande diffusion et autorité : l’Examen Concilii Tridentini quadripartitum de M. Chemnitz (1563-1573) et surtout la Confessio catholica de J. Gerhard (1634). Le premier de ces ouvrages suit d’assez près la critique de Calvin, discute le symbole, l’efficacité, l’interprétation du ii, uaT"ifjpiov de saint Paul, et dénonce dans l’invalidation des mariages clandestins une entreprise de la puissance pontificale. Voir dans l'édition de Francfort, 1615, p. 419 sq. et p. 441. L’argumentation de Gerhard est plus ample et rappelle la manière des scolastiques. Le mariage a bien été institué par Dieu, mais non renouvelé par Jésus-Christ. Au sens large, il est un sacrement, mais non au sens précis où on l’entend du baptême et de l’eucharistie. Les éléments essentiels du sacrement lui font défaut. Gerhard invoque le témoignage de canonistes et de théologiens scolastiques (c. i). Dans les c. h et m. il cherche à établir que le lien de mariage est dissous par tout adultère et que la partie innocente peut se remarier ; que le consentement des parents est requis pour la validité