Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/530

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2465
2466
Marie, pratiques de dévotion

dans sa puissance et dans sa miséricorde, dans ses privilèges ineffables, dans ses mystères, dans ses souffrances, dans ses vertus insignes, afin de s’exciter à l’aimer, à la prier, à l’imiter.

L’Église nous invite dans la récitation de l’Ave Maria, au commencement de chacune des heures liturgiques. Elle nous y rappelle tous les titres de Marie à notre vénération : sa maternité divine, sa plénitude de grâce, sa puissance auprès du Seigneur, son exaltation au-dessus de toutes les créatures. Dans les antiennes qui terminent les offices de laudes et de compiles, l’Église nous montre lis titres de Marie à notre vénération : L’Alma Redemptoris mater nous la présente comme Mire du Rédempteur, toujours restée vierge ; elle est pour l’humanité la porte du ciel, toujours accessible, l’étoile du matin toujours secourable. L’Ave regina cælorum la proclame Reine des cieux, souveraine des anges, Vierge éminemment belle. Le Regina cæli en la louant comme Reine du ciel. déclare qu’elle a mérité de porter son divin Fils. Le Salve regina nous la montre mère de miséricorde pour tous les fidèles : elle est leur vie et leur espérance ; elle est leur avocate.

Dans le petit office, les hymnes, les antiennes, les capitules et les répons, aux diverses heures, louent Marie. Mère de Dieu, Vierge perpétuelle, unie glorieuse du monde, temple du Seigneur, sanctuaire de l’Esprit-Saint, Mère de grâce, très douce Mère de clémence, Mère de la belle dilection et de la connaissance, de la crainte et de la sainte espérance. Au commun des fêtes de la trés sainte Vierge, les hymnes, les antiennes, les répons louent fréquemment sa maternité divine, sa constante virginité, sa puissance auprès de Dieu, son titre d’étoile de la mer, toujours secourable. En même temps, beaucoup d’enseignements sont exprimes par le sens accommodatice donné aux psaumes et aux leçons scripturaires.

Aux fêtes particulières, les prérogatives de Marie sont dignement célébrées, notamment à l’Immaculée conception, à l’Assomption et à la fête de Marie médiatrice de toutes les grâces. De toutes ces considérations, l’Église se sert constamment pour nous porter à la reconnaissance, à l’amour et à la prière confiante, comme nous allons le constater en étudiant la liturgie à ces deux points de vue. N’est-ce pas une très parfaite application de l’enseignement de saint Thomas, nous montrant dans la considération ou la contemplation des perfections divines, mises en contraste avec notre souveraine indigence, la source principale de cette ferme et constante dévotion qui attache notre volonté au service divin ? Sum. theol., IIa —IIæ, q. lxxxiii. a. 3.

En d’autres termes, n’est-ce pas comme une incessante invitation de l’Église, a nous faire pratiquer à l’égard des privilèges et des perfections de notre Mère, ce que dit l’angélique Docteur de la contemplation exercée par l’intelligence, avec l’amour comme principe et comme terme ? Vita contemplativa, licet essentialiter consistat in intellectu, principium tamen habet in affectu, in quantum videlicet aliquis ex caritate ad Dei contemplationem incitatur. Et quia finis respondet principio, inde est quod etiam terminus et finis contemplativæ vitæ habet esse in affectu, dum scilicet aliquis in visione rei amatæ delectatur, et ipsa delectatio rei visæ amplius excitat amorem. Sum. theol., IIa-IIæ, q. clxxx, a. 7, ad 1um : voir aussi q. clxxx. a. 1. Considération ou contemplation, qui a ses divers degrés de perfection, l’échelonnant depuis une sorte de méditation affective jusqu’à la contemplation proprement dite, et qui, a ses divers stades., est toujours inspirée et vivifiée par l’amour, en même temps que l’amour en est puissamment augmenté. Ainsi la sainte liturgie fournit à toutes les âmes, selon le degré d’oraison auquel elles sont parvenues, le moyen d’entretenir, de développer, de perfectionner leur dévotion par le perfectionnement de l’amour.

b) Le deuxième acte pratique et recommandé par l’Église est l’amour, principalement l’amour de louange et de reconnaissance. L’amour de louange et de reconnaissance, manifesté à Marie à cause de toutes ses grandeurs et les immenses bienfaits que nous lui devons, accompagne le plus souvent, dans la liturgie de l’Église, la considération de ses éminentes prérogatives. Il tient, notamment, une très grande place dans l’Ave Maria, dans les antiennes à Marie à la fin de laudes et de complies, dans les invitatoires de matines à presque tous les offices liturgiques, dans la plupart des introïts, offertoires ou communions des messes célébrées en l’honneur de Marie. Dans tous les offices, et à toutes les fêtes particulières, c’est comme l’écho de toute l’Église de la terre aux louanges incessantes de tous les esprits célestes. C’est comme la continuation, à travers tous les siècles, du Magnificat prononcé par Marie au jour de la Visitation, et la vérification constante de sa prophétie : Beatam me dicent omnes generationes. Luc. i. 18. Observons particulièrement, en la fête de la Compassion, la louange donnée à Marie, en lui appliquant les paroles par lesquelles le peuple juif exprimait sa reconnaissance à sa libératrice, la courageuse Judith.

À l’amour de louange et de reconnaissance l’Église nous exhorte a joindre un amour empressé à servir Marie. Dans ce but, elle nous rappelle souvent les excellents bienfaits que nous procure la dévotion assidue à cette bonne Mère. Bienfaits qu’elle nous décrit en interprétant en ce sens, d’une manière accommodatice, les bienfaits répandus dans l’âme par la Sagesse éternelle. Prov., viii, 12-36 ; Eccli., xxiv. 12-31. Enseignements souvent répétés dans la liturgie de l’office ou de la messe, et si aptes à nous inspirer une constante fidélité au service de Marie.

L’Église veut aussi, comme marque et comme fruit de l’amour envers Marie, nous recommander l’imitation de ses vertus. Pour nous y exhorter, elle emprunte, à la fête du saint Nom de Marie, la parole de saint Bernard, souvent reproduite par les apôtres du culte marial : Ut impetres ejus orationis suffragium, non deseras conversationis exemplum. De même, elle insiste, à la fête du Rosaire, sur la manière dont nous devons imiter les mystères du Rosaire, où les exemples de Marie nous sont incessamment proposés avec ceux de son divin Fils : Et imitemur quod continent, et quod promittunt assequamur. A la fête du saint Cœur de Marie, l’exemple de la très pure Vierge qui, dans son cœur, conservait, pour les pratiquer fidèlement, les enseignements divins, est une invitation pressante à la suivre généreusement. D’une manière générale, dans toutes les fêtes de Marie, ses exemples, constamment rappelés, sont, dans la pensée de l’Église, une exhortation à marcher à sa suite : Adducentur regi virgines post eam. Ps. xliv, 15. Paroles que l’Église, dans sa liturgie applique souvent à l’imitation des vertus de Marie, particulièrement dans la messe de la Nativité a la Purification. D’ailleurs, l’imitation de Marie est une conséquence de la communauté de vie et d’affection que nous devons avoir avec elle, en vertu de la filiation spirituelle qui nous unit à elle.

c) Le troisième acte est la prière confiante adressée à Marie pour en obtenir toutes les grâces nécessaires. L’Église nous en donne l’exemple et nous la fait pratiquer, dans toutes les demandes que nous avons déjà signalées, en décrivant le but de la dévotion à Marie et ses deux premiers actes, la considération et l’amour. En réalité les actes que nous dis-